Comboni, en ce jour

Il participe au Caire (1869) à la réception offerte par François Joseph aux missionnaires.
De Quadro storico, 1880
Les Sociétés des saintes Missions Apostoliques et l’armée des hérauts du Christ qui ont pénétré avec la Croix et l'Evangile, là où ni l'épée, ni l'avidité de l'argent, ni le noble amour de la science n'ont pu se frayer un chemin.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
671
M.me A. H. De Villeneuve
0
Rome
31.12.1876
N° 671 (637) - A MADAME ANNA H. DE VILLENEUVE

AFV, Versailles



Vive Jésus, Marie et Joseph!

Rome, le 31 décembre 1876

47, Piazza del Gesù, 3° étage



Bien chère Madame,



[4385]
Je vous présente mes vœux les plus chaleureux pour une bien heureuse nouvelle année, ainsi qu'à mon cher Auguste, et à son épouse, et je désire que Dieu vous comble de bonheurs spirituels et temporels.

Avant tout, je vous demande mille fois pardon du long silence dont je suis coupable, mais qui n'est causé ni par l'ingratitude, ni par le manque d'amour ou de respect, car pas un jour ne s'est écoulé sans que je pense à vous et à vos deux enfants, et sans prier pour eux et pour vous.

Je n'aurais pas cru arriver jusqu'à ce moment sans vous écrire, car j'ai toujours conservé vos lettres, et celles qui me donnaient des nouvelles de vos familiers avec celles auxquelles je devais répondre.

Une tempête déchaînée m'a fait souffrir les douleurs de la mort, et mon esprit était tellement prostré que j'ai été sur le point de succomber; cette tempête déchaînée qui m'a fait subir les douleurs de la mort a été la cause de mon silence.


[4386]
Une foule d'ennemis, voulant s'emparer de mon Œuvre et de mon immense Vicariat, porta au Saint-Siège des accusations terribles contre moi, et une seule de ces accusations, si elle avait été vraie, aurait suffi pour me perdre à jamais.

Mais seule Rome possède la sagesse du Saint-Esprit, et c'est à la lumière de cette sagesse qu'elle rend justice à la vérité.

Après un examen de plus de six mois des deux parties, les Cardinaux se sont réunis en Congrégation Générale le 27 novembre, et après avoir tout pesé et examiné, ils ont prononcé la sentence qui a été soumise au jugement du Pape qui l'a confirmée le 10 décembre.


[4387]
La sentence a été un triomphe immense pour moi et la perdition totale et éternelle, ou plutôt pour toute la vie, de mes ennemis.

Ils ont été des brigands, bien que comblés de mes faveurs, et lorsqu'ils ont vu mon Œuvre croître, et mes onze établissements fondés en sept ans, pour s'emparer de mon Vicariat, ils ont essayé de me détruire par la calomnie, les intrigues, et ils se sont servis de musulmans, d'idolâtres, d'hérétiques, de mauvais catholiques, du Gouvernement turc, de personnes dévouées à Bismark, de francs-maçons et de libéraux; ils ont essayé de m'opprimer.

Or, j'ai pu résister et j'ai triomphé de tout. Mais Satan n'était pas content, il a incité mes ennemis à recourir au Saint-Siège, et l'autorité suprême de l'Eglise les a écrasés. Dieu soit loué!

Dieu n'abandonne pas ceux qui ont confiance en lui. Dieu et la Rome papale protègent toujours l'innocence et la justice.


[4388]
Je sais que vous êtes à Paris avec Monsieur Auguste et son épouse.

Moi, je vous retrouverai. Oh! Quel bonheur de vous voir avec Auguste et de connaître l'ange d'Auguste! Mais je ne peux pas savoir quand je viendrai en France parce que les affaires de Rome sont éternelles. Propaganda Fide s'est occupée jusqu'à présent de me débarrasser des énormes difficultés que j'avais eues en janvier et en février; je suis sûr qu'elle s'occupera du reste. Je crois que je pourrai me rendre à Paris au plus tard au mois de mai.


[4389]
Je sais que Mme Marie est devenue Baronne et que M. Sangiacomi a donné sa démission. Présentez mes respects à Madame, et saluez Urbanski de ma part. Nous sommes en 1877: je vous souhaite tout le bonheur possible car vous le méritez et vous y avez droit, étant une mère chrétienne incomparable.

