N° 861; (818) - AU CARDINAL GIOVANNI SIMEONI
AP SC Afr. C., v. 8, pp. 961-968
N° 9
Roncegno (dans le Trentin), le 26 août 1879
Eminent et Révérend Prince,
Dans votre lettre N° 5 du 14, Votre Eminence me demandait de l'informer au sujet du Prêtre Carmino Loreto, et d'exposer les raisons pour lesquelles je l'ai suspendu a divinis, et vous m'invitiez à le dispenser du serment l'obligeant à servir la Mission.
Je ne l'ai pas suspendu a divinis, je ne lui ai jamais écrit après son départ volontaire et non autorisé de la Mission, et jamais il ne m'a écrit, jamais il ne m'a annoncé son arrivée à Naples, bien qu'il ait su que j'étais à Rome. Personne aussi ne m'a annoncé qu'il avait été suspendu a divinis, sauf Votre Eminence, et son père par une lettre.
Par contre, j'avais constaté pendant les 11 mois durant lesquels il a vécu sous mes yeux à Khartoum, que l'Abbé Carmino Loreto ne possédait aucune vertu apostolique ou sacerdotale, mais seulement un extraordinaire orgueil.
C'est un homme faux, calomniateur, hypocrite, envieux, égoïste, combinard, sans amour pour les pauvres infidèles. Après avoir été chassé de l'illustre Ordre Dominicain, il a réussi, par l'intermédiaire de Carcereri, à venir en Afrique pour se joindre à la Mission, non pas pour s'y consacrer pour toute la vie, mais pour extorquer l'Ordination, et pour rentrer ensuite chez lui. Il a quitté la mission bien qu'il ait été l'unique Missionnaire qui n'avait jamais eu de fièvre l'an dernier, et cette année, il n'est jamais tombé malade.
De plus, il n'a jamais accompli la tâche qui lui avait été confiée, qui était de veiller sur les jeunes et de le catéchiser (toutefois il m'a aidé avec une certaine diligence pour secourir les malades et dans les activités paroissiales; et à vrai dire, je dois le louer pour cela).Compte tenu de tout cela je me suis seulement limité à écrire, dans les termes suivants, au vénérable Monseigneur Salzano Archevêque d'Edessa à Naples, qui a toujours été un généreux bienfaiteur de ce Prêtre:
Ainsi implicitement je déclarais mon intention de le dispenser du serment l'obligeant à servir la Mission.
Maintenant pour rendre compte à Votre Eminence de la droiture et de la justesse de ma conduite (et je vous confesse qu'avant d'arriver à cette mesure, j'ai invoqué la lumière du Seigneur, et j'y ai réfléchi avec calme et pondération), je dois vous fournir certains renseignements, non seulement sur l'Abbé Carmino Loreto, mais aussi sur son compagnon et collègue l'Abbé Vincenzo Marzano.
Ces derniers, après avoir été ordonnés Prêtres par moi-même, avaient décidé d'abandonner la Mission, et de retourner dans leur patrie. Je sais cela grâce à une lettre de Marzano, qui était au Cordofan, écrite à l'Abbé Loreto à Khartoum, dans laquelle Marzano lui suggère de faire l'innocent et de me prier de le laisser partir pour quelques mois à Naples, où Marzano ne tarderait pas à le suivre.
Cette lettre autographe est tombée entre mes mains, je l'ai donc expédiée à Monseigneur Salzano à Naples. Le prudent et digne Monseigneur a fait sagement en sorte que Loreto soit suspendu a divinis, car ce dernier, sans tenir compte de ses conseils paternels, avait indûment abandonné la Mission et était retourné à Naples. Monseigneur a agi ainsi pour envoyer un avertissement à Marzano au Cordofan afin que, vu l'accueil assez froid que l'Ordinariat de Naples a réservé à son compagnon Loreto, il n'ait pas l'audace d'abandonner la Mission, mais qu'il reste au Cordofan. Voilà ce que le Vénérable Monseigneur Salsano m'avait dit vouloir faire, mais il ne m'avait pas encore informé qu'il l'avait déjà fait. En voici en bref l'histoire.
