Comboni, en ce jour

Dans une lettre à Elisabetta Girelli (1870) de Vérone l’on lit:
Nous sommes unis dans le Sacré-Cœur de Jésus sur la terre pour être unis ensuite au Paradis pour toujours. Il faut courir à grands pas sur les chemins de Dieu et de la sainteté, pour ne s'arrêter qu'au Paradis.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
381
Signatures des Messes
1
Alexandrie d'Egypte
1870
N° 381 (1154) - SIGNATURE DE LA MESSE CELEBREE

A SAINTE CATHERINE A ALEXANDRIE D'EGYPTE

ASCA, Registre des Messes







382
Mgr. Luigi di Canossa
0
Monaco
2. 1.1871

N° 382 (358) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/75

Que Jésus et Marie soient loués !

Munich, le 2 janvier 1871

Excellence Révérendissime,


 

[2380]
Il faut louer le Seigneur et notre bon économe Saint Joseph qui veut vraiment sauver les Noirs. 20.000 lires ce n'est pas rien ! La charité des nôtres de Prague est admirable. J'ai écrit à Monseigneur Bragato que pour l'achat et les travaux de la maison Caobelli il fallait 20.000 lires, et j'ai donc demandé que Leurs Majestés nous aident à payer la maison ; en même temps, j'ai écrit à Negrelli pour qu'il donne un coup de pouce afin d'obtenir les 20.000 lires. J'aurais été content d'avoir, ne fût-ce que 3.000 florins. Mais, l'Enfant Jésus, qui est bon, nous a accordé la totalité de la somme. Que Jésus soit loué. Vous voyez bien, Excellence, que Dieu veut l'Œuvre de l'Afrique.


[2381]
Je pense donc que vous devriez avertir l'incomparable et vénérable Recteur du Séminaire afin qu'il prenne les mesures nécessaires pour faire partir les locataires, et pour payer la maison dès qu'il aura reçu l'argent, car on y gagne à payer immédiatement. M. le Recteur est très fin in hoc et je crois que sur les 16.600 lires qu'il doit donner pour acheter la maison, nous ferons des économies et non des moindres en payant tout de suite. En attendant je correspondrai avec Negrelli pour voir s'il enverra l'argent directement à Vérone ou si je dois aller le prendre à Prague. Dans ce cas, il serait bon que je puisse déposer l'argent à Vienne chez un des correspondants de M. Trezza, dont Votre Excellence pourrait recevoir l'argent sans perdre un centime.


[2382]
Chaque jour je demande à Dieu : 1°. des croix ; 2°. du personnel valable ;

3°. de l'argent. Or le bon Jésus, pour le bien de l'Œuvre, me prépare surtout des croix.


[2383]
En voici une très lourde à porter : maintenant, le Père Stanislao se plaint parce que, dit-il, je l'ai trahi et qu'il est contraint de retourner en Europe.

Il m'a écrit une lettre qui me fait mal au cœur. Je prévois que nous en arriverons au point de perdre ces deux sujets, non pas parce que nous voulons les perdre, mais parce qu'eux mêmes le veulent.

Peut-être que ce sera mieux de travailler avec nos propres outils, mais je regrette beaucoup ce départ, car ce sont deux bons sujets.

Je réfléchis à tête froide à ce que Monseigneur Ciurcia m'a écrit il y a 10 jours (je l'avais prié de calmer le Père Stanislao et de l'inviter à rester) : - "N'espérez pas que je fasse un seul pas ou que je dépense une seule parole pour influencer la prolongation du séjour de celui qui, même s'il a toutes les meilleures qualités, manque cependant de la principale : il ne sait pas être sujet ".


[2384]
Il semble que le Père Stanislao ait obtenu de Monseigneur Ciurcia des documents qui autorisent le Chanoine à confesser les Sœurs.

Il a confié toute l'administration à Ravignani, et il vit comme un étranger au Collège (c'est ce qu'il m'écrit), prêt même à faire n'importe quel travail si je le veux. Je pense que, jusqu'à ce que j'aille au Caire, il soit prudent de ne rien changer, autant du côté des membres des Instituts, qui généralement estiment les deux bons Camilliens, que des Sociétés, auprès desquelles j'avais tissé les louanges de ces deux Missionnaires.


[2385]
Ceci dit il, me semble opportun de patienter et de gérer l'affaire calmement. Donc, si le contenu de la lettre que le Père Stanislao vous a écrite le permet, je pense qu'avant samedi, vous devriez lui écrire une lettre douce et paternelle en l'exhortant à avoir confiance en Dieu, et en lui disant que vous vous adresserez aussi au Général pour qu'il ne les rappelle pas en Europe ; mais d'attendre la fin des épouvantables événements d'Europe pour régler le tout.


[2386]
Il me faut le calme que Dieu m'accorde toujours au milieu de la tempête pour avoir la patience nécessaire. Le Général et le Provincial Camilliens déclarent n'avoir même pas un seul sujet pour l'Afrique ; et le Père Carcereri prétend que nous confiions aux Camilliens (après les histoires passées et présentes) une Œuvre si importante pour deux sujets seulement, et que nous avec les Prêtres et les Chanoines nous nous installions en pension chez les Camilliens ! Il manque la base : l'humilité.

