Comboni, en ce jour

Dans une lettre à Elisabetta Girelli (1870) de Vérone l’on lit:
Nous sommes unis dans le Sacré-Cœur de Jésus sur la terre pour être unis ensuite au Paradis pour toujours. Il faut courir à grands pas sur les chemins de Dieu et de la sainteté, pour ne s'arrêter qu'au Paradis.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
211
Duc D'Acquaviva
0
Vérone
23.9.1867

N° 211 (199) - AU DUC D'ACQUAVIVA

"Annales de l'Institut d'Afrique" 27 (1867)

Vérone, Institut des Missions,

le 23 septembre 1867



Monsieur le Président,


 

[1434]
C'est avec beaucoup d'intérêt et de reconnaissance que j'accepte le titre très honorable que vous avez eu la bonté de me conférer dans l'Institut d'Afrique ; cette Institution d'éminente charité, qui a été inspirée au pied du Calvaire.


[1435]
Eduqué à l'Apostolat de l'Afrique et consacré jusqu'à la mort pour la régénération de la Race Noire, pour laquelle je travaille depuis 18 ans, je suis heureux d'être membre d'honneur de l'Institut d'Afrique et j'espère réussir par mes modestes efforts à répondre au généreux et noble but que l'Institut se propose.

J'ai lu avec intérêt les Annales que vous avez eu la bonté de m'envoyer, et je suis convaincu que cette grande Institution que la France a créée en faveur de la régénération de la partie du monde la plus abandonnée et la plus délaissée, réussira à ébranler le monde entier pour le pousser à participer à la Rédemption des Noirs. Elle réussira sans doute, avec son admirable dévouement et sa constance, à atteindre le but éminemment philanthropique et humanitaire qu'elle s'est proposé. C'est pourquoi je suis fier de pouvoir répondre, dans ma petitesse, à vos nobles desseins, et je tâcherai, tout le long de ma vie, de concourir pour ma part à cette grande Œuvre.


[1436]
Et du moment que j'ai parcouru une grande partie de l'Afrique Centrale et des côtes où j'ai étudié en profondeur la race noire, où j'ai été, en outre, témoin de l'abus qu'on a fait de l'humanité (j'ai été plusieurs fois un modeste instrument pour empêcher la traite des esclaves), je compte pouvoir vous donner, dès que j'aurai un peu de temps libre de tant d'occupations dont je suis toujours accablé, des renseignements très intéressants concernant l'Afrique Centrale, et sur la façon de réaliser l'abolition de l'esclavage et la civilisation de l'Afrique.

Je me permets maintenant de vous proposer trois membres qui, depuis plusieurs années, ont mis leurs forces, leur talent, leur influence et leur temps libre au service de l'Afrique.


[1437]
En voici les noms :

1°. Monsieur Goffrede Umberte Nöcker, curé de Saint Jacques à Cologne (Prusse rhénane), Président du Comité de la Société pour le rachat et l'éducation des pauvres jeunes noirs et fondateur d'un grand Institut pour les pauvres à Cologne.

2°. Monsieur Martin Stickern, docteur en médecine, homme très cultivé, qui a été un des fondateurs les plus courageux de cette Société pour l'éducation des Noirs, en sa qualité de secrétaire, et puis membre du comité, dont il est un des promoteurs les plus puissants à Cologne.

3°. Monsieur Jean Chrysostome Mitterutzner, chanoine régulier du Latran, de l'Ordre de Saint Augustin, membre de l'Académie de la religion catholique à Rome, membre de plusieurs sociétés scientifiques, docteur en Théologie, bon polyglotte et professeur à Brixen (Tyrol allemand) où il demeure. Cet homme vénérable, pourvu d'un talent assez rare, auquel l'Afrique doit les plus grands services, sur laquelle il a fait des études approfondies, a recueilli des sommes d'argent considérables pour soutenir les Missions de l'Afrique Centrale. Il a fourni aussi à l'Afrique plus de 20 Missionnaires et artisans ; et avec les manuscrits que nous lui avons envoyés, il a composé et publié à Brixen deux gros volumes sur les deux langues principales de l'Afrique Centrale, absolument méconnues de la science, c'est-à-dire :

1) le dictionnaire, la grammaire et le catéchisme en langue Bari (entre le 5ème et le 1er degré de Latitude Nord) ;

2) le dictionnaire, la grammaire, le catéchisme et l'Evangile de Saint Luc, en langue Denka, qui est parlée par les 16 tribus qui habitent entre le 13ème et le 5°ème degré de Latitude Nord, sur le Fleuve Blanc.

Avec cet important travail Monsieur Mitterrutzner a fourni aux Missionnaires de la Nigrizia le matériel nécessaire pour exercer dans toute son ampleur le ministère apostolique dans le vaste territoire qui se situe entre le 13éme et le 1er degré de Latitude Nord.

Je suis sûr que ces trois dignes personnages, ayant beaucoup de zèle pour l'Afrique, accepteront volontiers d'être membres de l'Institut d'Afrique et seront ainsi encouragés à persévérer dans leurs nobles entreprises. Ils répondront avec une importante contribution au grand but humanitaire de l'Institut d'Afrique. Je vous prie donc de leur accorder la grâce que vous avez eu la bonté de me faire.


