Comboni, en ce jour

Il tient une relation (1871) au Conseil central de l’Oeuvre du Bon Pasteur.
A Don Bricolo, 1866
Dieu m'a donné une confiance illimitée en Lui, et qu’aucun obstacle ne m'éloignera de l'entreprise.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
151
Marie Deluil Martiny
0
Naples
5. 7.1865

N° 151 (146) - A MARIE DELUIL MARTINY

AVBB

Naples, le 5 juillet 1865

Ma chère sœur en Jésus Christ !


 

[1148]
J'ai lu votre chère lettre du 13 juin dernier pendant mon voyage de Bourg à Genève. Votre lettre est la vive expression du tendre amour que vous avez pour le Divin Cœur de Jésus. Je suis désolé de ne pas avoir pu répondre avant puisque arrivé à Vérone, j'ai dû me rendre à Vienne en Autriche et à Rome, où j'arrivai la veille de la fête de Saint Pierre, et ensuite à Naples. Trop d'occupations, donc, m'ont empêché de vous écrire.

Permettez-moi tout d'abord de vous dire que je vous suis très obligé pour la bonté que vous avez eue en me remettant dans différents paquets une grande et une petite estampe du Sacré-Cœur, le Bulletin de liaison, de jolies cartes et quelques médailles de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur de Jésus, mais surtout pour m'avoir concédé le diplôme de Directeur particulier de l'Œuvre.


[1149]
J'ai trouvé en vous une digne sœur qui m'a procuré une grande joie en m'accordant l'honneur de promouvoir dans les pays de l'Afrique Centrale la gloire du Sacré-Cœur. J'ai éprouvé aussi la joie de correspondre par lettre avec vous pour traiter ce qui concerne les intérêts de la gloire du Divin Cœur qui est le centre de communication entre nous et qui brûle d'amour pour le salut des âmes.

La Providence semble m'avoir choisi pour le très difficile et dangereux apostolat parmi les Noirs. Je chercherai à correspondre à cette haute mission par tous mes efforts, prêt à donner ma vie pour le salut de l'Afrique. Mais quel grand bonheur, ma bonne sœur, vous me procurez par l'aide de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur ! Avec une grande joie j'admire la fervente apôtre de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur de Jésus. Ce glorieux apostolat est une force puissante qui m'encourage dans la grande entreprise dont le Dieu d'Israël, bien que j'en sois indigne, m'a chargé.


[1150]
L'Œuvre que je suis en train de fonder, et que j'espère commencer déjà cette année, avec l'érection de deux Vicariats Apostoliques en Afrique Centrale par le Saint-Siège, selon les indications de mon Plan pour la Régénération de l'Afrique, et que je consacrerai aux Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, se rapproche intimement de la belle Œuvre de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur de Jésus, dont vous êtes la fervente apôtre. Voyez vous, chère sœur, l'intime union qui se développera entre vous et moi. C'est pour cela que je vous tiendrai au courant de tous les progrès de la grande Œuvre qui doit être la vôtre aussi, comme la vôtre est la mienne. Recommandez cette œuvre aux associés pour multiplier les prières en faveur de la conversion de l'Afrique. Ainsi moi-même j'encouragerai l'Œuvre de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur, non seulement en Afrique, mais dans le monde entier.

Le Sacré-Cœur de Jésus soit avec nous et nous serons fidèles et heureux de consacrer notre vie pour les intérêts de Sa gloire.


[1151]
Dès que j'aurai imprimé en français mon Plan pour la Régénération de l'Afrique, je vous l'enverrai ; je désire vous le faire connaître afin de multiplier les prières.

Son Eminence le Cardinal De Angelis, Archevêque de Fermo mais confiné à Turin, celui qui en 1846 pendant le Conclave avait eu le plus grand nombre de suffrages pour être élu Pape, après Pie IX, m'a dit : "Si vous avez mis votre Œuvre sous la protection du Sacré-Cœur, ne craignez pas, vous y arriverez".

L'amour ardent du Sacré-Cœur de Jésus brûlera le paganisme et le fétichisme de la race africaine et le Royaume de Jésus-Christ s'édifiera partout.

