Comboni, en ce jour

Dans une lettre à Elisabetta Girelli (1870) de Vérone l’on lit:
Nous sommes unis dans le Sacré-Cœur de Jésus sur la terre pour être unis ensuite au Paradis pour toujours. Il faut courir à grands pas sur les chemins de Dieu et de la sainteté, pour ne s'arrêter qu'au Paradis.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
891
Mgr. Joseph De Girardin
0
1879

N° 891; (848) - A MONSEIGNEUR JOSEPH DE GIRARDIN

"Annali Francescani" (1881), pp. 700-701

1879

[5870]

"...Mon voyage du Caire à Khartoum avec la grande caravane a été très long et pénible. Une grande partie de mes chameaux étant morte de faim et de soif parce qu'il avait très peu plu, il m'a été très difficile d'en trouver d'autres pour traverser le grand désert de l'Atmur avec mes Missionnaires.

J'ai été contraint de partager la caravane en deux, une pour le transport des personnes à travers l'Atmur, l'autre pour les provisions ; cette dernière est passée par les déserts du royaume de Dongola, et elle est arrivée à Khartoum 125 jours après le départ du Caire. La première, que je conduisais moi-même, est arrivée après un voyage de 77 jours. Nous avons avancé au rythme de 17 heures par jour, avec une température s'élevant à 58 degrés, et nous sommes arrivés plus morts que vifs.


[5871]

J'ai trouvé l'Afrique Centrale déserte, accablée par une terrible famine qui perdurait depuis 7 mois, qui sévissait de plus en plus et qui s'étendait partout.

Il n'y avait même pas de sel pour assaisonner la nourriture, et c'est une privation pire que ce que l'on peut imaginer. Le froment, qui coûtait auparavant 20 francs l'ardeb (sac de 90 kilos) s'achetait au prix de 360 francs. Pendant un certain temps on trouvait le blé local, mais le durra (blé noir), le dokhon (espèce de millet), et tout ce qui était de première nécessité coûtaient 50 à 60 fois plus cher que d'habitude.


[5872]

Dans le royaume du Cordofan, où nous avons maintenant trois établissements, il est difficile de trouver de l'eau, et de surcroît saumâtre et sale, et qui coûte 3 francs la bormah (mesure de 4 litres). Une Sœur et des orphelines devaient se lever à 4 heures du matin pour aller aux puits, parce que les nôtres étaient asséchés, et pour avoir de cette eau saumâtre, elles attendaient jusqu'à midi; cette eau servait pour faire la cuisine, pour boire et pour se laver. Laver le linge était impossible, l'eau dont on se servait pour se laver le visage était bue avidement. Il y avait des milliers de villages abandonnés; les gens mouraient de faim et de soif et tombaient comme des mouches, et je ne parlerai pas du bétail.

De plus, dans ces villages où les fièvres sévissent à tout moment, il y avait des maladies contagieuses et une fièvre foudroyante qui portaient les gens dans l'autre monde en une demi-heure. Pendant quatre mois, j'ai eu du mal à dormir une seule heure par jour.

Au milieu de tous ces désastres, de ces horreurs et ces calamités épouvantables qui opprimaient mon Vicariat, mes Missionnaires, mes Sœurs, les Frères coadjuteurs et les élèves ont été fauchés en grand nombre par la mort, et ceux qui étaient épargnés étaient aussi malades que moi !


[5873]

Mais les Œuvres du Seigneur, et surtout celle de l'apostolat, doivent naître et croître au pied du Calvaire, et leur histoire est résumée en deux mots: Croix et Martyre. La Croix est la route royale sur laquelle il faut passer si on veut parvenir au triomphe! On n'a jamais vu autant de morts. Parmi eux, il y a eu l'Abbé Antonio Squaranti, qui était mon Vicaire et Administrateur Général, et le bras droit de mon œuvre. Pendant une certaine période, j'ai été tout seul pour administrer les Sacrements, car tous les Missionnaires étaient morts ou moribonds.