[1438]
Je vous remercie beaucoup pour l'honneur que vous m'avez accordé, et je vous assure, que comme je n'ai vécu que pour l'Afrique, je ne mourrai ainsi que pour l'Afrique.

Je me permets de vous envoyer le Programme de l'Œuvre que je viens de fonder en Italie, pour la régénération de l'Afrique.



Abbé Daniel Comboni



Texte original en français corrigé.






212
Chanoine Giovanni C. Mitterrutzner
0
Vérone
23.9.1867

N° 212 (200) - AU CHANOINE GIOVANNI C. MITTERRUTZNER

ACR, A, c. 15/66

Vive Jésus et Marie !

Vérone, le 23 septembre 1867



Cher ami,


 

[1439]
Je viens de recevoir de San Pietro Incariano de Valpolicella (mon habitation est située à San Pietro Incarnario à Vérone), votre livre et votre chère lettre du 20 septembre. J'ai aussi reçu, le jour même où vous êtes passé par Vérone, le livre des Bari ; mais personne ne m'a informé de votre passage à Vérone, et je ne savais pas non plus que vous aviez donné préavis de votre passage. Ces jours-ci, presque tous les soirs, j'ai rendu visite aux Abbé Tomba et Beltrame. J'ai même dit au Père Beltrame que j'espérais que vous viendriez à Vérone ; mais il ne m'a jamais parlé de votre passage à Vérone le 31 juillet. Si j'avais su cela, non seulement je serais venu vous saluer à la gare de Porta Vescovo, mais je vous aurais convaincu de rester quelques jours à Vérone pour parler de l'Afrique avec l'Evêque, et j'aurais sans doute fait un bout de voyage avec vous jusqu'à Venise. L'Abbé Beltrame a tellement de travail dans l'Institut féminin qu'il a sans doute oublié de me le dire.

Ce soir-là, j'ai pensé que vous iriez à Venise pour examiner quelques codes, et je vous ai écrit une lettre là-bas, poste restante.


[1440]
J'ai reçu une lettre de notre cher Kirchner, il m'invitait à Innsbruck, ou j'aurais pu me rencontrer avec vous et avec Jeram. Je vous assure que j'ai été tenté de venir mais, malheureusement, je n'en ai pas eu le temps. J'ai été prié par les Supérieures des Couvents de Beueberg et de Seligenthal de bien vouloir recevoir trois Africaines ; il n'est pas impossible qu'au lieu de les faire conduire à Vérone, j'aille moi-même les chercher. Ainsi il est probable que je viendrai à Brixen Je ne me suis pas encore décidé, mais il est fort possible que je fasse ce voyage. De toute façon, ce qui sera, sera.


[1441]
Kirchner n'a aucun espoir dans ma réussite en Afrique. Mais, mon cher, je veux tenter toutes les voies. Mon Plan est approuvé par un grand nombre d'Evêques, par l'Archevêque Vicaire Apostolique d'Egypte. L'érection de mes deux Instituts au Caire est approuvée par le Délégué Apostolique et par Propaganda Fide. Petit à petit nous irons de l'avant. Pour cela j'essaye toutes les directions.

Si je n'arrive à rien, le bon Dieu se contentera de mes bonnes intentions. Il est certain que je n'épargnerai ni efforts, ni voyages, ni ma vie pour réussir dans cette entreprise. Je mourrai avec l'Afrique sur les lèvres. Un grand nombre de croix parsèment mon chemin, mais je suis davantage animé qu'auparavant.

Après avoir fait deux perquisitions dans mon Institut féminin, le Gouvernement m'a fait comprendre que les deux Sœurs, une de Paris et l'autre de Rome, devraient quitter l'Institut dans les 24 heures. Après consultation avec l'Evêque, je les ai envoyées à Rome avec les postulantes. Fiat !


[1442]
J'ai su par Mgr. Kirchner que la Société de Marie avait été dissoute. Est-ce vrai ? J'en serais malheureux car il n'y a jamais eu de Société qui a autant aidé les Missions. Je vous prie de me mettre au courant de cette affaire.

Je vous remercie beaucoup de votre don de 40 francs. Si le Chevalier Napoli n'a pas envoyé cette belle somme en Egypte, j'aimerais qu'il me l'envoie à Vérone. Si vous pensez que cela est possible, je vous prie de lui écrire.


[1443]
Maintenant je veux partager avec vous un problème ; mais je désire qu'il n'arrive pas aux oreilles des Supérieures de la Bavière qui m'ont envoyé des Africaines. Si je les reçois, je devrai demander aux Sœurs de leur payer le voyage jusqu'au Caire. Or, par une lettre du 19 août, j'ai écrit au Marquis Moustier, Ministre des Affaires Etrangères de France pour demander un passage gratuit sur les bateaux à vapeur français jusqu'à Alexandrie d'Egypte. Et, chose incroyable ! le Ministre, dans une dépêche datée du 6 septembre, qui m'a été transmise par le Ministre Lavallette, m'a accordé un passage gratuit pour 24 personnes à bord des Messageries Impériales jusqu'à Alexandrie. L'embarquement est à Marseille, si je veux partir tout de suite, ou à Civitavecchia, si j'attends que cesse l'épidémie de choléra à Messine, où pour le moment les bateaux français ne passent pas.