Toutefois, puisqu'il désire introduire dans les pays slaves l'Œuvre de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur de Jésus, je vous prie de m'envoyer à Rome un diplôme de directeur particulier de l'Œuvre pour le Révérend Père Vincenzo Basile de la Compagnie de Jésus, célèbre missionnaire depuis 25 ans dans les pays slaves, afin de lui permettre d'introduire la dévotion et l'Œuvre dans ces vastes pays.


[1152]
A cette même fin, je vous prie de m'envoyer un autre diplôme pour le Père Giovanni Beltrame, Supérieur de la vaste mission du Nil oriental. Mission que le Saint-Siège, suite à mon Plan, veut ériger en Vicariat ce mois-ci.

Je vous demande, aussi, un autre diplôme pour le Supérieur de la Mission du Nil occidental appartenant à l'Ordre des Réformés de Saint François d'Assise. Cette Mission aussi sera érigée en Vicariat par le Saint-Siège, suite à mon Plan. Depuis Rome je vous donnerai plus de renseignements après mon Rapport à la Sacrée Congrégation de Propaganda Fide concernant ces deux Missions


[1153]
Mes salutations aux saintes Sœurs de la Visitation de Bourg-en-Bresse, à Mlle Eugènie Cabuchet et à sa bonne amie. Ecrivez-moi à Rome et mettez-moi dans le Sacré-Cœur de Jésus, en le priant de me soutenir dans ma grande entreprise.

Je vous assure que je serai toujours



votre humble ami et frère

Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique

Texte original en français, revu et corrigé.






152
Projet sur la Mission A. C.
0
Naples
7.1865

N° 152 (147) - PROJET SUR LA MISSION DE L'AFRIQUE CENTRALE

AFBR

Naples, juillet 1865

Projet de Daniel Comboni

Mission de l'Afrique Centrale


 

[1154]
Pour ce qui concerne la partie de la Mission de l'Afrique Centrale, que les Missionnaires Autrichiens, ceux de l'Institut Mazza et de l'Ordre Franciscain ont tenté d'évangéliser, nous avons convenu, le Père Lodovico da Casoria et moi-même, Abbé Daniel Comboni, de réaliser la division suivante que nous soumettons humblement au Père Général.

Vicariat Apostolique du Nil Oriental à confier à l'Institut Mazza, avec les limites territoriales suivantes :

Au Nord le Tropique du Cancer :

A l'Est les Vicariats de l'Abyssinie et des Gallas et la Mer Rouge ;

Au Sud l'Equateur ;

A l'Ouest le Nil et le Fleuve Blanc.

Vicariat Apostolique du Nil Occidental à confier à l'Institut de la Palma :

Au Nord le Vicariat d'Egypte ;

A l'Est le Nil et le Fleuve Blanc ;

Au Sud l'Equateur ;

A l'Ouest les Régions inconnues entre le 25° degré de longitude selon le méridien de Paris.

Bien que la Mission de Khartoum appartienne au Nil Oriental, nous avons convenu qu'elle serait divisée entre les deux Vicariats susnommés.

La Mission de Scellal appartient à l'Institut de la Palma car ainsi en a-t-il été disposé par la Sacrée Congrégation de Propaganda Fide.



Abbé Daniel Comboni






153
Mémorandum
1
Rome
7.1865

N° 153 (1144) - MEMORANDUM

AP SC Afr. C., v. 7, f. 900

Rome, juillet ? 1865




 

154
Pio IX (supplique)
1
Rome
7.1865

N° 154 (1145) - SUPPLIQUE A PIE IX

ACR, A, c. 20/42 n. 1

Rome, juillet 1865

L'Abbé Comboni demande une bénédiction pour la famille d'Auguste Nicolas.




 

155
Père Lodovico da Casoria
0
Rome
8. 8.1865

N° 155 (148) - AU PERE LODOVICO DE CASORIA

AFBR

Rome, le 8 août 1865

55, rue du Mascherone.

Mon Père Lodovico très aimé !


 

[1155]
Il y a deux douleurs qui affligent mon cœur. La première c'est la mort de mon cher Supérieur, l'Abbé Nicola Mazza, le 2 août dernier. La désolation règne à Vérone, elle est grave surtout dans mes Instituts ; bien que chacun soit animé du désir de tout faire pour la gloire de Dieu, le saint Vieillard aurait été heureux s'il avait pu parler avec vous ; que la volonté de Dieu soit faite. C'est dur mais c'est ainsi. Fiat.