J'étais à la fois Evêque, Curé, Vicaire, Supérieur, administrateur, médecin, chirurgien, infirmier, et jour et nuit j'assistais les malades.

Un jour, j'ai voulu acheter à prix d'or un peu de viande pour faire un bouillon, mais on n'en a pas trouvé. Au Cordofan, Sœur Arsène Le Floch (née en Bretagne), Supérieure des Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition de Marseille (un vrai ange de piété), était mourante, et elle désirait un peu de pain trempé dans de l'eau, mais il a été impossible de l'exaucer; finalement, nous en avons trouvé chez un négociant juif, mais la pauvre malade était déjà partie pour un monde meilleur."


+ Daniel Comboni


892
Rapport
0
1879

N° 892; (849) - RAPPORT SUR LA CONVERSION DE DEUX MAHOMETANS

"Annali del Buon Pastore" (1879), fascicule 18, pp. 10-14

1879

[5874]

Tout le monde sait combien la conversion des Mahométans est difficile. Des milliers et des milliers de Missionnaires travaillent en Orient depuis de nombreuses années. Les bien méritants Pères Franciscains s'épuisent en Palestine depuis plus de six siècles, et beaucoup d'entre eux ont subi le martyre.

Les Révérends Pères Lazaristes, les Capucins, les Jésuites, les Carmes ont des Missions florissantes et des Instituts avec de nombreux membres.

Parmi les Ordres féminins, il faut citer les Sœurs de Saint Vincent de Paul, de Saint Joseph de l'Apparition, les Sœurs de Nazareth, les Dames de Sion, les Franciscaines et autres Associations et Congrégations.

Il y a des Evêques, des Vicaires Apostoliques, des Délégués Patriarches, un grand nombre d'Evêques de rite Gréco-Catholique, des Arméniens, des Maronites, des Chaldéens, et beaucoup de Prêtres et de Frères Orientaux.

Jeder weiß, wie schwierig die Bekehrung von Muslimen ist. Im Orient haben Tausende von Missionaren jahrelang gearbeitet. Die hochverdienten Franziskanerpatres haben sich in Palästina mehr als 6 Jahrhunderte abgemüht und viele von ihnen große Leiden auf sich genommen. Lazzaristenpatres, Kapuziner, Jesuiten und Karmeliter haben dort blühende Missionen und gut besuchte Institutionen. Unter den weiblichen Orden verdienen Erwähnung die Schwestern des hl. Vinzenz von Paul, von der Erscheinung des hl. Josef, von Nazareth, die Sionsschwestern, die Franziskanerinnen und andere Vereine und Kongregationen. Es gibt dort Bischöfe, Apostolische Vikare und Delegaten von Patriarchen und eine Vielzahl von Bischöfen des griechisch-katholischen Ritus, Armenier, Maroniten, Chaldäer, Syrier und viele Priester und orientalische Ordensleute.


[5875]

Et pourtant, bien qu'il ait eu et qu'il ait encore un personnel si nombreux et une phalange de Missionnaires de tous les rites, la conversion d'un Mahométan est une chose très rare ! Passons outre. En Algérie, depuis que cette terre fut acquise en 1830 par la France, il y a un Archevêque avec des Evêques catholiques, un bon nombre de Missionnaires français, et de nombreuses communautés d'autres Ordres religieux.


[5876]

Et pourtant le Révérend Chanoine de la Cathédrale d'Alger, Monsieur Lebouf, me disait que pendant les 36 ans de sa mission en Algérie, où il a exercé la charge et les devoirs de Curé d'une paroisse, il n'avait pas vu une seule conversion au catholicisme parmi les disciples de Mahomet !

