Comboni, en ce jour

Dans une lettre à Elisabetta Girelli (1870) de Vérone l’on lit:
Nous sommes unis dans le Sacré-Cœur de Jésus sur la terre pour être unis ensuite au Paradis pour toujours. Il faut courir à grands pas sur les chemins de Dieu et de la sainteté, pour ne s'arrêter qu'au Paradis.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
251
Claude Girard
0
Le Caire
26. 6.1868

N° 251 (236) - A CLAUDE GIRARD

AGB

Vive Jésus, Marie et Josph !

Le Vieux Caire, le 26 juin 1868



Mon cher et vénérable ami,


 

[1618]
Permettez-moi de vous envoyer, maintenant seulement, deux lignes ; en effet, j'ai été très occupé avec le déménagement de notre maison. Nous avons déménagé pour avoir un air meilleur et des pièces plus grandes pour la communauté.

Je ne trouve pas de mots pour vous remercier, comme il faut, de votre bon cœur, de votre dévouement et pour tout ce que vous faites pour les Africains et pour la Foi. Je vous suis particulièrement reconnaissant pour votre lettre du 6 juin ; elle m'a fait très plaisir. Acceptez donc toute mon affection.

La gloire de Dieu et le salut des âmes est le lien précieux qui rendra notre amitié éternelle. Du moment que la France est le soutien de l'apostolat de l'Eglise ainsi que la protectrice du pouvoir temporel du Souverain Pontife, je me sens encore plus uni à vous parce que vous êtes l'enfant de la fille aînée de l'Eglise Catholique.


[1619]
Dorénavant, nous aurons deux correspondances ; une secrète entre nous et l'autre publique, c'est-à-dire que vous pourrez la publier sur votre admirable journal, méprisé par certains parce qu'il contient des vérités bien éclatantes.

Cette lettre est secrète.


[1620]
Je vous demande pardon de ne pas avoir eu la possibilité de vous envoyer mes lettres. J'en avais préparé plusieurs pour vous, j'en avais même parlé avec mon cher ami Ildefonso et écrit à Monseigneur Canossa, mais je n'ai jamais trouvé un moment libre pour vous les expédier. Vous êtes bien aimable et bon. Vous avez continué à m'envoyer votre journal, je tâcherai de le diffuser, pour multiplier les abonnés, surtout à Rome.


[1621]
Si je voulais vous décrire les croix que j'ai, je crois qu'un volume ne me suffirait pas. Monseigneur Canossa ne les connaît pas toutes. Mais, mon cher, avec la grâce de Dieu, je ne perdrai pas courage.

Avant d'attirer Monseigneur Canossa vers l'Œuvre (cela fait déjà 15 mois), j'ai beaucoup souffert pour cette institution que je voulais fonder pour l'Afrique.

Je suis habitué aux batailles. Même si je reste tout seul, sans aucun appui, je continuerai l'Œuvre que Dieu m'a manifestée comme venant de Lui. La présence de Monseigneur Canossa est très avantageuse ; son nom, son zèle pour le salut des âmes, son grand cœur pour les grandes œuvres sont très utiles à l'Œuvre. Monseigneur appartient à une des famille les plus nobles, les plus renommées et les plus anciennes d'Italie. Il descend directement de la Comtesse Mathilde di Canossa, celle qui a donné une partie du pouvoir temporel aux Papes.

Il est le neveu de Madeleine di Canossa, qui a fait beaucoup de miracles et sera bientôt vénérée sur les autels. Il a été inspiré par elle qui l'a porté dans ses bras. Son frère, le Marquis Ottavio, est peut-être, sous beaucoup d'aspects, meilleur que l'Evêque (que cela soit dit entre nous !), mais tous deux sont admirables. Monseigneur est très estimé de l'Episcopat Catholique, et très aimé du Pape.

J'ai tout calculé et je crois qu'il serait très capable de présider et de diriger l'Œuvre pour l'Afrique, digne de son cœur si enflammé pour le salut des âmes.


[1622]
Vu que vous êtes Français, je vous rappelle qu'en 1512, Lodovico di Canossa fut l'un des plus célèbres Evêques de Bayeux. Il appartenait à cette famille dans laquelle la Foi, la piété, l'attachement à la Papauté et la charité sont des valeurs traditionnelles. La famille Canossa est la mère des catholiques de Vérone. C'est pour cela que les malfaisants et les Francs-maçons la détestent.

Je ne réponds pas maintenant à votre lettre. Je vous écris seulement que je ne peux pas suivre votre conseil là où vous me dites : "Je vous conseille de ne pas me soutenir, de ne pas parler de moi en présence de ceux qui sont peu intelligents..." Cela jamais ! Je suis sincère, je ne peux pas mentir et je dois donner le mérite à celui qui l'a ; ou je ne parle pas, ou je dis la vérité ! Ces peu intelligents me connaissent parfaitement. Oui ! Je parlerai bien de vous comme je l'ai toujours fait ou alors je ne parlerai pas du tout ! Je sais bien ce qui est opportun. Soyez donc rassuré, parce que vous dites de grandes vérités. Peut-être certains vous reprochent d'être plus Français que catholique, mais même cela n'est pas vrai. Vous défendez ouvertement le Pape et vous désirez tout ce qu'il faut pour la régénération de l'Orient. Vous n'aimez pas (moi non plus) qu'en Egypte et en Terre Sainte il y ait un monopole des âmes. Les ordres religieux sont les bras de l'Eglise, mais ils n'en sont pas tout le corps. Je pense que vous me comprenez.