Les deux séminaristes, Loreto Carmino et Vincenzo Marzano de Naples, avaient donc été accueillis pour l'Afrique Centrale à Rome, en 1874, par le Père Stanislao Carcereri, un Camillien qui les a conduits lui-même dans le Vicariat, bien qu'ils n'aient pas encore fait leurs études théologiques; pour cela j'ai été obligé d'employer pendant trois ans et demi deux de mes meilleurs Missionnaires pour leur faire étudier la théologie.
Ni le Père Carcereri, ni les deux séminaristes, ni d'autres personnes ne m'avaient dit que ces deux Napolitains avaient déjà été profès Dominicains, et qu'ils avaient été chassés de cet Ordre par le Révérend Père Sanvito, alors Provincial, et actuellement Vicaire Général des Dominicains. C'est seulement en 1877 que j'ai su à Rome par ce même Sanvito qu'ils avaient été Dominicains. Je croyais qu'ils n'avaient été que novices de cet Ordre, alors que l'on m'a assuré dernièrement qu'ils avaient été profès, et renvoyés après leur Profession par le Révérend Père susnommé.
Pendant plus de deux ans, j'ai eu d'excellents rapports des Supérieurs sur leur conduite, mais j'ai toujours été réticent à les promouvoir même aux Ordres Mineurs, parce que le Père Sanvito m'avait conseillé d'y aller doucement et de ne pas être pressé de leur imposer les mains. J'ai toujours rejeté les prières des Supérieurs de Khartoum et du Cordofan qui me suppliaient de les ordonner, pour la raison aussi que l'Abbé Luigi Bonomi, mon actuel représentant à Khartoum, m'avait écrit (il avait été leur professeur de Dogmatique) qu'ils étaient hypocrites, faux, égoïstes et étrangers à toutes abnégations et mortifications qui sont si nécessaires en Afrique.
A mon retour à Khartoum en avril de l'an dernier, convaincu par les prières de quatre Supérieurs et par les larmes des grand séminaristes, ayant grandement besoin de bons ouvriers qui connaissent la langue, et entendu aussi le conseil de mon regretté administrateur Général l'Abbé Antonio Squaranti, je les ai ordonnés Prêtres: j'ai envoyé l'Abbé Marzano au Cordofan, et j'ai retenu avec moi à Khartoum l'Abbé Loreto; je l'ai donc parfaitement connu pendant les 11 mois durant lesquels il est resté sous mes yeux. Le jugement que je vous donne sur le prêtre Loreto est donc bien pondéré et sûr.
Je vous enverrai le reste demain, car le courrier part maintenant, et je n'ai pas assez de force pour écrire
Votre fils dévoué
+ Daniel Evêque
Après quelques temps, alors que la famine sévissait terriblement et que la mortalité menaçait, choses connues de Votre Eminence, je ne sais pas si c'est par peur, ou pour une autre raison, qu'il est inutile d'évoquer maintenant, que je me suis rendu compte de l'existence d'une mafia secrète parmi les prêtres et les laïcs napolitains membres de la Mission, qui se sont entendus pour abandonner le Vicariat et retourner en Europe, et ils ont même attiré dans leurs filets un habile artisan de la région italienne des Marches, qui était bon et heureux d'être dans ma Mission.
Le chef de la clique est bien vite parti, et quand il est arrivé chez lui, je l'ai définitivement renvoyé, même si, repenti, il me suppliait car il voulait revenir tout de suite. Celui-ci a été suivi par d'autres membres de cette mafia qui ont été poussés à abandonner la Mission surtout par l'Abbé Carmino Loreto; c'est ce que certains d'entre eux m'ont confessé à Khartoum, et dernièrement à Rome.
J'avais découvert depuis quatre mois les projets occultes de ces Napolitains, et je surveillais en permanence Loreto et Marzano, entre lesquels il y avait une intense et secrète correspondance, je m'attendais à ce que ces deux-là, bien qu'en excellente santé, viennent me voir avec un prétexte quelconque pour rentrer en Europe, selon le plan qu'ils avaient établi.