Je vous serais très reconnaissant d'avoir de vos nouvelles. Sœur Catherine est toujours alitée, c'est un ange; elle vous envoie ses salutations les plus affectueuses. Elle n'est pas en bonne santé, mais elle dirige admirablement sa maison, et mon Supérieur le Cardinal Franchi en est fier.

Je suis dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie



votre bien affectionné

Daniel Comboni



P.S. Je vous prie de me donner des nouvelles de Madame la Duchesse de Valence, et son adresse.



Texte original français, corrigé.






672
Société de Cologne
0
1876
N° 672 (638) - A LA SOCIETE DE COLOGNE

"Jahresbericht..." 24 (1876), pp. 37-44



Rapport de 1876

sur l'état du Vicariat Apostolique

de l'Afrique Centrale 1875-1876





Monsieur le Président, Messieurs,



[4390]
Me retrouver parmi vous me remplit le cœur de consolation et d'une grande joie après avoir encouru d'immenses dangers, et après avoir fait face à tant d'adversités et de tribulations dans les régions torrides d'Afrique Centrale pour arborer sur des bases solides la bannière de la Foi chrétienne qui, dans votre ville de Cologne appelée la sainte, répand de façon très éclatante ses rayons lumineux sur les œuvres religieuses, dans la constance héroïque, la fidélité, l'abnégation et la charité admirable de ses Evêques, de son clergé zélé, et dans la conduite vraiment édifiante du bon peuple catholique.


[4391]
Après avoir laissé derrière moi l'Afrique Centrale avec ses immenses territoires où vivent les Noirs, et les pénibles voyages dans le désert, je suis heureux de pouvoir vous exprimer, à vous qui aimez tant ce pays, combien est profonde ma reconnaissance à votre égard, Messieurs, parce que vous avez été les premiers à m'offrir votre confiance magnanime et à me procurer des moyens pour commencer l'œuvre sainte de la régénération de la Nigrizia; à cette fin, après un long examen et en vue de l'activité du très estimé Comité de la " Société pour le secours des pauvres Africains ", le Saint-Siège m'a confié le Vicariat Apostolique de l'Afrique Centrale avec une population de 100 millions d'infidèles, Vicariat qui est depuis longtemps le plus vaste et le plus difficile de tous les Vicariats et diocèses du monde entier.


[4392]
Il faut rendre grâce à votre généreuse décision et à votre impulsion, si une entreprise aussi immense et sainte a pu être menée à bien pour la gloire de Dieu, et pour le salut des âmes les plus abandonnées et les plus malheureuses de l'univers entier.


[4393]
Vous vous rappelez encore quand je suis venu en 1865 à Cologne pour la seconde fois, j'étais encore loin d'avoir un quelconque secours humain; après que je vous aie exposé en toute humilité mon Plan et attendu votre sage jugement, votre clairvoyance trouva qu'il était possible de répandre la lumière de la Foi dans les régions de l'Afrique Centrale, mais seulement avec la méthode exposée dans mon Plan, fondé sur les idées des esprits les plus éclairés que j'aie connus.

C'était une époque où les avis sur la réalisation du Plan étaient encore très disparates, et les idées encore très obscures sur de nombreux points.

Suite à votre décision fort louable, vous m'avez accordé 5.000 francs par an pour la fondation d'un Institut sur les côtes d'Afrique pour former des personnes en mesure d'être utiles en Afrique Centrale.


[4394]
Ces 5.000 francs furent la première étincelle de cette charité enthousiaste, devenue ensuite un feu dans plusieurs pays, autant d'Europe que d'Amérique, pour promouvoir cette grande œuvre de la conversion des Africains.

Après avoir constaté les bons résultats de cette première fondation, résultats que j'ai obtenus en Afrique grâce votre aide, d'autres sociétés comme l'illustre Société de la Propagation de la Foi de Lyon et Paris, la méritante Présidence de la Société de Marie à Vienne fondée par le roi Ludovic 1er de Bavière et appelée Ludwigverein, ainsi que d'autres petites Sociétés de France et d'Allemagne, se sont empressées de me fournir des moyens pour étendre davantage ma grande œuvre en Afrique Centrale.

J'obtins également une aide considérable de la cour royale de Prague, de l'Empereur Ferdinand 1er et de l'Impératrice Marie-Anne, tout comme du défunt Duc de Modène, de la cour royale saxonne et de beaucoup de princes et de nobles familles d'Allemagne et d'Autriche.