Mais nous, nous pouvons citer quelques conversions de ce genre, ici en Afrique Centrale, bien que ce soient des cas très rares. La conversion des deux mahométans, que j'ai moi-même baptisés dans l'église de Khartoum, et auxquels j'ai administré le sacrement de la Sainte Confirmation, est une œuvre mystérieuse de la grâce divine qui, par des chemins admirables, a appelé à la Foi deux personnes adultes. L'un, âgé de 22 ans, a reçu les noms d'Alfredo Salvatore lors de son Baptême; l'autre de 20 ans environ a reçu les noms de Pietro Giovanni.


[5877]

Mais le mérite de ces conversions ne me revient pas, et personne de mon Vicariat n'y a participé; c'est uniquement l'œuvre des bien méritants et Révérends Frères des Ecoles Chrétiennes du Grand Caire; peut-être n'ont-ils même pas conscience du bon exemple de leur vie très vertueuse. Mais ils le sauront par cet écrit, qui révèle l'identité de ces personnes, sur lesquelles ces bons religieux ont eu une influence si bénéfique.

Les deux jeunes dont je parle sont nés à Dongola, qui fait partie de mon Vicariat, leurs parents sont mahométans, et font le commerce des dattes entre le royaume de Dongola et Socoth, au Caire et à Alexandrie. Ces deux jeunes ont été éduqués selon les lois de Mahomet.


[5878]

Je ne saurais pas expliquer comment, ils ont été embauchés comme serviteurs dans le pensionnat par l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes, alors qu'ils étaient par hasard au Caire avec leurs parents. Ce qui est sûr, c'est qu'ils affirment m'avoir connu il y a quelques années, ils m'avaient servi à table quand j'avais rendu visite à ces Religieux, auprès desquels j'avais l'habitude de séjourner quand je me rendais du Vieux Caire au Nouveau Caire pour les affaires de mon Institut.


[5879]

Ces jeunes Mahométans, auxquels la Grâce divine s'est manifestée, ne pouvaient pas ignorer les bonnes impressions positives suscitées par une vie consacrée à la piété et à la prière, et vécue dans l'entente et dans l'amour constant envers les élèves. Ces deux jeunes gens voyaient tous les jours le mode de vie vertueux des Frères, la pureté de leurs mœurs, l'exercice constant de l'humilité, de la mansuétude, de la mortification et de la bienveillance. Ils se sont donc convaincus que c'est seulement dans la Religion de ces maîtres et de ces éducateurs si pieux qu'il est possible de trouver la pure vérité, et la force de la vertu.


[5880]

La Grâce de Jésus-Christ, qui leur a fait connaître l'appel à la vraie Foi, leur a aussi insufflé l'amour et l'enthousiasme envers celle-ci et elle leur a donné une ferme volonté pour accomplir ce qu'elle enseigne. Sans doute ont-ils dû se poser des questions et se dire entre eux : "Mais cette religion n'est-elle pas beaucoup plus belle, beaucoup plus sublime que celle du Coran ? Quelles différences avec les cris qu'habituellement on pousse dans nos mosquées !" non seulement pour ce qui concerne la musique, mais aussi dans les cérémonies, et dans toutes les formes extérieures du culte dans la chapelle des Frères.

Bien que touchés par la Grâce de Dieu, ils n'ont pas cependant osé obéir à Sa voix qui puissamment résonnait dans leur cœur, car l'Egypte n'avait pas évolué au point d'abolir des lois qui prévoyaient la peine de mort pour tout musulman qui devenait chrétien, ainsi que pour le Missionnaire qui tentait de convertir un musulman.


[5881]

Toutefois les deux jeunes hommes, qui dans leur travail étaient obéissants et se comportaient bien, s'efforcèrent d'apprendre quelques notions de la Religion Catholique, et d'apprendre par cœur de nombreux enseignements du catéchisme. Le bon exemple qu'ils avaient en permanence sous leurs yeux était pour eux comme le plus éloquent des sermons d'un Missionnaire.