Il y a aussi une lettre du Père Stanislao pour le Père Artini ; il serait bon, pour savoir à quoi vous en tenir, quand vous lui écrirez, d'être au courant du contenu de cette lettre du Père Stanislao au Père Artini ; interrogez donc ce dernier.


[2387]
Faites ce que l'Esprit de Dieu vous suggère ; car cet Esprit anime le Supérieur choisi par Dieu même, comme l'est Votre Excellence.

L'origine de tout cela est ce maudit égoïsme religieux et frocard qui domine dans presque tous les Ordres Religieux : " L'Ordre d'abord, ensuite le Christ et l'Eglise !". C'est une dure mais inéluctable vérité, déjà connue à l'époque des Apôtres, et dont parle Saint Paul... " Le bien qui se fait n'est pas grand-chose, s'il ne provient pas de l'Ordre ! " dit le religieux.


[2388]
Moi je dis : " Tout d'abord il y a l'Eglise, puis l'Ordre ! Les Ordres ne sont que les bras de la Sainte Eglise.


[2389]
Bien que dans les souffrances, je suis très heureux que votre cœur soit réconforté par la bénédiction de Prague. D'autres consolations plus grandes arriveront, mais il faut s'attendre aussi à d'autres croix plus lourdes. Les croix sont nécessaires pour accomplir la volonté de Dieu.


[2390]
Je ne suis arrivé que cette nuit à Munich. A Bolzano, un Prélat m'a dit qu'il y avait 4 Majestés à Merano. J'ai donc pris tout de suite cette direction. Mais, après avoir marché en montant de la ville vers le château du Prince Impérial, je me suis retrouvé avec le Roi de Naples dans une pièce tellement chauffée, que, quand je suis sorti dans le froid, j'ai souffert de constipation.

Après une demi-heure de marche je suis allé présenter mes hommages (non sans résultats) à la Princesse de Hoenzollern Sigmaringen, tante du célèbre Hoenzollern en Judée, et je suis resté avec elle pendant une heure dans une pièce encore plus chauffée.

Je suis resté alité chez les bons Capucins à Merano, puis, pendant quelques jours, j'ai été l'hôte de Son Altesse l'Evêque de Brixen, dans son magnifique palais avec Monseigneur Cosi Vicaire Apostolique du Xantong. Là je me suis parfaitement rétabli, en restant au chaud et en prenant des fortifiants.

Hier matin je me suis arrêté à Innsbruck pour voir la Comtesse Spaur (qui a accompagné Pie IX en 1848) et un de mes cousins.


[2391]
Je ne vous dis rien maintenant des sentiments de l'Allemagne Catholique envers Rome. Je veux mieux voir. Il est certain que nous à Vérone, nous ne le croyons pas. Le Père Curci a peut-être dit une grande vérité.


[2392]
Ayons confiance en Dieu, et reposons-nous seulement en Lui.

Je souhaiterais que vous m'envoyiez une lettre pour l'Evêque de Passavia et la note des Messes célébrées par M. le Recteur pour Munich. Je n'ai encore parlé avec personne ici à Munich, sauf avec mon ami Monseigneur Oberkamp, à qui j'ai exposé la moitié des affaires qui m'ont fait venir ici à Munich.

Saluez de ma part notre incomparable et saint M. le Recteur du Séminaire, l'Abbé Vincenzo. Présentez mes hommages au Marquis Ottavio, et je vous souhaite de bonnes fêtes et une bonne année.



votre humble fils

Daniel Comboni






383
Mgr. Luigi di Canossa
0
Monaco
20. 1.1871

N° 383 (359) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/76

Que Jésus et Marie soient loués.

Munich, Monastère des Bénédictins

à San Bonifacio, le 20 janvier 1871



Excellence Révérendissime,


 

[2393]
J'ai attendu en vain la lettre pour l'Evêque de Passavia, dont dépend le Sanctuaire des Altötting. Et pourtant elle est nécessaire.

Je n'ai pas réussi à conclure quoi que ce soit avec le Gouvernement bavarois. D'abord le ministre de l'Intérieur et des Cultes était à Versailles et il n'est arrivé que le 12 de ce mois. Entre-temps j'ai logé chez mon ami Haneberg, Abbé des Bénédictins, Professeur de l'université et le plus grand expert au monde de la langue et de la culture arabes. Il m'a accueilli comme un père.

J'ai pris des renseignements précis auprès du Nonce, Monseigneur Meglia Archevêque de Damas et auprès du Révérend Abbé Haneberg à propos de l'humeur de la bêt... avec laquelle je devais traiter, et on n'a pas su quoi me répondre.