[4395]
Comparez l'état du Vicariat en 1865 et son état actuel, et, à travers les nombreuses actions réalisées avec succès, vous serez convaincus que les résultats de votre Société pour le secours des pauvres Africains sont vraiment extraordinaires.


[4396]
En 1865, il n'existait en Europe aucun institut de formation de Missionnaires pour la conversion des Noirs en Afrique, et aucun Institut de Sœurs pour œuvrer dans le même but, mais un seul Institut pour enfants à Khartoum fondé par mon prédécesseur Monseigneur Knoblecher, sous la direction d'un seul Prêtre, le Père Fabiano Pfeifer, du Tyrol, et de quelques Pères franciscains.

Cette œuvre était soutenue par les dons de l'illustre Société de Marie, dons qui s'élevaient à environ 3 - 4.000 francs par an.


[4397]
Considérez donc les résultats de votre aide généreuse à la grande œuvre dont je veux vous donner une vision d'ensemble grâce à l'énumération suivante, et vous trouverez ces résultats remarquables:

1) Le Saint-Siège m'a confié la direction de cet immense Vicariat que l'on peut considérer comme l'apostolat le plus difficile du globe.

2) En 1867, j'ai réussi à fonder à Vérone un Institut pour les Missions de la Nigrizia, qui a aujourd'hui suffisamment de rentes pour subvenir normalement à ses propres besoins, et possède un bon nombre de candidats se préparant aux Missions d'Afrique.


[4398]
3) En 1872, j'ai fondé à Vérone l'Institut des Pieuses Mères de la Nigrizia où se préparent les Sœurs Missionnaires qui devront ensuite éduquer les jeunes filles noires dans les Instituts des pays africains. Cet Institut fonctionne déjà très bien à Vérone, et nous prêtera une aide de qualité pour la Nigrizia.


[4399]
4) En 1867, j'ai fondé en Egypte deux établissements consacrés à l'acclimatation et à la préparation aux Missions de l'Afrique Centrale: un pour les Missionnaires, l'autre pour l'Institut des Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition.


[4400]
Jusqu'à l'année dernière, j'ai dû payer 2.000 francs par an pour la location de ces maisons au Vieux Caire. Mais grâce à la protection bénévole de Comthurs Ceschini, agent diplomatique de Sa Majesté l'empereur François-Joseph et du Consul austro-hongrois en Egypte, nous avons récemment obtenu en don de Son Altesse le Khédive, dans le plus beau quartier du Grand Caire, un terrain d'une valeur de 43.000 francs pour y édifier nos établissements. La construction est maintenant si bien avancée que les Missionnaires et les Sœurs pourront s'y installer au mois de juillet.


[4401]
5) J'ai construit à Khartoum un grand édifice de 112 mètres de long pour les Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition, où se trouvent aussi l'école des jeunes filles noires, un asile pour les esclaves qui y cherchent refuge, et un autre pour les orphelines, un hôpital et une chapelle. Les Missionnaires de l'Institut africain de Vérone habitent dans la maison déjà construite là par Monseigneur Knoblecher, où les jeunes Noirs s'instruisent.

Celle-ci avait été abandonnée en 1871 avec les postes de la Sainte Croix et de Gondocoro sur le Fleuve Blanc, ainsi que Schellal en 1865. Mes deux Instituts ont un beau jardin, le plus grand et le plus beau de tout le Soudan, dont les cultures rapportent à la Mission chaque année plus de 1.000 thalers prussiens.

Ainsi Khartoum est la résidence du Pro-Vicaire, et on y trouve dans les meilleures conditions les édifices pour toutes ces œuvres chrétiennes de charité qui sont indispensables dans une paroisse.


[4402]
6) J'ai également fondé à El-Obeïd deux grandes maisons pour les Missionnaires et les Sœurs, avec une église paroissiale et une chapelle. Ici les constructions sont faites de terre et de sable, et elles résistent assez bien pendant la saison sèche.


[4403]
Mais étant donné que ces matériaux deviennent peu résistants pendant la saison des pluies (Kharif), nous nous tournons vers la charité de l'Allemagne et de toute l'Europe pour obtenir des moyens permettant de construire une église et des habitations en briques.

La Mission d'El-Obeïd est le point central de communication et de départ pour permettre l'entrée de la Foi chrétienne dans les tribus d'Afrique Centrale et dans la partie occidentale du Vicariat, et Khartoum est le point qui permet de s'avancer le plus vers l'Est pour prêcher la Foi parmi les tribus très dispersées du Fleuve Blanc et jusqu'à l'Equateur, au 12ème degré de Lat. Sud.