Ainsi, quand ils sont arrivés chez moi, ils étaient déjà convertis à la Foi, et il ne me restait qu'à cultiver et faire grandir la bonne semence que les Frères du Caire, sans le savoir, avaient semée dans leurs cœurs. Après une période de mise à l'épreuve, je les ai solennellement baptisés dans l'église de Khartoum, le 1er mai en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie, pendant le mois qui lui est consacré. J'ai destiné Giovanni à la Mission du Cordofan et Alfredo à la Mission de Khartoum.

Les écoles florissantes sous la direction des dignes fils du Vénérable La Salle sont un des moyens les plus efficaces et les plus importants pour l'Apostolat de la Mission en Orient. Leur activité est un apostolat lent, silencieux, mais dont la réussite est plus sûre que partout ailleurs, étant donné qu'ils s'occupent de l'éducation des jeunes de toutes les sectes et de tous les rites. Les Frères préparent ainsi, petit à petit, la régénération chrétienne de tout l'Orient.


+ Daniel, Evêque de Claudiopoli


893
Carnet de nores personnelles
0
1879-1880

N° 893; (850) - CARNET DE NOTES PERSONNELLES

ACR, A, c. 18/29


Notes variées et correspondance.

894
M.me A. H. De Villeneuve
0
Vérone
04. 01 1880

N° 894; (851) - A MADAME ANNA H. DE VILLENEUVE

AFV, Versailles

Vérone, le 4 janvier 1880


Bien chère Madame,

[5882]

Je suis bien heureux d'apprendre par votre lettre que vous êtes rentrée à Paris avec vos chers enfants, et que vous n'avez pas souffert pendant le voyage.

J'ai été bien soucieux en pensant que vous aviez dû voyager du Finistère à la Seine pendant toutes ces journées dont les journaux parlaient avec frayeur à cause du froid à Paris et en Bretagne, mais, Dieu merci, vous allez bien.

J'espère qu'il ne s'écoulera pas beaucoup de temps avant que je monte à Paris. Je serai heureux de vous voir. J'ai beaucoup regretté la mort de Monseigneur l'Abbé Gaume ; il était une véritable lumière de l'Eglise universelle, et une étoile de la France catholique. En Italie, il a été regretté par tout de monde. Ici, il était populaire même parmi le peuple grâce à son célèbre ouvrage "Catéchisme de persévérance ", mais c'est surtout le clergé italien qui l'a pleuré.


[5883]

Dès que je pourrai (je n'ai pas encore pu le faire à cause de mes maladies), j'écrirai mon rapport à la nouvelle Présidente de l'Œuvre Apostolique; elle m'a écrit deux fois après la mort de la vénérable fondatrice, Mlle du Chesne, pour laquelle on a célébré dans toutes les Missions de l'Afrique Centrales des services funèbres avec de grandes Messes solennelles.

Je vous enverrai aussi la liste des articles nécessaires à ma Mission.

La défection de l'abbé Paolo, qui a complètement perdu l'esprit apostolique, et même la tête, m'a causé beaucoup de chagrin, et a fait du mal à la Mission.

Il n'avait pas du tout la capacité nécessaire pour diriger ou pour administrer. Comme je l'ai remplacé par quelqu'un d'autre plus capable que lui, pour réparer ses dégâts et pour tout remettre en place, il est parti sans me dire le moindre mot, et sans me dire qu'il partait, il a dit à ses amis : "Je n'irai jamais en Afrique. Ou on me laisse Supérieur des établissements à Vérone, ou bien je ne reviendrai plus !" Il n'a jamais obéi. Nous souffrions de la faim en Afrique, et bien que je lui aie écrit plusieurs fois de ne rien dépenser pour des constructions, il a fait bâtir pour une valeur de 20.000 francs, et il s'est même fait envoyer à Vérone l'argent qui était destiné à l'Afrique.


[5884]

L'Abbé Bouchard lui a apporté de Paris plus de 15.000 francs, qui étaient destinés à l'Afrique Centrale, mais il n'a jamais voulu me les envoyer.