[1623]
En ce qui me concerne je vous expose mes besoins. J'ai 30 personnes à ma charge et je n'ai pas un sou. Dieu sait le travail que je fais. Pour la chapelle, j'ai ce qu'il faut pour célébrer une Messe seulement, mais pas deux, ni pour donner la bénédiction, etc. Il me semble, d'après la lettre de Monseigneur Canossa, que vous avez aussi de l'argent à m'envoyer. Je vous embrasserai mille fois.

Je vous enverrai des nouvelles au sujet de mes voyages en Afrique Centrale, sur la Mer Rouge et en Inde, et je vous tiendrai aussi au courant des progrès réels de mes deux Instituts. Vous avez le cœur de



l'Abbé Daniel



Texte original en français, corrigé.






252
Card. Alessandro Barnabò
0
Le Caire
29. 7.1868

N° 252 (237) - AU CARDINAL ALESSANDRO BARNABO

AP SC Afr. C., v. 7, ff. 1277-1278

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Le Caire, le 29 juin 1868

Eminent Prince,

[1624]
J'ai reçu avec plaisir votre lettre du 4 dernier dans laquelle vous m'avez communiqué la déclaration de Sa Sainteté, concernant les crucifiés par la soi-disant Couronne d'Italie et qui doivent refuser cette décoration. Même si Votre Eminence a dû lire dans le journal l'Unità Cattolica, que j'ai déjà accompli le désir de Sa Sainteté, je trouve toutefois opportun de vous mettre au courant de mon attitude dans cette circonstance.


[1625]
Le 4 de ce mois, le Consul Italien a expédié au Révérend Père Gardien de Terre Sainte au Caire une grosse enveloppe pour moi. Je l'ai reçue le lendemain ; il s'agissait du Diplôme royal de Chevalier accompagné d'une lettre très aimable du Consul-même. Craignant qu'en refusant le Diplôme des mains-même du Consul, il doive le renvoyer tout de suite à Florence, et comme j'avais d'autres affaires à régler, je suis parti aussitôt pour Alexandrie afin de consulter le Vicaire Apostolique, et pour décider avec lui de la façon la plus opportune et la plus sûre pour envoyer le refus du Diplôme au Ministère de Florence. Comme je n'ai pas trouvé Son Excellence le Vicaire parti pour Port Saïd, j'ai décidé d'envoyer le Décret royal à l'Evêque de Vérone, accompagné de la lettre suivante en le priant d'expédier le tout à Florence, et de faire publier ma lettre de refus dans l'Unità Cattolica.


[1626]
J'aurais désiré faire au Gouvernement de Florence une déclaration cohérente, comme il convient à un vrai fils de l'Eglise et du Pape, mais comme beaucoup d'Evêques avaient reçu cette décoration, par respect, il m'a semblé bien de ne pas me faire entendre. Je me suis alors limité à cette simple déclaration adressée à M. Cibrario, Conseiller d'Etat et Chef du nouvel Ordre de Chevalerie.


[1627]
"Excellence,

Comme l'honneur de la Croix de Chevalier de la Couronne d'Italie que Sa Majesté a daigné me donner ne convient pas à mon caractère de Prêtre catholique et à ma qualité de Missionnaire Apostolique, je me permets de remettre à Votre Excellence le Diplôme qui fait de moi un Chevalier de ce nouvel Ordre Equestre, et que le Consul Général d'Egypte a eu la sollicitude de me faire parvenir au Caire.

Je vous assure que je ferai toujours de mon mieux, en toute circonstance, pour me conduire en véritable catholique, et de la façon qui incombe à un vrai Prêtre, Missionnaire de la Sainte Eglise catholique, apostolique, romaine, et à un fidèle sujet de mon bien-aimé Souverain.

En suppliant Votre Excellence de présenter au trône de Sa Majesté mes humbles remerciements, et d'être l'interprète de mes plus profonds sentiments de respect envers Son auguste personne, je me déclare, avec respect,



votre humble et dévoué serviteur

Abbé Daniel Comboni




[1628]
Et comme les vrais Prêtres du Christ doivent, de la façon la plus opportune, témoigner, face aux fidèles et au monde, des sains principes de notre Foi dans une époque si difficile et délirante, j'ai pensé, soit pour une satisfaction personnelle, soit pour donner un bon exemple aux autres, qu'une des façons de le faire était d'envoyer, bien que je sois dans une extrême pauvreté, un don pour le "Denier de Saint Pierre ". J'ai alors remis à l'Unità Cattolica (par le biais de mon Evêque) une petite offrande de 20 lires avec la déclaration suivante, un peu longue peut-être, mais très opportune :


[1629]
"Le Grand Caire (Egypte).

L'abbé Daniel Comboni Missionnaire Apostolique à l'Immortel Pontife et Roi, le Grand Prêtre de la Nouvelle Alliance, le Successeur des Apôtres, le Prince des Evêques, le Pasteur des Pasteurs, Pie IX.