[2394]
Quand Son Excellence le ministre Luts est finalement arrivé il m'a accueilli gentiment, m'a promis de tout faire pour m'aider et, avec une lettre de recommandation de sa part, il m'a envoyé chez le Baron de Sussmayr, Conseiller des Cultes, qui m'a dit qu'il était impossible de donner des Messes pour l'étranger :

1°. parce qu'il est expressément interdit par le Code pénal de donner des aumônes de Messes à l'étranger, et il m'a montré quatre paragraphes très sévères émanant du Roi Massimilien ; 2° parce que les 80.000 Messes d'Altötting ne suffisent pas à aider les Eglises pauvres de Bavière. Cependant, tenant compte de mon voyage à Munich propter hoc, le Conseiller du Ministre m'a suggéré de solliciter de Votre Excellence que vous écririez une pétition à l'Evêque de Passavia pour lui demander 1.000 florins d'aumônes pour 2.000 Messes ; et l'Evêque fera en sorte d'obtenir l'accord de Son Excellence le Président Zwehl, Chef du Gouvernement (le Conseiller des Cultes m'a écrit son nom sur mon carnet), et il est de l'avis que votre demande sera satisfaite dans l'année en cours. J'attends la lettre à Vienne.


[2395]
Le même Conseiller et le Révérend Haneberg m'ont renvoyé à une autre source dans un sanctuaire de Munich, qui sera une manne pour l'avenir.

Je me suis présenté au Directeur de l'Herzog Spital, le Révérend Abbé Meixner, et il m'a reçu comme un frère. Il m'a dit qu'il venait d'envoyer les dernières Messes à Stockholm et à Hambourg, mais qu'il m'en préparera un bon nombre à mon retour et qu'il en enverra, de temps en temps, à Votre Excellence. L'Evêque de Brixen Monseigneur Gasner m'en préparera aussi un bon nombre à mon retour.

Maintenant, j'ai à votre disposition 1.000 Messes données par l'Archevêque de Munich, pour lesquelles j'ai reçu ce matin 500 florins de Bavière, que je tiens à votre disposition. Chaque Messe revient à 1 franc et 10 centimes en argent. J'ai 10 feuilles de 100 messes chacune, selon le modèle ci-joint.


[2396]
Demain je vais à Altötting, lundi à Salzbourg, mercredi à Passavia, jeudi à Linz et vendredi à Vienne.

Bien que personne, ici en Allemagne, ne croie à l'intervention armée de la Prusse en faveur du Pape, et que ne le pensent ni l'Evêque de Brixen, ni le Nonce, ni mon ami le correspondant de Munich de l'Unità Cattolica (ils sont tous convaincus que le Pape sera un jour libéré de façon extraordinaire), voici cependant ce que l'Archevêque de Munich m'a dit : " Je sais avec certitude que le Roi de Prusse désapprouve hautement la conduite du gouvernement italien vis-à-vis de Rome, qu'il est vraiment mécontent, et qu'il désire vivement faire quelque chose pour le Pape et l'aider selon ses désirs ; mais, pour le moment, il ne peut rien faire, seulement quand la guerre sera finie ".


[2397]
J'ai écrit au Cardinal d'Hohenlohe à Schillingfürst (Haute Franconie) en le priant d'intervenir pour les Messes d'Altötting.

Je suis allé chez le Prince Hohenlohe son frère, le célèbre bouffon qui voulait induire les gouvernements à entraver le Concile, je suis allé chez la Princesse Wittgenstein son épouse, qui est la sœur de la Princesse de Campagnano, épouse de Mario Chigi ; mais je n'ai reçu que de belles paroles, personne n'a fait quoi que ce soit. Fiat.


[2398]
Je termine cette lettre en vous exprimant la douleur que me procurent les lettres du Père Stanislao Carcereri. Il paraît qu'il attend une réponse décisive du Père Guardi pour rentrer tout suite en Europe avec Franceschini. C'est ce qu'il m'a écrit apertis verbis. Mais il ne peut le faire sans une lettre de Votre Excellence car vous êtes le Supérieur immédiat et direct des deux Camilliens.

Les 5 ans ne se sont pas encore écoulés et, sans l'accord de Votre Excellence, ils ne peuvent pas partir. S'ils partent maintenant, j'aurai alors une bonne raison de plus pour me convaincre que certains religieux sont têtus comme des mules, et que pour ne pas avoir autant de déceptions, il faudra que nous travaillions avec nos propres moyens.

Saluez de ma part le Marquis Ottavio, le Révérend Recteur du Séminaire, l'Abbé Vincenzo.

J'embrasse vos mains.

Votre indigne fils

Abbé Daniel



P.-S. Je traite l'affaire d'Altötting avec l'Evêque à Passavia ; j'attends votre lettre à Vienne.






384
Mgr. Luigi di Canossa
0
Vienne
5. 2.1871

N° 384 (360) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/77

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Vienne, le 5 février 1871

Excellence Révérendissime,


 

[2399]
Je fais de bien maigres affaires pour la Mission mais j'espère en réaliser de bonnes pour les Messes.

Les blessés, les prisonniers, les veuves, les orphelins, l'obole de Saint Pierre, l'enlisement total du commerce, tout cela fait que l'on ne trouve pas de bienfaiteurs. J'ai tâté le pouls du Roi et de tous les princes et princesses Royaux de Bavière.

Et j'ai eu à peine 200 florins. J'espère cependant avoir réussi à recueillir 1.000 florins par an pour l'Afrique à force de prédication et d'insistance auprès de la Société de Ludwigverein, où il y a un rapport annuel préalable sur la marche de la mission. Pour le moment il ne s'agit que de paroles et de grandes promesses de la part de celui qui a la Société entre les mains ; jusqu'à présent je n'ai obtenu que 300 florins.

