Comboni, en ce jour

Dans une lettre à Elisabetta Girelli (1870) de Vérone l’on lit:
Nous sommes unis dans le Sacré-Cœur de Jésus sur la terre pour être unis ensuite au Paradis pour toujours. Il faut courir à grands pas sur les chemins de Dieu et de la sainteté, pour ne s'arrêter qu'au Paradis.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
301
Horaire Inst. Masculin
1
Le Caire
5. 3.1869
N° 301 (282) - HORAIRE POUR L'INSTITUT MASCULIN

ACR, A, c. 13/6



Le Caire, le 5 mars 1869





302
Règlement pour les missionaires
0
Le Caire
15. 3.1869
N° 302 (283) - REGLEMENT POUR LES MISSIONNAIRES

ACR, A, c. 25/5



Le Caire, le 15 mars 1869



REGLEMENT

pour les Missionnaires des Instituts des Noirs en Egypte



[1858]
En suivant l'exemple du Christ, des Apôtres et des principales associations catholiques qui ont la sublime tâche de la régénération des peuples infidèles, les Missionnaires des Instituts des Noirs en Egypte, sont appelés aussi à coopérer à la régénération de la malheureuse Nigrizia selon le "Plan pour la Régénération de l'Afrique". Je me réserve de formuler plus tard un Règlement stable et perpétuel à soumettre à l'approbation de la Sacré Congrégation de Propaganda Fide.

Suite aux résultats obtenus par l'expérience faite sur place, on a fixé et mis en pratique depuis plus d'un an, ad experimentum, les normes suivantes, comme règles qui régissent la vie apostolique des Missionnaires dans les susdits Instituts :


[1859]
1°. Nos Missionnaires, Prêtres ou Laïcs, vivent ensemble comme des frères dans la même vocation - sous la direction et la dépendance de celui qui est nommé Supérieur local de l'Institut auquel ils sont affectés par l'Autorité compétente - prêts à faire tout ce qui leur est ordonné, sans rivalités ni prétentions ; prêts à la tolérance et à l'aide mutuelle, toujours respectueux envers les autres Missionnaires du lieu avec lesquels ils essayeront d'être en parfaite harmonie, même dans l'exercice de leur Ministère.


[1860]
2°. Bien qu'ils ne soient pas liés par des vœux, ils professent à leur Supérieur une religieuse et filiale obéissance en tout par amour de Dieu, et pour la bonne marche et le progrès de l'Œuvre, à laquelle ils se sont consacrés.

Leur dépendance vis-à-vis du Supérieur concerne l'exercice-même du ministère, les différentes tâches au sein de l'Institut, la manière et la forme de l'éducation à donner aux Noirs, les sorties de la maison, l'acceptation des tâches demandées par des personnes de l'extérieur ; chacun œuvrera en tout, toujours en accord avec le Supérieur, avec son consentement et son autorisation.


[1861]
3°. Le Supérieur, en ce qui le concerne, doit se considérer comme un père et un frère au milieu d'eux. Il se prête de bon gré, dans la limite de ses possibilités, à seconder le zèle et les justes désirs de ses frères et à pourvoir à leurs besoins. Il distribue les différentes tâches selon l'habileté, les prédispositions et les forces de chacun. En cas de maladie, il fera tout son possible afin que le malade récupère vite sa santé, lui procurera tous les moyens permettant de la conserver, et évitera de donner des ordres trop sévères sans grave et urgente nécessité.


[1862]
4°. Le Supérieur est responsable de l'Institut et des individus qui le constituent. C'est à lui que reviennent la direction et l'administration de l'Institut, l'attention à chacun de ses membres, d'en être le représentant auprès des autorités locales, et d'assumer toutes les autres tâches afférentes au titre de Chef de l'Institut.

Dans les affaires de grande importance, il demande l'avis des confrères les plus expérimentés et les plus prudents, en particulier lorsqu'on peut craindre des conséquences dangereuses pour l'Institut.