[4404]
7) L'an dernier, deux maisons ont été provisoirement érigées à Delen parmi les populations du Djebel Nouba, au Sud-Ouest du Cordofan, mais elles n'ont été construites qu'avec de la paille et des branchages, jusqu'à ce que nous ayons les moyens de pouvoir les construire plus solidement et sur un bon emplacement au centre du Djebel Nouba, peut-être au pied des montagnes Carco.


[4405]
8) J'ai aussi construit une solide bâtisse à Berber entre le 17ème et le 18ème degré de Lat. Nord, sur le bord du Nil, et par le Décret canonique du 1er avril 1875, je l'ai confiée à l'Ordre Camillien.


[4406]
La maison de Schellal, construite par mon très estimé prédécesseur Monseigneur Kirchner de Bamberg, actuellement curé de Sheslitz et membre du Parlement de Berlin, convient très bien aux Missionnaires et aux Sœurs qui viennent d'Egypte pour se rendre dans le Vicariat, elle sera rouverte quand le nombre des ouvriers évangéliques aura augmenté, et dès que la voie ferrée sera prête jusqu'à Khartoum.


[4407]
Toutes ces fondations considérables, Messieurs, ont vu le jour depuis que vous m'avez promis votre coopération extrêmement importante avec la délibération de 1865; tout ceci fut réalisé en huit ans, de 1867 à 1875, période pendant laquelle les conditions les plus défavorables me barrèrent la route et où je dus combattre contre d'innombrables obstacles, et contre les difficultés externes et internes, période pendant laquelle le bien dut subir mille contrariétés et où on aurait même voulu détruire l'Eglise de Dieu. Malgré cela, la main toute puissante de Dieu fut visible au-dessus de notre œuvre, et vous avez toutes les raisons de le reconnaître avec joie pour en recevoir des satisfactions bien mérités.


[4408]
Pour cela, puisque vos espoirs n'ont pas été déçus, ne cessez pas de secourir cette œuvre très sainte, redoublez de zèle, et procurez-nous de nouveaux bienfaiteurs parmi la population catholique de l'Allemagne, car les prières et les moyens fournis par ces derniers concourent à promouvoir la conversion de la Nigrizia, et ces bienfaiteurs se souviennent des paroles de Saint Augustin: "Qui a gagné une âme à Dieu, a prédestiné la sienne".

La bénédiction du ciel ne vous fera pas défaut, ni à vous, ni aux catholiques, dans la lutte qui s'est engagée entre le ciel et la terre, et votre courage sera à nouveau fortifié, et vous comprendrez que la cause de Dieu, par l'intermédiaire de sa grâce, célèbre encore et toujours de nouveaux triomphes.

Dans quelques mois, j'espère pouvoir vous envoyer un aperçu historique de la grande œuvre que vous protégez.



Daniel Comboni

Pro-Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale



Texte original allemand.






673
Prop. de la Foi, Lyon
1
1876
N° 673 (639) - A LA PROPAGATION DE LA FOI DE LYON

APLF (1876), Afrique Centrale 4 (116)

Fin 1876

Statistiques et notes administratives.



N.B.: Ce même document a été envoyé à la Propagation de la Foi de Paris.



674
Marquise d'Erceville
0
1876
N° 674 (641) - A LA MARQUISE D'ERCEVILLE

"Œuvres Apostoliques", Paris 1879, p.126





Madame la Présidente,



[4409]
Votre lettre de juillet m'a trouvé au milieu des populations du Djebel Nouba, où j'ai été témoin de la situation désolante des esclaves.

C'est ainsi que pour s'emparer de 50 esclaves, on en tue plus de 200. On leur passe une corde au cou, hommes et femmes, et c'est à pied que ces misérables voyagent pendant des mois jusqu'à ce qu'on les vende.

Après avoir gagné la capitale du Cordofan, j'ai voyagé plus de deux mois à partir de Souakin sur la Mer Rouge, et je suis arrivé au Caire d'où je partirai pour Rome. De là, je vous adresserai un Rapport sur le Vicariat, sur le grand bien que l'Œuvre Apostolique peut faire, et sur ce qu'elle a fait jusqu'à présent.



Daniel Comboni

Texte original français corrigé.




675
Prop. de la Foi, Lyon
1
Rome
1876
N° 675 (1163) - A LA PROPAGATION DE LA FOI DE LYON

"Les missions Catholiques" 371 (1876), p. 330



Rome 1876

Bref article.