[1444]
J'ai été nommé Vice-Président d'honneur de l'Institut d'Afrique par une délibération du Conseil Supérieur. Puisque cette Société Mondiale, présidée par le Duc d'Acquaviva et qui compte des membres dans le monde entier, a pour but l'abolition de la traite des esclaves et d'œuvrer pour la civilisation de l'Afrique, elle peut m'être utile. Et du moment que de nombreux Cardinaux et Evêques sont membres de cet Institut, j'ai accepté la nomination. Je désire que l'Institut d'Afrique vous nomme vous aussi membre de l'Institut. En ce sens, j'ai pensé écrire au Président, mais il faudrait d'abord que vous lui envoyiez une copie des grammaires Bari et Denka et quelques autres écrits que vous avez rédigés sur l'Afrique.

Cela peut-être utile à l'Afrique. Dans quelques jours j'écrirai.

Je vous demande aussi une autre chose.


[1445]
Etant donné que maintenant je dois entreprendre une si importante expédition, n'y aurait-il pas quelques sociétés en Allemagne à qui on pourrait demander de l'aide ? Il y a celle de Salzbourg, la Léopoldine à Vienne, celle de Saint Lodovico à Munich. Pouvez-vous faire en sorte d'obtenir un peu d'argent de ces sociétés ? Je compte sur vous. Mon Evêque me protège moralement, mais en ce qui concerne les frais, ici à Vérone, et aussi en Afrique, tout est à ma charge.

J'ai confiance en la Providence, et vous savez bien que vous avez souvent représenté la Providence pour moi, pour l'Institut Mazza et pour l'Afrique.


[1446]
Le Délégué d'Egypte m'a dit que le Frère Giuseppe Habachy Bonaventura est à Jérusalem. Il paraît qu'il s'est mal comporté aussi en Egypte, et que le Vicaire Apostolique l'a confiné en Palestine. Je voudrais bien me renseigner pour voir de quelle manière on pourrait plus tard se servir de lui au profit de l'Afrique Centrale. Comme j'ai obtenu que quatre bons Camilliens soient désignés par le Pape pour m'accompagner au Caire, je pourrai aussi, au moment voulu, en faire autant avec Habachy, cela sera d'autant plus facile par le fait qu'il est Africain. Cogita et loquere (Pensez et parlez). J'ai écrit à Jeram pour lui demander l'habituelle aumône ; mais cette fois-ci il ne m'a pas répondu. Voulez-vous être assez aimable pour lui en dire un mot en passant ? Domine adiuva me (Seigneur aide-moi). Mes hommages à l'ange de Brixen, Son Altesse M. Gasser. Et tibi mille et mille



bien à vous dans le Seigneur

Daniel Comboni



Gratias pro Opusculo Coloniensi.






213
Card. Alessandro Barnabò
0
Vérone
25.9.1867

N° 213 (201) - AU CARDINAL ALESSANDRO BARNABO

AP SC Afr. C., v. 7, f. 1165

Vérone, le 25 septembre 1867

Eminent Prince,


 

[1447]
Suite à la lettre de Mgr. Ciurcia écrite à l'Evêque de Vérone dans laquelle il donnait son accord pour la fondation au Caire de deux petits Instituts destinés à former du personnel pour l'Apostolat en Afrique Centrale, je me suis adressé directement au Ministre des Affaires Etrangères français pour obtenir un passage gratuit pour mes Africaines, les Sœurs et quelques Missionnaires à bord des Messageries françaises. Dans une dépêche du 6 dernier provenant de Paris, le Ministre Lavallette, chargé ad intérim du Portefeuille du Ministère des Affaires Etrangères, sur un ordre du Ministre Moustier, m'a accordé le passage gratuit pour 24 personnes jusqu'à Alexandrie.

Du moment que le nombre des membres de ma prochaine expédition n'arrive pas à 24, je mets à la disposition de Votre Eminence, si vous le voulez bien, toutes les places qui restent libres. Je crois que mon humble proposition peut être utile pour quelques Sœurs ou Missionnaires qui n'ont pu obtenir un voyage gratuit jusqu'en Egypte.


[1448]
Trois de mes filles africaines, les meilleures que j'ai et qui demeurent actuellement au bien connu Monastère des Viperesche, dans une lettre dictée ou sans doute inspirée par ces Moniales visionnaires, m'ont confié qu'elles ont décidé depuis longtemps de devenir religieuses ; pour cela elles refusent d'aller en Egypte avec les autres. Or je connais à fond la race noire en général, et les filles dont on parle en particulier. Alors, après avoir consulté l'Evêque en tant que chef de l'Œuvre et le Supérieur des Instituts Mazza qui fut le Recteur immédiat de celles-ci pendant 13 ans, et comme je suis décidé à ne pas permettre ce choix pour de nombreuses et importantes raisons, j'espère trouver en Votre Eminence un appui et une aide si je rencontre des difficultés. Hucusque satis...(assez sur ce sujet )

Veuillez agréer, Eminence, les salutations les plus distinguées de mon vénérable Evêque et de celui qui a l'honneur d'embrasser votre Pourpre Sacrée.