A celui à qui Dieu a conféré le Primat d'Abel, l'Ordre de Melchisedech, la Dignité d'Aron, l'Autorité de Moïse, la juridiction de Samuel, la valeur de David, la Puissance de Pierre, l'Onction de Jésus-Christ ; à celui à qui Dieu a donné d'être le centre de l'Unité catholique, la pierre de fondation de son Eglise, le témoin sincère de sa Révélation, le gardien fidèle de sa doctrine, l'interprète infaillible de ses oracles, le soutien sans peur de ses autels, le vengeur juste de sa loi, le propagateur légitime de sa sainte Religion.

Je salue en vous, ô Bienheureux Père ! le véritable ami de l'humanité, la gloire du Suprême Pontificat, le protecteur de la justice et du droit, le Sauveur de la Société moderne, le champion de la civilisation universelle, la terreur de l'Hydre multiforme de l'impiété, le très fort athlète, le martyr illustre, le héros du XIXème siècle qui sera vénéré sur les autels par l'actuelle génération. Le saint dont la Foi, la sagesse, le courage, la force, la piété, la constance, soutiennent, défendent, sauvent exaltent et glorifient la vénérable Epouse de Jésus-Christ contre la fureur et les assauts des puissances infernales qui œuvrent en vain pour l'anéantir, mais qui n'arriveront jamais à déchirer la robe sans couture de cette glorieuse Reine qui, en vainquant les nations et les rois, voit passer devant elle les siècles stupéfiés, dont la voix résonne de l'orient à l'occident, et dont le manteau recouvre les peuples, comme la voûte céleste recouvre le monde.


[1630]
Oh ! très Saint-Père, accordez votre bienfaisante bénédiction à ce pauvre fils que je suis, à mes chers compagnons missionnaires, à l'Œuvre du Bon Pasteur pour la Régénération de l'Afrique et aux deux Instituts des Noirs qui se trouvent à deux pas de la Sainte Grotte où a demeuré la Sainte Famille exilée en Egypte. Ces Instituts sont destinés à former le vaillant personnel pour la conversion de la malheureuse Nigrizia. Il vaut mieux souffrir avec vous que jouir avec le siècle.

La croix et les tribulations portées avec vous, par amour de Dieu, sont mille fois plus douces que les honneurs du monde et que toutes les richesses de la terre.

Acceptez la petite offrande de 20 lires, c'est l'aumône d'une Messe célébrée dans le Sanctuaire de la Sainte Famille, que je vous consacre comme hommage de mon cœur pour vous, Pontife et Roi".


[1631]
En vous annonçant la conquête d'une autre âme appartenant à la secte des Coptes hérétiques d'Abyssinie, que je suis en train d'instruire dans la Foi Catholique, je vous remercie de votre précieuse lettre, et j'embrasse votre Pourpre Sacrée en me déclarant toujours



votre humble et dévoué fils

Abbé Daniel Comboni






253
Claude Girard
0
Marseille
15. 7.1868

N° 253 (238) - A CLAUDE GIRARD

AGB

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Marseille, le 15 juillet 1868

Mon cher et vénérable ami,

[1632]
Vous serez surpris de me voir tout à coup en France. C'est normal.

Un homme empêtré comme moi doit essayer de se sortir de l'embarras.

C'est pour cela, qu'après avoir obtenu la permission de Mgr. Ciurcia, j'ai décidé d'aller là où je peux trouver de l'argent. J'irai tout de suite à Cologne, mais d'abord, je veux saisir cette occasion favorable pour rendre visite à mon vénérable et cher Monsieur Girard à Grenoble, et pour discuter ensemble des intérêts de la race la plus abandonnée et la plus malheureuse du monde.


[1633]
Je suis heureux de voir que la Croix de Jésus-Christ me serre de toutes parts et je remercie le bon Dieu des épines avec lesquelles il afflige mon existence. Cela me réconforte et me donne davantage de courage que toutes les richesses de la terre, car ce sont des marques de l'amour divin, et des preuves que l'Œuvre pour laquelle nous travaillons est vraiment une Œuvre de Dieu.

Dans deux ou trois jours, j'aurai l'honneur de vous voir à Grenoble ; à cette occasion, je vous donnerai une lettre de notre cher Ildefonso.

J'ai l'honneur d'être dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie



votre dévoué

Abbé Daniel Comboni



P.-S. Je n'ai pas trouvé le Père Biagio Verri, il est à Vérone.



Texte original en français, corrigé.






254
Mgr. Luigi di Canossa
0
Marseille
16. 7.1868

N° 254 (239) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/57

Que Jésus et Marie soient loués.

Marseille, le 16 juillet 1868

Excellence Révérendissime,

[1634]
Après avoir pris et payé pour trois mois la nouvelle et très jolie maison, je suis resté sans argent, avec de nouveaux besoins urgents. Je n'avais aucun espoir de recevoir de l'aide ni de la part des Sociétés, qui restent muettes, ni des bienfaiteurs privés qui, pour le moment, n'existent pas. Tous quatre, après avoir examiné le problème, avons décidé que l'un de nous devait aller à Cologne. J'ai exposé l'urgence de la question à Monseigneur le Délégué à Alexandrie, l'honnête homme a trouvé notre décision très juste. Après avoir reçu de lui une belle lettre de recommandation ouverte, et une autre fermée (qu'il m'a lue auparavant) pour le Président de l'Œuvre de la Propagation de la Foi de Lyon et de Paris, je suis parti avec sa bénédiction, l'après-midi du même jour à bord du Saïd en direction de Marseille, où je suis bien arrivé aujourd'hui-même.