Et voilà que, parmi les lettres qui sont tombées entre mes mains par une divine disposition (dans une desquelles Marzano disait à Loreto qu'il fallait faire semblant, et qu'il ferait des bêtises, et des grandes, qu'il menacerait, et qu'après avoir fait ces grandes bêtises, en toute conscience, il pourrait s'écrier avec Job :
"je n'ai pas commis de pêchés dans tout cela!!!" J'ai cette lettre autographe à Vérone, et je suis prêt à la montrer), il y a la lettre, dont j'ai parlé plus haut, que j'ai envoyée à Monseigneur Salzano à Naples, dans laquelle, du Cordofan Marzano écrit à Loreto qui est à Khartoum : il lui dit de faire l'innocent, et de me supplier de lui donner la permission afin qu'il puisse pour quatre [........] s'absenter de la Mission pour aller à Naples. Et Marzano assure Loreto qu'il ne tarderait pas à le suivre.
L'Abbé Carmino Loreto, comme je m'y attendais, a envoyé quelqu'un pour me prier de lui permettre d'aller à Naples pour voir son vieux père; il m'a même écrit lui-même trois fois. J'y étais disposé, mais étant donné qu'il était de tous, celui qui était en meilleure santé, je lui ai répondu non, et je voulais qu'il attende la fin de la saison des pluies. Mais il a remué ciel et terre au point que mon paisible Vicaire Luigi Bonomi, considérant avec sagesse qu'il valait mieux que Loreto rentre chez lui, lui donna la permission et l'argent nécessaire et il retourna chez lui à Naples.
L'excellent Monseigneur Salzano qui a fait tant de bien pour ces deux prêtres, et qui souvent m'avait écrit pour que je sois comme leur père, et pour me remercier de les avoir ordonnés, a été très déçu quand il a su que Loreto sans tenir compte de ses conseils, était retourné à Naples. Monseigneur, de vive voix, m'approuva et me donna raison pour avoir décidé de renvoyer définitivement Loreto de la Mission.
Alors que le 6 juillet dernier j'étais à Naples, pour faire embarquer vers l'Egypte ma petite caravane, il m'a annoncé qu'il avait l'intention de faire suspendre a divinis Loreto par l'archevêque de Naples afin que Marzano reste au Cordofan; et qu'en voyant que son collègue avait été suspendu, il ne pense plus à suivre l'exemple de Loreto en rentrant lui aussi à Naples.
J'ai approuvé ce projet, et j'en ai même remercié Monseigneur Salzano, parce que l'Abbé Vincenzo Marzano, d'après l'avis de son Supérieur du Cordofan et de mon Vicaire, pourra peut-être faire du bien s'il est loin de son collègue Loreto et de la mafia napolitaine, qui maintenant n'existe plus ici; et peut-être (étant aidé en cela par son père) qu'il utilisera bien les talents et les qualités que Dieu lui a donnés. Mais il a d'énormes défauts, et nous verrons si nous réussirons à les corriger.
Monseigneur Salzano ne m'a rien écrit par la suite, mais d'après la lettre de Votre Eminence je déduis qu'il a mis à exécution son plan très sage et que j'approuve pour les raisons suivantes :
1°. Parce que Carmino Loreto a fait beaucoup de mal dans le Vicariat, et il mérite la suspension a divinis au moins pour un an; et si j'étais dans l'Ordinariat de Naples, j'obligerais l'Abbé Carmino à refaire ses études théologiques, et je le mettrais pendant quelques années sous la discipline du Séminaire, avant d'enlever la sanction canonique, parce que ceci est nécessaire pour qu'il devienne un Prêtre passable.
2°. Parce qu'avec cette mesure, on sauve peut-être son compagnon l'Abbé Marzano, qui pourrait être utile à l'Afrique.
Voici mon humble avis. Toutefois je soumets tout au vénérable discernement de Votre Eminence. Pour ce qui me concerne je vous déclare que je le dispense du serment l'obligeant à servir la Mission ; vous pourrez ainsi bénéficier du patrimoine que lui a assigné son bienfaiteur.
Je suis content de ne plus rien avoir à faire avec cet individu, auquel cependant je souhaite de tout mon cœur une bonne chance et toutes les bénédictions divines.