[1156]
La deuxième douleur c'est l'échec de nos accords sur la division de l'Afrique, établis à Naples et à Rome. Je suis trop affligé pour pouvoir vous écrire l'impression que j'éprouve à voir que les résultats ne sont pas conformes à nos accords. Je bénirai toujours le Seigneur en tout.

Au nom du Seigneur, avant de faire des pas vis-à-vis de Rome et Vienne, je vous demande la grâce de m'écrire clairement ce que vous avez décidé de faire. Examinez bien l'accord que nous avons fait, les espoirs que vous m'avez donnés avant de partir de Rome, et dites-moi ce qui a été établi, car en ce moment je n'y vois pas clair. Je vous préviens que sans l'assurance qu'une mission en Afrique sera confiée à mon Institut, rien ne peut se faire, et mes compagnons Missionnaires ne quitteront pas Vérone.


[1157]
Pesez la perte des âmes que causera un tel retard coupable, car mes Missionnaires sont équipés pour travailler dans la vigne désolée de l'Afrique.

Pour ma part je bénirai toujours la Providence, car je suis en toute conscience sûr d'avoir essayé toutes les directions pour améliorer la condition de la mission et je le ferai jusqu'à ma mort. Vous connaissez bien mes idées ; expliquez-moi clairement par écrit ce qui a été décidé, parce que j'en comprends très peu ici à Rome.


[1158]
Je ne partirai pas de Rome avant d'avoir compris les choses et sans avoir fait tout mon possible pour le bien de notre Afrique. D'ailleurs je vous attends à Vérone pour faire le voyage en Autriche que nous avions concerté.

Pareillement, je suis toujours disposé à satisfaire votre désir de vous accompagner en Egypte, à Scellal, à Khartoum et où vous voulez comme nous nous étions accordés. J'aimerais que vous en écriviez un mot au Cardinal Barnabò, parce qu'il me serait plus facile d'obtenir la permission à Vérone. Si mon Supérieur était en vie, il n'y aurait eu aucun problème, maintenant je ne sais pas.

Je crois moi, que ce serait bien pour nous d'aller ensemble en Afrique, et de retourner ensemble en Europe.


[1159]
Je ne vous écris pas plus car mon cœur est affligé pour les raisons que je viens de vous annoncer. Priez pour moi, cher Père, et donnez-moi une consolation avec une lettre longue et détaillée.

Saluez tout le monde de la Palma, et dans les Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie je vous demande votre sainte bénédiction, et je me déclare avec toute la vénération



votre fidèle et affectionné fils

Abbé Daniel



PS. J'ai écrit au Comité de Cologne d'envoyer de l'argent à Naples, afin qu'au départ des Missionnaires de Messine, vous n'ayez pas de soucis.






156
Abbé Francesco Bricolo
0
Rome
17. 8.1865

N° 156 (149) - A L'ABBE FRANCESCO BRICOLO

ACR, A, c. 14/18

Rome, le 17 août 1865

Mon cher Abbé Francesco !


 

[1160]
La chère lettre non datée que vous m'avez écrite du Tyrol, après avoir parcouru l'Allemagne et la France, ne m'est parvenue que maintenant. En effet la lettre n'était pas affranchie avec 13 sous mais seulement avec 10. Si elle avait eu le timbre de 13, elle serait arrivée dans les quatre jours, comme d'ailleurs les lettres de Mitterrutzner. Outre l'amende de 4 sous (ce qui pour moi n'a pas d'importance), la lettre est arrivée assez tard. Pas grave !


[1161]
Personne plus que moi n'a conscience de la douleur de votre éloignement momentané de l'Institut, et des graves désagréments que vous avez dû souffrir. Maintenant encore cela me semble un rêve et je ne peux pas me faire à l'idée de voir notre cher Institut (duquel on voulait moi aussi m'expulser) sans mon cher Recteur l'Abbé Bricolo.

Avec l'Evêque j'ai combiné un projet que j'ai proposé moi-même, avec lequel on aurait très bien pu résoudre les problèmes dans l'Institut pendant l'automne. L'Evêque l'a approuvé avec plaisir. Ainsi est tombée à l'eau l'idée peu appréciée dont l'Evêque m'avait fait part, d'accueillir 15 garçons et d'occuper ainsi celui qui avec honneur et à la satisfaction universelle régissait un si grand Institut.