Votre humble et dévot fils en Jésus-Christ

Abbé Daniel Comboni.






214
Mgr. Luigi di Canossa
0
S. Pietro Incarn.
4.10.1867

N° 214 (202) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/41

Vive Jésus et Marie !

San Pietro Incarnario, le 4 octobre 1867

Illustre Monseigneur,


 

[1449]
La réponse négative du Comte Vimercati ne m'a pas affecté. La Providence toujours aimable a sans doute disposé les choses pour que notre Œuvre soit en sécurité. Les dangers, les batailles, les épreuves montrent bien qu'elle est une Œuvre de Dieu.


[1450]
Nous avons à notre totale disposition les quatre Camilliens.

Le Père Zanoni, le plus âgé, est vraiment un don précieux du Seigneur.

La Supérieure des Canossiennes fera le possible pour envoyer trois Sœurs, et elle est bien décidée à réaliser le projet consistant à fonder une section des Missionnaires dans la Maison-Mère. Avec les Missionnaires, les Sœurs et les jeunes Africaines, nous pouvons constituer les deux maisons au Caire. Notre Œuvre étant déjà en action en Egypte, nous sommes sur la bonne voie.

Même si pendant quelques années nous n'avons à Vérone que l'Abbé Dalbosco et un laïc, le bateau marchera quand même. Avec une petite partie du chèque de Cologne, et les bénéfices de l'Association, l'Abbé Dalbosco vit et travaille pour le développement de l'Œuvre. Quant à moi, de retour d'Egypte, j'essayerai de trouver les moyens de promouvoir la fondation de la Pieuse Association dans les différents Diocèses.

Il me semble opportun de faire un saut à Cologne où je soupçonne Mgr. le Vice-Gérant d'avoir tenté de monter une cabale. En tant que chef de l'Œuvre, Votre Excellence doit être renseignée sur tout. Je vous ai préparé une lettre pour le Président. Elle est sur votre bureau.


[1451]
Deux cent quarante associés ont mis à ma disposition la somme nécessaire. Le dossier de la pieuse Princesse Maria Assunta pour former le Conseil à Rome et y multiplier le nombre d'associés parmi les plus importantes familles et parmi les Prélats, l'adhésion de l'Eminent Cardinal de Pietro, les espoirs positifs provenant de l'Espagne, les 1500 francs accordés pour accompagner trois Africaines de Bavière en Egypte, les réconfortantes lettres à l'Œuvre etc., tout cela réclame une immédiate formation du Conseil de la Pieuse Association.


[1452]
Une guerre acharnée m'a été déclarée à Rome par les dévotes...

Secrètes manœuvres, illusions, tromperies, mensonges, suppositions coupables...

La vérité et la justice, bien qu'entravées, ont toujours triomphé. J'ai une confiance inébranlable en Dieu ; c'est pour Lui seul que j'ai risqué et que je risquerai ma vie. Pour Lui j'agis, je souffre et je mourrai.

Je crois que le Frère Girolamo est perdu pour nous car il a été leurré par ces femmes... Fiat ! il m'a écrit une lettre scandaleuse. Un esprit d'humilité, de charité, de révérence et de modération a alimenté mes rapports avec le Vice-Gérant comme doit le faire un vrai Prêtre avec son Evêque. J'ai eu en plus avec lui la loyauté d'un ami, de celui qui est reconnaissant envers son bienfaiteur. Mais je crains que l'avis du Père Fradin et de l'Evêque de Poitiers ne soit vrai : c'est-à-dire que cette fille est quelquefois possédée par le Diable, et qu'elle en communique parfois l'esprit à la Supérieure et à Mgr. le Vice-Gérant. La bonté de Dieu me libérera sans doute de cette épreuve dure et terrible. La Reine de l'Afrique viendra à mon secours.


[1453]
Pour le reste courage Monseigneur ! Les refus, les batailles, les croix confirment notre Œuvre comme une Œuvre entièrement de Dieu.

La graine de sénevé a été semée, maintenant il faut qu'elle pousse parmi les épines et les difficultés. Elle grandira dans les conflits et la tempête des persécutions, mais dans le champ de l'Eglise cette semence produira toujours des fruits abondants, parce que le divin Agriculteur la défendra et la couvrira du bouclier de sa protection.

Mon vénérable Père, j'ai entièrement confiance dans le Christ, dans votre rectitude, votre sagesse et constance. Si Deus pro nobis... (Si Dieu est avec nous...)

Il est urgent que je parte pour l'Afrique, et que Votre Excellence se donne un peu de temps pour prendre des décisions et des mesures pour la bonne marche de l'Œuvre. De tout mon cœur je baise votre main sacrée.



Abbé Daniel Comboni






215
Mgr. Pietro Castellacci
0
Rome
21.10.1867

N° 215 (203) - A MONSEIGNEUR PIETRO CASTELLACCI

AGTR

Vive Jésus et Marie !