Du reste, j'ai de consolantes nouvelles venant du Vicariat, où règne une paix enviable; et bien qu'il y ait beaucoup de travail, tous les Missionnaires et les Sœurs de Vérone sont en bonne santé. J'espère que le Cœur de Jésus, après tant de souffrances, nous accordera de grandes consolations.
Je souhaite que ma cure thermale à Roncegno soit bénéfique, et me donne des forces pour retourner rapidement en Afrique Centrale.
Je retourne d'ici une semaine à Vérone dans mon Institut.
Pardonnez-moi, Eminence, pour la longueur de cette lettre, et bénissez votre
indigne et dévoué fils
+ Daniel Comboni, Evêque
et Vicaire Apostolique
N° 862; (819) - A MONSEIGNEUR PIETRO CAPRETTI
BAM, sez. manoscritti, Z 320 sup.
Vive Jésus, Marie et Joseph !
Roncegno (Trentin), le 27 août 1879
Très cher Abbé Pietro,
Par la poste, faites-moi le plaisir de me donner des nouvelles de la santé de l'ange du diocèse de Brescia, car j'ai su qu'il avait été malade, et peut-être l'est-il encore.
J'ai été terrassé par les fièvres à Rome, à Naples, et même à Pejo où je suis allé avec l'Evêque de Plaisance pour une cure thermale à Roncegno.
Ici, j'ai vraiment l'impression de tuer ma maladie contractée à cause des grandes fatigues africaines. Actuellement, en Afrique Centrale on est en bonne santé, plus qu'en Italie. Je reste ici encore un peu, parce que vu que j'y suis et que la cure me fait du bien, je veux la terminer comme il faut.
J'ai reçu ici votre lettre le 17 de ce mois. Vous avez donné une description exacte du candidat saxon Sebastian Albert. Oh ! C'est un plaisir de traiter de pareilles affaires avec vous, parce que vous êtes consciencieux, droit, et que vous connaissez l'esprit humain.
C'est pour cela que, sans hésiter, j'accepte votre Sebastian dans mon Institut; vous pouvez même l'envoyer à Vérone tout de suite, en l'adressant au Révérend Mainardi qui dirige mon Institut Africain.
Mais n'oubliez pas que j'espère que vous m'enverrez de nombreux autres élèves issus de votre Collège. Quand vous jugerez qu'un élève a une vraie vocation et les qualités nécessaires pour l'Afrique Centrale, n'hésitez pas et envoyez-le-moi, parce que j'ai entièrement confiance en vous et en votre jugement.
Pendant ce temps, je prierai toujours pour vous le Cœur de Jésus, Notre Dame du Sacré-Cœur et mon économe Joseph, à qui je demanderai avec insistance de m'envoyer aussi de l'argent à la mesure du grand bien que vous faites.
Mes respects aux Evêques, à Carminati; je bénis de tout cœur, un à un, non seulement les 213 élèves de votre Séminaire, mais aussi ceux qui y sont entrés après ma visite à Brescia.
Dans le Cœur de Jésus, je serai toujours
votre ami affectionné
+ Daniel Comboni, Evêque
et Vicaire Apostolique
N° 863; (820) - A MONSEIGNEUR PIETRO CAPRETTI
BAM, sez. manuscrits, Z 320 sup.
Roncegno, le 29 août 1879
Bref billet.
N° 864; (821) - AU CHANOINE G. C. MITTERRUTZNER
ACR, A, c. 15/81
Vive Jésus, Marie et Joseph !
Roncegno (Tyrol), le 29 août 1879
Très cher ami,
Je vous prie de bien vouloir m'envoyer de vos nouvelles ici à Roncegno où, après une consultation approfondie de trois médecins du Tyrol, j'ai été envoyé pour tuer les germes de mon mal à la rate, mal causé par les fièvres africaines, qui se sont manifestées avec virulence à Naples, à Rome, à Vérone, et même à Pejo sur les hautes montagnes de la vallée du Soleil, où je suis allé avec l'Evêque de Plaisance. Je croyais vraiment que mes maux étaient incurables à cause des immenses fatigues et des soucis. Mais quand je suis arrivé de Pejo à Rovereto, plus mort que vif, avec une fièvre provoquant 116 pulsations par minute, Monseigneur Strosio et mon compatriote le Professeur Bertanza (qui est ici avec moi et vous salue) ont appelé le vieux professeur Manfroni, qui m'a remis au professeur Goldwurn, et il m'ont ordonné de faire une cure à Roncegno, avec interdiction absolue de penser à quoi que ce soit, et de me faire du souci.