Ce projet, étant donné la mort du Supérieur, a besoin de quelques modifications que nous ferons dès mon retour à Vérone. J'ai d'autres idées au cas où il ne serait pas possible de réaliser ce qu'on a projeté, mais je vous communiquerai tout de vive voix.

J'adore toujours les dispositions de la Providence, laquelle sait tirer toujours le bien du mal. Dieu sera avec nous.


[1162]
Lorsque je suis arrivé de Paris à Vérone, je suis resté pétrifié en entendant qu'un homme de si grande importance, comme le Recteur de l'Institut, dont l'abnégation sans limites consacrée par des sacrifices difficilement appréciables au point d'être identifié avec l'Institut même, s'était éloigné de l'Institut. Je ne peux pas encore avaler cette pilule. Je me suis retrouvé glacé en ne sachant pas à qui ouvrir mon cœur. Seul l'Abbé Francesco avait un cœur dans lequel je pouvais déposer mes pensées, sûr d'être compris. Je suis allé chez le vieux Supérieur et je lui ai dit que je ne lui demandais même pas pourquoi il voulait m'éloigner de l'Institut ; je lui ai demandé seulement, si sa volonté était celle là, de la mettre par écrit de la façon suivante : "Moi l'Abbé Nicola Mazza, je déclare que le prêtre Daniel Comboni, depuis 23 ans rattaché à mon Institut, n'en fait plus partie".


[1163]
Le Vieillard après quelques secondes, m'a sauté au cou et il m'a embrassé en me disant : "Tu es mon fils". Alors je lui ai exposé mon projet d'aller à Rome, puisqu'il savait déjà par une lettre que Mgr. Massaia lui avait écrite, que ce dernier, de concert avec le Nonce Apostolique de Paris Mgr Chigi, Archevêque de Mirra, m'avait chargé d'importantes affaires auprès du Pape. Le Cardinal Antonelli même, après avoir parlé avec l'Abbé Beltrame, m'a donné une lettre pour le Cardinal Barnabò dans laquelle il demandait pour notre Institut un Vicariat en Afrique Centrale. Et c'est ainsi que je suis venu à Rome en tant que fils de l'Institut, comme le Supérieur le déclara au Cardinal.


[1164]
Du reste, je ne sais pas comment, mon cher Abbé Francesco, vous avez pu avoir des doutes sur ma loyauté. Vous avez bien fait de les chasser comme une tentation. Même sans d'autres raisons, la seule gratitude aurait suffi pour confirmer mon ancienne affection pour mon Recteur. Quand vous irez à Vérone, demandez à l'Evêque, à nos amis et même aux ennemis, si je suis quelqu'un de facile à duper.


[1165]
Mon amitié pour les personnes chères est forte, éternelle, et ne peut être refroidie par les plus grands sacrifices. Au risque même du sacrifice de la réussite de mon Plan, jamais je ne pourrais perdre une étincelle de l'affection que j'éprouve pour vous, ni, non plus, être capable de démentir mes idées même devant les tribunaux de Néron.

Si j'ai tardé à écrire, c'était exprès, toujours dans le but de redonner à l'Institut une perle perdue. Je vous donnerai plus de détails de vive voix, car maintenant je n'ai pas le temps, et aussi parce que c'est inutile de les mettre par écrit.


[1166]
J'ai gardé pour l'Institut la même affection et le même dévouement. Je m'adresse à celui qui est témoin de ma constance.

J'aurais mille voies pour être heureux, et réaliser une grande carrière, alors même que j'en suis si indigne ; mais l'affection et la gratitude envers l'Institut me font mépriser tout le reste. Je ferai, donc, pour l'Institut, tout ce qui est possible à ma faiblesse, dans l'espoir que je pourrai faire du bien.

Je serai à Vérone vers la fin du mois pour attendre le Père Lodovico da Casoria que j'accompagnerai à Vienne en passant par Brixen.

Je souffre beaucoup de la crainte que de nombreux et bons jeunes de l'Institut ne soient expulsés. Mais peut-être que les dispositions du nouveau Supérieur Général et du Conseil, rendront plus parfaites certaines règles qui avant dépendaient uniquement du jugement d'un seul vieillard. Prions le Seigneur afin qu'il ajuste bien les choses.


[1167]
La deuxième fois que je suis allé chez le Saint-Père, j'ai demandé une bénédiction spéciale pour vous.