Madame, je vous dis cela en confidence mais c'est la vérité. Il a dépensé tout cet argent pour mes maisons de Vérone, mais contre ma volonté. J'ai finalement remédié à tout. Mais sans un miracle de Saint Joseph, je serais ruiné à cause de l'Abbé Paolo. Cela est peu, mais patience !

Ces Croix montrent une fois de plus que l'Œuvre que j'ai fondée est l'Œuvre de Dieu, donc : "Ou la Nigrizia, ou la mort!"


[5885]

Je ne peux pas encore émettre un jugement sur Bouchard. Ses paroles sont belles. Il dit toujours qu'il veut se faire tuer pour l'affection qu'il porte à Monseigneur Comboni, mais lorsque je lui ordonne de faire quelque chose, si ce n'est pas à son gré, il ne la fait pas. S'il est avec moi, je suis sûr de le faire marcher, mais il ne se soumet pas si facilement aux autres Supérieurs.

Bref, il est américain, et il a une idée trop élevée de la liberté ; Saint Ignace de Loyola disait : "Suscipe, Domine, universam libertatem meam" (Seigneur prenez toute ma liberté).

Bouchard est parti du Caire le 22 Novembre, et j'espère qu'il arrivera à Khartoum avec 14 autres personnes a la mi-janvier. Je vous écrirai avec plus de précision à propos de ce Missionnaire lorsque je le verrai à l'œuvre.


[5886]

Je suis content que la bonne Anna soit tourmentée par mon argent.

Eh bien, dites à cette chère enfant qu'elle ait la bonté de le porter à la Société Générale, rue de la Provincia, et de se faire donner un chèque de la Société Générale (lettre de change), qu'elle me l'envoie ici et je me le ferai payer par mon banquier de Rome, Monsieur Brown et Fils, rue Condotti. Par l'intermédiaire de Brown, j'ai échangé plus de 100.000 francs avec la Société qui a des représentants dans le monde entier.


[5887]

Pourriez-vous m'indiquer, à Rennes, un Prêtre qui puisse me fournir des renseignements sur un certain Jules Simon, Chevalier de Saint Grégoire, ancien zouave pontifical, ancien relieur de livres, qui a combattu à Patay, et qui est entré parmi les Missionnaires d'Alger, puis à Tunis. Celui-ci avait de magnifiques lettres de recommandation, on m'a écrit de grands éloges à son sujet d'Arras..., et j'ai deux lettres des Supérieurs de Tunis et de Valenciennes. Il est parti avec Bouchard pour l'Afrique Centrale. A présent, on m'écrit qu'il est marié, qu'il a abandonné sa femme et ses enfants. Cependant les gens de Lille ne le connaissent pas sous cet angle, et ils l'ont pris pour un Religieux. Mais à Rennes, l'Evêque et les autres sont au courant de tout. Si cela est vrai, j'ordonne de le renvoyer chez lui, car les obligations envers sa famille passent avant tout.


[5888]

Donc, vous qui connaissez la capitale de la Bretagne, ayez la bonté de prendre des renseignements sur ce Monsieur Jules Simon qui, m'écrit-on, a trompé beaucoup de couvents.

Je vous souhaite, ainsi qu'à tous les vôtres, une bien heureuse année, et je serai toujours



votre affectionné

+ Daniel Evêque

Texte original français, corrigé.


895
M.me A. H., Augusto e Paulina De Villeneuve
0
Vérone
04. 01. 1880

N° 895; (852) - A MADAME ANNA H., ET PAULINE DE VILLENEUVE

AFV, Versailles

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Vérone, le 4 Janvier 1880



Mes bien chères Anna et Pauline,

[5889]

J'ai été bien heureux de recevoir votre lettre du 31 décembre, et de savoir que vous étiez arrivées à Paris. Après les nouvelles du froid terrible de Paris, je croyais que vous étiez encore bloquées à Prat-en-Raz avec Auguste et Madame de Villeneuve (où les assiégés sont cependant bien mieux placés qu'à l'époque du siège de Paris en 1871), et que le froid vous empêchait de rentrer à Paris.