J'ai tout envoyé au Caire, parce qu'ils me harcèlent à mort avec des lettres pressantes. Cependant, je ne comprends pas comment, avec tant de disette, a pu arriver ce que le Père Stanislao m'a annoncé en ces termes : "Le vin acheté et payé pour toute l'année est arrivé hier (le 19 janvier) de Grèce. Il y avait 1584 Oke (plus de 2.500 litres, et il en coûtait 746 francs). Dieu a voulu que nous en perdions plus d'un tiers devant le portail. Spectantibus omnibus le fond d'un des grands tonneaux a éclaté, et le vin s'est répandu. Que la volonté de Dieu soit faite".


[2400]
Ici. à Vienne, Monseigneur Cosi, Evêque et Vicaire Apostolique de Xantong, a frappé à la porte de tous les Archiducs, et n'a même pas recueilli un centime. Monseigneur Simor, Primat de Hongrie, lui a donné 300 florins.

J'irai tâter le pouls de ce Monseigneur. J'espère que j'aurai un peu plus de succès avec les Archiducs.

Quant aux Messes, les seules sources sont les Sanctuaires, actuellement il y a peu de pèlerins parce que deux bras de neige les empêchent de s'y rendre.

J'ai réussi à avoir de très bons résultats dans tous les Sanctuaires que j'ai visités. J'ai pris bonne note des noms des responsables des Abbayes et des Sanctuaires, de la période propice, etc.... L'un d'eux m'enverra 2.000 Messes par an. Sans doute à mon retour Votre Excellence sera content. Mais pour le moment, en plus, je n'ai (outre les 1.000 de Munich) que 500 Messes, c'est-à-dire 220 florins autrichiens en billets, à 44 sous chacune, qui viennent du Sanctuaire de Maria Plain que l'Abbé Alberto V de Saint Pierre à Salzbourg m'a donnés. Celui-ci aussi nous en donnera chaque année.

Tout est bien enregistré dans ma tête. Je sais bien comment solliciter le goût de ces Messeigneurs par des lettres mielleuses. Mais nous le ferons à Vérone


[2401]
Ma délicatesse m'a obligé à présenter et à faire accepter avec insistance les lettres épiscopales, qui m'autorisent à recevoir des Messes. Comme je demande pour la Mission, il est bien ainsi que tous les documents pour les Messes soient présentés, pour que l'on ne pense pas que je me sers des aumônes des Messes pour la Mission. A présent il ne me reste que deux lettres. Ayez donc la bonté de faire écrire par le Recteur du Séminaire et de signer encore 15 lettres ; mais pas si longues, parce qu'ils ne les lisent pas ; il faut qu'elles soient plus courtes. Faites-les écrire tout de suite et envoyez-les moi à Vienne à l'adresse du Nonce Apostolique.


[2402]
En lisant votre chère lettre qui m'annonce que les deux du Caire se sont calmés, je suis ressuscité de la mort à la vie. J'ai pleuré de consolation et j'ai remercié l'Enfant Jésus (dont je porte avec moi une statuette miraculeuse qui a plus de 200 ans, c'est un don de mes Moniales de Salzbourg, son habit coûte plus de 60 florins. L'Enfant Jésus sera le Roi de la Nigrizia).

Une heure après avoir lu les lettres du Caire, je suis presque entièrement retombé dans ma tristesse. Le Père Guardi avait écrit au Père Stanislao que dans le cas où une convention, dans les termes mille fois répétés, ne serait plus à espérer, il ne voyait pas de difficulté à ce que les deux rentrent immédiatement en Italie. Le Père Stanislao a donc décidé de partir, mais pas avant Pâques.


[2403]
Il se pourrait que les lettres de Votre Excellence changent la situation ; mais quand un religieux est têtu comme une mule, j'ai peu d'espoir ; excusez-moi, mais je dois être franc avec mon Père.

Il n'y a pas de doute que je puisse éprouver de l'orgueil. Mais Dieu m'a fait et me fait encore baisser la tête par de nombreuses humiliations, par des mortifications et des refus tranchants, au point qu'il est difficile que naisse en moi la tentation de l'orgueil. Dieu agit bien, sinon l'âne relèverait la tête et.... Bénissez



votre humble et indigne fils

Abbé Daniel



P.-S. Salutations de la part l'Archevêque de Salzbourg avec qui j'ai passé beaucoup de temps.






385
Mgr. Luigi di Canossa
0
Vienne
10. 2.1871

N° 385 (361) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/78

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Du couvent des Dominicains,

Vienne, le 10 février 1871

Excellence Révérendissime,


 

[2404]
Bien que les nouvelles du Père Carcereri au sujet de la cousine de l'Abbé Falezza soient exagérées, bien que notre Supérieure du Caire, qui a été pendant 13 ans Supérieure du pensionnat pour jeunes filles de Malte, qui était le refuge des mal mariées..., ait assez de force et de vigueur pour mettre au pas une fofolle, si la cousine de l'Abbé Falezzi l'était vraiment, pour remédier au désordre - s'il existe réellement - ou bien pro bono pacis avec le Père Stanislao - si le désordre est exagéré - j'ai envoyé à 2 h. de l'après-midi du 6 février le télégramme suivant (qui a coûté 19 florins et 10 Kreutzer) au Père Stanislao, au Caire.