C'est pour cela qu'ils ont bloqué toute ma correspondance à Vérone. J'ai pris 19 bains, et j'en prendrai 11 autres. D'après l'effet qu'ils ont déjà produit, je crois que mes forces se reconstitueront pour pouvoir affronter pendant plusieurs années encore (je suis, quand même toujours prêt à mourir) l'apostolat le plus difficile et le plus laborieux de l'Afrique Centrale, qui tient tellement à cœur au Saint-Siège. Pendant 14 mois, parmi les autres tribulations, je n'ai jamais dormi une heure sur 24, je travaillais jour et nuit. Souvenez-vous de vos peines quand vous êtes parti de Rome en 1870.
Aujourd'hui j'ai désobéi, j'ai écrit en dépit de l'ordre des médecins, mais je me sens mieux. Je reste ici jusqu'à mercredi, puis j'irai à Vérone et à Limone.
Donnez-moi de vos nouvelles. A Khartoum (et dans toutes les Missions du Vicariat), il y a eu de grandes célébrations funèbres et une Messe chantée avec la participation des Consuls, de Hansal, pour le repos du regretté Vincenzo Evêque de Brixen. Je l'ai su grâce à une lettre de mon Vicaire l'Abbé Bonomi que j'ai reçue ce matin.
Vale et fave
dans le Cœur de Jésus
+ Daniel, Evêque
et Vicaire Apostolique
N° 865; (822) - AU CARDINAL GIOVANNI SIMEONI
AP Udienze, v. 193, P II, f.1676
Rome, le 16 septembre 1879
Demande d'autorisation.
N° 866;(823) - A LEON XIII
ASCCS, Q, Johannes N. Tschiderer, 21
Rome, le 19 septembre 1879
Bienheureux Père,
Si Dieu, toujours miséricordieux, en tout temps, veut bien se révéler dans ses saints, nous en avons la preuve, surtout quand pour l'Eglise il y a des temps difficiles à vivre. Si les ennemis de l'Eglise se sont toujours efforcés avec acharnement de la déraciner complètement, ou de la pousser dans les dangers les plus grands, c'est aussi sans aucun doute ce qui ce passe à l'époque où nous vivons, et ils le font de telle manière et avec une telle force, qu'elle peut à peine être sauvée par de nombreuses prières et une grande vigilance.
Cependant, le bras de Dieu n'a pas perdu sa force, et Dieu, comme nous l'avons déjà dit, a soutenu, a orné, a renforcé jusqu'à nos jours Son Epouse par sa miséricorde, et par des hommes emplis de la plus grande sainteté.
Parmi eux, sans doute, nous pouvons citer la splendide perle de l'épiscopat Giovanni Nepomuceno De Tschiderer qui, sorti de l'adolescence, enflammé par l'amour de Dieu et par le désir du salut des âmes, pour s'occuper plus parfaitement de leur salut, a décidé de se consacrer au service sacerdotal.
Après avoir accompli toujours avec profit des études philosophiques au Collège et des études théologiques à "l'Athenæo Œnipontano", il a été ordonné Prêtre.
Dès le début de son ministère sacerdotal, il a visé la perfection chrétienne avec un tel engagement qu'il était admiré de tous en devenant un exemple à imiter.
Avec une grande joie, et beaucoup de profit spirituel et intellectuel, les élèves du Séminaire de Trente l'ont eu comme professeur de Théologie, les paroisses de Sarni et de Merano l'ont eu comme pasteur; les chanoines de la cathédrale de Brixen l'ont eu comme collègue, et les fidèles du diocèse de Brixen l'ont eu comme Vicaire Général. Dans l'accomplissement de toutes ces tâches, il a conduit à la suite du Divin Pasteur les élèves, les camarades ou les enfants par l'exemple de ses vertus, et surtout de sa charité héroïque; et partout, il a recueilli de nombreux fruits.