Rome, le 21 octobre 1867

Excellence Révérendissime,


 

[1454]
Dès que j'ai reçu à Vérone l'ordre de votre Excellence et de la Supérieure de me rendre à Rome y chercher les jeunes Africaines, je serais parti immédiatement si j'avais eu l'argent nécessaire pour le voyage pour moi et ces dernières. J'ai dû aller en Allemagne et peiner beaucoup pour me procurer les moyens financiers et dès que je les ai trouvés, je me suis dépêché de quitter Vérone pour venir à Rome. Arrivé à Terni, j'ai dû rebrousser chemin à cause des soldats du général Garibaldi qui avaient détruit les routes et les communications avec Rome. Je suis ainsi revenu sur Florence et finalement, en passant par Orbetello et Montalto j'ai pu arriver à Rome. J'ai employé toute la journée d'hier pour trouver la façon de sortir des Etats Pontificaux avec les Africaines et traiter des affaires urgentes que je ne pouvais pas remettre à plus tard.

Ce matin, je suis venu chez vous avec le désir de baiser votre main, de régler nos comptes et d'établir avec votre conseil la date du départ des douze filles.

Hélas ! Je n'ai pas eu la chance de vous trouver car, jusqu'au soir, vous étiez absent de la Ville Eternelle.


[1455]
Sans doute, en revenant ce soir, Votre Excellence sera fatiguée et trouvera d'autres affaires concernant votre très important ministère ; et du moment que je ne juge pas prudent de sortir le soir pendant cette période particulièrement difficile, je prie votre bonté de mettre par écrit tout ce qu'on doit traiter, et aussi les comptes que l'on doit régler. Je serais heureux de venir chez vous demain matin, pour voir aussi quand Votre Excellence désire que je retire les Africaines du Monastère.

En vous professant les sentiments de ma vénération et de ma gratitude, je baise vos mains et je me déclare



votre humble et dévot serviteur

Abbé Daniel Comboni






216
Conseil O.B.P.
1
Rome
10.1867
N° 216 (204) - COMPOSITION DU CONSEIL CENTRAL

DE LA PIEUSE ŒUVRE DU BON PASTEUR

ACR, A, c. 25/13



Octobre 1867





217
Notes
1
Rome
10.1867
N° 217 (205) - NOTES POUR UN MEMORANDUM

ACR, A, c. 14/42 n. 2



Octobre 1867





218
Mgr. Luigi di Canossa
0
Rome
5.11.1867

N° 218 (206) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/42 n. 1

Vive Jésus et Marie !

Rome, le 5 novembre 1867

Excellence Révérendissime,


 

[1456]
Vous avez eu une grande bonté et beaucoup de patience par amour de l'Afrique ; il faut que je vous prie de continuer dans ce sens et d'écrire une autre lettre au Saint-Père ou bien au Cardinal Patrizi, Vicaire du Pape, afin de les prier d'ordonner à Mgr. le Vice-Gérant de me confier les trois jeunes Africaines qui veulent devenir Moniales. Ecrivez une lettre à ce sujet, comme celle que vous avez écrite au Cardinal Barnabò. C'est le Cardinal lui même qui m'a suggéré de faire cela. De plus, ce Cardinal, qui m'a guidé tout au long des démarches que j'ai dû faire, m'a suggéré de vous envoyer un télégramme et de vous écrire. Malheureusement, la panne du télégraphe et celle des chemins de fer m'en ont empêché. Votre Excellence pourra me demander, pourquoi l'Evêque de Vérone doit écrire au Pape ou au Cardinal Vicaire à propos d'un sujet sur lequel on a déjà écrit au Cardinal Barnabò ?...


[1457]
Je vous répondrai qu'à Rome, où chacun est jaloux de sa propre juridiction, il faut faire très attention à ne pas toucher à la juridiction d'autrui. Les Supérieurs directs du Vice-Gérant sont le Pape et le Cardinal Vicaire. Le Cardinal Barnabò représente tout pour nous et pour notre Mission, mais "connaissant le Vice-Gérant (ce sont ses mots) et étant moi-même juge...etc. je te conseille de t'adresser directement au Cardinal Vicaire et au Pape, et en même temps d'écrire une lettre à l'Evêque de Vérone, responsable des Africaines en tant que Chef de l'Œuvre, afin que ce dernier écrive une lettre ou envoie un télégramme au Pape, ou bien au Cardinal Vicaire, pour demander que toutes les Africaines te soient confiées."


[1458]
Les événements ont prouvé la sagesse du conseil du Cardinal Barnabò.

Le Cardinal Patrizi et le Pape m'ont répondu en m'invitant à négocier avec le Vice-Gérant. Mais comment négocier avec le Vice-Gérant quand il refuse de me recevoir. Je suis allé le voir plus de vingt fois et vingt fois il a refusé de me recevoir. Je suis allé au Monastère, et la Supérieure aussi a refusé de me recevoir ; une seule fois elle m'a fait voir les filles.