Je viens de recevoir à présent une lettre de mon cher ami parisien, le célèbre apologiste français Auguste Nicolas, qui est conseiller de l'œuvre de la Propagation de la Foi. Je lui ai rendu de bons services, entre autres il m'avait chargé de présenter à Pie IX son dernier ouvrage. En effet j'ai présenté une supplique au Saint-Père, dans laquelle en nommant tous les enfants de mon ami, je lui demandais sa bénédiction Apostolique. Ensuite en m'approchant du Saint-Père, toujours avec mon habituelle audace, je l'ai obligé à écrire de sa main quelques lignes signées de son nom, que le Pape a dédiées au grand homme.

Parmi ce que l'illustre écrivain m'a écrit, il y a aussi :


[1168]
"C'est un monument domestique qui doit être encadré et gardé dans le sanctuaire de la famille, comme garantie de grâce céleste. D'autant plus cher qu'il s'unit à la mémoire de notre Auguste (l'œuvre et la vie de son fils Auguste) qui en a été l'occasion et qui semble bien la consacrer. Laissez-moi ajouter que ce souvenir de votre bienveillante amitié à laquelle nous le devons, y restera toujours uni et il établira entre vous et nous un lien que le temps et l'espace, qui probablement nous sépareront, ne pourront que souder davantage, car il s'est formé au sein même de Dieu, par la main de Son auguste Vicaire. Il a établi entre les mérites de votre Apostolat et nos preuves, une société de grâces à laquelle nous sommes trop intéressés pour y être infidèles... Je vous remercie infiniment des précieux détails concernant la bonté du Saint-Père vis-à-vis de mon ouvrage et aussi des termes flatteurs avec lesquels vous avez composé votre supplique précédant la Bénédiction. Ils augmentent, pour ainsi dire, la valeur de celle-ci, parce qu'ils lui donnent une plus grande considération et y impriment un cachet personnel. C'est vrai que je suis loin de pouvoir les justifier, mais c'est à vous aussi, mon vénérable ami, qu'en incombe la responsabilité. Je les accepte comme un effet et un reflet de son inestimable bienveillance... Je vous serai reconnaissant pour toutes les nouvelles, concernant l'Afrique, que vous pourrez nous donner ; nous en avons presque le droit, parce que votre bonne amitié vous a inséré dans ma famille...".

A. Nicolas


[1169]
Ce grand homme est un des membres les plus actifs de la Propagation de la foi. Je suis sûr de recevoir de lui beaucoup de bien pour mon Plan, qu'il a jugé beau et pratique. Il m'a écrit quatre pages très belles, dont les paroles déjà citées ne sont qu'un petit échantillon.


[1170]
J'ai plein de choses à vous dire de vive voix, toutes belles, mais Dieu me demande des souffrances pour me donner d'immenses consolations.

Priez les Sacrés Cœurs pour moi. Saluez de ma part le cher Abbé Anatalone, dont j'ai aimé la lettre et à laquelle je ne réponds pas parce que je suis trop affaibli. J'ai dû aller deux fois à Naples. Je me suis baigné cette année deux fois à Nantes dans l'Océan Atlantique, quatre fois dans la Seine à Paris, une fois à Cologne dans le Rhin, deux fois à Genève dans le lac homonyme, deux fois à Naples, quatre à Ischia, deux fois à Porto d'Anzio, une fois à Tivoli, et plus d'une demi-douzaine à Rome. Je pense prendre encore deux bains à Venise.

Cela est positif, et je mentionne cette circonstance pour vous faire rire aux dépens du vagabond qui vous écrit. Saluez pour moi, à Trente, mon cher M. Riccabona.


[1171]
Cela fait 20 jours que j'étudie le portugais ; et mon enseignante est Son Altesse Royale Maria Assunta di Braganza, fille de l'ancien Roi du Portugal. Elle a la bonté et la patience de me recevoir quatre et même six heures par jour. Un grand bien résultera pour l'Afrique de cette précieuse connaissance. Cette jeune sainte de 32 ans, d'une rare piété et d'un cœur immense, est l'enfant gâtée du Pape, de Mgr. Antonelli et du Cardinal Patrizi, et son chambellan m'a dit que je suis le plus cher ami de cette vertueuse Princesse ; elle sera pour l'Europe un apôtre pour faire du bien à mon Plan. Cette chère amitié me donne beaucoup de consolation, et je trouve en elle un grand exemple de détachement du monde.