676
Jean François des Garets
0
Rome
2. 1.1877
N° 676 (642) - A MONSIEUR J.-F. DES GARETS

APLF (1877), Afr. C., c. 1



Vive Jésus, Marie et Joseph!

Rome, le 2 janvier 1877



Monsieur le Président,



[4410]
J'ai bien reçu hier votre honorable lettre renfermant une lettre de change de 9.600 francs, et je vous en suis infiniment reconnaissant.

Je suis touché de voir que cette Œuvre divine de la Propagation de la Foi, guidée, comme l'Eglise catholique par la sagesse du Saint-Esprit, vient au secours des Missions étrangères deux fois par an, aux moments les plus opportuns, et lorsque les besoins des Missions l'exigent.

C'est la lumière de Dieu qui guide, avec une sagesse surhumaine, l'organisation admirable des Conseils Centraux. C'est Dieu même qui, pendant cette malheureuse et difficile période, fait prospérer cette Œuvre divine au milieu de tant de difficultés.


[4411]
Il est vrai que tout l'univers contribue à la prospérité de la Propagation de la Foi; mais sa prospérité est due surtout à la charité de la France, fille aînée de l'Eglise, qui propage les effets de sa charité et son zèle admirable dans tout l'univers. Elle ne périra jamais car, au milieu de tant de misères qui la frappent, il y tant de bien et de vertus qui surpassent le mal et les vices.

La destinée de la France se rattache à celle de l'Eglise sur laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront pas.

Pour les mérites de la Propagation de la Foi, la France vivra et sera bénie de Dieu, m'a dit un fils auguste de la France qui a la Foi et la vertu d'un saint.

Daignez agréer, Monsieur le Président, les hommages et la reconnaissance de



votre dévoué serviteur

Daniel Comboni

Pro-Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale

Texte original français, corrigé.




677
Père Camillo Guardi
0
Rome
5. 1.1877
N° 677 (643) - AU PERE CAMILLO GUARDI

AGCR, 1700/40



Vive Jésus, Marie et Joseph!

Rome, le 5 janvier 1877



Révérend Père Général,



[4412]
J'ai bien reçu ce matin votre chère lettre d'hier dans laquelle vous avez la bonté de m'informer que lors d'une réunion ayant eu lieu avant hier à Propaganda Fide entre le Cardinal Préfet, et Votre Paternité, en présence de Monseigneur le Secrétaire, il a été décidé que c'est vous qui rappelleriez tous vos religieux, sans exception aucune, et que c'était à moi de disposer et de consigner les fonds nécessaires pour le voyage de retour de tous.


[4413]
En me basant sur une expérience de 20 ans, et sur le compte-rendu du dernier voyage du Père Carcereri et de ses compagnons en 1874-1875, 1.500 francs en or sont plus que suffisants pour le retour de vos quatre confrères qui sont actuellement à Berber, c'est-à-dire les deux frères Carcereri Stanislao et Giovanni Battista, et les Pères Chiarelli et Bresciani, et je me hâte d'envoyer tout de suite cette somme en 75 napoléons-or par l'intermédiaire de mon Secrétaire l'Abbé Paolo Rossi qui se charge de mon courrier, en vous assurant en même temps, que si pour des circonstances extraordinaires et imprévues, cette somme n'était pas suffisante, je suis prêt à ordonner à mon représentant l'Abbé Bartolomeo Rolleri, Supérieur de mes Instituts d'Egypte, ami intime du Père Carcereri, de fournir aux Religieux susnommés parvenus au Caire, tout ce qui serait nécessaire en plus pour poursuivre confortablement leur voyage jusqu'à Rome ou Vérone.


[4414]
J'ai dit que les Pères susnommés sont bien quatre, et qu'ils sont les seuls de vos Religieux qui soient encore en Afrique, qui aient prononcé les quatre vœux solennels de votre illustre Ordre, comme il est exigé dans le premier Article de la Convention établie en août 1874; parce que comme vous le savez, des deux laïques qui étaient avec vos Religieux, le premier, Giuseppe Bergamaschi, s'est enfui il y a 10 mois de la maison Camillienne de Berber, et se trouve maintenant dans le petit couvent des bons Pères Franciscains au Caire, comme couturier et assistant-cuisinier. Le second, est le laïque Giacomo Rossi , âgé de 52 ans qui, après avoir été éloigné de l'hôpital de Mantoue suite à la suppression brutale de 1866, a été accueilli dans mes établissements de Vérone, et puis dans ceux d'Egypte et du Soudan, et que j'ai accepté l'an dernier, suite à la demande du Père Carcereri, au service de la Maison Camillienne.