Demain, si la fièvre me quitte, je rendrai visite à notre cher M. Girard à Grenoble, et ensuite j'irai à Cologne. D'où je me rendrai à Paris, puis à Vérone puis, si vous êtes d'accord, je rentrerai en Egypte avec, je l'espère, les deux Camilliens, Tezza et Savio et le Missionnaire postulant de Piacenza.


[1635]
Vu les croix que le Seigneur nous a envoyées et la protection que l'Œuvre reçoit du Délégué Apostolique d'Egypte, elle ne peut être qu'une Œuvre de Dieu. Courage donc Monseigneur ! Avant de commencer cette Œuvre, nous avions prévu les croix, maintenant qu'elles arrivent, ne devons-nous pas être réconfortés ? De nouvelles croix arriveront, mais c'est ici que je trouve un grand réconfort. Et le diable, en dépit de tout, sera écrasé et le Christ triomphera.


[1636]
Etant à Marseille, j'ai voulu voir l'Abbé Biagio Verri pour discuter avec lui de ce que j'avais dit au Cardinal Patrizi il y a deux ans (cela est imprimé dans l'Annuaire du diocèse de Cologne de 1866) ; à savoir : de nous aider réciproquement, pour le plus grand profit de la conversion de l'Afrique. L'Abbé Verri était à Vérone. Je crains qu'on n'ait abouti à rien puisqu'il est attendu à Marseille où sont en train d'arriver du Caire, de Syrie, de l'Asie Mineure, de Smyrne et de Grèce, 12 filles africaines qu'il avait lui-même fait racheter au Caire.


[1637]
Je dois m'arrêter là car j'ai un peu de fièvre froide. Accompagnez-moi de votre bénédiction et de vos prières. Le Père Zanoni me remplace actuellement au Caire, aidé par le très apprécié et vraiment bon Père Carcereri.

J'aurais bien aimé savoir où se trouve Mme Thérèse, mais peut-être le saurai-je à Paris.

Priez et faites prier pour moi. Saluez de ma part le Marquis Ottavio et toute sa famille, les membres du Conseil, l'Abbé Vincenzo et aussi Giovannino.

J'embrasse votre veste sacrée, et je me déclare, dans les Cœurs de Jésus et de Marie,



votre fils dévoué

Abbé Daniel






255
Consecration à N.D. de La Salette
0
La Salette
26. 7.1868

N° 255 (240) - CONSECRATION DE LA NIGRIZIA

A NOTRE DAME DE LA SALETTE

" La Terre Sainte", (1868)

La Salette, le 26 juillet 1868


"Au Nom du Père du Fils et du Saint Esprit. Amen".

[1638]
Vierge Immaculée de La Salette, réconciliatrice des pécheurs, me voici à vos pieds, prosterné devant Jésus-Christ dans votre sanctuaire privilégié pour parrainer une cause difficile, la plus ardue qui ait jamais existé, et toutefois la plus importante pour l'apostolat catholique, celle de la malheureuse race de Cham, des pauvres Africains qui habitent dans les immenses régions inexplorées de l'Afrique Centrale.


[1639]
Appelé depuis plusieurs années par la Divine Providence pour ce difficile apostolat, je vous dois, ô Marie ! de ne pas être encore mort, comme beaucoup de missionnaires, à cause des grandes fatigues et des privations qui nous attendent dans ces pays difficiles. Grâce à vous, j'ai pu trouver les moyens de surmonter les obstacles qui, jusqu'à présent, ont empêché l'évangélisation de ces nations qui peuplent l'Equateur.

C'est vous, divine Mère, qui m'avez inspiré le nouveau Plan pour la Régénération de l'Afrique Centrale, et que le Vicaire du Christ et de nombreux Evêques ont approuvé comme le plus juste et le plus convenable des Plans.

Avec l'autorisation du Saint-Siège, je me suis consacré avec d'autres compagnons à la conversion des Africains qui, malgré les efforts de l'Eglise, sont encore païens. Mais le sang de Jésus-Christ les a rachetés, et vous, Marie, vous les avez adoptés sur le Calvaire comme vos enfants.


[1640]
Profondément ému pour votre apparition qui invite les hommes à la pénitence et qui annonce la réconciliation de la terre avec le ciel, je suis venu sur cette sainte montagne pour vous implorer, vous qui avez pleuré sur les malheurs de l'humanité, et qui êtes venue ici pour changer la justice en miséricorde.

Je viens, donc, pour lancer vers vous un cri de suprême détresse que vous changerez en cri d'espérance et de salut.

Depuis des siècles, d'innombrables malheurs accablent les pauvres Africains. Horribles sont aussi les superstitions et les crimes qui les dégradent... Plus de cent millions d'âmes sont aujourd'hui sous le joug de Satan... mais le terrible anathème de 40 siècles doit enfin être levé.