(Abbé Daniel)






157
Père Lodovico da Casoria
0
Rome
17. 8.1865

N° 157 (150) - AU PERE LODOVICO DA CASORIA

AFBR

Rome, le 17 août 1865

55, Rue du Mascherone

Mon bien-aimé Père Lodovico !


 

[1172]
Cela fait plus de dix jours que je vous ai envoyé une lettre, dont je suis anxieux de recevoir la réponse, que j'ai inutilement attendue jusqu'à présent.

Je vous en envoie encore une deuxième, en priant la bonté du Père Lodovico de me répondre tout de suite.

Le contenu de la première lettre concernait l'objet de nos entretiens de Naples et de Rome.

Je suis venu à Rome pour traiter de la division de l'Afrique Centrale. Entre vous, le Père Général et moi il me semblait qu'il y avait plein accord. Or, si je ne me trompe pas, il me semble qu'il ne m'a pas été expliqué clairement ce qui s'est décidé. Au Père Lodovico j'adresse une prière afin qu'il me dise quelles sont les décisions, et ce que je dois faire.

C'est à vous que j'ai communiqué avec naïveté et confiance, soit mes idées, soit la tâche qui m'a été confiée par mon défunt Supérieur, et ce que j'entends faire pour l'Afrique. Je vous ai dit qu'à Vérone il y a beaucoup de Missionnaires qui sont prêts à sauver nombre d'âmes en Afrique. Ils sont bien formés, zélés et désireux de se sacrifier pour mes chers Africains. Que dois-je faire ? Je vous prie de répondre à cela, car j'ai confiance dans les conseils et la charité du Père Lodovico, ainsi je vous prie de me répondre au sujet des points mentionnées dans ma dernière lettre.


[1173]
J'ai communiqué à Vienne notre intention de rendre visite ensemble au Comité, et je suis sûr que nous serons bien reçus. Dès votre réponse je me rendrai à Vérone pour vous attendre là-bas avec votre bon frère Bonaventura ; je suis heureux de vous dire que vous êtes attendu avec un grand plaisir, comme une bénédiction du ciel.


[1174]
J'ai communiqué aussi à Cologne, dès votre départ de Rome, ce sur quoi nous étions d'accord, ainsi que la vraie et réelle position de l'affaire à cette époque, en en réservant toutefois l'issue décisive à la décision des autorités compétentes.

A Cologne, on attend avec impatience la solution des choses comme nous en avons convenu.

Que Dieu nous fasse connaître toujours plus sa volonté que je désire accomplir en sacrifiant la mienne. Priez pour moi Saint François afin qu'il me donne un peu de son esprit ; et en vous demandant votre bénédiction, je vous prie de saluer de ma part le Père Bonaventura, nouvel apôtre de l'Afrique, le Frère Bonaventura, l'Abbé Francesco et tous les petits Africains.

Je me déclare avec toute ma vénération



votre fils affectionné

Abbé Daniel






158
Père Lodovico da Casoria
0
Rome
20. 8.1865

N° 158 (151) - AU PERE LODOVICO DA CASORIA

AFBR, "cart. Africa - Moretti"

Rome, le 20 août 1865

Mon cher et vénéré Père !


 

[1175]
Votre lettre du 13 dernier ne m'a pas apporté de réponse claire à mes deux précédentes lettres, et ne m'a pas apporté non plus la consolation dont je jouissais d'habitude en recevant votre courrier. Vous me dites en effet que si ma Congrégation veut assumer une Mission en Afrique, le Chef de la Congrégation même doit négocier directement avec Propaganda Fide, ou, à la limite, me donner les pouvoirs pour faire cela.


[1176]
J'ai l'impression que mon bon Père Lodovico doute que mon Institut veuille assumer une Mission en Afrique après tant de sang répandu et 16 ans de dures épreuves. En outre je vous répète par écrit ce que j'ai eu occasion de vous dire de vive voix :

1°. Mon Supérieur m'a donné les pouvoirs pour cette affaire, c'est-à-dire qu'il m'a donné une lettre pour le Cardinal Barnabò dans laquelle il demandait la Mission du Nil Oriental, en me chargeant de traiter cette affaire avec les personnes compétentes.

2°. Le Cardinal Barnabò, suite à cette lettre, m'a envoyé traiter avec le Père Général, lequel m'a donné une lettre qui m'a accompagné à Naples chez vous. Dans cette occasion nous avons convenu de la division.