[1459]
Bref, au début, six filles avaient écrit au Cardinal Barnabò en disant qu'elles refusaient absolument de partir avec moi. Ensuite, un Prêtre envoyé par le Vice-Gérant s'est présenté au Cardinal Barnabò et a déclaré que toutes les filles, pour de bonnes raisons... ne voulaient pas venir avec moi. Le Cardinal a insisté pour que je les réclame toutes... Finalement, neuf d'entre elles, de force, pour ainsi dire, ont réussi à quitter le Monastère pour venir avec moi. Je les ai placées chez les Sœurs de Saint Joseph dont le Protecteur est le Cardinal Barnabò. La Supérieure de cet illustre Institut les a conduites chez le Cardinal. Et elles ont déclaré ce qui suit :

1°. que la Supérieure du Monastère où elles demeuraient auparavant (Mme Marianna) leur avait dit que l'Abbé Comboni n'avait en Egypte ni maison ni argent pour les entretenir ;

2°. que l'Abbé Comboni est fou, qu'il ne faut pas avoir confiance en lui, car il est inconstant et capricieux ;

3°. que l'Abbé Comboni est un voleur, qu'il va de l'avant en usurpant les biens d'autrui ;

4°. qu'il est un monstre d'ingratitude vis-à-vis de Mgr. le Vice-Gérant etc.

Suite à ces déclarations de la Supérieure, les pauvres filles, épouvantées, suivant le conseil des Moniales, ont écrit au Cardinal. Il paraît que les trois qui veulent devenir Moniales ont écrit dans les mêmes termes au Saint-Père.


[1460]
Le Cardinal m'a ordonné formellement de ne pas partir sans les trois autres Africaines. Maintenant les neuf filles sont heureuses et m'ont assuré que les trois autres n'ont pas de vocation, mais qu'elles avaient été forcées par les Moniales.

Les mêmes jeunes filles m'ont dit que Girolamo Manfrini vit dans le Couvent et que pendant un mois il a dormi à l'intérieur de la clôture, dans la chambre où Votre Excellence a été reçue, et que depuis le 12 octobre, il dort au deuxième étage, toujours dans la zone de la clôture, dans une chambre à côté de celles des Moniales. Je pleure ce jeune qui était si bien chez les religieux des Stigmates et chez nous.


[1461]
Cher Monseigneur, écrivez donc vite au Saint-Père, en incluant la lettre ouverte au Cardinal Vicaire. C'est la meilleur façon de faire. Il faut de la patience, mon vénéré et très aimé Père ! Si vous saviez tout ce que j'ai souffert ici à Rome, votre bon cœur en serait ému. Pour le Cardinal Barnabò ceci est une preuve que Dieu veut cette Œuvre. Le pauvre Vice-Gérant s'était proposé de tout détruire, il a inventé toutes sorte d'astuces, de tromperies, de calomnies et de mensonges et de duperies contre moi, et je crains qu'il ne s'en sorte difficilement. Je suis convaincu que l'intérêt porté par le Cardinal à l'Œuvre se révélera un grand bien pour celle-ci. En ayant tout exposé au Cardinal je me suis laissé guider par lui et, Dieu merci, j'en suis content. Nous avons un grand Protecteur, même si je crains qu'il ne me donne pas aussi vite de l'argent.


[1462]
La protestante qui était restée pendant trois mois avec les filles, est entrée au Noviciat chez les Ursulines de Ripetta, et elle va bien ; rappelez-vous, Monseigneur, qu'elle a abjuré dans vos mains, devant la Vierge du Peuple.

Je suis content d'avoir reçu des nouvelles de Marseille par le Père Zanoni. Une personne que vous estimez beaucoup était présente et témoin auriculaire quand Mgr. le Vice-Gérant a dit à Vimercati de ne rien donner à l'Evêque de Vérone parce que....(de vive voix ou en périphrase je vous le dirai mais une autre fois). Présentez mes hommages au Marquis Ottavio et à sa famille.



votre obéissant fils

Abbé Daniel Comboni






219
Mgr. Pietro Castellacci
0
Rome
5.11.1867

N° 219 (207) - A MONSEIGNEUR PIETRO CASTELLACCI

AGTR

Vive Jésus et Marie !

Rome, le 5 novembre 1867

Excellence Révérendissime,


 

[1463]
Comme vous le savez, depuis le mois de mai de cette année, vous m'avez aimablement offert un prêt gratuit de 1.500 écus, j'ai accepté cette faveur, et pour répondre à votre requête, j'ai rédigé par écrit une obligation formelle, dans laquelle je déclare avoir reçu de Votre Excellence cette somme d'argent avec l'obligation de ma part de la restituer lorsque la Pieuse Association commencerait à se développer davantage. Vous m'aviez promis de me remettre cette somme d'argent le lendemain de notre accord, au Monastère des Viperesche ; j'ai eu confiance en votre loyauté et j'ai remis la susdite obligation dans vos mains.