[4415]
S'il est vrai que ce dernier a pris l'habit Camillien après mon départ de Berber l'an dernier, il n'est pas pour autant un Religieux ayant accompli le Noviciat et prononcé les vœux solennels de l'Ordre; je n'ai donc aucune obligation de pourvoir à son retour en Europe. Je serais cependant disposé à accepter que ledit laïque accompagne vos Religieux jusqu'au Caire à mes frais, pour les aider et les servir pendant le voyage dans le désert et sur le Nil. Mais, pour être franc, je dois vous dire par expérience que, ce laïque, loin d'être une véritable aide pour les quatre Pères, serait plutôt un gêne et un fardeau, comme vous pouvez le constater auprès du Père Franceschini, et les Pères seraient contraints de le servir.

S'il veut rester au Soudan, les Pères pourraient donc lui confier la maison et tout ce qu'elle contient comme propriété du Vicariat, parce que, sous ma direction, il a toujours été un homme assez fiable; et ceci jusqu'à ce que mes représentants arrivent à Berber de Khartoum ou du Caire.


[4416]
J'ai une grande confiance en votre sagesse, en votre expérience et en votre bonté qui feront que vous ordonnerez ou suggérerez au Père Carcereri de n'emporter avec lui en Europe que les objets qui sont la propriété des Religieux, et surtout pas les objets que je lui ai trop généreusement accordés ainsi qu'aux Religieux pour leur confort et une utilisation dans la Mission, ou qu'il se serait procurés dans la Mission, ou avec l'argent de la Mission, après mon accord explicite ou tacite. Je ne peux pas accorder toutes ces choses en toute conscience, car je dois défendre les justes intérêts de mon Vicariat.


[4417]
Je compte sur votre bonté, votre conscience, votre autorité, votre justice et votre charité, car je vous ai toujours estimé, et je vous apprécierai jusqu'à la mort, quoi que mes adversaires vous aient fait croire. Vous pourrez avoir tous ces éclaircissements par mon excellent Secrétaire susnommé, éclaircissements que vous désireriez à propos de nos affaires actuelles.


[4418]
Je souhaite de tout cœur que les Saintes Fêtes de l'Epiphanie vous soient très heureuses, je vous assure que nous prierons toujours le Dieu des miséricordes pour vous et pour tous les Religieux qui sont vos Fils, qui œuvrèrent sous la bannière de mon ardu et laborieux Vicariat, et j'ai le plaisir de me déclarer avec toute l'estime et le respect

votre très humble serviteur



Daniel Comboni

Pro-Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale






678
Chanoine Giovanni C. Mitterrutzner
0
Rome
8. 1.1877
N° 678 (644) - AU CHANOINE. GIOVANNI C. MITTERUTZNER

ACR, A, c. 15/69



Vive Jésus, Marie et Joseph!

Rome, le 8 janvier 1877



Cher ami,



[4419]
Une seule ligne. Dans la réunion tenue à la Sacrée Congrégation de Propaganda Fide, le 3 de ce mois entre l'Eminent Cardinal Préfet Franchi, Monseigneur le Secrétaire Agnozzi, et le Révérend Père Guardi Général des Camilliens, il a été décidé que le susnommé Révérend Général devait rappeler tous ses Religieux de Berber, sans exception.

Suite à une telle décision, j'ai donné l'ordre à mon Vicaire Général, le Chanoine Fiore de se rendre de Khartoum à Berber pour prendre en charge la maison Camillienne des mains du Révérend Père Carcereri, et de lui remettre 1.500 francs, pour qu'il rentre en Europe avec les trois autres religieux qui sont encore en Afrique. En même temps j'ai ordonné au Caire de préparer une nouvelle petite caravane de Missionnaires et de Sœurs pour aller à Berber et au Cordofan.


[4420]
Non seulement les Camilliens d'Afrique étaient contre moi, mais il y avait aussi un ennemi formidable qui présenta à la Sacrée Congrégation un éclatant réquisitoire contre moi: il s'agit du Père Guardi qui est le Général d'un Ordre (toujours puissant à Rome), consulteur de la Sainte Inquisition romaine et universelle, conseiller de la Sacrée Congrégation de la Discipline Régulière, conseiller de la Sacrée Congrégation pour les affaires ecclésiastiques extraordinaires, examinateur des Evêques, théologien examinateur des Concours des paroisses, examinateur apostolique du Clergé Romain et des Diocèses suburbicaires, très bien vu du Pape, des Cardinaux, et de toutes les Congrégations, septuagénaire, homme plein de mérites qui a fait un grand bien et qui est vraiment très estimé et vénérable.


