Comboni, en ce jour

Au cousin Eustachio il écrit de S. Croix (1858) après la mort de sa mère:
J’ai résolument tourné le dos au monde, afin de sauver mon âme en me consacrant à un état de vie très proche de celui du Christ et des Apôtres. Mais malgré tout cela j’ai senti avec force les cris de cette nature fragile et j’ai pleuré amèrement cette grande perte.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
191
Abbé Gioacchino Tomba
0
Rome
Il. 8.1866

N° 191 (180) - A L'ABBE GIOACCHINO TOMBA

AMV, Cart. "Missione Africana"

Rome, le 11 août 1866

Mon Supérieur bien-aimé,


 

[1373]
Hier soir j'ai reçu votre lettre du 28 dernier à laquelle je m'apprête à répondre. Je vous en remercie et je vous ouvre mon cœur à propos de l'affaire de nos fillettes africaines.

Avant tout, j'avoue devant Dieu mériter n'importe quelle humiliation, de votre part à vous, en tant que Supérieur ; j'accepte avec plaisir n'importe quelle pénitence que vous croyez bon de m'infliger et je déclare la mériter, bien qu'en partie j'en ignore les raisons. Tout ce que vous faites aussi, pour mortifier mon amour-propre, et tout ce que vous jugez opportun qu'on fasse dans l'Institut, est pour moi objet de respect. J'espère tout de même que vous serez bienveillant et que vous me permettrez quelques remarques concernant l'affaire des Africaines.


[1374]
Dans la lettre que l'Institut Fondamental m'a envoyée à Vienne le 30 octobre 1865 on me demande de ne prendre, au nom de l'Institut, aucun engagement auprès du Comité de Marienverein, et on ajoute aussi : "Malgré ce que nous venons de dire, il semble qu'on puisse œuvrer même maintenant en faveur de ces malheureux Africains, en mettant à disposition nos filles africaines, maintenant qu'elles sont jeunes, pour aider n'importe quel Institut que tu crois utile à l'Afrique". En lisant ce passage de la lettre de l'Institut Fondamental j'en ai déduit qu'il m'était permis de choisir l'Institut auquel pouvaient être confiées nos Africaines. Suite à cette autorisation, arrivé en Egypte et après avoir réfléchi sur la manière de bien employer les Africaines en faveur de l'Afrique, j'ai établi, au Caire, une convention (après approbation finale de mon Supérieur) avec les Sœurs du Bon Pasteur du Caire et avec les Clarisses italiennes. Ces Instituts étaient disponibles pour recevoir toutes nos filles et cent autres si c'était le cas.


[1375]
Suite aux lettres de l'Abbé Beltrame des mois d'avril et de juin dernier, dans lesquelles il me parlait des Africaines avec le même accent, j'ai confirmé, dans une correspondance avec les Sœurs du Caire, les mêmes intentions. Or, à ma grande surprise, dans votre dernière lettre j'ai lu ces paroles : "En ce qui concerne les Africaines il m'a été offert une occasion intéressante de les placer selon leur désir. Cela sera fait dès que possible". J'aurais jugé opportun, qu'avant de réaliser un accord avec quiconque, vous en parliez avec celui auquel l'Institut Fondamental à donné l'autorisation de placer les Africaines là où c'était plus opportun pour le bien de l'Afrique et pour répondre à leurs désirs.


[1376]
Or, j'ai déjà parlé de ces Africaines au Caire, avec Propaganda Fide et même au Saint-Père. Quelle impression vais-je donner de moi à toutes ces personnes ? J'ai écrit plusieurs fois, de Rome et d'Afrique, à propos de la convention avec les Sœurs du Caire. Peu importe aussi que j'aie trop tardé à décharger l'Institut des Africaines, car cela ne dépend pas de moi, mais de Dieu qui permet que les affaires concernant sa gloire marchent lentement.

Ici, je me permets de faire aussi une autre remarque. Dans les lettres écrites par notre cher Abbé Giovanni, jamais il ne m'a communiqué avoir répondu à Propaganda Fide que l'Institut ne peut pas prendre en charge la Mission, etc.

C'est par le Cardinal en personne que j'ai été informé de cette décision.

En outre, mon cher Supérieur, vous me communiquez avoir trouvé la façon de placer les Africaines, mais vous ne me dites pas comment vous les avez placées. Vous conviendrez avec moi que cela n'est pas une petite mortification pour un membre de l'Institut, qui n'est pas parmi les derniers à s'occuper des intérêts des malheureux Africains et qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour en sauver quelques-uns et pour promouvoir le bien de l'Afrique. Je sais bien que je ne suis pas pris en considération dans mon Institut, auquel malgré tout je serai toujours attaché et auquel j'essayerai de faire toujours du bien, si vous le permettez.

Je crains que vous n'envoyiez les Africaines chez le Père Lodovico ; dans un tel cas je déplorerai une erreur, sans doute involontaire, mais fatale aux pauvres filles ; et aussi parce qu'aux yeux de Propaganda Fide et de tous les autres, vous passeriez comme quelqu'un qui fait la même chose que celle qu'avait faite le Père Lodovico pour les garçons africains et cela, sans doute, pourrait nuire à la réputation de l'Institut.