Ensuite à Rome en présence du Cardinal et du Général nous fûmes réconfortés en voyant un accord aussi parfait. Sans parler de vos réactions qui me montraient cette union et accord plus intimes que jamais.

3°. La Sacrée Congrégation de Propaganda Fide, à laquelle revient le droit de former et approuver les Missions, par respect de l'Ordre Séraphique manifesta avec sagesse sa pensée. C'est-à-dire que la Mission de l'Afrique Centrale serait divisée de plein accord entre l'Institut Mazza et l'Ordre Franciscain. Moi donc, en tant que chargé de l'Institut Mazza, et vous-même en tant que chargé de l'Ordre Séraphique, nous devrions trouver un accord ; et cet accord c'est d'aller tous les deux en Egypte et à Scellal, et une fois la division faite, qu'on remettre le traité dans les mains du Père Général, lequel fera avec Propaganda Fide les démarches qu'il croira nécessaires jusqu'au moment où seront émis les deux Décrets Apostoliques pour l'érection des deux Missions.


[1177]
Après cela, pourquoi mon cher Père Lodovico veut-il nous envoyer, à nouveau, ou le chef de mon Institut, traiter avec Propaganda Fide ? Après votre départ pour Naples, je suis allé chez le Père Général pour prendre les ordres et son accord, et ensuite partir pour Vérone. Le Père m'a répondu : "Du moment que j'ai nommé mon plénipotentiaire le Père Lodovico, adressez-vous à lui" et à juste raison, parce que la position critique de vos grandes œuvres de Naples menacées par ces temps funestes, pourrait créer au moment du départ pour l'Afrique, ou pour d'autres motifs, quelque modification au sujet de ce que nous avons établi.


[1178]
Je vous écris donc en vous priant de me mettre par écrit ce qui a été établi, afin de pouvoir prouver cet accord vis-à-vis de mon Institut et vous attendre ainsi à Vérone ; et vous me répondez en me disant d'aller traiter à nouveau avec Propaganda Fide, tandis que les besoins de la mission africaine sont très urgents et réclament une immédiate coopération de toutes les forces existantes.


[1179]
Etant donné que je dois œuvrer positivement et en doutant aussi de moi-même qui, peut-être, n'ai pas compris le résultat de nos négociations, j'ai décidé d'aller chez le Cardinal Barnabò et je lui ai fait lire votre lettre. Son Eminence a lu la lettre d'un souffle, et puis il m'a dit : "Notre bon Père Lodovico montre qu'il n'a pas bien compris ce qui a été fait, parce que dans sa lettre il dit le contraire de ce qui a été établi, surtout en adressant votre Institut auprès de Propaganda Fide : pour cela répondez immédiatement et dites lui :

1°. Que moi-même ai parlé en présence du Père Lodovico et de vous-même.

Que les deux parties aillent sur les lieux, ou en Egypte, qu'elles fassent les divisions et qu'ensuite elles me les présentent. Moi-même ferai les démarches nécessaires avec Vienne et Vérone avant d'émettre les Décrets.

2°. Que j'ai parlé avec le Père Général et que nous nous sommes parfaitement mis d'accord sur ce sujet.

3°. Que j'ai vu que le Père Général, le Père Lodovico et vous-même, étiez parfaitement en accord.

4°. Qu'il faut que les deux parties se mettent d'accord en allant sur les lieux, et qu'en conséquence le Père Lodovico et vous fassiez ensuite ensemble un projet de division."


[1180]
C'est ainsi que Son Eminence m'a ordonné de vous écrire ; j'ai omis de vous rappeler l'histoire de la Mission à partir du Père Ryllo jusqu'à la fermeture de celle-ci sur décision de l'Ordre Séraphique en 1861. Nous connaissons par cœur cela et nous l'avons plusieurs fois écouté de la bouche de Son Eminence.

J'attends donc une lettre de votre part qui me dise quelque chose sur notre départ étant donné que le mois de septembre s'approche. Vers le 25 du mois je pars pour Vérone. Il est vraiment nécessaire, mon cher Père, que vous veniez avec moi à Vérone ; votre présence nous consolera tous de la douloureuse perte de notre Fondateur. Il est nécessaire aussi que vous veniez à Vienne, et que ces grands messieurs nous voient ensemble, surtout vous, dont la présence éclairera beaucoup de choses.