[4421]
Et pourtant ce personnage important (par qui je suis déçu) à proclamé la guerre contre moi, il m'a déclaré coupable, etc., et pour ne pas avoir voulu m'écouter, il est tombé dans le trou qu'il avait creusé pour moi, et il a fait comme les fifres des montagnes, qui partaient pour jouer et qui se faisaient duper.

Je dois beaucoup remercier Dieu car il m'a éloigné d'un grand danger qui aurait dû entraîner ma perte.


[4422]
Dans cette affaire, l'extrême lenteur de la Sacrée Congrégation de Propaganda Fide est le signe d'une grande prudence et de charité.

On remarque que Propaganda Fide a décidé d'éloigner de l'Afrique non seulement les deux principaux responsables, mais aussi tout l'Ordre Camillien. Mais elle va très lentement, elle fait avaler une pilule à la fois, et graduellement.

Nous verrons comment elle fera pour faire avaler la pilule de mon sacre au Père Carcereri, qui a dit que "même s'il était sûr d'être condamné pour toute la vie par le Saint Office, il s'y soumettrait afin de pouvoir empêcher que Daniel Comboni soit Evêque ". Et pourtant la perspective que tout ceci arrive est là.


[4423]
Ces jours-ci, j'ai eu une communication épistolaire avec le Révérend Père Guardi; il est mordant, mais je le traite toujours avec gentillesse et générosité. Qu'il en soit ainsi. Je prierai toute la vie pour Carcereri et ses confrères, pour que Dieu bénisse toujours d'abord leurs âmes, et ensuite leurs affaires temporelles.

Le Père Franceschini est abattu et s'est repenti, mais il est trop tard.


[4424]
Si c'était moi qui avais prononcé la sentence, j'aurais pu la révoquer, mais la sentence a été prononcée après un long et mûr examen, et elle émane de la suprême autorité de l'Eglise: de la Sacrée Congrégation le 28 novembre et du Souverain Pontife Pie IX le 10 décembre. La suspendre ne dépend donc pas de moi. Que le Seigneur soit toujours béni.


[4425]
Maintenant il reste la troisième partie de la cinquième résolution, c'est-à-dire: dans le cas où tous les Camilliens se retireraient, comment Monseigneur Comboni organiserait le Vicariat avec ses seules forces de Vérone, sans l'aide (sic) des Camilliens.

Je ferai un bref Rapport sur cela, et j'espère qu'il sera présenté et que cela sera entièrement résolu à la Congrégation générale ce mois-ci ou en février prochain. Prions et attendons!


[4426]
J'ai enduré les angoisses et les douleurs de la mort; mais je remercie maintenant Dieu d'avoir subi l'injustice. Oh! Que Dieu est bon d'avoir montré presque une plus grande sagesse en façonnant la Croix que dans la création de l'univers.

Agréez les salutations et les vœux de bonne année de la part de votre ami



Daniel






679
Card. Alessandro Franchi
0
Rome
10. 1.1877
N° 679 (645) - AU CARDINAL ALESSANDRO FRANCHI

AP SC Afr. C., c. 8, ff. 470-471





Vive Jésus, Marie et Joseph!

Rome, le 10 janvier 1877



Eminent et Révérend Prince,



[4427]
Son Excellence Monseigneur le Secrétaire m'a communiqué dans sa lettre du 2 de ce mois les vénérables résolutions de la Congrégation Générale des Cardinaux du 27 novembre de l'an dernier que j'ai accueillies avec respect et dévotion, comme l'expression même de la volonté divine.

Je suis plein d'admiration en voyant aussi clairement comment la grande rectitude, la prudence, et la charité des Eminents Pères membres de cette Sacrée Congrégation, sont unies à la lumière divine de l'Esprit-Saint, dont la splendeur seule permet d'émettre les dispositions pondérées et très sages de ces Pères.