[1641]
Ô Vierge Immaculée de La Salette ! régénératrice du genre humain,

c'est ici que vous êtes descendue pour proclamer au monde cette grande nouvelle, c'est ici que vous avez demandé de la faire connaître à tout votre peuple,

c'est ici que chaque jour vous manifestez les prodiges de votre puissance et de votre bonté ; ici, vous montrez vraiment que vous êtes notre Reine pour nous commander, mais aussi notre Mère pour nous obtenir la grâce et le pardon.

Ici, il y a vraiment un nouveau Calvaire, il y a un autre autel d'expiation.

Ô Marie ! refuge des pécheurs, montrez-vous aussi comme la Reine et la Mère des pauvres Noirs, car eux aussi appartiennent à votre peuple.

Je veux leur apprendre cette grande nouvelle que vous avez proclamée du haut de cette sainte montagne.


[1642]
Oui, bonne Mère de miséricorde, vous êtes la Mère des Noirs.

En ce moment, moi, leur Père et leur Missionnaire, je les mets tous à vos pieds afin que vous puissiez les mettre tous dans votre cœur : Monstra te esse matrem (montrez que vous êtes une Mère !). Je sais que je vous demande un grand miracle. Mais, Divine Mère, vous êtes venue pleurer dans ce lieu pour y multiplier vos miracles. Moi, à mon tour, je pleure avec vous pour en obtenir un, en faveur de mes Africains : monstra te esse matrem (montrez que vous êtes une Mère !).

L'Orient s'est déjà tourné vers cette sainte montagne. Nous y voyons les enfants de Sem parmi ceux de Japhet. Dans cette solennité je viens à vous pour y joindre les enfants de Cham, afin que tout le genre humain soit consacré à vous, la Vierge du pardon et du salut.


[1643]
Ô Mère divine ! Vous savez combien d'âmes belles et de cœurs généreux j'ai trouvés, grâce à vous, parmi ces tribus d'Afrique... Oui, il y a, dans ces prémices de ma Mission que je mets à nouveau sous votre protection, la certitude que le temps est venu où l'humanité toute entière, qui est le peuple de Dieu et le vôtre, ne doit former qu'un seul troupeau sous la houlette du Bon Pasteur.

Eh bien ! Vierge de la Réconciliation, votre gloire et votre triomphe, ainsi que celui de l'Eglise, ne seraient pas complets si la race de Cham restait encore exclue du festin du Père de famille. Ces contrées, meurtrières aussi pour les pauvres Africains, ont arrêté l'élan des Missionnaires catholiques ; mais comme les Orientaux schismatiques se convertiront principalement par le biais des Orientaux catholiques, de même, j'ai compris, par votre divine inspiration qu'il fallait surtout travailler à la conversion des Africains par les Africains eux-mêmes.

Ô Vierge Marie ! accomplissez cette merveille ; je vous les consacre et je vous les confie afin que vous laviez leurs souillures et que vous enleviez la terrible malédiction qui pèse encore sur eux, ils deviendront alors dignes de votre amour.


[1644]
Alors comme l'ont proclamé mon Vénérable Pasteur, l'Evêque de Vérone, et le Pontife de l'Immaculée Conception, vous serez vraiment la Reine de l'Afrique, la Reine de la Nigrizia.

Soyez donc, ô Marie ! je vous le répète en pleurant, soyez la Reine de l'Afrique et la Mère des Africains. Faites en sorte que ceux qui ont été livrés aux malheurs et à l'abandon soient plongés par vous dans toutes les joies de la Foi, de l'espérance et de la charité.

Ô Marie ! Vous êtes toute-puissante, et puisque "Dieu peut, des pierres...faire surgir des enfants à Abraham" (Luc 3, 9), je vous demande, de grâce, à vous Fille du Très-Haut, de faire devenir enfants d'Abraham ces malheureux fils de Cham ; ainsi l'Eglise appliquera à eux cette louange que l'Esprit Saint vous fait à vous :

"Nigra sum sed formosa, filia Jérusalem" (Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem... " Ct. 1, 5). Ainsi soit-il.



Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique de l'Afrique Centrale



Texte original en français, corrigé.






256
Mgr. Luigi di Canossa
0
La Salette
27. 7.1868

N° 256 (241) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/58

La Salette, le 27 juillet 1868

Eminent Monseigneur,

[1645]
Je vous écris quelques lignes de la Sainte Montagne où je me trouve depuis 4 jours avec notre cher ami M. Girard, et avec Messeigneurs Millos Archevêque d'Acra, Salzano Evêque napolitain, chargé Pontifical pour l'assistance aux 36 diocèses vacants de la région de Naples. Je ne peux vous exprimer l'impression que m'a faite la Sainte Montagne ; c'est une impression plus forte que celle éprouvée en visitant les Lieux Saints de la Palestine. Je vous invite vraiment à visiter La Salette. Mgr. Millos l'appelle "la Terre Sainte de l'Occident".