[1464]
Vous savez aussi que le jour fixé, je me suis rendu au Monastère pour recevoir la somme d'argent convenue, et qu'en présence de deux Moniales demeurant dans le Monastère des Viperesche, c'est-à-dire : de l'actuelle Supérieure, Sœur Maria Angelica du Sacré Cœur de Jésus (Alors qu'elle était à Puy dans le Diocèse de Poitiers en qualité d'Institutrice des Novices dans l'Institut des Filles de la Croix, elle s'appelait, je crois, Sœur Maria Serafina et à Vérone, elle portait le nom de Marianna Borie) et de Sœur Maria Serafina dell'Ostia (quand elle était Sœur des Filles de la Croix, elle s'appelait, je crois, Sœur Maria Angelica, et à Vérone, elle portait le nom de Teresa De Angelis), Votre Excellence m'a déclaré que c'était la volonté de Dieu que je ne reçoive pas l'argent.


[1465]
J'ai demandé que la somme d'argent me soit consignée ou bien que mon obligation me soit restituée, mais Sœur Maria Serafina dell'Ostia, ou Teresa De Angelis, gardait entre ses mains l'argent que Votre Excellence avait amené au Monastère pour me le consigner, et elle disait clairement que je ne recevrais jamais cette somme et que les deux susnommées Moniales garderaient l'argent ; Votre Excellence m'a assuré que c'était vraiment la volonté de Dieu que je ne reçoive pas cet argent (parce que, Votre Excellence me disait que ce n'est pas Sœur Serafina dell'Ostia qui parle, mais le Saint Enfant). Ainsi, j'ai compris que l'argent ne me serait pas consigné, et que l'on ne me restituerait pas mon titre d'obligation ; je ne me suis apaisé (et bien convaincu, dirais-je) qu'après votre promesse que, dès notre arrivée à Vérone, l'argent serait remis au digne Evêque Monseigneur Canossa, qui agirait de façon à satisfaire tout le monde.


[1466]
Vous savez bien aussi que, comme je n'avais pas reçu la somme d'argent déclarée dans mon titre d'obligation, Monseigneur Canossa vous a mis au courant de l'obligation qui vous incombait de me restituer le titre ou de me faire avoir l'argent correspondant. Il a reçu de votre part la promesse que je n'aurai jamais aucun ennui à cause de ce titre. Bref, je n'ai eu ni l'argent, ni le titre d'obligation. Or, cela dit, du moment que Votre Excellence ou moi-même nous pouvons mourir, et que vous-même ou vos héritiers pourraient réclamer, à moi ou à mes héritiers, le payement de la somme nommée dans le titre, somme d'ailleurs que je n'ai jamais reçue, je m'adresse avec respect à la conscience de Votre Excellence et je vous prie de m'envoyer immédiatement le titre d'obligation à l'adresse des Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition, Place Morgana, ou bien de me faire avoir une déclaration formelle écrite dans laquelle vous affirmez avoir détruit le titre.


[1467]
Jusqu'à présent, par respect pour Votre Excellence, et par gratitude pour les services que vous m'avez rendus, je n'ai pas réclamé mon droit devant l'autorité compétente et je me suis gardé de faire connaître cette affaire publiquement.

Mais aujourd'hui, je me trouve dans l'obligation de vous avertir que si dans les deux jours qui suivent, Votre Excellence ne m'a pas fait avoir mon titre d'obligation, et n'exauce pas ma demande, je serai contraint, malgré moi, de légaliser cette intimation ad litteram et de l'inscrire dans les registres des Bureaux de l'Autorité compétente ici à Rome.


[1468]
En ce qui concerne l'arrangement à l'amiable de notre question pécuniaire, c'est-à-dire de l'argent que vous exigez de moi pour les frais des imprimés, d'autres petites choses et des objets que j'ai et qui sont à vous, ainsi que pour la compensation pécuniaire que j'exige de vous, en toute justice, pour les désagréments dont j'ai soufferts, car Votre Excellence a empêché mon départ au moment voulu, comme en témoignent certains respectables personnages (au cas où nous n'arriverions pas, comme à présent, à nous entendre par l'intermédiaire de nos avocats, M. Nuvoli et M. Alfonsi), pour tout cela, je m'en remets totalement au jugement de trois personnalités ecclésiastiques que nous allons choisir ou qui seront choisies par le Vicariat de Rome ou par la Congrégation des Evêques et des Réguliers.


[1469]
En ce qui concerne les trois Africaines, que Votre Excellence persiste encore à ne pas vouloir me confier, je vous déclare que je ne partirai pas de Rome jusqu'à ce qu'elles le soient, car c'est là la volonté de mon vénérable Evêque, Chef de l'Œuvre africaine et c'est le conseil de prudentes personnalités, bien placées, de l'Eglise de Dieu.

En vous renouvelant les sentiments de ma sincère gratitude et de mon respect, j'embrasse votre soutane et je me déclare



votre humble et dévot serviteur

Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique de l'Afrique Centrale






220
Mgr. Luigi di Canossa
0
Rome
8.11.1867

N° 220 (208) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/43

Vive Jésus et Marie !