J'espère donc vous revoir cet hiver.

Oh! Je n'aurais jamais cru, en 1878, pouvoir encore entrer dans la maison de Villeneuve et revoir Auguste, vous, et Madame, votre mère. Je croyais ne plus jamais revoir l'Europe. J'ai dit à Sa Sainteté Léon XIII que Job nageait dans les délices par rapport à moi, car j'ai beaucoup souffert.


[5890]

J'en porte aujourd'hui encore les conséquences dans mes os, et ma santé est faible. Mais je suis plus dur qu'un rocher, et je pousserai toujours mon cri de guerre : "Ou la Nigrizia, ou la Mort !" Je vous prie, Madame, de transmettre à Monsieur Auguste toute l'affection que je lui porte, et l'intérêt immense que j'ai envers lui, car il est bon. Je vous prie de présenter aussi mes hommages à Madame votre mère (A Paris, avec sa belle voix elle me chantera : "Oh ! ... j'aime mes bœufs..."). Beaucoup de bonnes choses aussi à mon estimable correspondante, votre sœur Anne. J'envoie mes vœux de prospérité et de bonheur à Monsieur Gaultier et à Mlle Jaury.

Dans l'espérance de vous revoir bientôt et d'embrasser mon bien cher ami Auguste, je suis toujours dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie



votre affectionné

+ Daniel Evêque

et Vicaire Apostolique


Texte original français, corrigé.


896
Père Giuseppe Sembianti
0
Vérone
05. 01. 1880

N° 896; (853) - AU PERE GIUSEPPE SEMBIANTI

ACR, A, c. 15/95

N° 2

Vérone, Institut Africain, le 5 janvier 1880



Mon très cher et Révérend Père,

[5891]

Le digne Curé de San Giorgio est venu me rendre visite aujourd'hui, et il m'a confirmé la bonne nouvelle : vous ferez les Exercices Spirituels après l'Epiphanie, et vous viendrez ensuite à Vérone. Maintenant, je veux faire une neuvaine à l'Enfant Jésus (qui ne vieillit jamais), à sa Maman, la Reine de la Nigrizia, et à mon cher économe Saint Joseph (qui ne meurt jamais, qui ne fait jamais banqueroute, et qui sait toujours très bien administrer avec beaucoup de sagesse, bref, c'est un parfait honnête homme). Je fais donc une neuvaine pour ces trois chers objets de notre amour afin d'obtenir la grâce, qu'avant le jour de la fête du Mariage de la bienheureuse Vierge Marie (le 29 janvier), le cher Père Sembianti soit installé dans ses importantes fonctions de Recteur des Instituts Africains de Vérone.

Saint Joseph, qui est le modèle des honnêtes hommes, ne m'a jamais refusé aucune grâce temporelle, et qui, uni à Jésus et à Marie, forme une sainte triade, ne me refusera certainement pas cette grâce spirituelle que je lui demande.


[5892]

Priez, pendant vos Exercices avec ferveur le Cœur de Jésus pour qu'il convertisse à la Foi nos cent millions d'infidèles chamites ; afin qu'aidés par les prières de tous les dignes enfants du Père Bertoni, nous puissions mener une âpre guerre contre le diable en Afrique Centrale, lui briser les cornes, le ruiner, le détruire pour y fonder et faire triompher le royaume du Christ.

Priez le Cœur de Jésus, spécialement aussi pour moi, parce que je suis, de tous les Evêques de l'univers, le plus isolé du monde (bien que je sois au milieu du monde). Je l'ai dit aussi à Rome. En Afrique Centrale, si je veux demander un conseil à un confrère Evêque le plus proche de ma résidence, je dois faire un voyager qui ne dure pas moins de deux mois... ! Mais certaines personnalités, saintes et éminentes m'ont répondu : "Ne craignez rien, Dieu sera toujours avec vous". Vous voyez que j'ai besoin de prières. Priez donc, et n'arrêtez pas.