Le Souverain Pontife Grégoire XVI, sachant tout cela, et puisque l'Eglise de Trente avait perdu en 1834 son Evêque, a pensé que Giovanni Nepomuceno était digne d'un tel ministère, et il l'a mis à la tête de cette Eglise.
En accomplissant une telle tâche, il ne changea pas la façon de vivre qu'il avait eue jusqu'à présent, mais il exerça les vertus chrétiennes avec un amour encore plus vif, à tel point qu'avec sa sobriété, il conquit les ennemis de la Religion.
Tout le monde a pu constater qu'il ne se décourageait pas dans l'adversité, qu'il ne s'exaltait pas pour le succès, mais qu'il était pieux, prudent, sobre et chaste.
Il s'était fait tout à tous et cherchait les moyens et les conseils avec lesquels il pouvait venir en aide aux pauvres. Quand il s'agissait du salut des âmes, il démontrait beaucoup plus de charité que ce que l'on peut dire ou penser.
Pour lui, il n'y avait rien de plus juste que d'aller plusieurs fois par jour supplier, ou vénérer Jésus suspendu sur la croix, ou caché sous les voiles sacramentaux. De plus, il était tellement transporté par l'amour envers la Mère de Dieu, que la Vierge, priée avec intensité, lui apparaissait fréquemment et le comblait volontiers de nombreuses grâces.
Pour ne rien dire d'autre, Giovanni Nepomuceno, cher à Dieu et aux hommes, plein de joie, a parcouru le chemin du Seigneur comme un géant jusqu'à ce que, à la fin de sa course, il ait vu et clôturé le dernier jour de sa très sainte vie par une bonne mort le 9 décembre 1860.
Tout le monde estime qu'il est parmi les habitants du ciel, et le proclame bienheureux.
Je joins mes humbles prières aux souhaits des autres pour l'introduction de la Cause de Béatification du Serviteur de Dieu Giovanni Nepomuceno, Evêque Prince de Trente, de la Congrégation du Très Saint Rédempteur.
Je vous prie intensément, Bienheureux Père, de bien vouloir accepter ces nombreuses supplications. Je plaide cette Cause, non seulement parce que je suis touché par ce qui se dit, qui est arrivé avant ou après sa mort, ou par ce que j'ai entendu dire sur sa sainteté, mais aussi parce que j'ai moi-même pu voir, estimer et admirer son incroyable amour et sa charité envers les pauvres.
De plus, j'ai eu l'immense honneur d'avoir reçu de ce saint Evêque le Sacrement de la Confirmation en 1839 et les Ordres Sacrés de Sous-Diaconat, du Diaconat et du Presbytérat au mois de décembre 1854; je me souviens de cela jusqu'à présent, et je m'en souviendrai toujours avec reconnaissance.
Je vous prie aussi très humblement d'accorder votre Bénédiction Apostolique aux Collèges et aux Instituts des Missions pour les Noirs, que j'ai fondés à Vérone et en Egypte, à tout le Vicariat Apostolique de l'Afrique Centrale que le Saint- Siège m'a confié, et à moi même.
De Votre Sainteté
l'obéissant, dévoué et humble serviteur et fils
+ Daniel Comboni
Evêque de Claudiopoli
Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale
Texte original latin.
N° 867; (824) - AU CARDINAL LUIGI DI CANOSSA
ACR, A, c. 14/100
Que Jésus et Marie soient loués!
Rome, le 21 septembre 1879
Eminent et Révérend Prince,
Dès que je suis arrivé à Rome, je me suis empressé de chercher à savoir à quel point se trouvait la Cause de Béatification de la Vénérable Marquise, et l'Office liturgique des Evêques de Vérone.
Quant à l'affaire des Chanoines, l'Eminent Bartolini est absent depuis deux mois, il est à Genzano. Monseigneur Caprara aussi est absent et il se trouve en Alvernia. Mais j'ai écrit en détail à l'Eminent Bartolini, en lui recommandant tout selon les instructions de Votre Eminence, et je suis certain qu'il s'en occupera.
La réponse concernant les chanoines dépend de lui.