Il n'est pas nécessaire de mettre par écrit tout ce que j'aimerais vous dire à propos de cet homme bon et méritant.


[1377]
Or, pour que vous donniez une bonne impression à celui qui recevra les jeunes filles africaines et pour que je ne donne pas une mauvaise impression en Egypte, je vous propose de faire d'une pierre deux coups : c'est-à-dire vous me laissez quatre ou cinq Africaines, trois au minimum, et les autres vous les confiez à l'Institut avec lequel vous vous êtes accordé. Mais bien entendu, j'aimerais avoir avec moi les meilleures, celles qui sont en bonne santé, les plus habiles et les plus généreuses, celles qui seraient les plus utiles à l'Afrique. Pour justifier cette solution, vous pouvez toujours dire que certaines d'entre elles ne veulent pas partir, mais qu'elles souhaitent rester dans l'Institut, pour y travailler...

Bref si vous voulez, vous pouvez me rendre ce service. Moi je l'espère bien et pour cela je prie, pendant ce mois consacré au Cœur de Marie, pour obtenir cette grâce. J'ai confiance en vous et je suis sûr que vous écouterez ma prière. Je voudrais quatre Africaines et je vous en serai reconnaissant.


[1378]
Pour ce qui concerne Hans, aujourd'hui je suis allé chez le Cardinal et je lui ai communiqué la nouvelle que vous m'aviez envoyée. Il m'a adressé chez Monseigneur Capelli, le Secrétaire. Ce dernier m'a dit que personne ne peut entrer au Collège de la Propaganda Fide, sans qu'il ait, au moins, passé la Janua latinitatis, chez nous c'est la première année de latin. Pour cela vous avez bien fait de ne pas en parler avec Marie. Je croyais que le jeune était plus avancé dans ses études.

Je me porte bien, actuellement je traite une affaire avec le Général des "Minimi di San Francesco di Paola" concernant l'Afrique. J'espère bien la porter à son terme bientôt. Je suis impatient de venir à Vérone et dès que la discussion de cette affaire commencera, qu'elle soit terminée ou pas, je rentre à Vérone.


[1379]
Pardonnez-moi d'avoir manifesté dans cette lettre une certaine animosité. Cela n'enlève rien à la vénération et à l'affection que je porte à mon Supérieur et n'empêche pas que j'accepte tout de la main de Dieu qui dispose chaque chose pour le plus grand bien. Rappelez-vous que j'ai confiance que, une fois les dettes payées et l'économie réorganisée, l'Institut continuera le programme de notre Fondateur au profit de l'Afrique.

J'espère que l'Abbé Beltrame a reçu ma dernière lettre. Je suis inquiet pour les événements politiques et pour les futures mésaventures des communautés ecclésiastiques et religieuses.

Je vous présente de tout cœur mes hommages, ainsi qu'à l'Evêque, aux Abbés Beltrame et Poggiani et à tous les autres. Je baise vos mains et je me déclare respectueusement



votre humble et affectionné

Abbé Daniel






192
Abbé Gioacchino Tomba
0
Rome
10. 9.1866

N° 192 (181) - A L'ABBE GIOACCHINO TOMBA

AMV, Cart. "Missione Africana"

Rome, le 10 septembre 1866

Anniversaire de la fête de notre Supérieur,

Mon bien-aimé Supérieur,


 

[1380]
J'ai reçu avec joie votre lettre du 22 dernier et je vous remercie pour votre bonté envers moi. Je n'ai aucune plainte à émettre ni envers l'Institut ni envers vous. Les quelques observations que je me suis permis de vous faire dans ma dernière lettre ne rentrent pas dans la catégories des plaintes.

Pour vous dévoiler le fond de mon cœur, je dois vous dire que même à moi le fait que, tout en étant membre de l'Institut, je reste si longtemps loin du regard de mon Supérieur, ne me fait pas bonne impression ; je m'attendais plutôt à ce que vous m'adressiez un juste reproche parce que je ne rentrais pas à Vérone.

Cela n'a pas dépendu de moi, mais de la Providence qui en a ainsi disposé.

Puisque j'étais dans le doute, l'Archevêque de Petra, Monseigneur Castellacci, Vice- Gérant de Rome et Ordinaire de la Ville Eternelle, qui m'a donné la faculté de confesser et de prêcher ici à Rome et qui est mon conseiller et un vrai ami, au courant de tout ce qui me concerne, a pris l'initiative il y a deux jours, d'écrire lui-même une lettre à Monseigneur l'Evêque de Vérone, pour qu'il vous rassure sur mon compte. Il semble qu'il lui ait exposé les principales raisons qui m'obligent à rester ici à Rome encore pour quelque temps.

En ce qui concerne les Africaines, je suis tranquille. En effet, que je rentre à Vérone ou que je reste a Rome, vous maintiendrez votre programme de ménager la chèvre et le chou ; et je suis certain que les trois ou quatre filles africaines que vous m'avez réservées sont parmi les plus habiles et en bonne santé. Je vous expose maintenant les trois raisons principales qui me retiennent ici à Rome. Je les soumets à votre jugement dans le seul but de faire votre volonté au cas où vous ne les considéreriez pas comme suffisamment plausibles.