Dans l'espoir de vous voir bientôt à Vérone, je me déclare dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie



votre affectionné dans le Seigneur

+Daniel, Evêque

et Vicaire Apostolique


897
Mgr. Geremia Bonomelli
0
Vérone
14. 01. 1880

N° 897; (854) - A MONSEIGNEUR GEREMIA BONOMELLI

BAM, Fondo Bonomelli, n. 50

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Vérone, Institut Africain,

le 14 janvier 1880



Excellence,

[5893]

L'autre jour, j'espérais vous rendre visite et passer une heure avec Votre Excellence, mon compatriote de Brescia et fils spirituel de Monseigneur Verzeri, un saint Evêque et digne Pasteur. Ce dernier, par son zèle et ses vertus, a renouvelé la vie spirituelle de notre cher diocèse de Brescia, il a fait progresser le clergé jusqu'à en faire un modèle d'esprit ecclésiastique et de discipline, et aussi de réel attachement au Saint-Siège et au Pape. J'espérais donc passer de Milan à Crémone pour vous présenter mes hommages, ainsi qu'à la pieuse comtesse Lily Vidoni Soranzo et sa noble famille, à laquelle je suis en d'excellents rapports depuis de nombreux lustres, mais un télégramme m'a appelé à Vérone.


[5894]

Cependant, j'espère passer bientôt à Crémone, quand je rentrerai de Sestri Levante, et je serai heureux de faire personnellement votre connaissance, et de recommander à vos ferventes oraisons la pauvre Nigrizia, et mon Vicariat qui est la Mission la plus vaste, la plus laborieuse et la plus difficile de l'univers.

En attendant, je vous prie de bien vouloir faire parvenir la lettre ci-jointe au Palais Vidoni, tandis que j'ai l'honneur de me déclarer dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie

votre dévoué, humble et véritable serviteur

+ Daniel, Evêque de Claudiopoli

Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale


898
Card. Giovanni Simeoni
0
Vérone
16. 01. 1880

N° 898; (855) - AU CARDINAL GIOVANNI SIMEONI

AP SC, Collegi d'Italia, ff. 1265-1266

N° 2

Vérone, Institut Africain,

le 16 janvier 1880


Eminent et Révérend Prince,

[5895]

La proposition que Votre Eminence a daigné me faire dans la lettre du 14 janvier, ne peut être accueillie par moi qu'avec la plus sincère dévotion et la plus profonde reconnaissance.

J'accepte donc volontiers le Prêtre Giuseppe O'Connor qui, si je ne me trompe pas, est Irlandais. Je ferai tout mon possible pour valoriser au mieux ses bonnes qualités au profit de l'apostolat de l'Afrique Centrale. Dès qu'il fera moins froid, il serait bon que le Révérend O'Connor vienne ici et s'établisse dans mon Institut Africain de Vérone, pour qu'il soit mieux connu de nous, et pour qu'il puisse commencer immédiatement l'étude de la langue arabe avec notre Professeur bien expérimenté et très dynamique qui vient de Syrie. Ici, l'Abbé trouvera des candidats qui parlent sa langue, et notamment l'anglais.


[5896]

En attendant, je prie Votre Eminence d'inviter l'Abbé O'Connor à se mettre directement en contact avec moi, et à m'écrire immédiatement quelques lignes à propos de sa vie, de ses études, du ministère accompli...


[5897]

J'espère que mon cher Econome Saint Joseph, après un examen approfondi, m'accordera la grâce de trouver un Recteur saint et expérimenté pour mes Instituts Africains de Vérone. L'Eminent Cardinal de Canossa, avec sa grande charité m'a aussi beaucoup aidé en cela.