[1863]
5°. Personne ne doit envoyer des lettres ou des rapports en vue de leur publication, même aux Sociétés bienfaitrices de nos Instituts, sans en avoir reçu, préalablement, l'autorisation du Supérieur.


[1864]
6°. Tout le monde vit en communauté, satisfait de la nourriture mais aussi des vêtements, des meubles, des livres et de tout le reste, dans les limites des ressources de l'Institut. Pour leurs besoins personnels, les prêtres n'ont l'autorisation d'utiliser que ce qu'ils reçoivent de leurs familles ou de leurs propres gains, mais ils s'interdisent l'administration directe des biens qu'ils possèdent dans leur patrie et cèdent, à l'avantage de l'Institut, les aumônes qu'ils reçoivent suite à l'application des Messes ou pour d'autres célébrations, etc...


[1865]
7°. La principale occupation des Missionnaires est d'aider le Supérieur dans la direction de l'Institut, en accomplissant les tâches qui leur sont attribuées, et tout particulièrement en ce qui concerne l'éducation des Noirs dans les sciences et dans les métiers les plus importants, dans le Catéchisme, dans le soin des malades, etc. et suivant le Règlement d'ordre intérieur de chaque Institut.

Selon les dispositions de l'Autorité compétente, la direction spirituelle des Instituts féminins, le ministère de la prédication et de l'instruction religieuse dans les deux Instituts sont confiés aux Prêtres, ainsi que toute tâche où leur aide est demandée.


[1866]
8°. Les Prêtres ne doivent pas omettre de s'appliquer à l'étude, qui est très nécessaire, pour bien accomplir les obligations de l'apostolat parmi les infidèles, et surtout lorsqu'il s'agit de superstitions invétérées et qu'ils ont affaire à des ministres de sectes et de religions perverses. Pour cela, le Supérieur s'appliquera à faire en sorte que, chaque jour, sauf les jours fériés, les Prêtres aient en commun une heure d'étude et d'exercice de la langue du pays.

Chaque lundi, mercredi et vendredi, les Prêtres proposent à tour de rôle une discussion commune sur un cas de Morale, ou de Dogmatique ou de Droit Canonique ou de Liturgie, et un troisième ayant pour sujet une controverse concernant les erreurs existant où l'Institut s'est implanté. Le proposant annonce le lieu où il exposera ses cas la veille de la discussion afin que tous les autres puissent préparer leur réponse. Les Prêtres et les Missionnaires du lieu, même s'ils appartiennent à un autre rite sont également admis à cet exercice, selon l'avis du Supérieur. La proposition des cas est faite en langue latine.


[1867]
9°. La piété est le pain quotidien de nos Missionnaires, car elle est vraiment nécessaire pour garder la ferveur de la vocation dans ces pays où, malheureusement, il est facile d'oublier Dieu et ses propres devoirs religieux.

Pour cela, ils participent ou ils célèbrent la Sainte Messe tous les jours, ils récitent le Chapelet, ils font la lecture au réfectoire, leur examen de conscience, la lecture spirituelle, la visite au Très Saint-Sacrement, et une heure de méditation en plus des oraisons communes et privées selon l'horaire établi pour chaque Institut.


[1868]
Chaque semaine, ils participent tous aux Saints Sacrements ; chaque mois, a un jour de récollection, et chaque année a un cours d'Exercices Spirituels. Le matin des jours de fêtes, il y a le commentaire de l'Evangile, ou de certains points de la Morale pratique, et le soir, l'explication du Catéchisme et la Bénédiction avec le Saint-Ciboire. Chaque premier vendredi du mois, a lieu l'exercice de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur de Jésus. En outre, il y a la célébration des mois de mars et de mai, et les neuvaines et triduum des Fêtes les plus importantes avec prédication et exercices de dévotion particuliers.