[1381]
La première raison concerne la fondation d'un petit Institut féminin au Caire ou bien à Negadeh où je placerais les trois ou quatre Africaines. Les Sœurs du Bon Pasteur du Caire, dans un local annexé au Couvent, se chargeraient de l'éducation des filles que je pourrais leur envoyer et de les préparer à être des mères de famille pour être ensuite emmenées en Afrique Centrale par les mêmes Sœurs, au service de n'importe quelle Mission. Cela vaut pour Negadeh. Les Africaines s'installeraient dans la maison pour aider les Sœurs et ces dernières, au moment opportun, feront en sorte que ces filles trouvent un bon époux et seulement alors, elles partiront en étant en mesure de professer notre Foi et de vivre en chrétiennes, si c'est leur vocation.

Or la Propaganda Fide ne prend pas de décision à cet égard, mais elle remet l'affaire dans les mains du nouveau Délégué Apostolique d'Egypte, Monseigneur Ciurcia, Archevêque d'Irenopolis, comme elle l'a fait avec nous quand elle nous a confiés au Provicaire Knoblecher. Le nouveau Délégué, de l'Albanie où il était Evêque à Scutari, viendra à Rome avant la fin du mois.


[1382]
En deuxième lieu, je suis en train de traiter avec le Général des Minimi di San Francesco da Paola, la fondation d'un Institut masculin et peut-être la prise en charge d'une mission en Afrique Centrale de la part de son Ordre. Avec le Général nous avons tout réglé ; avec Propaganda Fide pour le moment je n'ai rien fait, car il faut avant tout que je me concerte avec les Sociétés au sujet des moyens matériels et que je voie si ce projet les intéresse et si elles sont d'accord.

Bien que cette affaire ne soit pas particulièrement difficile, il est toutefois nécessaire que je contacte beaucoup de personnes à partir de Rome et que je sois toujours prêt à consulter Propaganda Fide et les parties contractantes. Ce serait donc nuisible si je quittais Rome en ce moment.


[1383]
La troisième raison pour rester à Rome c'est que je voudrais réussir un beau coup en faveur de l'Institut auprès de Sa Majesté le Roi Louis de Bavière, âgé de 80 ans, qu'on attend à Rome en octobre.

Ici il y a beaucoup de personnes qui sont prêtes à m'aider pour que je puisse le rencontrer afin qu'il soutienne une Institution utile comme la nôtre. Le Roi Louis est un homme extravagant, presque comme Camerini, plein de vertus et de péchés. Et parmi les vertus il a celle de la bienfaisance : il a donné des sommes importantes pour des églises, des Instituts et il a fondé la Société de Saint Ludovic pour les missions allemandes en Amérique. Je voudrais risquer le coup. Si je réussis, ce sera pour la Gloire de Dieu et pour notre profit. Si je ne réussis pas, que Dieu soit toujours béni, il récompensera notre intention. Ici à Rome j'ai de bons appuis que je n'aurais pas pu avoir en Bavière, exception faite pour la Nonciature Apostolique.


[1384]
Voilà les premières raisons qui me retiennent à Rome. D'autre part que pourrais-je faire à Vérone, vu la confusion qui doit régner dans les esprits ?

Les circonstances ne sont pas des plus favorables. J'ai exposé au Cardinal Barnabò un projet pour solliciter l'aide du Comte Camerini. J'ai demandé au Cardinal la grâce d'une lettre de recommandation auprès de Camerini, que le Pape vient de créer Duc, suite aux grands bienfaits du Comte en faveur de la Banque Romaine et pour les centaines de milliers d'écus qu'il offre à Propaganda Fide. Le Cardinal, après en avoir parlé avec le Pape, m'a donné une réponse négative disant que ce serait un manque de tact d'importuner, avec d'autres demandes d'aide, un homme qui spontanément rend service à Propaganda Fide. Je comptais beaucoup sur ce projet, mais Dieu ne l'a pas voulu.

Puisque je connais bien le Cardinal Ugolini, ancien Légat de Ferrara et ami de Camerini, et tenant compte que Son Eminence m'avait promis de m'aider pour n'importe quelle affaire, je suis sûr d'obtenir une lettre de recommandation de sa part, adressée à Camerini, dans laquelle il le priera d'aider l'Institut. Barnabò m'a dit que le nouveau Duc était difficile à convaincre quand il s'agit de nouvelles pétitions, car il aime donner son argent comme il lui plaît.


[1385]
J'ai fait aussi d'autres démarches importantes en faveur de l'Institut. Mais généralement c'est très difficile qu'un riche Prince ou un Souverain offre des sommes importantes au profit de l'étranger, quand dans leur propre pays il y a toujours des nécessités.


[1386]
A cause du choléra, 37 Africains du Père Lodovico sont morts, dont 14 dans une seule journée. Le Père est actuellement en prison, accusé de crimes pour la mort des Africains

Monseigneur Vuicic, déjà Evêque en Egypte est parti pour son nouveau Vicariat en Bosnie. Le Saint-Père se porte très bien. Il n'en est pas ainsi pour le Cardinal Antonelli. J'ai toujours mon esprit tourné vers l'actuelle situation de la Vénétie, et je pense au futur qui se prépare pour la ville de Vérone. Je ne vois pas beaucoup de bonheur pour les prêtres qui resteront fidèles à leur ministère.