Pour y aller, il faut partir de Grenoble, à 6 heures du matin à bord d'un carrosse tiré par 3 chevaux. Avant d'arriver à la ville de Corps les chevaux ont été changés 4 fois ; la deuxième fois, il y avait 6 chevaux, la troisième fois, 5, et la quatrième fois, 4. Nous sommes arrivés à Corps vers 4 heures trente de l'après-midi. A 17 heures, nous sommes partis à cheval vers le sommet de la montagne, et à 19 heures trente, nous avons atteint le Sanctuaire. C'est un spectacle de dévotion et de piété très émouvant. Je n'ai pas le temps de vous décrire la cérémonie d'hier, dans laquelle Mgr. Millos a consacré la Chaldée à la Vierge, et moi je Lui ai consacré les Africains. Le journal La Terre Sainte publiera notre Acte de Consécration.


[1646]
Après la célébration des Vêpres présidée par Mgr. Millos, je suis monté en chaire, et j'ai parlé de l'importance de l'acte que nous étions en train de faire ;

j'ai donné un clair aperçu de l'apostolat en Chaldée et en Afrique Centrale.

Après, nous sommes tous allés vers le maître-autel. Mgr. Millos a lu en langue Chaldéenne son Acte de Consécration. puis, le Supérieur des Missionnaires de La Salette a lu, de la chaire, le même Acte en français. A mon tour, je me suis agenouillé devant la statue de la Vierge, entouré par les deux évêques, M. Girard et par un autre monsieur, en tant que représentants en France des intérêts de l'Orient, et j'ai lu, à voix haute en français, mon Acte de Consécration. L'émotion était au comble. Nous avons terminé l'office religieux avec la bénédiction du Très Saint Sacrement.

Le soir, je suis à nouveau monté en chaire, et j'ai parlé des Africains et de la Nigrizia. Il y avait de nombreux Prêtres, des messieurs et des dames venus en pèlerinage. Bref, j'ai soutenu la cause des Africains et des Chaldéens. Le pieux Supérieur des Missionnaires de La Salette m'a dit : "Il faut que la Sainte Vierge exauce votre prière ; ici nous prierons toujours. Partez comme si votre prière était déjà exaucée".


[1647]
Le matin, de nombreuses personnes m'ont cherché pour demander ma bénédiction. Je l'ai donnée à tous et j'ai reçu aussi la leur, car certains m'ont donné 10 francs, d'autres 20 ou 30 francs, et une personne a même donné 50 francs.

En moins d'une heure, j'ai reçu moi aussi une bénédiction de 220 francs que j'enverrai au Caire, dès mon arrivé à Grenoble, avec en plus 50 francs, reçus du Général de la Chartreuse de Grenoble.

Aujourd'hui, nous quittons la Sainte Montagne pour rejoindre Grenoble où je prêcherai demain. Il faut absolument que vous, le très vénéré Père de l'Afrique, veniez à La Salette. Je vous raconterai de vive voix le spectacle de la Sainte Montagne et comment il est impossible, en venant ici, de ne pas se convertir ou s'améliorer.

Massimino est à Versailles ; je lui parlerai. Il n'a pas trop répondu aux grâces de Marie à laquelle il est pourtant très dévoué. Mélanie est dans un Monastère de Castellamare près de Naples.


[1648]
A Chambéry, j'ai logé et passé la nuit chez le Cardinal Archevêque. Je suis allé au Sacré-Cœur pour rencontrer Mme Teresa Durazzo mais, depuis deux ans, elle est repartie à Paris où je lui rendrai visite.

Pour revenir à notre Œuvre, ayez confiance en la Vierge de La Salette qui nous fera réussir tout parfaitement. Ne craignons pas le manque de moyens, ne craignons rien.

Oh ! combien j'ai remercié Marie pour avoir appelé un Evêque, neveu d'une sainte, à présider aux destinées des pauvres Africains. Oh ! combien j'ai remercié la Vierge pour le zèle que vous avez pour l'Œuvre de Dieu et pour la cause de la Nigrizia. Marie, du haut de cette montagne, bénira Votre Excellence, la ville de Vérone, votre famille, le Marquis Ottavio et l'Afrique.


[1649]
Je l'ai dit de la chaire et j'ai terminé ainsi mon discours : "Avant de vous quitter, notre Mère, je vous dirai encore un mot douloureux en sachant bien que je suis en train de blesser votre cœur, mais, sur cette montagne, vous avez pleuré sur les malheurs de votre peuple...Sachez que les cent millions d'Africains que je vous ai consacrés sont tous, tous condamnés à la perdition éternelle; tous seront précipités dans l'enfer si vous ne venez pas à leur secours. Notre Mère, très aimée, supporterez-vous cela ? Non ! N'oubliez pas, je le répète, n'oubliez pas qu'en Afrique cent millions de Noirs, qui sont vos enfants, et qui tendent, en pleurant, leurs bras vers vous, vous supplient : 'Reine de l'Afrique, sauvez-nous ; si vous ne venez pas à notre secours, nous irons tous en enfer', etc." .

Courage, Monseigneur ! ne craignons aucun obstacle. Confions tout aux Cœurs de Jésus et de Marie ; confions tout à la Vierge de La Salette.


[1650]
Monsieur Girard a un grand cœur et une piété singulière ; c'est un catholique de première classe. Il m'avait envoyé 300 francs avec le bateau à vapeur du 9 de ce mois, il vient de me donner encore 100 francs et, de surcroît, il paye tous mes frais. Grâce à M. Girard, les Missionnaires de La Salette (une Congrégation de saints, destinée à grandir dans l'Eglise) m'ont accueilli gratuitement à Grenoble et à la Salette. Le Supérieur m'a promis qu'il organisera des quêtes pour nos Instituts. Jeudi, je pars pour Lyon et pour Cologne.