" Si vous le croyez nécessaire, après vous être accordé avec le Père Pietro Compagni, avec prudence, éloignez immédiatement des Instituts la cousine de l'Abbé Michel."


[2405]
Les lettres que j'ai écrites du Séminaire à l'Abbé Michel (et il peut vous les montrer) disent suffisamment que les deux fois où j'ai vu cette femme avec lui, je n'ai jamais remarqué en elle une conversion parfaite. Cependant, puisque nous sommes au monde pour convertir même le diable, si cela était possible, en réfléchissant que j'ai envoyé moi-même cette femme au Caire, et que je l'ai affectée à la Maison du Sacré-Cœur de Marie, où il y a une Supérieure qui a des moustaches de capitaine allemand, et a de la fermeté quand le devoir le lui impose, il me semblait donc ne pas avoir pas mal agi en essayant de faire du bien à cette âme. Je ne vois pas cependant comment on peut compromettre notre Institut parce que cette femme crée des problèmes.


[2406]
Depuis un certain temps, j'ai écrit au Père Stanislao et à la Supérieure de la surveiller et de ne pas la laisser sortir de la maison pendant plusieurs mois, mais de la laisser se promener sur la terrasse ou dans le jardin. Si elle veut absolument sortir, qu'on la renvoie. Je ne comprends pas la nécessité qu'il y a eu d'alarmer le Vicaire Apostolique et peut-être les Franciscains, parce que l'Institut a offert un abri à une pécheresse, surveillée par plusieurs Sœurs. Pauvre monde si nous avions peur de cela !

Notre Père Stanislao a de belles qualités, mais il est encore jeune, et il ne connaît pas assez le monde et, en quelques circonstances, il réagit sous le coup de la première impression. C'est pour cela que je lui ai recommandé par mes paroles et par l'exemple de toujours consulter ses compagnons et le Père Pietro avant de prendre une décision importante. De toute façon, je vous supplie de prier Jésus pour ce cas que j'ai confié à mon cher Roi de la Nigrizia que j'ai avec moi.

Le Nonce Apostolique vous salue. Avant hier j'ai déjeuner chez lui, et hier le pauvre m'a donné 100 florins, avec la seule obligation de prier un peu pour lui. Présentez mes hommages au Marquis Ottavio, à l'Abbé Vincenzo, à Perbellini et au Vicaire. Priez pour



votre humble et indigne fils

Abbé Daniel Comboni






386
Mgr. Luigi di Canossa
0
Vienne
26. 2.1871

N° 386 (362) - A MONSEIGNEUR. LUIGI DI CANOSSA

ACR. A, c. 14/79

Que Jésus et Marie soient loués.

Vienne, le 26 février 1871

Excellence Révérendissime,


 

[2407]
Je vous supplie vivement de m'envoyer, par retour de courrier, le fameux opuscule du Père Curci, qui a suscité tant de tapage en Italie, dans lequel il est dit que le Saint-Siège ne doit rien espérer de la Prusse. Cet opuscule est destiné à Son Altesse le Duc de Modène qui désire ardemment le lire, et aujourd'hui, il m'a prié de le lui procurer. Puisque il me prépare un subside, et comme c'est un important bienfaiteur, je désire satisfaire son souhait. J'espère que vous me l'enverrez tout de suite ici au Couvent des Dominicains où je suis hébergé. Ce sera mon devoir spécial d'en procurer une autre copie à Votre Excellence.

Recevez les salutations du Duc de Modène, c'est un bon et grand catholique. Dans les régions princières des Archiducs d'Autriche règne une grande aversion à l'égard de l'Empereur d'Allemagne et de Prusse, et il y a une grande sympathie pour la France privée de Bonaparte et donc libre. On espère que Dieu, qui a puni l'Empire français, donnera d'ici peu une grande leçon à l'orgueilleux et despotique colosse de l'Allemagne. Dans ces mêmes régions on craint beaucoup que l'orgueilleux monarque de Prusse ne vienne d'ici peu provoquer des troubles en Autriche.


[2408]
Pour le moment, cela suffit, parce que je n'ai pas de temps.

J'ai reçu les 12 pétitions pour les Messes. J'attends avec impatience l'opuscule du Père Curci. Votre Excellence saura, coûte que coûte, le trouver. En attendant je demande votre bénédiction et je me déclare



votre dévoué fils.

Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique



P.-S. Un Italien a fait don à nos Instituts du Caire d'un terrain à 10 minutes du Caire d'une valeur de 6.000 francs. Je l'ai su par des lettres que j'ai reçues hier. Je ne connais pas encore les détails.






387
Empereur François-Joseph
0
Vienne
2. 3.1871

N° 387 (363) - A L'EMPEREUR FRANCOIS JOSEPH

ASW, Afr. C., f. 27/12

Vienne, le 2 mars 1871

Majesté,


 

[2409]
Faible reste de l'ardue Mission de l'Afrique Centrale, je suis prêt à sacrifier mille fois ma vie pour plus de cent millions de Noirs qui, dans ces régions enflammées gisent encore dans les ténèbres du paganisme.