Je pense que nous, les prêtres, nous changerons un cheval borgne contre un aveugle !


[1387]
Saluez de ma part l'Abbé Beltrame, qui m'écrit rarement et des lettres très courtes ; il n'a pas beaucoup de fantaisie pour écrire. Mes hommages aux Abbés Brighenti, Fochesato et Tregnaghi.

C'est vraiment un gâchis que chacun, dans l'Institut, décide à son gré de distribuer des subsides pour les Africaines, sans dépendre du Supérieur. Je suis impatient de mettre fin à ce désordre. La caisse vide c'est le péché capital qui règne parmi nous. Sur ce point je n'ai qu'à vous demander pardon. Le gâchis à propos des Africaines et mes contributions sont issus des circonstances particulières de l'époque de notre saint Fondateur. Mais cela aussi finira.

Saluez de ma part tous les prêtres, les Institutrices, l'Abbé Cesare, etc. Je vous demande une bénédiction.



Votre affectionné et dévoué

Abbé Daniel






193
Abbé Francesco Bricolo
0
Rome
13. 9.1866

N° 193 (182) A L'ABBE FRANCESCO BRICOLO

ACR, A, c. 14/21

Rome, le 13 septembre 1866

55 Rue du Mascherone



Mon cher Abbé Francesco,


 

[1388]
C'est avec un grand plaisir que j'ai reçu votre lettre du 6 dernier. Je ne réponds pas à vos doutes au sujet d'un éventuel changement de ma part, car un tel doute ferait tort à ma loyauté. Bien que je sache que dans ces réalités humaines il y a toujours une part de soi-même et que parfois s'y glisse la passion, j'ai toutefois gardé un grand respect pour l'Institut, de l'affection et de l'estime pour votre personne. Loin de me prononcer sur les derniers événements, j'ai levé les yeux au ciel, j'ai adoré les desseins de la Providence et j'ai gardé pour mon Abbé Francesco la plus sincère estime et affection. J'ai oublié les quelques faiblesses qui, peut-être d'un côté ou de l'autre, se sont manifestées et j'ai détesté la conduite de ceux qui sans doute n'ont pas eu toute la charité du Christ dans la grave question qui a si profondément divisé l'Institut.


[1389]
Je garde pour mon bien-aimé Abbé Francesco les mêmes sentiments d'estime, de gratitude et d'affection que j'avais auparavant ; je suis toujours le même. Je vous ai écrit deux fois de Rome après avoir reçu votre chère lettre au Caire. Bien que je n'aie reçu aucune réponse, je n'ai jamais pensé que l'Abbé Francesco n'était plus le même et en confirmation de cela, puisque je devais partir de Rome avant la guerre, mon projet de voyage était d'aller à Ferrara, Rovigo et Padoue et puis de faire une étape de deux jours à Vicenza dans votre Collège.

Mais à cause de certaines difficultés j'ai dû rester à Rome. Je suis et je resterai toujours moi-même ; mais je suis pas étonné que vous ayez eu la tentation de douter de moi, car mon expérience du monde me permet de savoir que la loyauté est une vertu très rare. Pour votre gouverne l'Abbé Daniel n'a pas du tout changé ses bons sentiments.


[1390]
A propos de l'Afrique j'aurais mille aventures à vous raconter, mais je me réserve de vous en parler de vive voix. J'ai beaucoup d'espoir. J'aurai beaucoup à souffrir : il y a les tromperies de beaucoup de personnes qui font obstacle à mes projets ; j'ai de grands appuis, beaucoup de réconfort, et une confiance sans réserve en Dieu. Je tiens pour certain que le Plan vient de la volonté de Dieu. Il le veut pour préparer d'autres œuvres pour sa gloire. Je tiens pour certain aussi que parmi les obstacles que je rencontrerai il y a la circonstance des temps difficiles. J'espère fonder bientôt un Institut pour filles au Caire et peut-être une autre maison, pour les garçons en Egypte.

Je tiens pour certain que Dieu m'a donné une confiance illimitée en Lui, et qu'aucun obstacle ne m'éloignera de l'entreprise. Certainement dans quelques années commencera une ère nouvelle de salut pour l'Afrique Centrale.

En octobre j'espère réaliser, en faveur de l'Institut, un beau coup avec le vieux Roi de Bavière qui arrive à Rome (que cela reste entre nous...seuls l'Evêque et l'Abbé Tomba sont au courant).


[1391]
Mais laissons tomber cela pour le moment et parlons de l'Institut. Bien entendu nous parlons en confidence, car si quelqu'un dans l'Institut vient à savoir que nous correspondons au sujet des affaires concernant l'Institut, il ne serait pas trop content.

J'ai eu peu de nouvelles de l'Institut. Les Abbés Beltrame et Tomba m'ont écrit seulement quelques lettres vraiment télégraphiques. Les nouvelles concernant l'Institut étaient toujours synthétisées dans la formule suivante : "A l'Institut tout marche à peu près comme quand j'avais quitté Vérone". L'Abbé Poggiani m'a écrit deux lettres courtes, mais très affectueuses. Celui qui m'a donné le plus de nouvelles fut l'Abbé Bolner, que j'avais prié de m'écrire. Il faut vraiment que je prie mon cher Abbé Francesco pour qu'il me donne des nouvelles exactes de l'Institut. Renseignez-vous auprès de Monseigneur l'Evêque et de l'Abbé Guella. Surtout j'aimerais savoir comment l'Evêque voit notre Institut. Toutes ces nouvelles je les attends dans une lettre, non d'une seule page, comme d'habitude mais de huit ou dix.