[1869]
10°. Comme le but de nos Instituts est celui de hâter la conversion de la pauvre Nigrizia, nos Missionnaires, tout comme nos élèves africains, prient chaque jour publiquement dans ce but, et tous les mercredis, accomplissent une heure d'adoration publique du Très Saint-Sacrement, et célèbrent une Messe pour la Conversion de la Nigrizia.


[1870]
11°. Dans les relations avec les personnes de l'extérieur, chacun de nous a à cœur le seul but pour lequel il a quitté sa patrie, sa famille et tout le reste, c'est-à-dire de gagner le plus grand nombre d'âmes au Christ. Comme pour les Missionnaires, dont l'action, en faveur des pauvres Noirs, est déterminée par les buts de l'Institut et de notre Mission particulière, les Prêtres, en particulier, saisissent aussi toutes les occasions pour faire du bien à tous sans distinction aucune, en se rappelant avoir été consacrés ministres de Celui qui a souffert et qui est mort pour tous. Toutefois, quand il s'agit de conversions d'adultes, chacun procède en accord avec le Supérieur, lequel, selon le cas, s'adressera au Vicaire Apostolique ou à l'Autorité compétente. Le Baptême ne sera pas conféré aux enfants non catholiques malades, sauf dans le cas d'évident danger de mort et toujours avec une grande prudence. Ces baptêmes seront enregistrés à part, avec l'indication de la mort de l'enfant si c'est le cas.


[1871]
12°. En ce qui concerne les Instituts féminins, aucun Missionnaire ne s'y rend pour des visites ou pour y exercer une activité quelconque, une œuvre de charité ou de ministère, sans en avoir eu à chaque fois l'autorisation du Supérieur, sauf en cas d'urgence en l'absence du Supérieur. Cela vaut aussi pour les visites aux familles. L'infraction à cette règle est considérée comme une faute grave.


[1872]
13°. Dans nos Instituts, on observe la clôture, elle est consacrée par l'expérience de toutes les associations ecclésiastiques et religieuses, et dans les Missions elle est régie, selon les circonstances, par la prudence du Supérieur. Les femmes, cependant, ne sont introduites dans le salon commun que pour les réceptions, sauf exceptions jugées opportunes par le Supérieur à l'occasion de visites extraordinaires ou de la présence de pieuses bienfaitrices.


[1873]
14°. En ce qui concerne les Sœurs Directrices des Instituts féminins, elles sont soumises à leurs Règles et Constitutions, et aux Conventions particulières de leurs Congrégations.


[1874]
15°. Les élèves africains, des Instituts masculins et féminins, qui sont sous la direction des Missionnaires et des Sœurs reçoivent l'éducation à l'apostolat de leur patrie selon des Règlements et des Horaires particuliers. Ces Règlements se développeront en suivant le développement de l'Œuvre.

Le Supérieur

Daniel Comboni






303
Adresse à Pie IX
0
Le Caire
19.3.1869
N° 303 (284) - ADRESSE A PIE IX

"L'Unità Cattolica" 79 (1869), p. 551



Le Caire, le 19 mars 1869

Bienheureux Père,



[1875]
Bien que nous ne soyons pas tous Italiens, mais tous catholiques de cœur, nous nous unissons dans notre affection pour vous Saint-Père ; le Supérieur avec les Missionnaires, les élèves et les catéchumènes des deux Instituts des Noirs au Caire que vous avez vous-même plusieurs fois paternellement bénis, en ce jour où nous terminons dans la joie les Exercices Spirituels sous la protection du glorieux Patriarche Saint Joseph, nous nous unissons, pour nous réjouir de tout cœur, de l'adresse pleine d'amour et de Foi que la vraie jeunesse catholique italienne et tout le monde catholique vont vous offrir le 11 avril.


[1876]
Si vos amertumes sont soulagées par un tout petit frémissement d'amour filial, dans la joie, nous nous dépêchons de vous l'offrir en vous assurant que depuis les rivages du Nil, depuis les pieds des Pyramides, depuis les sables arides du désert, nous dirigeons notre ouïe vers un Maître infaillible, notre regard vers un modèle parfait, notre cœur vers un Père plein d'amour, et chaque sentiment de notre âme vers un Pontife injustement persécuté et calomnié, mais aimé du peuple du Christ.