L'établissement de Vérone, destiné à mettre à l'épreuve et à former à l'esprit de sacrifice et aux vertus apostoliques nécessaires aux ouvriers évangéliques de l'ardue et sainte Mission de l'Afrique Centrale, est de la plus haute importance. C'est la principale maison de Mission du Vicariat; c'est pour cela que j'ai consacré ici une grande partie de mon travail depuis quatre mois et j'espère avoir réparé les pertes subies dans les années 1878-1879 terribles et difficiles, pendant lesquelles ont été décimés les ouvriers de la vigne qui m'avait été confiée.

Je mets ma confiance dans le très doux Cœur de Jésus, puisque ni les temps si difficiles que nous vivons et qui réduisent le nombre des vocations, ni les calamités, ni la mort, ni aucun obstacle, ne pourront m'empêcher d'organiser et de renforcer mon Vicariat, pour lequel je suis prêt à donner cent fois ma vie afin de gagner ces peuples à la Foi en Jésus-Christ.


[5898]

J'espère que le candidat que Votre Eminence m'a proposé au mois de juin dernier, l'Abbé Geremia Properzi, Professeur de philosophie, me rendra de bons services pour l'Afrique Centrale. J'espère aussi que l'Abbé O'Connor en fera autant. Si Votre Eminence remarque d'autres candidats empreints d'un bon esprit et désirant souffrir par amour de Jésus et des âmes, vous me donnerez un surplus de vie si vous me les envoyez.

La première caractéristique du Missionnaire d'Afrique Centrale, est l'amour de la souffrance; parce que Jésus-Christ, qui avait un Cœur bon et de bonnes capacités, a décidé avec sagesse de construire la croix, et non le carrosse pour amener les âmes au ciel. Et il n'a pas fait d'exceptions même pour sa divine Mère qui est devenue la Reine des Martyrs, ni pour son Vicaire sur terre ou pour ses nobles bras, les Eminents Cardinaux; à tous et au Pape, Jésus a donné mille croix et épines dans le gouvernement de son Epouse immaculée.

Je m'incline pour embrasser votre Pourpre Sacrée, et je me déclare avec déférence

Votre humble et obéissant fils

+ Daniel Evêque

et Vicaire Apostolique


899
M.me A. H. De Villeneuve
0
Vérone
16. 01. 1880

N° 899; (856) - A MADAME ANNA H. DE VILLENEUVE

AFV, Versailles

Vérone, le 16 janvier 1880


Bien vénérable Madame

[5899]

Merci de votre chère lettre du 10 janvier. J'ai tout reçu de la banque de Vérone, tout est en ordre. Merci de votre charité.

Je viens d'aller à Milan, à Côme, à Gênes et à Sestri Levante où je dois revenir pour quelques jours.

Je suis heureux d'entendre que vos chers enfants se portent bien, tout comme Mme Tanquerel. A mon arrivée à Paris, nous lui ferons chanter : "Oh ! mes bien-aimés bœufs...". Ici, il fait très froid, et c'est sûrement un climat très dur pour un pauvre diable qui a supporté, en Afrique Centrale, une chaleur s'élevant à 60 degrés.


[5900]

En attendant, présentez mes affectueux respects à mon cher Auguste, à Mme Paule, à Mlle Anne et à Madame de Tanquerel, tandis que je suis pour toute la vie

votre dévoué

+ Daniel Comboni


P.-S. Monseigneur Massaia a été libéré et envoyé en exil par le roi despote d'Abyssinie. Il viendra peut-être en Europe. Serait-il possible de l'amener dîner chez vous une prochaine fois ? C'est un saint !

Avez-vous fait des recherches à Rennes pour découvrir le secret du nommé Jules Simon ? Priez pour moi.

Texte original français, corrigé.


900
Clerc Rosa Francesco
0
Vérone
25. 01. 1880

N° 900; (857) - AU CLERC ROSA FRANCESCO

APCV, 817/13

Vérone, le 25 janvier 1880

 

Lettre dimissoire.