Pour ce qui concerne la Cause, nous en sommes au même point qu'il y a sept mois. L'avocat Morani a accompli son travail depuis sept mois, et il l'a présenté au Sous-Promoteur de la Foi Monseigneur Caprara (Monseigneur Salvati est Promoteur, mais c'est comme s'il n'existait pas, c'est le pauvre Caprara qui fait tout; mais que cela reste entre nous!), qui doit répondre à plus de 50 Causes, et comme il doit étudier en profondeur chacune, il ne peut satisfaire tout le monde immédiatement. J'ai su en secret et je vous le dis en secret que Monseigneur Caprara a promis qu'après avoir terminé les interrogatoires sur les martyrs anglais et sur une vénérable Dominicaine, il s'occupera immédiatement de la Cause de la Marquise (il laisse en arrière d'autres Causes qu'il a depuis longtemps), c'est-à-dire qu'il fera les Interrogatoires sur les Vertus et sur les Miracles pour le procès apostolique. D'après ce qu'il dit, ce sera vite fait, puis il transmettra le dossier au Chancelier l'avocat Franceschetti pour la rédaction des lettres dimissoires à expédier à Votre Eminence, en tant que Délégué Apostolique. Tout pourra se faire d'ici le mois de novembre, je ne crois pas avant, car au mois d'octobre à Rome on ne travaille pas beaucoup.
Quant à l'Office liturgique des Evêques, le Père Tongiorgi a terminé son travail depuis un an environ, et maintenant tout est entre les mains du Père Calenzio (que je verrai ce soir) un Prêtre de l'Oratoire. Il habite dans le presbytère de Sainte Marie in Transtevere, et a promis de finir son travail le plus vite possible. Le Père Tongiorgi a promis de solliciter le Père Calenzio pour que tout soit fini rapidement.
Les Pères Tongiorgi et Calenzio donnent un avis très favorable à propos de l'Office des Saints Evêques de Vérone.
Il en va de même pour l'Office liturgique de Saint Zénon; il y aura seulement quelques changements suggérés par l'Eminent Bartolini, à propos de la deuxième lecture de l'Office de ce saint.
Enfin, l'avocat Morani, qui est aussi avocat de la Cause pour la Béatification et la Canonisation du défunt Prince Evêque de Trente Giovanni Nepomuceno De Tschiderer, prédécesseur de Monseigneur Riccabona, demande à Votre Eminence d'écrire une lettre de Postulation au Saint-Père à ce sujet.
Le Révérend Père Rizzoli, Général de la Congrégation du Précieux Sang est chargé de la Postulation. Moi qui avais été ordonné Sous-Diacre, Diacre et Prêtre par De Tschiderer, j'ai déjà écrit ma lettre de Postulation.
Demain, après le Consistoire public, je pars pour Corneto, Pise, Gênes et Turin, et je serai à Vérone dans quelques jours. Je vous recommande les Pères Stigmatins. J'embrasse, etc. ...
votre humble, dévoué et obéissant fils
+ Daniel, Evêque
et Vicaire Apostolique
N° 868; (825) - AU PERE BOETMAN S. J.
ASAT, Belgique
Vive Jésus, Marie et Joseph !
Vérone, Collège Africain,
le 4 octobre 1879
Mon bien Vénérable Père,
Je suis vraiment reconnaissant pour le bien que vous avez fait de mille façons à ma modeste
personne et à mon Œuvre, et surtout pour m'avoir donné trois bons sujets de votre Ecole Apostolique (j'ai bien connu, mon cher ami, le Révérend Père La Foresta). Il s'agit de Grieff, de Géraud et du petit Geniesse qui, je l'espère, grâce au Sacré-Cœur, réussiront à être de bons ouvriers de Jésus-Christ.
Mon cher Père, vous connaissez bien l'œuvre très pénible, difficile et très importante de l'apostolat de l'Afrique Centrale. Jésus-Christ est mort aussi pour les pauvres infidèles de l'Afrique Centrale, et nous réussirons, avec sa grâce divine, à les faire entrer dans le sein de l'Eglise. Mais pour y arriver, il faut de bons ouvriers apostoliques qui soient prêts et heureux de souffrir et de mourir pour Jésus, pour lui gagner des âmes.