Nous vous adressons nos prières, à vous qui êtes grand dans les triomphes, digne dans les malheurs, prodigue avec les ingrats, clément avec vos ennemis, juste, généreux et pieux avec tous ; les infidèles même en sont saisis de stupeur.


[1877]
Bien que toujours attristés de vous savoir affligé, nous saluons avec une immense jubilation le jour de pure joie que Dieu est en train de vous préparer à l'occasion du 50ème anniversaire de votre Saint Sacerdoce, et nous vous souhaitons que cette joie perdure encore pendant de nombreuses années.

Le jour sacré de la fête du Bon Pasteur, dans les enceintes de la Sainte Chapelle, l'hospice vénéré où la Sainte Famille avait trouvé refuge en Egypte, pour échapper à la persécution d'Hérode, nous prierons tout spécialement pour vous, Pasteur des Pasteurs, afin que, lors de l'imminent Concile Œcuménique, le Ciel puisse exaucer votre désir de voir toutes les brebis du Christ rassemblées dans une seule bergerie, avec un seul Pasteur.

Nous unissons à ces sentiments de profond respect l'obole de notre pauvreté : à savoir 25 lires et nous espérons recevoir votre bénédiction. Nous vous assurons que nous multiplierons notre affection au fur et à mesure des besoins de votre auguste souffrance.



Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique

Supérieur des Instituts des Noirs






304
Claude Girard
0
Le Caire
19. 3.1869
N° 304 (285) - A CLAUDE GIRARD

AGB



Vive Jésus, Marie et Joseph !

Le Caire, le 19 mars 1869

Mon cher ami,



[1878]
Ne voyant pas arriver le Journal de la Terre Sainte et lisant la lettre que vous avez envoyée à M. Laurent à Marseille, je me demande si je n'ai pas perdu votre bienveillance et amitié. Je suis enclin à le penser, à cause aussi du néfaste projet que vous avez conçu de détourner de moi l'aide charitable que Mlle Duphies m'avait destinée, pour la donner à notre cher ami le Père Callisto, sans penser que je dois m'occuper de trente Africaines sans habits alors que le Père Callisto ne doit s'occuper de personne.

Mon cher ami, je souris de tout cela car je connais parfaitement votre cœur. Vous êtes susceptible et vous pouvez vous vexer en quelques instants, mais quand on touche la charité, dont votre cœur est rempli, vous n'êtes qu'une victime, et la colère s'éteint. Envoyez-moi donc, je vous en prie, tout de suite, la caisse de Mlle Duphies parce que les Africaines dont je m'occupe sont presque nues, et préparez-en une autre pour la venue du Père Callisto. J'ai déjà célébré les Messes selon les intentions des bienfaitrices de Lyon.

Dans la caisse, il y a :

deux parements neufs, un parement rouge et l'autre blanc, etc.

un parement blanc

une grande aube

deux nappes pour l'autel

38 chemises pour les Africaines.


[1879]
Je vous prie d'ajouter vous-même à cela beaucoup d'autres objets, des chandeliers, etc. ; je suis dans une extrême pauvreté. Envoyez-moi beaucoup de choses, mais tout de suite, car je suis dans le besoin.

Je suis désolé de vous savoir malade. Il vous faut de l'aide, par exemple un Comité de rédaction, car gérer tout seul un journal est trop lourd pour vos forces. Je vous prie de m'écrire pourquoi vous vous êtes vexé contre moi. Il faut que vous m'en disiez toutes les raisons, car je désire vous répondre pour me justifier.

Mon cher ami Girard, vous ne pouvez pas vous fixer sur vos idées.

Nous travaillons tous pour la gloire de Dieu, et il ne faut pas se perdre dans un verre d'eau.

Envoyez-moi le Journal et, en ce qui concerne les autres souscriptions que je vous ai proposées, envoyez-moi la facture, et je la réglerai.