[1392]
Mes rapports avec l'Institut sont très paisibles ; la dernière lettre de l'Abbé Tomba, malgré sa brièveté, est pleine d'affection pour moi. Mais il me semble qu'en général ils n'ont pas trop confiance en moi et ne sont pas trop convaincus de mes intentions. Nous ne nous sommes pas suffisamment et clairement compris.

D'autre part je suis très souvent loin de l'Institut. Je ne m'attarde pas trop à leur expliquer les affaires concernant les missions, après qu'ils aient répondu au Cardinal Barnabò que l'Institut n'était pas en mesure de prendre en charge une Mission. En n'étant donc pas trop en accord à propos de l'Afrique, nous n'entretenons pas de rapports trop familiers.

Bref, je n'ai pas agi avec eux comme avec vous de Paris, Londres, Rome. Donc, il faut m'écrire tout, tout. Entendu ?


[1393]
Donnez de mes nouvelles à l'Evêque de Vicenza et de Vérone, et à tous ceux que j'ai eu l'honneur de connaître à Vicenza. Donnez-moi des nouvelles de L'Abbé Tilino et des membres de sa famille. A Vérone, mon souvenir à Mme Amalia Parisi (à laquelle j'ai écrit une longue lettre de l'Afrique), aux familles Cavazzocca, Urbani et à tous ceux que je connais. Dites à l'archiprêtre de Santo Stefano, à l'Abbé Guella et au Recteur du Séminaire de se souvenir de moi dans leurs prières. A mon concierge (que j'ai dû suspendre, pour six mois, à cause de son odieuse mission à Trente) dites que je l'aime bien et que son patron le regarde avec un œil de bonté et complaisance, saluez-le de ma part de tout cœur.


[1394]
Mettez au courant de tout les Abbés Luciano et Dalbosco. Ici à Rome nous sommes très tranquilles. Le Saint Vieillard du Vatican est toujours imperturbable. Seule l'affaire de l'argent dérange tout le monde. C'est une honteuse escroquerie des banquiers...Je passe quasiment tout mon temps à Rome, je vais souvent à Frascati chez le Prince Falconieri, parfois à Albano. La semaine prochaine je passerai quelques jours de vacances avec l'Ambassadeur Sartiges et sa famille qui me comblent d'attention. Le reste du temps est pris par mes affaires.

Tous mes sentiments d'affection pour l'Abbé Francesco, à qui je demande de prier beaucoup

pour son affectionné



Abbé Daniel



PS. Donnez-moi des nouvelles de Hans. Les Protestantes qu'elles aillent se..., elles ne m'ont jamais écrit ! Je suis heureux de ne plus avoir de leurs nouvelles.






194
Mgr. Luigi di Canossa
0
Rome
9.1866

N° 194 (183) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/39

Septembre 1866

A Son Excellence Monseigneur l'Evêque de Vérone

Sous le sceau de la Confession



A la Gloire de la Très Sainte Trinité


 

[1395]
Marguerite était en train de prier une nuit des derniers jours du mois d'août, en demandant au Petit Frère (l'Enfant Jésus) d'envoyer le plus tôt possible les personnes à qui il avait pensé pour le salut des âmes.

Au même moment, elle a vu un homme, qui par son aspect, devait être un missionnaire ; (quelques jours après en voyant l'Abbé Daniel elle a reconnu le visage du missionnaire). Il avait à son côté un beau personnage (l'Enfant Jésus) qui s'approchant du missionnaire, lui a dit en lui montrant une multitude de Noirs : "Va et gagne-moi toutes ces âmes, sors de ton Institut car autrement tu ne pourras jamais faire cela ; va chercher mon ami (le P.F.) et commence mon œuvre. Je te montrerai ma Règle, mais tu feras attention de ne la montrer à personne, car le moment n'est pas encore propice. Il faut agir maintenant avec beaucoup de prudence et d'énergie. Fondez une Maison de Missionnaires pour les Noirs. Vous leur donnerez l'esprit du Bon Pasteur et vous ferez en sorte qu'ils n'observent que les règles du Code Canonique concernant les Prêtres qui vivront en communauté.

Mon Fils, fais attention, ne refuse pas cette grâce que je t'ai manifestée, c'est vrai, à l'improviste, mais cette grâce est efficace et forte. C'est à toi de correspondre, ne t'arrête lors des difficultés. Ne crois pas que ce choix dépend de ton mérite, mais bien des mérites de ma Passion et de ma Mort. Ce que tu as fait jusqu'à présent était selon mon Cœur ; et pour cela, je t'ai déjà réservé la couronne. Mais rappelle-toi ce qui est écrit : sera couronné celui qui a persévéré jusqu'à la fin. Ma volonté est que tu contribues à l'institution de cette Compagnie, parce que cela dépendra de toi. Je te manifesterai mes volontés. Si Dieu est avec toi, qui sera contre toi ? Si tu refuses d'accomplir ma volonté, sache que je trouverai quelqu'un d'autre. Je suis Celui qui est".