[1651]
N'oubliez pas ce que je vous ai écrit plusieurs fois : les Canossiennes doivent être les apôtres des Africains car elles ont l'esprit de Jésus-Christ et une grande abnégation. Ayez une pleine confiance en Dieu, en la Vierge et en votre sainte tante que plus tard, nous élirons comme une des patronnes de l'Afrique.

Je l'invoque déjà comme telle dans mon cœur. Oh ! que Jésus est bon. Comme nous est chère Marie!

Mille salutations de ma part au Marquis Ottavio, aux Messeigneurs le Vicaire et Perbellini etc., à tous les membres du Conseil, à l'Abbé Vincenzo etc. Je n'ai pas eu le temps d'écrire à mon cher Frère Alessandro ; je veux y suppléer par cette image pieuse qui a touché le lieu de l'Apparition. J'embrasse votre sainte veste, et je me déclare



votre humble et affectionné fils

Abbé Daniel Comboni






257
Prop. de la Foi, Lyon
1
La Salette
5. 8.1868
N° 257 (242) - A LA PROPAGATION DE LA FOI - LYON

APFL, Répertoire des lettres des années 1868-1881,

p. 278 à Egypte.



le 5 août 1868



Demande pour obtenir de l'aide.





258
Claude Girard
0
Lyon
7. 8.1868

N° 258 (243) - A CLAUDE GIRARD

AGB

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Lyon, le 7 août 1868

2, rue des deux Cousins

Mon cher ami,

[1652]
J'aurais voulu vous écrire dès le premier jour de mon arrivée à Lyon ; mais je voulais pouvoir vous dire quelques mots des résultats de mes entretiens surtout avec la Propagation de la Foi.

Je dois vous dire que les Membres m'ont reçu avec beaucoup de bonté. Si peut-être je ne reçois rien pour le moment, car les allocations ont été déjà faites, je peux toutefois espérer obtenir un petit chèque pour l'année prochaine parce que le Conseil a étudié avec beaucoup d'intérêt mon rapport "Le Vicariat Apostolique d'Afrique Centrale et les deux Instituts de Noirs en Egypte", que j'ai dû envoyer afin de permettre au Conseil l'étude de ma demande de subvention. Si le Conseil de Paris est aussi favorable, peut-être que j'aurai quelque chose pour cette année même.


[1653]
Madame la Comtesse de Starane est une vraie femme de l'Evangile ; je vous suis reconnaissant de m'avoir recommandé à sa protection. Le Cardinal Archevêque de Lyon m'a reçu avec beaucoup de charité, ainsi que le vénérable Comte d'Herculais. Je dîne toujours chez le Comte et la Comtesse d'Herculais.

Ici j'ai entendu parler avec beaucoup d'enthousiasme et d'estime de Mgr. Millos, et je saisis cette occasion pour manifester mon opinion devant quelques membres du Conseil ; c'est-à-dire que pour aider la Chaldée, le meilleur moyen est de soutenir Mgr. Millos qui, à mon avis, représente actuellement l'espoir de l'Eglise de la Chaldée. Je ferai graver dans l'âme de ces messieurs cette vérité-là.

Inutile de vous remercier pour la bonté de votre cœur ; un cœur grand comme l'univers qui désire uniquement la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Dès mon retour de ce voyage, je vous écrirai une lettre digne d'être publiée dans votre journal.


[1654]
Je vous prie de m'envoyer votre journal à Cologne où j'espère arriver dans 4 à 6 jours. Ecrivez aussi à Mgr. di Canossa. Faites-lui savoir que je nourris la plus grande reconnaissance pour son zèle et pour l'amour qu'il porte à l'Afrique, et faites-lui savoir ce que je vous ai dit, (et j'en suis profondément convaincu) : que si l'Œuvre a commencé, c'est grâce à lui qui l'a prise à cœur en faisant de celle-ci le désir de son cœur. Du reste vous savez mieux que moi lui exprimer mes sentiments Encouragez-le car l'Œuvre de Dieu s'accomplira en faveur de l'Afrique malgré tous les obstacles des puissances infernales. Vous savez, qu'après la grâce de Dieu, tout dépend de notre constance, de notre sagesse, et de notre dévouement.


[1655]
D'ailleurs, courage mon cher ami, ami incomparable. Dieu est avec nous parce que nous désirons uniquement Sa gloire. Le temps est venu d'émouvoir tous les cœurs de l'univers afin qu'ils aiment Dieu, l'Eglise, son Chef et les Missions, surtout ceux qui sont les plus délaissés. Je suis allé à Ars. Cela m'a fait très plaisir.


[1656]
Envoyez les journaux à Mlle Leonia Castillon à Saint Vallier (Drome) ;

elle m'a répondu qu'elle les attend. Envoyez-les aussi à Rome au Chevalier Da Gama et à la Princesse Falconieri. Cette dernière les a envoyés aussi à la Comtesse Carolina Mocanigo Soranzo de Crémone. Si les intéressés ne vous envoient pas l'argent, mettez tout sur mon compte, mais je vous prie de les envoyer.