Oh ! Quel bonheur de souffrir et endurer le martyre pour Jésus ! En Afrique Centrale, nous avons chaque jour quelque chose qui nous fait souffrir : les fièvres et les privations les plus pénibles pour accomplir notre devoir et sauver des âmes.
Et vous, mon cher Père, vous savez que la grâce de Jésus a gravé dans l'âme de ses enfants un désir bien ardent de la Croix.
C'est vrai, à cause de notre faiblesse, la Croix est dure, mais d'autre part la Croix est le chemin royal pour arriver à sauver les âmes. Je suis presque porté à croire que Jésus a montré davantage de sagesse, pour ainsi dire, en construisant la Croix qu'en créant le ciel et la terre. Il aurait pu prendre un carrosse pour nous conduire au ciel, mais dans sa sagesse, et par son talent, il a pensé qu'il valait mieux construire la Croix pour nous conduire au Paradis, et c'est à travers la Croix que les humbles ouvriers de l'Afrique Centrale réussiront à sauver les cent millions d'âmes qu'elle contient.
Or, vous qui inspirez si bien à vos élèves cet esprit de sacrifice, d'abnégation et d'amour pour la Croix, je m'adresse en toute confiance à votre grande bonté pour vous prier avec insistance d'accorder à ma Mission, si difficile et laborieuse, le plus grand nombre possible de vos élèves, qu'ils soient Prêtres, ou étudiants en théologie, ou en philosophie. Quand vous jugerez dans votre esprit et votre sagesse qu'un tel élève est bon pour mon Collège de Vérone ou pour mes Instituts d'acclimatation du Caire et pour mon Vicariat, sans attendre mon avis, mon accord ou celui de mes Supérieurs de Vérone, envoyez-le directement à Vérone, après en avoir avisé quelques jours auparavant le Supérieur de Vérone, ou bien Monsieur Grieff. Je serai indéfiniment reconnaissant. Votre avis me suffit.
En allant à Londres, j'avais décidé de vous rendre visite à Turnhout, mais les fièvres et les maladies qui m'ont assailli jusqu'à ce jour m'en ont empêché.
Une des nombreuses croix que j'ai endurées dernièrement en Afrique Centrale, c'est d'avoir passé 14 mois sans jamais pouvoir dormir une seule heure sur 24 de la nuit et du jour, mais cela n'est rien. J'espère pouvoir repartir pour l'Afrique Centrale au mois de novembre, et si je fais ce petit tour à Londres, je viendrai vous rendre visite à l'Ecole Apostolique.
Au Caire, nous avons la chance d'avoir les Pères Jésuites. A Rome, je viens de voir le Révérend Père Général Becks que j'avais vu au mois de juillet à Fiesole. C'est un miracle: âgé de 86 ans, il a l'esprit et la tête d'un saint qui en aurait 30!
Mon cher Père, priez et faites prier pour moi et pour l'Afrique Centrale ; je bénis de tout mon cœur vos chers élèves; je suis dans le Sacré-Cœur de Jésus
votre dévoué
+ Daniel Comboni
Evêque de Claudiopoli
Vicaire Apostolique d'Afrique Centrale
Texte original français, corrigé.
N° 869; (826) - A L'ABBE PIETRO MILESI
APT, Brescia
Vérone, le 5 octobre 1879
Mon cher Recteur,
Avec toutes les difficultés que j'ai, cela me faire grandement plaisir de faire la Dédicace de l'église samedi prochain le 11, et si c'est possible la Messe Pontificale le dimanche 12. En ce sens j'écris immédiatement à l'Abbé Giovanni pour qu'il se prépare.
C'est tout dire! Je suis en Europe depuis de si nombreux mois, et je n'ai même pas pu passer quelques jours dans mon village !
Que c'est dur de faire le métier de Supérieur! Mais pour servir le Seigneur, il faut porter la chaîne. Nous serons plus libres au Paradis.
En attendant, saluez tous mes parents et l'Abbé Luigi. Il est possible que je ne les rencontre pas tous à Limone, même à l'occasion d'une circonstance si extraordinaire !
Adieu.
Votre affectionné
+ Daniel Evêque
et Vicaire Apostolique
N° 870; (827) - A ROMOLO GESSI
? Asmara
Vérone, le 10 octobre 1879
Billet de recommandation.