Je vous écrirai encore pour vous souhaiter une joyeuse fête de Pâques, ainsi qu'à votre famille, au Supérieur des Missionnaires de La Salette et à tous les Pères.


[1880]
L'Evêque de Grenoble m'avait invité à lui rendre visite dès mon retour, mais une dépêche m'a appelé à Vérone. M Bouchat vous a sans doute mis au courant de tout. Transmettez-lui mon bonjour. Ce que je lui ai dit et fait, c'est ce que doit faire un ami ; votre cœur d'apôtre doit me concéder toute la raison.

Ecrivez-moi tout. Nous voulons aller au Paradis comme de vrais Missionnaires et non pas en nous traitant ainsi.

J'envoie au Père Callisto la réponse de Son Eminence le Cardinal Barnabò à l'Evêque de Vérone au sujet des Trinitaires. Lisez tout et ensuite, envoyez la lettre au Père Callisto à Rome.

Au revoir mon cher ami. Envoyez-moi la caisse de Mlle Duphies, et vous aussi envoyez-moi une autre caisse car j'en ai vraiment besoin. J'ai aussi sollicité Mlle Duphies. Au revoir.



votre éternel ami

Abbé Daniel Comboni

P.-S. Je vous prie aussi de m'envoyer un Missel.



Texte original en français, corrigé.






305
Signature sur Registre
1
Le Caire
27. 3.1869
N° 305 (1202) - SIGNATURE SUR LE REGISTRE DES BAPTÊMES

LE CAIRE

ACR, A, c. 24/3



Le Caire, le 27 mars 1869





306
Abbesse M. Michela Mueller
0
Le Caire
4. 4.1869
N° 306 (286) - A L'ABBESSE MARIA MICHELA MUELLER

AMN, Salzbourg



Vive Jésus, Marie et Joseph !

Le Caire, le 4 avril 1869

Ma Révérende Mère,



[1881]
Je vous écris, ma Révérende Mère, le cœur plein de douleur pour répondre à votre chère lettre du 16 février.

Vos préoccupations étaient justes. Notre chère fille Petronilla Zenab est au ciel ! Elle est allée recevoir la récompense pour les vertus que vous lui avez vous même inculquées et qu'elle a si bien gardées dans son cœur. Elle est morte réconfortée par les Saints Sacrements, assistée nuit et jour par mes Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition et par deux de mes Prêtres missionnaires.


[1882]
Dès son départ de Marseille, je lui ai fait prodiguer tous les soins possibles car elle le méritait, mais c'est surtout parce que je voyais en elle un instrument remarquable dans les mains de Dieu pour l'apostolat de la Nigrizia.

Elle possédait une piété admirable que vous lui avez vous même imprimée dans le cœur, un discernement très juste, des connaissances appréciées dans plusieurs matières, et une éducation tellement distinguée que j'ai été poussé à écrire une longue note sur elle dans les Annales pour le secours des pauvres enfants noirs, éditées à Cologne. J'avais déjà fait publier une brève histoire de sa libération de l'esclavage, et j'avais même dit qu'elle avait reçu beaucoup d'amour et d'attention de la part de Sœur Venefrida dont elle parlait souvent.


[1883]
Bref, vous avez éduqué une jeune fille qui se trouve maintenant sans doute devant Dieu, et vous l'avez formée au ministère apostolique. Pendant tout le temps qu'elle est restée dans mon Institut du Caire, elle s'est comportée comme si elle était une vraie religieuse. Elle avait déjà bien appris l'arabe et aussi accompagné deux jeunes filles au Baptême. Elle confortait notre espoir de la voir devenir une authentique missionnaire pour l'Afrique Centrale.