Le "Petit Frère", en s'adressant à Marguerite, lui a dit : "Donne ma Règle à ce missionnaire". "Je ne la connais pas, mon Petit Frère, je ne veux pas aller contre ce que vous dites dans l'Evangile, c'est-à-dire jeter la semence dans la bonne terre afin qu'elle fructifie, et non pas dans les ronces ni sur la route". "Non, non, Marguerite, ne crains pas, il s'agit d'une bonne terre"". "Et bien mon Petit Frère, puisque vous le voulez, je le ferai, car je ne veux pas être infidèle, bien que j'attende encore beaucoup de souffrances ; je vous les offre pour le salut des âmes"".


[1396]
Marguerite craignait que ce soit une illusion de Satan, elle a alors écouté la Sainte Messe et a participé à la Sainte Eucharistie en demandant à Dieu de lui faire connaître réellement Sa volonté. Elle a vu le "Petit Frère" sortir de la Sainte Hostie et lancer sur le missionnaire un rayon qui formait la Trinité sur sa poitrine. Le "Petit Frère" lui a dit : "Tu dois être le Fils de la Trinité, va conquérir toutes ces âmes (en lui montrant une multitude de Noirs)." Après, en s'adressant à Marguerite, il lui a dit : "Tu vois bien qu'il s'agit là de ma volonté. Aide-moi donc, dis-le à ce missionnaire".



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La première fois que l'Abbé Daniel est arrivé (le 6 septembre 1866 à six heures de l'après-midi) Marguerite l'a reconnu et, à nouveau, elle lui a exprimé la volonté de Dieu sur lui. Comme l'Abbé Daniel lui répétait sans cesse de demander au "Petit Frère" une confirmation, Marguerite s'est à nouveau adressée au "Petit Frère" dans la prière, lequel lui a dit : "Oui, ma petite sœur, je lui donne beaucoup de grâces ; dis-lui d'y correspondre, je penserai au reste ". En même temps, le "Petit Frère" a parlé et a dit : "Daniel, mon Fils, va de l'avant, c'est ma volonté".



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le 8 septembre 1866



Pendant la Messe, Marguerite priait pour l'Abbé Daniel. Elle a vu un Petit Frère très, très beau ! Il se trouvait au milieu d'un beau soleil, il sortait de l'Hostie qui se trouvait au milieu d'un triangle. Un rayon allait vers l'Abbé Daniel et le portait ensuite vers les Noirs.

Le Petit Frère lui a dit : "Mon Fils, fais attention à ne pas reculer. Je t'ai ouvert un vaste champ à cultiver, je te donne les grâces nécessaires pour ce faire.

Ne crains ni difficultés, ni obstacles, mes œuvres doivent être ainsi mises à l'épreuve. Rappelle-toi ce que j'ai dit à mes apôtres : "Si on refuse de vous écouter dans une ville, allez dans une autre". S'ils ne veulent pas te recevoir avec ton Projet, qui est le mien, va ailleurs... pour accomplir ma volonté, c'est-à-dire pour entreprendre ce que les autres refusent, car il ne faut pas abandonner la moisson que je t'ai offerte pour ce but.

Mes desseins dans l'avenir doivent rester secrets ; ils seraient contrariés et les hommes ne mettraient que des obstacles. Regarde ma venue sur terre : elle est resté cachée et méconnue pendant trente ans. C'est ainsi que je tiens cachée la personne dont j'ai voulu me servir, et elle doit encore rester méconnue, car il ne faut pas mettre les perles qui sortent de mon cœur, dans la bouche des chiens.

Ne fais pas trop de bruit, accomplis ton œuvre, qui est la mienne, car c'est moi qui te l'ai inspirée. Reste humble, car "quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui reste dans son rien, sera élevé".


[1397]
Une couronne lui a été présentée. Elle était achevée d'un côté parce qu'il avait agi selon la volonté de Dieu, et de l'autre moitié de la couronne des rayons sortaient et allaient vers les Noirs. Cela veut dire que si l'Abbé Daniel manque à la vocation à laquelle il est appelé par Dieu, ces rayons resteront toujours inactifs et la couronne ne s'achèvera pas. Le Petit Frère lui a dit : "Tu as bien commencé selon ma volonté, mais cela ne suffit pas. Je te demande maintenant cet acte de correspondance et l'exécution qui doit se perpétuer jusqu'à la fin des temps".

Il l'a béni ; l'Abbé Daniel a promis sa fidélité avec l'aide de sa grâce. Que Dieu et Marie soient loués.



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[1398]
1) Marguerite. C'est ainsi que l'Enfant Jésus appelle la grande âme religieuse qui est le principal sujet de cette révélation. Cette grande âme, qui est réellement marquée par la grâce et qui a beaucoup de communications intimes et extraordinaires avec Dieu, est appelée par l'Enfant Jésus, petite sœur.

La révélation ci-dessus est considérée comme étant vraie et venant de Dieu, par l'autorité de deux Evêques, dont l'un est l'Ordinaire du Diocèse où est née Marguerite, l'autre est l'Ordinaire du Diocèse où Marguerite, d'après l'obéissance, a fixé sa demeure.