Ecrivez-moi donc. ensuite je vous enverrai l'itinéraire de Rome à Vérone que je préparerai au cours de cette semaine, car maintenant je n'ai pas l'horaire entre mes mains.


[1181]
Le Père Général vous mettra au courant d'une visite que vous devriez faire à une haute personnalité qui a demandé de vous connaître et qui désire vous rencontrer. C'est ce que m'a manifesté un de mes proches. Après, venez à Vérone et ensemble nous irons à Vienne et en Afrique.

Je compte beaucoup sur la présence du Père Lodovico pour une partie de l'exécution de son plan ; notre complet sacrifice pour le bien des Noirs sera agréé par Dieu.

Saluez de ma part le cher Abbé François, que j'aime bien, même si cette fois-ci il n'a pas écrit ce que j'attendais de lui, ou du moins pas à mon gré comme les autres fois, mais je l'aimerai toujours, car il aime vraiment l'Afrique.

Donnez votre paternelle bénédiction à votre



pauvre et affectionné fils

Abbé Daniel Comboni






159
Pio IX (requete de bened.)
1
Rome
30.8.1865

N° 159 (152) - A PIE IX

"Jahresbericht..." 13 (1865), pp. 6-7

Rome, le 30 août 1865

Requête de la Bénédiction Apostolique pour les membres de la Société de Cologne




 

160
Chanoine Giovanni C. Mitterrutzner
0
Vérone
18. 9.1865

N° 160 (153) - AU CHANOINE GIOVANNI MITTERRUTZNER

ACR, A, c. 15/62

Vérone, le 18 septembre 1865

Mon cher Professeur et ami !


 

[1182]
Je vous envoie le paquet de Mgr. Gassner et le rescrit ci-joint qui m'a été confié à l'Anima. J'ai fait expédier de Riva le colis avec les portraits etc. adressé au Révérend Giovanni Stippler chapelain de cour à Brixen. A cause des portraits j'ai eu plein de problèmes à Nunziatella et à Pontelago Scuro, jusqu'à me voir interdire de passer en Autriche. Laissé en liberté, à la fin, je suis revenu à Bologne et je suis rentré dans les Etats Autrichiens par Milan et Limone. Mais quel bonheur de souffrir des persécutions à cause de notre papisme. C'est un plaisir qui récompense de n'importe quelle souffrance.

J'ai avec moi la biographie de Mezzofanti.


[1183]
A cause de l'Evêque, j'ai trouvé l'Institut dans un état de découragement ; la décision était d'abandonner l'idée de la Mission, et c'est encore une attitude qui persiste. Mais cela n'est pas l'avis de Comboni. Dans quelques jours je vais écrire : mais je veux absolument convaincre le Supérieur l'Abbé Tomba et tous les autres d'accepter le Plan tel que l'Abbé Mazza l'avait voulu. Dans ce but il m'avait envoyé à Rome pour prendre en charge la Mission du Nil Oriental. Dieu merci, nous n'avons pas donné une définition formelle à Rome, avant que l'Institut et le Père Lodovico puissent se rendre sur place. Je reste, donc, sur la première idée. Bientôt je vous écrirai à propos de mon départ avec le Père Lodovico pour Vienne en passant par Brixen, et ensuite nous irons ensemble en Afrique pour implanter les Instituts projetés.


[1184]
J'ai une confiance illimitée dans les Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie. Priez-les chaleureusement et préparez les Africains à venir avec moi au Caire. Je suis plein d'occupations et je n'écris pas plus.


[1185]
Imprimez bien dans votre esprit que Comboni ne peut vivre que pour l'Afrique et pour ce qui a relation avec l'Afrique, je me recommande à votre protection, fraternité et amitié.

Il faut que les œuvres de Dieu soient en butte aux difficultés. Ainsi sont les adorables desseins de la Providence. Quelle joie si je souffre pour l'Afrique !

Le Plan sera réalisé, malgré tous les obstacles. J'ai confiance en vous. Nous ne sommes pas seuls dans la grande œuvre : il y a Dieu, la Vierge, et beaucoup de puissants mortels qui la veulent. Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ?

Mille pensées à l'Evêque, au patron de l'Africain et à mon cher ami Mitterrutzner.

Bien à vous,



Abbé Daniel