[1884]
Le mois de juillet dernier, j'ai quitté le Caire pour aller en France et en Allemagne. Je suis allé à Munich et à Altötting, et finalement, arrivé à Traunstein, j'avais l'intention de rejoindre Salzbourg pour vous rendre visite ainsi qu'à Son Excellence l'Archevêque et à Sa Majesté l'Impératrice Carolina, lorsque mon compagnon de route, l'Abbé Alessandro Dalbosco est tombé malade ; il est mort peu après à Vérone. Il était le Supérieur de mon Séminaire pour la Mission Africaine à Vérone.


[1885]
J'étais à Paris et juste avant mon départ pour l'Egypte, j'ai reçu la nouvelle de la mort de notre chère Petronilla. Elle a été ici-bas le réconfort de ma Supérieure, et maintenant elle sera notre protectrice au ciel, où elle se trouve avec la Très Sainte Vierge et Saint Joseph qu'elle aimait intensément. Son corps repose dans le tombeau de mes Noires à douze pas de la Grotte, au Sanctuaire du Saint Refuge, où la Sainte Famille est restée pendant les 7 ans de son exil en Egypte, à cause de la persécution d'Hérode.


[1886]
Je vous prie d'adresser au Seigneur des prières ferventes pour l'Œuvre de la conversion de la Nigrizia. Ici au Caire, à quelques pas seulement de la Sainte Grotte, j'ai fondé deux Instituts pour les Noirs.

Cette année nous avons eu des conversions vraiment singulières. A l'occasion du Baptême nous avons fait endosser à presque toutes les Noires converties de l'Islam ou du paganisme, la robe blanche que Petronilla avait endossée lorsqu'elle fut baptisée à Salzbourg par Son Excellence l'Archevêque. Cette robe est gardée précieusement ici par ma Supérieure.


[1887]
Priez pour mes Sœurs et pour mes Missionnaires ! Ce Samedi-Saint nous avons eu un Baptême particulièrement réconfortant, et cette semaine, il y eut le baptême de deux Turques converties qui, actuellement, se trouvent dans mon Institut pour leur formation.

Priez aussi pour la nouvelle Maison que j'ai l'intention de fonder cette année si j'arrive à surmonter les nombreuses difficultés.


[1888]
En France, en Belgique, en Allemagne et en Italie, il y a plus de 200 maisons religieuses qui prient Dieu afin que je puisse porter la lumière de la Foi à l'intérieur de l'Afrique, où j'ai failli mourir plusieurs fois, et où plus de 30 Missionnaires, parmi lesquels beaucoup d'Allemands, sont morts.

Jusqu'à présent le Bon Dieu, dans sa miséricorde infinie, m'a toujours aidé. J'espère, et je suis sûr, qu'Il m'aidera à fonder une Maison pour la conversion de la Nigrizia, parce que vous savez sans doute, ma bonne Mère, que les traités de Jésus-Christ sont beaucoup plus sûrs que les traités des souverains de ce monde. En conséquence, le texte de l'Evangile : "Demandez, et il vous sera donné, frappez, et il vous sera ouvert ", est beaucoup plus sûr que le texte du traité de Vienne de 1815, que celui de Paris de 1856, ainsi que l'autre de... 1866, de la Convention de Paris du 15 septembre 1864 etc...


[1889]
En effet, quand vous priez pour moi, vous vous unissez aux nombreuses maisons religieuses du monde entier, et la prière de tant d'âmes doit trouver écoute auprès du Sacré-Cœur de Jésus "qui donne à ceux qui demandent, et ouvre à ceux qui frappent ".


[1890]
L'Œuvre pour la conversion de l'Afrique est parmi les plus importantes de notre époque. Elle est très difficile, mais Dieu m'aidera. Priez et faites prier car Dieu vous récompensera au centuple.

Pour avoir éduqué Petronilla, vous avez pris part, de façon considérable à cette œuvre de conversion, et je me permets de vous envoyer une copie du dernier fascicule de la "Société de Cologne ", qui évoque ma dernière expédition au Caire, dans laquelle Petronilla est nommée. Il y aussi quelques nouvelles de notre premier établissement au Caire... Vous serez certainement intéressée. Je vous prie, après l'avoir lu, de le faire parvenir à Sa Majesté la pieuse Impératrice Carolina.