2) Petit Frère. L'Enfant Jésus est appelé ainsi


[1399]
3) Cette première rencontre de l'Abbé Daniel avec Marguerite (le 6 septembre 1866) a eu lieu en présence de l'Archevêque Ordinaire du lieu, où la sainte Fille demeure. L'Archevêque lui-même a accompagné l'Abbé Daniel dans son carrosse de sa résidence jusqu'au Monastère des Cloîtrées, en demeurant toujours près de l'Abbé pendant la rencontre avec Marguerite et la Supérieure du Monastère. Ensuite, il a accompagné l'Abbé chez lui, toujours dans son carrosse. Après le 6 septembre, l'Abbé Daniel a été autorisé à entrer dans ce Couvent chaque fois qu'il le trouvait opportun. Il a eu de nombreux et de longs entretiens avec cette sainte âme, dans laquelle il a constaté, outre la présence de l'Esprit de Dieu et de la plus éminente et extraordinaire charité, des dons extraordinaires, surtout en ce qui concerne la doctrine théologique, même si elle ne l'avait jamais étudiée.



Texte original en français corrigé.






195
Abbé Gioacchino Tomba
0
Boulogne sur Mer
7.10.1866

N° 195 (184) - A L'ABBE GIOACCHINO TOMBA

AMV, Cart. "Missione Africana"

Vive Jésus et Marie !

Boulogne-sur-Mer, le 7 octobre 1866



Très cher Supérieur,


 

[1400]
La veille de mon départ, j'ai reçu à Rome votre chère lettre, dans laquelle, entre autres, vous me disiez que les Africaines me donnent un délai de deux mois pour délibérer sur leur compte, toujours avec l'accord de l'Institut. Eh bien, dès mon retour à Rome, dans 15 ou 20 jours, je passerai à Vérone et nous discuterons de l'affaire. Je ferai ce que vous, mon cher Supérieur et le Bon Dieu, voudrez.

Le but de ma venue en France - d'ici quelques jours je serai à Londres, (il faut seulement quatre heures de voyage),- concerne de très près les affaires africaines. Dès mon retour, je vous donnerai davantage d'explications.


[1401]
Je me porte très bien, et j'espère que vous aussi, ainsi que l'Abbé Beltrame et tous ceux de l'Institut. En quatre jours et demi, en dormant seulement cinq heures à Basilée, j'ai voyagé de Rome en direction de Boulogne-sur-Mer, en passant par Ancona, Parma, Milan, Lucerne, Mulhouse, Strasbourg, Nancy, Paris et Amiens et en voyageant pendant 23 heures d'affilée en diligence, par le Mont Nevoso, dans le Saint Gothard entre Mendrisio et le Lac des Quatre Cantons. J'ai bien dormi à Boulogne-sur-Mer et maintenant, je vais très bien. Après trois jours à Londres, je passerai à Paris.

Je me recommande à vos prières. Saluez de ma part tous les Prêtres de notre Institut, les Institutrices et Tregnaghi. En vous demandant votre bénédiction je me déclare, dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie



votre humble et affectionné fils

Abbé Daniel Comboni






196
Abbé Francesco Bricolo
0
Francfort
28.10.1866

N° 196 (185) - A L'ABBE FRANCESCO BRICOLO

ACR, A, c. 14/22

Francfort, le 28 octobre 1866

Très cher Abbé Francesco,


 

[1402]
Je suis un petit peu inquiet, et presque vexé de n'avoir reçu aucune réponse à la lettre que je vous ai écrite de Rome au sujet des informations que je vous avais demandées. Pourquoi ? J'ai peut-être fait une maladresse qui vous a empêché de m'écrire. Arrêtons cela !

Après avoir passé quelques jours dans le Duché de Baden, je pars pour Limone, puis pour Vérone et pour Rome, en passant par Vicence. Si vous m'écrivez à Limone une lettre longue et détaillée (et vous savez le bien que vos lettres me font), en passant par Vicence je m'arrêterai pour vous rendre visite et passer trois heures avec mon cher Père Francesco. Sinon, je continuerai pour Padoue, Rovigo, Bologne, Florence et Rome.

Donnez-moi des nouvelles de l'Institut de Vérone, car personne ne me donne de détails, sauf une personne respectable. Habeo multa tibi dicere (J'ai beaucoup de choses à te dire).

Pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, j'ai visité la France, l'Angleterre, la Belgique, la Prusse. Peut-être que je ferai un saut de trois heures de Würzburg à Bamberg. Il est inutile de vous écrire ce que j'ai fait, car je n'en ai pas le temps, et j'ai froid aussi. Je vous raconterai beaucoup de choses de vive voix. Ce que je peux vous dire, c'est que l'Abbé Daniel est toujours le même vis-à-vis de l'Abbé Bricolo, et qu'il ne changera jamais. Voilà, c'est tout !

Mille salutations à l'Abbé Tilino et à tous les autres. Saluez, de ma part, Monseigneur l'Evêque. Recommandez-moi aux Cœurs de Jésus et de Marie. Je vous ai recommandé à Notre Dame des Victoires à Paris, et à Notre Dame de Boulogne-sur-Mer. Adieu.



Votre affectionné ami

Abbé Daniel Comboni.