Suite à l'invitation du Saint-Siège, j'ai établi un Plan pour la Régénération de l'Afrique qui vise à planter de façon stable la Foi et la civilisation dans ces vastes tribus, selon l'intention magnanime que Votre Majesté a eue en promouvant cette sublime mission et en la couvrant de votre souveraine et providentielle protection.

Sur la base de ce Plan, avec l'autorisation du Saint-Siège, j'ai fondé trois Instituts pour Noirs en Egypte, dont j'ai parlé dans le Programm der Regeneration des Negerlandes ci-joint, afin d'enseigner la Foi, la morale, les sciences, l'artisanat aux jeunes filles et garçons de la race noire pour qu'ils retournent dans leur pays natal, après avoir été éduqués afin d'y être les apôtres de la Religion et de la civilisation auprès de leurs compatriotes, sous la direction des Missionnaires européens déjà acclimatés en Egypte.


[2410]
Le salut et la civilisation de la Nigrizia qui comprend la dixième partie de tout le genre humain peuvent dépendre de cette providentielle Institution.

Pour loger les Prêtres, les Sœurs, les catéchistes, les artisans, les institutrices noires et les élèves indigènes des deux sexes des trois Instituts déjà ouverts, je dois payer 2.400 florins de loyer par an pour les trois maisons, car je ne suis propriétaire d'aucun bâtiment. De surcroît, vu les temps difficiles que nous vivons, j'ai beaucoup de mal à subvenir aux besoins des Instituts.

Je me prosterne donc devant le trône de Votre Majesté Impériale et Apostolique, Auguste Seigneur et Protecteur de la Nigrizia, et j'implore vivement, du cœur magnanime de Votre Majesté Impériale, avec les larmes aux yeux, une aide généreuse pour construire l'Etablissement des Noirs au Caire, (pour lequel je possède déjà un grand terrain à cinq minutes de la Gare, et des matériaux), et aussi pour le maintien des Instituts.


[2411]
La Sainte Œuvre à laquelle je me suis consacré est ardue, grandiose, très importante. Mais avec l'aide de Dieu, et sous la glorieuse bannière autrichienne qui flottera sur toute l'étendue de la Nigrizia, deux fois plus vaste que l'ensemble de l'Europe, nous atteindrons notre but. Mes valeureux Missionnaires et moi-même n'avons pas peur des dangers, des difficultés, des souffrances et des fatigues. Nous persévérerons avec constance jusqu'à la mort dans cette entreprise humanitaire de la Religion et de la civilisation.


[2412]
Vous trouverez ci-joint le Postulatum pro Nigris Africae Centralis, qui a été tenu pour acceptable, par Sa Sainteté Pie IX au Concile Vatican.

Espérant que mon humble prière sera exaucée, je me prosterne respectueusement aux augustes pieds de Votre Majesté Impériale.



Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique d'Afrique Centrale

Fondateur et Supérieur des Instituts des Noirs en Egypte






388
Mgr. Luigi di Canossa
0
Vienne
20. 3.1871

N° 388 (364) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/80

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Vienne, le 20 mars 1871

Excellence Révérendissime,


 

[2413]
Je suis encore ému par la grande réunion de l'Archiconfrérie de Saint Michel qui s'est tenue hier dans la grande Salle de Sophienbad (grande comme l'Eglise de San Nicolò avec 28 tribunes).

Après avoir déjeuné avec le Nonce Apostolique, nous sommes entrés dans la grande salle, remplie par la fine fleur de la noblesse viennoise, où les Princes, les Ducs, les Marquis et les Princesses s'unissaient en une seule pensée, dans leur amour pour le Pape. Peu d'Evêques et de Prêtres parlent avec autant d'inspiration et de ferveur en faveur de la cause de l'Eglise et du Pape comme les orateurs ont parlé.

En un mot ils ont déclaré ouvertement que l'Autriche doit s'empresser de libérer le Pape, que l'Autriche jadis a été un grand pays parce qu'elle était Catholique, et qu'elle est maintenant en danger parce qu'elle s'est éloignée de ses traditions, et qu'il est nécessaire que l'Empereur, qui est si aimé du Pape, réponde avec autant d'amour. Le Président a parlé comme un ange. Ont aussi pris la parole le Prince d'Altgrave de Fürstenberg frère de l'Archevêque d'Omütz, le Prince de Salm Clary, Czerny, le Dr. Graff d'Innsbruck, et le Comte Brandis Président de la Société Catholique de la Haute Autriche. La réunion a duré quatre heures, et s'est terminée avec la Bénédiction Papale donnée par Son Excellence le Nonce Apostolique.

A Vienne il y a d'éminents catholiques !


[2414]
Le Cardinal de Vienne m'a fait une belle aumône.

J'ai reçu une autre lettre qui confirme ce que je vous ai écrit au sujet de l'Amérique. Les lettres du Caire nous ont apporté de meilleures nouvelles.

Il paraît que la Mère Caterina Valerio se fera éloigner de l'Institut ; le Père Stanislao dit qu'elle est un véritable supplice. Entre autres elle a convaincu Domenico, son compatriote de Montorio, de quitter l'Institut et de devenir Franciscain. Ainsi dit le Père Stanislao.