[4428]
Profondément convaincu de cette vérité, je peux assurer Votre Eminence que je mettrai tout en œuvre pour exécuter fidèlement et à la lettre, avec la grâce du Seigneur, ce que les Eminents Pères ont établi dans leur grande sagesse, pour que l'organisation de mon difficile et ardu Vicariat se déroule régulièrement, soit bien vue de Dieu et de la Sacrée Congrégation, et atteigne le très saint but du plus grand profit de millions d'infidèles, que le Saint-Siège a daigné me confier.


[4429]
Pareillement, le Révérend Père Guardi m'a écrit le 4 de ce mois une lettre dont la copie est (annexe A) ci-jointe, et dans laquelle il m'informait que lors d'une réunion tenue le 3 de ce mois au siège de Propaganda Fide entre Votre Eminence et lui, en présence aussi de Monseigneur le Secrétaire, il avait été décidé que Guardi devait rappeler tous ses religieux sans exception, et que c'était moi qui devrait fournir l'argent nécessaire et le leur remettre pour le voyage de retour.


[4430]
J'ai répondu tout de suite, le 5 de ce mois, à une telle proposition par une lettre, ci-jointe dans l'Annexe B, (cfr. N. 677) dans laquelle j'ai écrit au Révérend Père Général que pour les quatre religieux Camilliens qui sont encore dans le Vicariat, c'est-à-dire les deux frères Carcereri, et les Pères Chiarelli et Bresciani, 1.500 francs en or sont plus que suffisants pour leur retour en Europe; et je lui ai déclaré que si une telle somme n'était pas suffisante, je serais prêt à ordonner à mon représentant en Egypte de fournir tout le surplus qui serait nécessaire aux quatre Pères arrivés au Caire, pour continuer confortablement leur voyage jusqu'à Rome ou à Vérone.


[4431]
Le 6 de ce mois j'ai envoyé à cette fin mon excellent Secrétaire l'Abbé Paolo Rossi, avec 75 napoléons en or, pour les remettre au Révérend Père Guardi afin que ce dernier donne les dispositions opportunes et qu'il expédie l'argent nécessaire pour rappeler les quatre religieux susnommés.

Mais il ne crut pas opportun de recevoir cet argent, et il s'arrangea avec mon Secrétaire pour que j'envoie un de mes Missionnaires prendre en charge l'établissement de Berber et remettre aux quatre religieux l'argent pour leur retour.


[4432]
Après une telle convention, le soir du 6 de ce mois, profitant d'un bateau en départ de Brindisi, j'ai envoyé l'ordre à mon représentant Général du Vicariat, le chanoine Fiore, de prélever 1.500 francs-or dans ma caisse de Khartoum, de les apporter lui-même à Berber pour recevoir la consigne de cette mission des mains du Père Carcereri, et de lui remettre la somme indiquée ci-dessus pour le retour des religieux en Europe.


[4433]
J'ai ensuite ordonné au susnommé chanoine Fiore d'occuper la Mission de Berber, et d'y installer le Prêtre Gennaro Martini en tant que Supérieur; ce dernier, après avoir été en octobre et en novembre dans les provinces de Cadaref et de Ghalabat, est déjà dans la province de Taca pour secourir ces Catholiques que les Camilliens, comme c'était leur devoir, auraient dû visiter depuis longtemps, mais qu'ils n'ont jamais vus. Après avoir installé mes Prêtres dans la Mission de Berber, je leur ferai préparer une grande maison avec un jardin, qui est à ma disposition dans cette ville, pour y installer les Sœurs, ce que je ferai moi-même quand je serai de retour dans mon Vicariat.


[4434]
Je remercie de tout cœur la grande bonté de Votre Eminence qui a su, avec une admirable perspicacité et sagesse, si bien traiter conjointement avec Monseigneur le Secrétaire, les dernières négociations que j'ai dû mener avec l'Ordre Camillien. Vous avez ainsi épargné à ma faible personne des peines et des gênes non des moindres que j'aurais dû endurer, alors que j'aurais moi-même dû régler cette affaire avec le Révérend Père Général de l'Ordre susnommé.

J'ai l'honneur de vous renouveler l'expression de mon éternel dévouement, de ma reconnaissance et de mon entière et illimitée obéissance; je m'incline pour baiser votre Pourpre Sacrée , et je me dis avec le respect le plus profond



votre très humble, dévoué et obligé fils

Daniel Comboni

Pro-Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale






680
Card. Alessandro Franchi
1
Rome
10. 1.1877
N° 680 (646) - AU CARDINAL ALESSANDRO FRANCHI

AP SC Afr. C., v. 8, f. 476



Rome, le 10 janvier 1877

Demande de facilités pour le voyage.