197
Liste des missionaires
1
Francfort
1866
N° 197 (186) -LISTE DES MISSIONNAIRES

envoyés par le Père Lodovico en Afrique Centrale

ACR, A, c. 18/17





198
Signature pour des Messes
1
Alexandrie d'Egypte
1866
N° 198 (1147) - SIGNATURES DES MESSES CELEBREES

A SAINTE CATHERINE EN ALEXANDRIE D'EGYPTE

ASCA, Registre des Messes





199
Rapport à la Soc. de Cologne
0
Alexandrie d'Egypte
1866

N° 199 (187) - RAPPORT A LA SOCIETE DE COLOGNE

"Jahresbericht..." 14 (1866), pp. 7-76

Rome 1866

Ce rapport, traduit de l'allemand, reprend les mêmes arguments que le N. 188, avec certaines modifications. Nous reprenons ici la variante suivante :


 

[1403]
L'Œuvre pour la régénération des Noirs est une œuvre de Dieu. Le temps de grâce, que la Providence a désigné, est venu, pour appeler tous ces peuples à s'abriter sous les ombrages pacifiques de la bergerie du Christ. Depuis plusieurs années, la voix prophétique de héros comme Libermann, Olivieri, Mazza, héritiers du zèle apostolique du bienheureux Claver, a résonné dans l'Eglise universelle par le biais de leurs éminentes œuvres de charité en faveur des Noirs.

Les œuvres admirables de Vienne, de Cologne, de Paris et de Lyon ont répondu à cet appel, et les lointaines terres d'Afrique ont été désaltérées avec la sueur et le sang des nouveaux Apôtres de Jésus Christ.






200
Abbé Gioacchino Tomba
0
Rome
8. 1.1867

N° 200 (188) - A L'ABBE GIOACCHINO TOMBA

AMV, Cart. "Missione Africana"

Rome, le 8 janvier 1867

Mon très cher Supérieur,


 

[1404]
Bien que le nouveau Vicaire Apostolique d'Egypte, Monseigneur Ciurcia Archevêque d'Irenopole, se soit abstenu de donner son avis sur les œuvres qui seront entreprises dans sa juridiction, il s'est toutefois montré convaincu du bien fondé d'amener les Africaines en Egypte, et de les confier à l'Institut du Bon Pasteur et aux Sœurs italiennes du Caire.

Pour cela je suis en train de négocier avec Vienne afin d'avoir des facilités pour les voyages terrestres et maritimes. Je vous prie donc de solliciter l'obtention du passeport de ces Africaines, - qui doivent être capables de monter et descendre des bateaux, sans canne ! - afin qu'elles soient prêtes pour le voyage lors de ma venue. Pareillement, si des lettres arrivent à mon adresse, je vous prie de me les faire parvenir à Rome jusqu'au 18 de ce mois. Gardez chez vous celles qui arriveront après le 18 et je les prendrai lors de ma venue.

J'ai été très occupé jusqu'au jour de l'Epiphanie car je devais écrire des rapports concernant l'Afrique pour être sûr d'obtenir les aides nécessaires de la part de Cologne pour le voyage des fillettes africaines. Maintenant que j'ai terminé, je suis content.


[1405]
Remerciez l'Abbé Beltrame de ma part pour sa belle et longue lettre qui m'a procuré énormément de plaisir. J'ai confiance : pendant cette nouvelle année, le Seigneur étalera sur l'Institut le torrent de ses bénédictions. Pour le moment, prions. Ici, à Rome, règne une grande tranquillité. Les démarches de Tonello à propos de la nomination des Evêques d'Italie semble donner de bons résultats.

Ce qui se fera pour l'Eglise ira bien. Pour le reste, en ce qui concerne les prétentions du gouvernement italien, ici à Rome, règne toujours le non possumus (nous ne pouvons pas), et le quod scripsi, scripsi (ce que j'ai écrit , je l'ai écrit).

En fait une paix parfaite règne ici. Toutefois, n'ayons pas d'illusion.

Certains, les dévots, disent que Rome ne sera pas touchée ; beaucoup d'autres, presque tous, craignent et disent qu'il y aura une invasion temporaire de soldats italiens, et que le Pape abandonnera Rome pour y revenir ensuite en triomphe. Certains désirent un changement. Pour le moment, nous savons qu'au Campidoglio, à 50 pas d'ici, il y a la Roche Tarpéienne.


[1406]
J'ai été très occupé, mais c'est aussi ma faute si je ne vous ai pas écrit.

Bien que la nouvelle année ait déjà commencé, je vous souhaite moi aussi beaucoup de bonheur spirituel et temporel, pour vous et pour les deux Instituts. Monseigneur Nardi envoie ses salutations à l'Abbé Beltrame. Saluez de ma part tout le monde dans l'Institut, les Prêtres, les Institutrices, les Africaines, et les deux Protestantes. Saluez aussi les Abbés Cesare et Festa. Le Pape est en parfaite santé. J'ai été présent, en outre, lors de sa visite à l'église "del Gesù" pour le Te Deum. Des ovations spontanées ont accueilli le Pontife-Roi, un spectacle pareil à celui de l'entrée de Vittorio Emanuele à Vérone.

En vous demandant pardon pour avoir négligé de vous écrire, je vous demande de prier pour



votre affectionné et obéissant

Abbé Daniel Comboni