[2415]
Présentez mes hommages aux quatre Comtes Thum, c'est-à-dire à Francesco, Costantino, Leone et Federico, ce dernier est resté alité pendant un mois après être tombé sur le verglas. Le Duc de Modène n'a pas été très généreux ; il ne m'a donné que 300 florins. Mais Dieu pourvoira à tous nos besoins.

J'ai envoyé ce matin, par le Ministère des Affaires Etrangères, encore 25 napoléons en or, en plus des derniers qui ont déjà été envoyés au Caire.


[2416]
La journée d'hier a été heureuse parce que j'ai pu parler franchement à Saint Joseph. Je sais qu'il faut être audacieux avec ce Saint !

Le Chanoine Comte Condenhove (qui est né à Vérone en 1819) m'a conseillé d'aller en Amérique, où il a été missionnaire ; il m'a dit qu'avec les faits fort intéressants de notre Mission et avec la langue anglaise et allemande, je pourrais ramasser100.000 thalers (c'est une grosse somme !). De toute façon il faut que nous voyions d'abord comment vont les messieurs d'Egypte, et que j'aille les voir.

Mais, en attendant, priez, levez vos mains, et bénissez



votre indigne fils

Abbé Daniel Comboni




[2417]
P.-S. Je vous envoie une image de la Vierge d'Altötting avec le voile miraculeux qui accorde aussi des grâces. L'Abbé Carlo Tomezzoli vous salue.

Je lui ai donné une copie de vos lettres pour les Messes. Il essayera d'en trouver ; mais il enverra chaque année à l'Eglise Italienne, 200 ou 300 messes en surplus.

Il a dit qu'il parlera de tout cela directement avec Votre Excellence.


[2418]
Monseigneur Pelami, futur Supérieur du Séminaire des Missions Etrangères à Rome est ici avec moi chez les Dominicains. Il viendra à Vérone après Pâques.

Il était au Conclave quand Pie IX a été élu Pape. Nous sommes liés par une amitié intime ; c'est un homme comme il faut. Je serais content si vous pouviez pendant les quelques jours qu'il restera à Vérone l'accueillir cordialement et le faire loger au Séminaire ou dans un endroit similaire. C'est un familier du Nonce.

Présentez mes hommages au Marquis Ottavio, à l'Abbé Vincenzo, à Monseigneur le Vicaire, à Monseigneur Perbellini etc.



Abbé Daniel



P.-S. Si vous désirez avoir tout de suite l'argent des 1.500 Messes, faites-moi signe. Il s'agit de :

1. 52 napoléons-or

2. 4 francs et 25 centimes

3. 220 florins en B.N.

Quand je partirai de Vienne, j'espère trouver encore beaucoup de Messes.






389
Mgr. Luigi di Canossa
0
Vienne
23. 3.1871

N° 389 (365) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/81

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Couvent des Dominicains,

Vienne, le 23 mars 1871

Excellence Révérendissime,


 

[2419]
Finalement hier j'ai pu savoir où en est la pétition que j'ai présentée entre les mains de Sa Majesté qui l'a accueillie avec beaucoup de bonté. Puisque, dans cette pétition, je demandais à Sa Majesté de m'aider pour la construction d'un Institut au Caire, Sa Majesté, y étant favorable, a transmis l'ordre au Ministère des Affaires Etrangères, de contacter l'Agent et Consul Général d'Egypte, pour voir quelles seraient les dépenses nécessaires pour cette construction. Ensuite le ministère des Affaires Etrangères ferait un Rapport à l'Empereur pour lui présenter le devis. Son Excellence Gagern, Conseiller aux Affaires Etrangères, travaille avec beaucoup d'énergie en notre faveur, ainsi que Son Excellence le Conseiller Braun Chef du Cabinet Impérial. Il me semble que, chez tout le monde, il y ait de bonnes dispositions, aussi parce que je me suis fait recommander par d'éminentes personnalités.


[2420]
Toutefois, l'heureuse issue de l'entreprise dépend en grande partie du Rapport du Consul Général Autrichien d'Egypte. Etant donné qu'il parlera à ce propos avec Son Excellence le Délégué Apostolique Monseigneur Ciurcia, j'ai écrit en me recommandant à l'un et à l'autre, et j'ai ordonné au Père Stanislao de bien traiter ce dossier, et de mettre en évidence l'importance du terrain qui nous a été donné, etc.

Je suis de l'avis qu'une vive recommandation de la part de Votre Excellence à Monseigneur Ciurcia serait très utile. Je vous prie donc de lui écrire, à ce propos, une belle lettre, mais avant le samedi 25 de ce mois, ainsi la lettre aura le temps d'arriver samedi prochain avec le bateau à vapeur de Brindisi. Si nous obtenons un bon subside de 10 ou 15.000 florins pour la maison du Caire, ce sera un bon coup de pouce pour notre Œuvre. En envoyant la lettre à Brindisi avant samedi minuit, elle arrivera à temps pour le vapeur : Brindisi-Alexandrie


[2421]
Recommandez nos Instituts à Monseigneur Ciurcia. Au Ministère des Affaires Etrangères on m'assure que, quand le Rapport du Consul d'Egypte sera arrivé à Vienne, Sa Majesté l'Empereur lui-même, ou par l'intermédiaire de Beust, écrira une chaleureuse lettre de recommandation pour moi au Vice-Roi d'Egypte. Alors même Monsieur le Khédive sera obligé de travailler dur au profit de nos Instituts. Et le Khédive ne plaisante pas, mais il est plus généreux que n'importe quel Souverain européen.