Je me charge de vous trouver beaucoup d'abonnés.

Remerciez la Supérieure de La Salette de ma part. Je lui écrirai dès que je serai un peu plus tranquille. Mes cordiales salutations à Mme Girard et à ses chers enfants.



Votre

Abbé Daniel Comboni




[1657]
P.S. Je vous écrirai de Lyon avant de partir. Je ne partirai pas avant lundi. Vous devez envoyer la caisse de parements d'église à M. Lorenzo à Marseille.



Texte original en français corrigé.






259
Signature sur registre
1
Ars
7. 8.1868
N° 259 (244) - REGISTRE DES PELERINS D'ARS

AA - Registre des Pèlerins - Ars



Ars, le 7 août 1868





260
Card. Alessandro Barnabò
0
Lyon
10. 8.1868

N° 260 (245) - AU CARDINAL ALESSANDRO BARNABO

AP SC Afr. C., v. 7, ff. 1281-1282v

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Lyon, le 10 août 1868

Très Eminent Prince,

[1658]
Afin de permettre aux deux Instituts pour garçons et filles, fondés au Caire, d'avoir des bases solides, il me semble nécessaire de les doter d'une rente suffisante, de stabilité garantie par les Associations catholiques. Du moment que le legs perpétuel de la Société de Cologne n'est pas suffisant, je me suis adressé par écrit directement et indirectement aux source financières d'où venait le soutien pour le Vicariat d'Afrique Centrale, en faisant remarquer que le but ultime des deux nouveaux Instituts est l'évangélisation de la Nigrizia de l'intérieur.


[1659]
Mes suppliques n'ayant pas eu grand effet, et étant affligé de plusieurs problèmes, j'ai ouvert mon cœur au vénérable Vicaire Apostolique d'Egypte, lequel, après mûre réflexion, a trouvé opportun de me fournir une lettre de recommandation pour le Conseil de Lyon afin de pouvoir plaider personnellement ma cause en rappelant cette vérité : "celui qui veut, qu'il aille et celui qui ne veut pas, qu'il envoie".


[1660]
Plein de confiance en Dieu, je me suis présenté au Conseil de Lyon, et par un bref Rapport intitulé : "Le Vicariat Apostolique d'Afrique Centrale, et les deux naissants Instituts des Noirs au Caire ", j'ai exposé la situation de mes maigres ressources régulières et les dépenses pour les premières nécessités que j'ai dû et que je dois soutenir pour la fondation et le maintien des deux Instituts.

Bien que tous les membres aient pris à cœur ma cause et désirent vraiment m'aider, il me semble toutefois déduire avec certitude que le Conseil a l'intention de consulter Votre Eminence et que, en fonction de votre réponse, il prendra une résolution.


[1661]
Bien que j'aie clairement exposé (même si le Conseil était déjà informé de son existence) que la Pieuse Œuvre du Bon Pasteur a pour unique objectif de maintenir le petit Séminaire de Vérone, il me semble que ces messieurs la considèrent comme une œuvre qui aide les deux instituts du Caire, ce qui n'est pas vrai, et qui ne sera jamais vrai. Il en résulte donc que la petite Société de Cologne est aujourd'hui mon seul appui sûr.


[1662]
Au point où nous en sommes, j'adresse à Votre Eminence une humble et fervente prière, afin que, à cause de la charité qui enflamme votre cœur et du zèle que vous avez pour le salut des âmes les plus délaissées de la terre, - pour lesquelles jusqu'à présent j'ai beaucoup travaillé et souffert, et pour lesquelles je sacrifierai ma vie - vous daigniez m'appuyer énergiquement auprès du Conseil de la Propagation de la Foi qui, j'ai de bonnes raisons pour l'espérer, est d'ailleurs bien disposé, comme je vous ai dit, à venir à mon secours.

En attendant les résultats de cette négociation, je pars pour Paris afin d'obtenir certains avantages de la part du Ministère des Affaires Etrangères, et pouvoir partir tout de suite pour le Caire conformément au désir de mon Supérieur local, Mgr. le Vicaire Apostolique.


[1663]
J'ai lu dans les journaux français les paroles suivantes : "Le Pape vient de confier à Mgr. Lavigerie, Archevêque d'Alger, un territoire de 25.000 lieues carrées, un territoire grand comme l'Europe, qui comprend le Touarik, le Sahara et l'intérieur de l'Afrique jusqu'au Sénégal ". A cette Mission sera donné le nom de Vicariat Apostolique du Sahara.

Bien que le génie français soit enclin à l'exagération, il me semble toutefois que la presse a dépassé la mesure. Je suis content et heureux de voir que petit à petit on pense à cette pauvre Afrique Centrale dont les frontières sont immenses, selon le Décret d'érection du Vicariat de l'Afrique Centrale promulgué par Grégoire XVI.

Il me semble plus précis de donner à la nouvelle Mission de l'Archevêque d'Alger le nom de Vicariat apostolique du Sahara occidental, car le Sahara touche non seulement la partie orientale du Sénégal, mais aussi la Libye et la Nubie.

J'ai confiance en votre puissante recommandation auprès du Conseil de Lyon et j'embrasse votre Pourpre Sacrée, en me déclarant



votre humble et dévoué fils

Abbé Daniel Comboni