Rome, le 8 novembre 1867

Excellence Révérendissime,


 

[1470]
Le Seigneur dans son infinie miséricorde nous donne chaque jour mille raisons afin que nous reconnaissions que notre Œuvre africaine lui appartient totalement. Un attentat infernal pour détruire cette Œuvre fut la guerre déclenchée par le Vice-Gérant et par ses dévotes. Le Seigneur m'a guidé de façon à ce que je ne fasse jamais un pas sans le conseil du Cardinal Barnabò.

Pour défendre ma personne et ma cause, à propos de l'affaire du Vice-Gérant et de l'Œuvre j'ai fait des pas très importants. Cela a servi à me gagner l'affection, l'appui et la protection de l'Eminent Cardinal Barnabò, qui a parlé hier au Cardinal De Pietro de moi et de l'Œuvre, de façon très favorable.


[1471]
Le Vice-Gérant guidé (pas par son cœur qui est en lui-même bon) mais par celle qu'il croit inspirée par Dieu, pouvait faire un grand mal, mais il a fait au contraire un grand bien à l'Œuvre.

Je remercie avant tout Dieu et ensuite mon vénéré Evêque, dont le crédit, le nom et la dernière lettre au Cardinal Barnabò (lettre que le Cardinal a voulu que je réécrive en bonne forme pour la présenter hier soir au Saint-Père) ont pris position pour avoir les jeunes filles et montrer mon appui valide. Ayez confiance en Dieu, Monseigneur et aussi en ma fidélité ; j'espère ne pas faire de bêtises qui puissent compromettre votre Œuvre et votre valable et indispensable appui à celle-ci.


[1472]
Les croix sont inévitables et il y aura toujours des ennemis suscités par le Dragon de l'abîme, et il faudra souffrir beaucoup mais la grâce de Dieu et la Vierge Immaculée suffisent pour tous et seront toujours avec nous. Je vous parlerai de la très lourde croix que j'ai dû porter à Rome ; vous en serez étonné et ébloui.

Je n'ai pas de mots pour remercier le Seigneur. Par exemple : hier, appelé au tribunal criminel du Vicariat de Rome, j'y suis allé, conseillé par le Cardinal Barnabò, résolu à ne pas accepter l'intimation de quitter tout de suite Rome ; lorsque je suis arrivé là-bas (le soir précèdent, j'avais écrit une lettre décisive au Vice-Gérant), le juge, ayant reconnu un abus de pouvoir et persuadé, peut-être, que le fond de la chose était faux, m'a fait ses excuses en me disant que ce qui s'était passé était un malentendu, et il m'a renvoyé avec tous les honneurs.

Avec la pleine approbation du Cardinal Barnabò, j'ai envoyé au Pape la lettre d'intimation à comparaître devant ce Tribunal. Mais pour le moment je m'arrête de parler de ce sujet.


[1473]
Je vous remercie de la lettre au Cardinal De Pietro. Faites ad litteram ce que vous lui avez répondu car, je me suis renseigné, c'est ainsi que fonctionnent les méandres bureaucratiques. De Pietro est et sera un Protecteur valable.

Aujourd'hui, j'ai reçu la lettre écrite par le Père Zanoni au Cardinal De Pietro, et j'ai envoyé tout de suite un télégramme à Marseille. Deux heures après, j'ai reçu une autre lettre du même Père, et j'ai envoyé un autre télégramme à Marseille pour autoriser le Père Zanoni à relever une lettre à mon nom de Cologne, contenant une traite de 3000 francs, et à encaisser cette somme. C'est seulement depuis ce matin que le télégraphe entre Rome et la France, via Naples, marche bien, jusqu'à ce matin il était en panne. Les lettres de Marseille sont arrivées 9 jours après. J'imagine l'inquiétude de ces pauvres Pères ! Mais Dieu en a voulu ainsi. Fiat !

J'ai sans cesse demandé des nouvelles à la Poste et au Bureau télégraphique. Imaginez donc ma peine.


[1474]
Le Cardinal Barnabò vous écrira après mon départ.

La pieuse Princesse s'est beaucoup occupée pour trouver de nouveaux associés et pour rassembler le Conseil de l'Œuvre du Bon Pasteur à Rome ; elle essaye de faire en sorte que Mgr. Franchi, Archevêque de Thessalonique, en soit le Président. Il vient de rentrer à Rome de retour de l'Angleterre. Si l'Archevêque n'accepte pas, elle a une autre personnalité en vue.

Bref l'Œuvre prendra racine à Rome, ce qui contribuera à l'enraciner aussi dans d'autres diocèses.


[1475]
J'espère partir le plus vite possible car je pense que bientôt me seront confiées les trois filles. J'ai écrit au Père Zanoni que je partirai lundi.

De toute façon, je demande à Votre Excellence la charité d'écrire au Saint-Père quand même. Si les filles, entre temps, me sont confiées, ce sera alors un argument en plus pour le Saint-Père d'avoir bien fait d'exaucer ma prière.

Mille salutations de la part du Cardinal Barnabò, d'Antonelli, Pacifici, Monaco, Vimercati (il m'a assuré qu'il me donnera...). L'Abbé Dalbosco est-il rentré à Vérone ? Salutations de ma part au Marquis Ottavio. J'embrasse votre soutane.



Votre obéissant

Abbé Daniel Comboni