[2422]
J'ai pu approcher Beust ; il a lu avec intérêt le Plan en allemand et il m'a dit : "Das ist sehr interessant." Il m'a parlé comme un catholique, bien qu'il soit un mécréant.

Saluez de ma part M. le Recteur du Séminaire. Pour ne pas renvoyer aux calendes grecques l'envoi de l'argent je pense vous faire parvenir 220 florins pour 500 Messes qui m'ont été donnés par le

Révérend Prélat Monseigneur Alberto V Eder

Abbé du Monastère des Bénédictins

de Saint Pierre à Salzbourg.

Vous pourrez lui écrire la semaine prochaine en italien pour le remercier et le prier d'envoyer encore des Messes à l'avenir.

J'embrasse vos mains, et bénissez votre



pauvre et indigne fils

Abbé Daniel Comboni






390
Abbé Francesco Bricolo
0
Vienne
29. 3.1871

N° 390 (366) - A L'ABBE FRANCESCO BRICOLO

ACR,A, c. 14/24

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Couvent des Dominicains,

Vienne, le 29 mars 1871

Mon très cher Abbé Francesco,


 

[2423]
Ou rien, ou trop ! Je vous dis tout de suite que, pour me faire comprendre, il me faut une longue lettre, mais fiat ! Il faut que vous me compreniez bien.

Ici dans le couvent qui m'a accordé une hospitalité courtoise et généreuse, habite un grand et docte Prélat, qui m'a prié de l'aider pour une affaire dans laquelle, pour des raisons d'amitié et pour d'autres raisons qu'il est inutile d'évoquer, il est nécessaire qu'il réussisse. A tout prix il faut atteindre le but voulu par ce fort digne Monseigneur, quelle que soit l'idée ou l'impression que peut donner le problème dont il est question.


[2424]
Celui qui désire trouver une heureuse issue de cette affaire est un grand catholique riche d'une grande science et de piété ; il a défendu de mille manières la cause du Pape et les principes de l'Evangile dans la presse Catholique. A beaucoup de titres il est bien méritant vis-à-vis de l'Eglise, du Catholicisme et de la cause de la Vérité, surtout en Autriche. Il s'agit de Monseigneur Sebastiano Brunner, Proto-Notaire Apostolique de la Sainte Eglise Romaine, Prélat Domestique de Sa Sainteté, Docteur en théologie, Docteur en philosophie, Conseiller du Consistoire de l'Archidiocèse d'Agram, et Doyen des Docteurs en Philosophie de l'Université de Vienne, membre de la Faculté de Théologie de Salzbourg, membre de l'Académie Tibérine, de la Sapienza et de l'Académie Arcadia à Rome, etc.

Avec tous ces titres qui, d'après les hommes les plus savants de Vienne, ont été bien mérités, je crois que Monseigneur Brunner désire une bonne chose, utile et digne et mérite que des hommes compétents s'en occupent, tout en sachant que c'est le respectable Monseigneur cité qui prend en charge toutes les dépenses.


[2425]
L'objet de la demande est contenu dans l'annexe A, ci-jointe, c'est-à-dire qu'il y aurait un vénérable Evêque d'un grand diocèse, très docte, auquel il faudrait faire conférer par l'autorité universitaire le titre de Docteur en Théologie ad honorem. Les titres que ce docte Evêque possède sont surabondants, et il est inutile de les énumérer ici.

Il s'agit ici de savoir quels sont les pas à faire et les démarches nécessaires à accomplir à Padoue pour atteindre le but voulu. N'ayant pas en ce moment une personne de totale confiance pour la charger de cette affaire, je m'adresse à vous, car vous êtes très proche de Padoue et, à Vicence, vous connaissez des Messeigneurs et des savants qui peuvent vous aider. Si cette affaire était faisable (et je crois que ce serait un grand honneur pour l'Université de Padoue que de conférer à un illustre Evêque d'un grand Diocèse un titre qu'elle donne à de simples Prêtres), le susnommé Monseigneur Brunner viendrait tout de suite en Vénétie pour présenter les documents, faire les démarches nécessaires, négocier etc... Et comme il est un personnage très influent et très haut placé à Vienne, vous pourriez avoir à tout moment en ce docte et remarquable Monseigneur, un ami capable de vous rendre service pour faire du bien au prochain.

Je ne vous dis rien maintenant au sujet de mes affaires. Je vous dis seulement que la maison Caobelli à Vérone est déjà achetée et payée comptant en napoléons-or pour le nouveau Collège des Missions de la Nigrizia. Tous mes hommages à Monseigneur l'Evêque dont j'ai été le représentant comme il me l'avait demandé. Salutations de ma part à tous ceux du Collège, affectueusement votre



Abbé Daniel Comboni