Il y a quelques mois, j'en ai expédié une copie aussi au Révérend Prince Archevêque de Salzbourg. Je suis sûr que vous trouverez dans ces brèves nouvelles des raisons qui vous pousseront à la prière.

Dans le prochain fascicule de la société qui va paraître à Cologne ce mois-ci, il y a un long rapport concernant Pétronilla.


[1891]
Je vous prie de transmettre ma plus profonde vénération à Son Altesse le Prince Archevêque de Salzbourg, que j'ai l'honneur de connaître depuis longtemps. J'étais justement en train de lui écrire pour le mettre au courant de la mort de Pétronilla, mais comme j'ai eu entre-temps la joie de recevoir votre chère lettre, j'ai décidé de vous envoyer à vous-même cette lettre.

Pour l'Afrique Centrale, nous devons avoir les Bénédictins, qui ont autrefois converti l'Europe. J'ai déjà eu la promesse du Révérend Père Casaretto (ancien Supérieur des Missionnaires Bénédictins) à Rome ; dès que j'aurai suffisamment organisé l'Œuvre en deux missions, j'obtiendrai de lui l'aide d'un petit groupe des Fils du Patriarche Saint Benoît.

Maintenant, ma Révérende Mère, daignez agréer encore l'expression de ma plus profonde vénération.



Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique

Texte original en allemand.






307
Société de Cologne
1
Le Caire
8. 4.1869
N° 307 (287) - A LA SOCIETE DE COLOGNE

" Jahresbericht..." 17 (1870), pp. 71-73



Le Caire, le 8 avril 1869



Différentes nouvelles d'après des lettres de Comboni.





308
Antoine D'Abbadie
1
Le Caire
14. 4.1869
N° 308 (288) - A ANTOINE D'ABBADIE

BNP, Nouv. Acq.



Le Caire, le 14 avril 1869

C'est une adresse de lettre.





309
Virginie D'Abbadie
0
Le Caire
16. 4.1869
N° 309 (289) - A VIRGINIE D'ABBADIE

BNP, Nouv. Acq. 23852



Le Caire, le 16 avril 1869

Ma chère et vénérable Dame,



[1892]
Chaque fois que j'ai le bonheur d'écrire à notre très cher Monsieur d'Abbadie, mon cœur palpite. Il est le "Père de la Patrie", le héros de l'Afrique, le père, l'ami, l'apôtre de l'Ethiopie. Et vous ? Vous êtes Madame d'Abbadie, et cela suffit pour que vous soyez en droit d'avoir notre respect et notre affection.

Ce qui m'a poussé à vous écrire maintenant, c'est le fait d'avoir ici au Caire les Princes d'Abyssinie, lesquels y sont venus pour demander au Patriarche copte de leur donner un Evêque pour l'Abyssine. Il l'ont obtenu, et il a été sacré il y a quelques jours. Il s'agit d'Abuna Atanasio. Ces Princes (ainsi appelés ici au Caire, et logeant dans le palais du Pacha), je les ai vus chez le Pacha pendant les journées du Grand Baïram. A cette occasion, le Patriarche copte, les chefs de toutes les religions et moi-même, sommes allés rendre hommage à Son Altesse, ainsi que lors des journées du mariage de la fille du Vice-roi.

Or, ayant eu relations avec le Patriarche, j'ai connu celui qui a écrit à M. Antoine et à M. Michel. Il s'agit d'un homme plein de talent, et qui connaît bien toute la famille de M. d'Abbadie, sa mère, ses frères, etc. et qui a été chez eux, à Paris et à la campagne.


[1893]
Il m'a prié de mettre la date à sa lettre d'avant-hier. Il restera au Caire avec ces Princes encore un mois, puis ils partiront pour le Tigré. Si M. Antoine désire donc lui écrire, il n'a qu'à me faire parvenir ses lettres au Caire et je me chargerai moi-même de les lui remettre.


[1894]
Nous avons entendu dire par deux fois que Mgr. Massaia avait été assassiné par les musulmans dans le royaume de Scioa, et cette nouvelle a ensuite été démentie.

Ces Princes parlent très mal de l'Empereur Théodore en disant qu'il était méchant. Ils m'ont dit que tout va bien en Abyssinie, et que l'actuel Roi Kassa, choisi à l'unanimité, âgé de 34 ans, est le descendant des plus anciens rois de l'Abyssinie dont le peuple est fier. Ils m'ont assuré aussi que les Anglais n'exercerons jamais le pouvoir en Abyssinie et, qu'après la mort de Théodore, ils se sont retirés suite à la demande du peuple d'Abyssinie.

Ils m'ont parlé, en outre, du souvenir et de l'admiration dont jouissent messieurs Antoine et Michel d'Abbadie en Abyssinie. Quant à moi, Madame, je me trouve au Caire, et responsable de deux Instituts qui me coûtent 30.000 francs par an.


[1895]
J'ai beaucoup d'espérance ; nous avons fait des conquêtes importantes en faveur de l'Eglise.

Je regrette d'avoir quitté Paris de façon imprévue et de ne pas avoir eu la possibilité, comme j'en avais l'intention, de vous voir et de rendre visite à Monsieur à Bebieh. Je vous prie de me donner de vos nouvelles au Caire, de transmettre mon affection à Monsieur d'Abbadie, et d'accepter les sentiments les plus dévoués et les plus affectionnés de



votre ami

Abbé Daniel Comboni

Texte original en français, corrigé.






310
Mgr. Luigi Ciurcia
0
Le Caire
10. 5.1869
N° 310 (290) - A MONSEIGNEUR LUIGI CIURCIA

AVAE, c. 23



Vive Jésus, Marie et Joseph !

Le Vieux Caire, le 10 mai 1869

Excellence Révérendissime,



[1896]
Jusqu'à présent j'ai accueilli dans mon Institut féminin du Vieux Caire, Mère Caterina Rosa Valerio, Tertiaire Professe cloîtrée de Saint François à Vérone.

Elle avait été arrachée à son couvent par la loi qui supprimait les Instituts Religieux dans le Royaume d'Italie. Je l'ai conduite à la fin de février dernier en Egypte, suite à l'ordre de Son Excellence l'Evêque de Vérone, pour qu'elle puisse entrer dans l'Institut des Clarisses où elle avait été acceptée depuis l'année dernière.

Pour des raisons que Votre Excellence connaît, elle n'a pas pu réaliser son louable objectif.

Entre-temps, la Sœur s'est convaincue de la bonté et de l'importance de l'Œuvre pour la conversion de la Nigrizia ; et s'est montrée disponible pour se consacrer totalement à cette Œuvre dans laquelle elle pouvait garder l'esprit de sa propre vocation, et en même temps concourir avec son activité au salut des âmes les plus abandonnées du monde. Personnellement je suis convaincu qu'elle a des talents particuliers qui la rendent utile à cette Œuvre des Noirs.


[1897]
Mon Plan exige un développement ultérieur avec la fondation d'autres Instituts qui puissent s'approcher davantage de la Nigrizia Centrale.

Vu que les Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition peuvent me fournir d'autres sujets dans ce but, je m'adresse à Votre Excellence pour vous supplier de me donner l'autorisation d'associer Mère Caterina Valerio à notre Œuvre. Et puisqu'il n'y a pas d'autres Congrégations au Vieux-Caire, je voudrais, avec votre accord, confier pour le moment à Sœur Caterina Valerio la direction d'une école féminine, que je serais prêt à ouvrir comme filiale de mon premier Institut féminin, pour le bien de cette population.

J'espère obtenir cette grâce, et j'anticipe mes remerciements ; en implorant pour nous tous votre paternelle bénédiction, j'embrasse votre anneau sacré, et je me déclare, dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie,



votre humble et dévoué fils

Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique