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N° Ecrit
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Date
421
Règles de l'lnstitut
0
1871

N° 421 (394) - REGLES DE L'INSTITUT

DES MISSIONS POUR LA NIGRIZIA

BCV, MCXIV

Nota bene : Pour le texte des Règles, nous utilisons ici la traduction de Sœur Marie-Anne et l'édition critique proposée par Arnaldo Baritussio (Daniel Comboni, Textes Fondateurs. Le Plan - le Postulat - les Règles de l'Institut. Présentés par A. Baritussio - P. Chiocchetta - A. Gilli. (Bibliotheca Comboniana - Rome) 1990, pp.182-205.

Pour faciliter dans le texte le repérage des passages exclusivement comboniens et celui des variantes ajoutées, on a utilisé les caractères graphiques suivants :

Caractères d'imprimerie gras : Passages exclusivement comboniens.

Caractères d'imprimerie ordinaires : Passages transcrits " quant au sens "

Caractères en italique : Passages transcrits " à la lettre"

REGLES

DE L'INSTITUT DES MISSIONS

pour la

NIGRIZIA



Abbé Daniel Comboni Missionnaire Apostolique

Préface


 

[2640]
Les Règles d'un Institut dont le but est de former des Apôtres pour des nations infidèles si l'on veut qu'elles soient durables, doivent reposer sur des principes généraux. Trop détaillées, elles risqueraient d'être, tôt ou tard, en raison de la nécessité ou d'un désir de changement quelconque, minées dans leur fondement même, se transformant en un carcan désagréable et un lourd fardeau, pour celui qui aurait à les mettre en pratique.


[2641]
En outre, étant donné que le champ où le candidat va déployer son action est vaste et démesuré, celui-ci ne saurait être réduit à des tâches bien déterminées, comme cela se passe dans les Ordres Religieux.

Ce sont toujours ces principes généraux qui doivent modeler son esprit et son cœur en sorte qu'il sache s'auto-déterminer, en les appliquant avec perspicacité et jugement en fonction des temps, lieux et circonstances très variés où sa vocation le place.


[2642]
Afin d'atteindre le but que se propose le nouvel Institut des Missions pour " l'Afrique", que l'on n'établisse que les principes fondamentaux, qui en constituent le vrai caractère et qui servent aux candidats comme normes de jugement, avec pleine uniformité et avec une égalité d'esprit et de conduite extérieure telle qu'elles les fassent reconnaître comme les membres d'une même famille.


[2643]
Les Règles ici esquissées, d'une part, procèdent de la nature même de l'humble Institut auquel elles sont destinées ; d'autre part, elles sont le fruit de profondes réflexions, de longues études, de consultations soignées faites en pleine connaissance de cause ; toutefois, puisque l'on est devant une mission importante et tout à fait nouvelle et spéciale, il conviendra d'en attendre les résultats concrets dans l'avenir d'après l'expérience.


[2644]
Entre-temps, elles sont soumises au jugement très clairvoyant du Souverain Pontife et de la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide.

Bien que ces Règles n'obligent pas en elles-mêmes à l'obéissance sous peine de péché même véniel, il est cependant certain qu'un esprit humble, aimant sincèrement sa vocation et désirant être généreux avec son Dieu, les observera avec beaucoup d'amour en y voyant le chemin que lui trace la Providence, et la manifestation de la volonté divine sur lui.

Sûr donc des récompenses qu'il obtiendra pour l'autre vie à les observer, grâce à un travail de reniement et de mort à lui-même - qu'il en voie ou non le bien-fondé - il ne songera pas le moins du monde à s'y soustraire ou à les mépriser.


[2645]
Qu'il plaise au Seigneur de bénir ces Règles et de les rendre fécondes au cœur de ses fils bien-aimés par l'exercice et le mérite des vertus qu'Il préfère. Qu'Il les y enracine aussi de manière qu'elles deviennent leur guide, en tout temps et en tout lieu.



Chapitre I.



Nature et but de l'Institut




[2646]
L'Institut, c'est à dire le Collège des Missions pour la Nigrizia est une association d'Ecclésiastiques et de Frères coadjuteurs, qui sans les liens des vœux religieux, sans renoncement à la propriété personnelle, sans profession obligatoire de quelques règles particulières, mais toujours sous la dépendance absolue des Supérieurs légitimes, se consacrent à la conversion de l'Afrique, des Noirs en particulier, qui gisent encore dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort.


[2647]
Le but de cet Institut demeure bien à l'intérieur des tâches proprement sacerdotales ; à savoir : l'accomplissement de l'ordre donné par le Christ à ses apôtres de prêcher l'Evangile à toutes les nations ; c'est donc la continuation du ministère apostolique grâce auquel le monde entier a eu part aux bénéfices ineffables du Christianisme, son objet privilégié est la régénération des peuples noirs qui sont les plus démunis et les plus délaissés de l'univers.


[2648]
Cet Institut devient donc comme un petit cénacle d'Apôtres pour l'Afrique, un point lumineux qui envoie en direction du centre de la Nigrizia autant de rayons qu'il compte de missionnaires zélés et vertueux qui sortent de son sein ; ces rayons qui brillent et qui réchauffent à la fois, manifestent nécessairement la nature du Centre d'où ils sont issus.


[2649]
L'Institut est consacré au Sacré-Cœur de Jésus sous la protection de la Bienheureuse Vierge Immaculée, de son époux très pur, le Patriarche Saint Joseph, de Saint Michel Archange, des Saints Rois Mages, des Saints Apôtres Pierre et Paul, de Saint François-Xavier, du Bienheureux Pierre Claver, de la Bienheureuse M. Alacoque et de tous les Martyrs et Saints de l'Afrique.



Chapitre II



Organisation de l'Institut




[2650]
L'Institut, de par sa nature, dépend en premier lieu et est entièrement subordonné au Souverain Pontife et à la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide. C'est à l'autorité suprême du Saint-Siège qu'il revient uniquement de modifier d'une manière substantielle ou de changer en tout et pour tout l'organisation et les Règles de l'Institut.


[2651]
Le Supérieur immédiat de l'Institut est l'Evêque de Vérone qui est représenté par un Recteur choisi ordinairement parmi les Missionnaires mêmes, membres de l'Institut Fondamental et déjà expérimentés dans l'exercice de l'Apostolat Africain.

L'Evêque de Vérone est aidé dans ses fonctions par un corps qu'il préside, composé d'ecclésiastiques et de séculiers les plus clairvoyants et les plus distingués de son Diocèse. Ce corps a pour titre "Conseil Central de l'Œuvre pour la Régénération de la Nigrizia".


[2652]
Le Recteur de l'Institut est nommé en dernière instance par l'Evêque de Vérone après avoir demandé l'avis du Chef des Missions d'Afrique confiées au Collège, et avec l'accord du Cardinal Préfet Général de Propaganda Fide.


[2653]
L'Evêque de Vérone ou le Recteur du Collège devra, tous les cinq ans, présenter à la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide, un rapport fidèle sur la situation générale de l'Institut en tout ce qui le concerne.

A l'Evêque de Vérone reviennent le pouvoir et l'autorité nécessaires pour recevoir comme aspirants des ecclésiastiques et des séculiers. Aucun ecclésiastique ne sera admis à l'Institut sans un document écrit attestant l'accord de son propre Ordinaire et sans avoir obtenu sa bénédiction.


[2654]
De même ne sera admis à l'Institut aucun ecclésiastique ou séculier, qui ne soit jugé prêt à se consacrer tout entier, jusqu'à la mort à l'œuvre de la Régénération de la Nigrizia, et qui ne soit fermement résolu à mourir à sa propre volonté et à professer une obéissance parfaite aux Supérieurs légitimes.


[2655]
Est réellement consacré à la Régénération de la Nigrizia tant celui qui travaille comme maître de spiritualité, ou comme professeur des matières théologiques ou scientifiques au Collège de Vérone, ou qui collabore de quelque manière dans l'Institut aux Œuvres préparatoires d'Europe destinées à former des missionnaires pour l'Afrique, que celui qui est consacré immédiatement à la conversion des Infidèles en Afrique. De ce fait l'Evêque de Vérone tiendra compte de la vocation particulière ou des attraits du candidat pour le destiner soit aux œuvres de l'Institut Fondamental de Vérone, soit aux Instituts ou Missions de l'Afrique.


[2656]
Aucun ecclésiastique ou séculier ne pourra être admis à l'Institut qui ne jouisse à bon droit du crédit public et d'une bonne réputation et qui n'ait encouru aucune condamnation infamante.

On n'admettra qu'avec une extrême difficulté et seulement dans le cas d'une utilité évidente pour l'Institut, une personne qui aurait appartenu à un Ordre quelconque où à une Congrégation Religieuse.


[2657]
Le temps de probation du candidat oscille entre un ou trois ans. Mais étant donné que les aspirants ont été choisis parmi les sujets les plus vertueux, c'est au jugement et à la conscience de l'Evêque qu'il revient de raccourcir le temps de probation d'un candidat dans l'Institut pour le destiner aux Instituts érigés sur les côtes d'Afrique ; ceux-ci sont organisés de manière à constituer autant de maisons de probation et d'apprentissage pour vérifier ses aptitudes et porter à maturation cette vocation spéciale pour les difficiles Missions de l'Afrique Centrale.


[2658]
Il revient à l'Evêque de Vérone de juger de façon définitive si un candidat est apte à l'Œuvre dont s'occupe l'Institut, il lui revient également de fixer l'époque du départ de celui-ci pour les Instituts d'Afrique.


[2659]
Est considéré comme membre effectif de l'Institut Fondamental celui qui, après un temps déterminé de probation, persiste dans la décision ferme de se consacrer durant toute sa vie au service de l'Œuvre pour la Régénération de la Nigrizia.


[2660]
Il est de la compétence de l'Evêque de Vérone de déclarer membre effectif de l'Institut fondamental celui qui s'est consacré depuis deux ans et totalement aux Œuvres du Collège de Vérone sans aspirer aux Missions d'Afrique.


[2661]
Un sujet déjà envoyé en Afrique ne devient membre effectif de l'Institut Fondamental qu'après un an ou deux de permanence dans les Instituts ou dans les missions de l'Afrique.

En ce qui concerne son aptitude à l'Institut Fondamental l'appréciation appartient au Supérieur des Missions d'Afrique qui devra envoyer un document spécifique au Collège de Vérone afin qu'il soit entériné par l'Evêque.


[2662]
Quand un candidat est déclaré membre effectif de l'Institut Fondamental, soit par l'Evêque de Vérone pour ceux qui se sont consacrés à l'Œuvre en Europe, soit par le Chef des Missions d'Afrique pour ceux qui se sont consacrés à l'Œuvre en Afrique, il devient fils de l'Institut Fondamental, qui le prend en charge pour toute son existence.



Chapitre III



De ceux qui cessent d'être membres de l'Institut Fondamental.




[2663]
Si quelqu'un cesse d'être membre de l'Institut, il faut considérer si cette détermination a lieu au Collège de Vérone ou bien dans les Instituts d'Afrique ; il faut aussi considérer s'il se retire de sa propre volonté, ou bien s'il est exclu pour des justes motifs.


[2664]
Si un membre de l'Institut de Vérone croit avoir de bonnes raisons de se retirer, il les communiquera sans tarder au Recteur, qui les examinera de concert avec les autres membres du Collège.

Si les raisons ont été jugées valables, et s'il persiste, pendant un an à vouloir quitter l'Institut, il soumettra l'affaire à l'Evêque de Vérone. Celui-ci, après avoir employé les moyens qu'il estime opportuns pour bien juger, accordera l'exeat à celui qui l'a demandé.

Ce missionnaire cessera pour toujours d'être membre de l'Institut, sans jamais pouvoir y être admis de nouveau à quelque titre que ce soit.


[2665]
Si un membre de l'Institut, en raison de sa mauvaise conduite, se rend indigne d'y rester, le Recteur consulte les autres membres, puis soumet le cas à l'Evêque de Vérone. Celui-ci agira selon son jugement et sa conscience, soit pour mettre à l'épreuve le délinquant, soit pour le renvoyer immédiatement et pour toujours du Collège.


[2666]
Quant aux membres de l'Institut Fondamental déjà missionnaires en Afrique, il faut remarquer ceci : bien que le sacrifice qu'ils ont fait d'eux-mêmes depuis leur formation apostolique à Vérone, ait été de sa nature total et irrévocable, et ait supposé une volonté prête à subir toutes les épreuves, tous les dangers et même la mort la plus cruelle, cependant il n'est pas rare qu'un Missionnaire, après avoir beaucoup œuvré pour la gloire de Dieu et le salut des pauvres Africains, se trouve réduit à un tel épuisement de corps et d'esprit, qu'il ait absolument besoin de repos.

Il pourrait aussi arriver que, malgré toutes les précautions prises par l'Institut, une personne se soit trompée dans le choix de sa vocation de sorte que sa présence serait un poids plutôt qu'une aide pour les Missions d'Afrique.


[2667]
D'autres importantes raisons pourraient imposer le retour en Europe. Dans tous ces cas il faut être attentif à ce qui suit :

La nécessité ou la convenance du retour d'un missionnaire dans sa patrie est à remettre entièrement au jugement du Supérieur. Il lui appartient aussi, après avoir prié Dieu, de décider, sans appel, si les missionnaires qui doivent rentrer ont perdu ou non le droit à l'assistance de l'Institut.

Le manque d'esprit de sacrifice, reconnu chez Untel par le Supérieur, peut être tenu pour démérite.

Voici la manière dont l'Institut procédera dans les cas de retour en Europe.


[2668]
1°. Il est certain que l'Institut Fondamental a besoin de missionnaires expérimentés qui lui communiquent les lumières que seule l'expérience peut fournir pour l'instruction des candidats et pour coopérer de quelque façon que ce soit à cette Œuvre sainte. Un sujet qui, par défaut de santé, ou pour d'autres justes motifs ne pourrait pas continuer à exercer son Ministère Apostolique, retournera dans l'Institut Fondamental, demeurant toujours membre effectif de celui-ci, sous les ordres des Supérieurs.


[2669]
2°. Quant au Missionnaire qui rentre en Europe avec l'accord du Supérieur et qui n'est plus membre de l'Institut soit par un choix personnel, soit par une décision de l'Institut, la Direction le recommandera à son ancien Ordinaire, pour qu'on lui fournisse les moyens d'exercer, s'il le peut, son ministère dans sa patrie.


[2670]
Si un missionnaire membre de l'Institut Fondamental se rendait indigne d'y rester à cause de sa mauvaise conduite ou pour d'autres raisons, il sera exclu pour toujours de la Mission ; et s'il n'a pas d'argent pour payer son voyage de retour en Europe, le Supérieur y pourvoira, mais après avoir obtenu du coupable une lettre d'obligation en bonne et due forme, par laquelle il s'engage à restituer, dans l'année, au Recteur de l'Institut de Vérone, la somme qui lui a été accordée pour son retour en Europe.



Chapitre IV



Autorité de l'Institut sur les Missions

et sur les Missionnaires d'Afrique.




[2671]
Les rapports que les membres d'un même corps ont entre eux sont les mêmes qui existent entre l'Institut Fondamental de Vérone et les Instituts et les Missions d'Afrique qui lui sont confiés.


[2672]
L'Institut Fondamental de Vérone est le centre de la correspondance des Instituts et Missions d'Afrique, c'est le lien qui les unit, le fondement qui les soutient, le siège légal et permanent, qui s'occupe, vis à vis du Saint-Siège et de l'Europe des intérêts généraux et particuliers des Missions d'Afrique et des Missionnaires qui y travaillent.

Le Supérieur de la Mission d'Afrique, après avoir été nommé par le Saint-Siège, pour la tâche difficile de gouverner cette Mission, fera connaître à la direction de l'Institut Fondamental de Vérone, dans le plus bref délai et avec le maximum de discrétion possible, le nom des missionnaires qu'il juge, en conscience, les plus capables de lui succéder dans son office, s'il venait à mourir.

Il demandera en secret l'avis des membres les plus expérimentés de la Mission En proposant, dans ce but, un ou plusieurs noms, il faudra avoir égard davantage aux vertus et aux capacités des candidats qu'à leur degré d'ancienneté.


[2673]
La Direction de l'Institut Fondamental gardera le secret le plus scrupuleux sur tout ce que le Supérieur des Missions Africaines aura jugé utile et opportun de communiquer au sujet de ces missionnaires, et elle ne communiquera ces informations qu'à la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide, pour se conformer à l'avis du Supérieur de la Mission et des autres Supérieurs d'Afrique, pour faire nommer (par le Saint-Siège) comme successeur, autant que possible, un des candidats désignés par ces derniers.


[2674]
Les Supérieurs des Instituts et Missions d'Afrique tiendront la direction de l'Institut Fondamental de Vérone au courant de la conduite et des espoirs donnés par chaque missionnaire et de la marche de toutes les œuvres des Missions qui sont confiées à l'Institut.


[2675]
Le Supérieur des Missions en Afrique communiquera à l'Institut Fondamental le Règlement de chaque Institut de ses Missions ainsi que toutes les innovations qui auraient été suggérées par l'expérience pratique sur le terrain, pour que cela serve de règle de conduite au Recteur pour préparer les candidats à l'Apostolat en Afrique.


[2676]
L'Institut Fondamental se chargera aussi, dans la mesure du possible, des intérêts matériels des élèves du Collège pendant leur ministère en Afrique. Bien que l'Institut ne doive jamais assumer l'administration ni la procure de ces intérêts, néanmoins si l'intéressé le désire, il peut faire en sorte que le Procurateur, ou l'Administrateur juridiquement mandaté puisse laisser à son tour à la Direction de l'Institut le droit et les moyens de surveiller et faciliter la bonne marche de l'administration.



Chapitre V



La Mission interne de l'Institut




[2677]
L'Institut reçoit en son sein, sous un règlement défini et convenable à ses propres finalités, des Prêtres, et des étudiants en Théologie aptes au ministère Apostolique, et aussi des laïcs de piété et d'aptitudes éprouvées, principalement pour en faire des Frères coadjuteurs, des catéchistes, des instituteurs, et des maîtres d'arts et métiers utiles et nécessaires à la Nigrizia.

Donc il incombe à l'Institut la mission de :

1. vérifier soigneusement la vocation des candidats pour la Nigrizia ;

2. cultiver les dispositions de ses élèves, requises pour bien répondre à une vocation si sublime.

Toutes les Règles et les disciplines de l'Institut sont orientées en fait en fonction de cette très importante mission.



Chapitre VI



La probation de la Vocation.




[2678]
La première et la plus importante mission de l'Institut est le bon choix des ouvriers destinés au travail apostolique en Afrique. De cela dépend sa bonne mise en marche, ainsi que sa prospérité et sa durée. Là se situe donc son plus grand intérêt, unis à celui de tous les missionnaires et des âmes qui leur seront confiées. L'Evêque de Vérone en conséquence, le Recteur et tous ceux qui ont part à leurs sollicitudes dans l'Institut et en dehors de celui-ci, prendront très au sérieux et avec le plus grand zèle possible la charge très importante d'éprouver la vocation.


[2679]
Cette probation se fait à deux moments :

1. Quand un sujet demande à être admis dans l'Institut.

2. Quand le candidat a déjà été accepté, pendant son séjour dans l 'Institut.



Chapitre VII



Principes généraux à suivre

quand un sujet demande son admission dans l'Institut




[2680]
Celui qui désire intensément suivre Jésus-Christ dans l'exercice de la vie apostolique et aspire à s'agréger à l'Institut des Missions pour la Nigrizia doit, tout d'abord manifester son désir à l'Evêque de Vérone ou à son Représentant, le Recteur du Collège, dont le principal devoir est de discerner les vraies vocations des fausses, avant l'admission des candidats. Par conséquent le Recteur ne donne pas ordinairement une réponse définitive lorsqu'un aspirant se présente pour la première fois, mais il procède toujours avec lenteur tant qu'il n'a pas usé tous les moyens opportuns pour connaître clairement la volonté divine.


[2681]
Ces moyens sont :

1. La Prière. Le Recteur avant de prendre sa décision fera des pratiques spéciales de piété, il se recommandera à Dieu pendant la Sainte Messe, il invoquera la Mère du Bon Conseil, Saint Joseph et tous les autres Saints Protecteurs, il demandera des prières à des âmes justes et vraiment pieuses ; et surtout engagera à la prière les postulants, les candidats eux-mêmes et tous les membres de l'Institut.

2. Les instructions aux postulants. Ils serons avertis des difficultés spéciales de la carrière Apostolique à laquelle ils aspirent, et des qualités requises pour s'y engager de façon prudente. Mourir absolument à sa volonté propre, et se sacrifier entièrement eux-mêmes jusqu'à la mort au moyen d'une obéissance parfaite aux Supérieurs légitimes ; telle sera la première instruction à proposer aux Postulants.


[2682]
On ne manquera pas de leur faire remarquer qu'étant donné les circonstances d'isolement dans lesquelles se trouve le missionnaire en Afrique et le danger des coutumes des peuples de la Nigrizia ignorant les lois fondamentales de la pudeur, une chasteté à toute épreuve est particulièrement nécessaire. Même s'il faut compter beaucoup sur l'assistance spéciale de Dieu à l'égard de ceux qui sont vraiment appelés à ce ministère ardu, bien qu'il ne faille décourager personne, et s'il faut remarquer que les caractères les plus réfléchis sont les mieux adaptés, encore qu'ils paraissent les moins disposés à braver le danger, on ne manquera pas de dire ouvertement que tout ce que les Théologiens enseignent sur l'habitude de la pureté comme condition nécessaire aux Ordres Sacrés ou à la profession religieuse des laïcs, doit être entendu ici dans un sens rigoureux puisqu'il s'agit de candidats au ministère apostolique, et sur un point aussi délicat, de simples propos ne leur suffiraient pas.


[2683]
3. Interrogations et Renseignements. Aux instructions on ajoutera, si on peut le faire personnellement, des interrogations du même genre ; et c'est avec un soin extrême, que l'on prendra de divers côtés des renseignements exacts et consciencieux sur le candidat, en faisant attention, dans la mesure du possible de garder le secret. On tiendra compte en outre du principe qu'il est bien difficile de décider d'une vocation quand on ne connaît pas à fond l'intérieur du candidat. C'est pourquoi on demandera aux postulants s'ils ont bien traité l'affaire avec leur directeur spirituel.


[2684]
4. Consultations. Le Recteur se mettra en contact, dans la mesure du possible avec les personnes les plus qualifiées par leur jugement, leur expérience et leur droiture pour être, au besoin, aidé de leurs conseils, et émettre un jugement correct sur le candidat, au moment de le présenter à l'Evêque pour l'admission.

Il demandera conseil aussi auprès des membres les plus mûrs du Collège comme il en a l'habitude dans les affaires les plus importantes de l'Institut.


[2685]
Voici les principes généraux à considérer dans tous les cas :

La vocation au ministère Apostolique, selon la doctrine commune des Théologiens, est un acte surnaturel de la Providence, par lequel Dieu choisit certains parmi d'autres pour le ministère Apostolique et les prépare par des dons convenables à remplir les devoirs de ce ministère de façon digne et louable.


[2686]
La vocation au ministère apostolique ne s'accompagne pas toujours d'une inclination consciente et irrésistible à une telle entreprise, mais elle exige toujours une volonté constante et généreuse à faire le sacrifice de soi-même à Dieu, jointe à l'aptitude nécessaire à remplir cet office.


[2687]
Il est donc nécessaire que celui qui aspire à l'Apostolat difficile et laborieux de la Nigrizia ait une vraie disposition, fondée sur la Foi et la charité, à se consacrer à la conversion des âmes les plus délaissées du monde, et à propager le Royaume du Christ dans ces contrées si vastes et inconnues.


[2688]
Tout en souhaitant avoir des candidats qui excellent en intelligence et en science, on n'exclura pas les "moyens," attendu que ceux-ci, associés aux plus capables, animés par l'abnégation et la charité pourront exercer un ministère très utile aux pauvres âmes de la Nigrizia.


[2689]
En ce qui concerne la santé et les forces physiques, l'expérience a montré que, dans le climat africain, on peut avoir d'excellents ouvriers, bien qu'ils ne soient des plus robustes ; la différence du climat peut d'ailleurs être bénéfique à une constitution physique plus délicate.

Par ailleurs, un ouvrier Apostolique en Afrique, a un tel prix qu'il ne faut négliger aucune candidature si, bien entendu, ne font pas défaut les qualités essentielles ; on aura égard davantage à celles-ci qu'à la vigueur physique.

C'est en suivant ces normes que le Recteur présente les postulants à l'Evêque de Vérone. Si l'on ne voit pas, dans le candidat, les dispositions nécessaires au ministère auquel il aspire, il faut l'en dissuader et tenir ferme à la décision de ne pas l'accepter. Si on pense qu'on peut l'accepter on l'invite à s'adresser à l'Ordinaire de son Diocèse pour en obtenir le consentement et la bénédiction; après quoi, il est reçu au Collège.


[2690]
Si un candidat jugé digne d'être accepté rencontre une forte résistance de la part de ses parents et des membres de sa famille, le Recteur se renseigne sur les raisons qui sont à l'origine de cette opposition ; et prenant comme norme la charité commandée par l'Eglise : celle-ci en effet accorde une dispense des vœux monastiques même aux Religieux profès en cas de graves difficultés des parents. Le Recteur n'acceptera pas sa demande et persuadera l'aspirant de rester là où la Providence l'appelle.

Là où il n'y pas de problèmes de famille, mais seulement des conflits d'intérêts ou des attachements humains, le Recteur exigera de la part des aspirants toute la prudence et toute la délicatesse possible, pour que tout en obéissant à la voix de Dieu, ils ne manquent pas, envers leurs parents, du tact et du respect qui conviennent à des fils bien élevés et qu'ils obtiennent, si possible, le confort de la bénédiction de leurs parents.



Chapitre VIII



Principes généraux à observer

pendant le séjour, dans l'Institut,

du candidat déjà admis




[2691]
Quand le postulant a été déjà admis dans l'Institut, il jouit d'une présomption en sa faveur et se trouvant en quelque sorte en possession de la carrière entreprise, il ne doit plus, quant à lui, en douter ; si des signes contraires n'apparaissent pas clairement, il ne doit plus remettre en question sa décision.

Il faut préciser ce point pour éviter les nombreuses incertitudes des âmes parfois les mieux préparées et les plus clairement appelées ; de sorte qu'elles ne dissipent pas leur esprit et n'usent pas les forces de leur volonté en examens superflus. Considérant plutôt comme terminé le temps de la probation préliminaire, qu'elles s'adonnent d'une façon sérieuse à cultiver les dispositions nécessaires à l'Apostolat.


[2692]
Néanmoins, pour ne négliger aucun moyen permettant de mieux s'assurer de la volonté de Dieu, on fera les pratiques suivantes :

1. Dans les deux mois qui suivent l'entrée dans l'Institut, le candidat fera six jours d'Exercices Spirituels pour bien se préparer à la probation de sa vocation. Cela quand les Exercices Spirituels annuels du Collège n'auront pas lieu dans un avenir proche.

2. Une fois par an auront lieu des Exercices Spirituels de huit jours, afin que l'âme, plus vivement éclairée et plus sensible à la vérité et aux inspirations divines, puisse facilement détecter les illusions de sa fantaisie et du démon, au cas où elle se serait fourvoyée.

3. Pendant le première semaine de chaque mois, les candidats feront une journée de récollection, comme préparation à la mort.

4. Chaque candidat dispose d'une liberté raisonnable dans le choix de son confesseur pour les confessions ordinaires ; il aura aussi un Directeur spirituel, qu'il tiendra pleinement au courant de sa conduite ; c'est avec lui qu'il fera sa confession générale, ses confessions annuelles et quelques-unes des confessions mensuelles.


[2693]
Enfin sera importante aussi l'action du Recteur envers lequel les candidats nourriront une grande confiance.

Celui-ci, consultant au besoin l'Evêque, et observant de près la conduite, le caractère, et toutes les qualités des sujets, décide définitivement, devant Dieu et selon ses inspirations, les cas de vocations, pour tout soumettre ensuite au jugement de l'Evêque.


[2694]
S'il croit avoir découvert dans le candidat quelque défaut qui puisse se corriger il use des avertissements et des remèdes nécessaires pour obtenir la correction et il prolonge le temps de probation.


[2695]
Par contre, si la correction était apparemment impossible et le défaut incompatible avec la carrière Apostolique, après avoir pris l'avis de l'Evêque, il renverra le plus tôt possible - conformément à la prudence et à la charité, en tout cas pendant la première année de probation - le sujet, qui sera ainsi libre de se consacrer à un autre ministère, auquel Dieu pourrait encore l'appeler.

Si le sujet est considéré apte, l'Institut se consacre à développer ses dispositions pour l'Apostolat de la Nigrizia, en y employant un temps plus au moins long, selon les besoins de la Mission en Afrique.



Chapitre IX



Formation des candidats aux dispositions nécessaires

pour le Ministère Apostolique en Afrique Noire.




[2696]
La vie en commun et le règlement de l'Institut des Missions pour la Nigrizia, sont utiles d'une part pour resserrer les liens de la fraternité entre les Missionnaires et pour créer une unité de méthode et d'esprit, qui constitue la force des Instituts et la garantie d'une action féconde et durable ; d'autre part, la vie en commun et les Règles servent à faire grandir et mûrir les vertus, de même qu'à fournir cet ensemble de connaissances, d'expériences et d'aptitudes particulières, requises comme préparation immédiate à ce ministère si important.

En conséquence une sérieuse réflexion sur l'esprit de l'Œuvre montre que ces règles de discipline sont utiles :

1. Pour cultiver l'esprit et les vertus des aspirants à l'Apostolat en Afrique.

2. Pour bien régler les études et les exercices qui servent à cultiver l'intelligence ainsi que les aptitudes nécessaires à la pratique du ministère Apostolique de la Nigrizia.

3. Pour veiller à la santé et aux forces physiques des candidats aux Missions de l'Afrique Centrale.


[2697]
Pour résumer ces disciplines qui servent à cultiver les dispositions à l'Apostolat en Afrique, suivra le Règlement particulier de l'Institut, c'est à dire l'Horaire, et la répartition des différentes activités de l'Institut, selon les temps et les circonstances.



Chapitre X



Normes et discipline visant à développer

l'esprit et les vertus des élèves de l'Institut.




[2698]
La vie d'un homme, qui d'une façon absolue et péremptoire vient à rompre toutes relations avec le monde et avec ce qui lui est le plus cher selon la nature, doit être une vie d'esprit et de Foi.

Le Missionnaire qui n'aurait pas un fort sentiment de Dieu et un vif intérêt pour sa gloire et pour le bien des âmes, manquerait d'aptitude à son ministère et finirait par se trouver dans une sorte de vide et d'isolement intolérables.


[2699]
Son action ne sera pas toujours entourée d'attention bienveillante et de cette ambiance de faveur, voire de félicitations, qui comblent un prêtre qui exerce son ministère parmi des personnes perspicaces et sensibles.


[2700]
Ce réconfort humain peut soutenir même un zèle peu fondé en Dieu et dans la charité. Mais le Missionnaire de l'Afrique Centrale ne peut et ne doit l'espérer.

Il œuvre parmi des hommes et des femmes qui ont été traumatisés par les horreurs de la servitude la plus inhumaine, dégradés par les conditions de misère où les a plongés l'indicible cruauté de leurs ennemis et de leurs oppresseurs. Ces malheureux Africains sont habitués à voir leurs enfants violemment arrachés de leur sein pour être condamnés à une déplorable servitude, sans aucun espoir de les revoir. Ils voient souvent leurs proches les plus chers et même leurs parents impitoyablement massacrés sous leurs yeux. Et puisque les scélérats, auteurs de ces crimes si horribles, n'appartiennent généralement pas à leur race, mais sont des étrangers, ces malheureux, habitués à être toujours trahis par tous et à être cruellement maltraités, regardent parfois le Missionnaire avec méfiance et horreur, parce qu'il est lui aussi étranger. C'est pourquoi aux yeux de ce dernier ils apparaissent comme des abrutis, insensés, ingrats et cruels. Et le Missionnaire, au lieu de trouver d'aimables sentiments correspondant aux siens, doit se résigner à expérimenter des résistances hostiles, des inconstances déplorables et des trahisons odieuses.

Ainsi il doit souvent reporter l'espoir d'obtenir des résultats, à un futur lointain et incertain ; il doit parfois se contenter de jeter, au prix de fatigues innombrables, de mille privations et dangers, une semence qui ne donnera quelque fruit qu'aux Missionnaires qui lui succéderont ; il doit se considérer comme un individu inaperçu au milieu d'ouvriers qui attendent des résultats, non pas de leur travail personnel mais plutôt d'un ensemble et d'une continuité d'œuvres mystérieusement dirigées et utilisées par la Providence.


[2701]
En un mot, le Missionnaire de la Nigrizia doit souvent réfléchir et méditer sur le fait qu'il travaille à une œuvre très noble, certes, mais très ardue et laborieuse, et qu'il est comme une pierre cachée sous terre, qui ne viendra peut-être jamais à la lumière, qu'il fait partie du fondement d'un édifice nouveau et immense que ses successeurs seuls verront surgir du sol et s'élever peu à peu, sur les ruines du fétichisme, puis grandir au point d'accueillir dans son sein les plus de cent millions de personnes de la race malheureuse de Cham, qui gémissent depuis plus de quarante siècles sous l'emprise de Satan.


[2702]
Le Missionnaire de la Nigrizia, totalement dessaisi de lui-même et dénué de tout réconfort humain, travaille uniquement pour son Dieu, pour les âmes les plus délaissées de la terre, et pour l'éternité. Mû seulement par la contemplation de son Dieu il a de quoi se soutenir et nourrir son cœur en toutes circonstances, qu'il ait à recueillir le fruit de son apostolat et de ses fatigues, dans un temps proche ou lointain, de sa propre main ou de celle d'autrui.

Bien plus, son esprit ne demandera pas à Dieu les raisons de la mission qu'il a reçue de Lui, mais il travaillera sur sa Parole et celle de ses Représentants, tel un instrument docile de sa volonté adorable et il répétera, en tout temps, avec une vive conviction, et une joie profonde : "Nous sommes des serviteurs quelconques. Nous n'avons fait que ce que nous devions faire" (Luc 17,10).


[2703]
Par contre, malheur à celui qui serait poussé à ces hautes fonctions par un autre motif, tel qu'une flamme passagère de ferveur, l'attrait des voyages ou le désir de se faire remarquer par une carrière extraordinaire ! Outre qu'il succomberait certainement lors des moments de ténèbres et de découragement ; outre l'impossibilité qu'il aurait de tenir le coup dans une vie de fatigues et de privations continues, il sentirait les tendances de la nature dépravée le presser plus dangereusement et pourrait devenir victime de la séduction et des passions les plus basses.


[2704]
Cependant il ne faut ni exagérer ni porter des jugements faciles sur les nombres et la force des occasions dangereuses qui menacent le Prêtre dans sa patrie et le Missionnaire en Afrique Centrale.


[2705]
Il est juste de considérer que le prestige des flatteries, parmi lesquelles vivent nos Prêtres ici en Europe et l'air mondain qu'ils doivent parfois respirer, peuvent lentement les pervertir tout autant que la rencontre sans protection de dangers plus effrontés et extérieurs. Il faut aussi considérer que le Missionnaire en Afrique isolé dans ces contrées éloignées de la civilisation, s'il manque d'un certain nombre de secours et de soutiens, se trouve cependant pour cette raison même affronté à une vie plus dure et en conséquence obligé de s'élever à des pensées d'ordre supérieur .

Quand le Missionnaire de la Nigrizia a son cœur chaud du pur amour de Dieu et contemple des yeux de la Foi, les avantages et la sublimité de l'Œuvre pour laquelle il peine, toutes les privations, les gênes continues, les labeurs les plus durs deviennent pour son cœur un paradis sur terre ; la mort elle-même, le martyre le plus cruel sont considérés comme la récompense la plus chère et la plus désirée de tous ses sacrifices.


[2706]
On ne doit donc pas exagérer la crainte, mais plutôt constater que bien des fois, la meilleure sauvegarde du missionnaire en Afrique est sa conscience ainsi que sa Foi.

Pour toutes ces raisons et pour d'autres encore qui devront être la matière de fréquentes méditations pour les élèves de l'Institut aspirant à l'Apostolat de la Nigrizia, il est extrêmement important que ceux-ci aient des dispositions solides de zèle sincère, de pur amour et de crainte de Dieu, fortifiés par une grande maîtrise de leurs passions.

Pour cela, tout en gardant dans l'Institut leur simplicité, leur gaieté et même leur vivacité, il est nécessaire que domine chez eux la ferveur pour les réalités spirituelles, l'étude de la vie intérieure et un désir très vif de perfection.


[2707]
Outre les Exercices spirituels chaque année, la récollection mensuelle, la Confession sacramentelle au moins une fois par semaine, outre l'oraison mentale d'une heure le matin, les examens de conscience, la lecture spirituelle, la visite au Très Saint Sacrement et à la Vierge Marie et toutes les autres pratiques quotidiennes de piété, les élèves doivent se familiariser - et s'en faire comme une seconde nature - avec l'exercice assidu de la présence de Dieu et communiquer avec Lui intimement par des aspirations fréquentes d'amour filial ; ils auront là matière à leur examen de conscience particulier.


[2708]
Très utiles à la vie spirituelle sont les exercices de mortification extérieure, bien qu'il soit nécessaire de procéder avec discrétion et qu'il y ait lieu de bien s'entendre avec son Confesseur et le Directeur spirituel qui permettra, selon les forces de chacun, telle ou telle abstinence ou pénitence corporelle, surtout le vendredi et les veilles des principales fêtes de l'Eglise et de l'Institut. A ce propos aucune observance commune n'est prévue par l'Institut.


[2709]
Il est extrêmement important aussi que toutes ces pratiques de piété et de mortification ne deviennent jamais, avec l'habitude, une formalité matérielle ; C'est pourquoi dans les exercices quotidiens privés et communautaires et surtout dans les conférences spirituelles, l'on insistera sur la nécessité d'une prière authentique et d'une action en esprit et en vérité. Puis pour discerner si la piété est véritable ou superficielle, le critère sera le progrès de la mortification intérieure et en particulier dans les deux vertus fondamentales de la vie intérieure et extérieure : l'humilité et l'obéissance.


[2710]
Il est nécessaire cependant que les candidats, par une collaboration fidèle à la grâce divine, s'appliquent à vider complètement leur cœur de tout orgueil, et présomption, de tout sentiment d'ambition et de prétention, pour y enraciner cette sainte disposition qui fait reconnaître que tout vient de Dieu, et qui nous porte à Lui soumettre pleinement notre intelligence, notre volonté, et nos forces, et à tout soumettre aussi à Lui et par Lui à ceux qui le représentent. L'on respectera comme voix de Dieu notamment :

1. La voix du Directeur Spirituel auquel on fera entièrement confiance et on ouvrira totalement son cœur et son intérieur ;

2. La voix de l'Evêque et du Recteur, dont les élèves seront attentifs à seconder non seulement les ordres mais aussi les désirs et les intentions.

3. La voix de la Règle et les signes de la Communauté, auxquels ils se conformeront avec la plus scrupuleuse exactitude et perfection.


[2711]
Si les candidats cultivent cet esprit de piété sincère, d'humilité et d'obéissance jusqu'à mourir spirituellement à eux-mêmes dans ce domaine plus intime de l'amour de soi, la grâce divine les aidera à vaincre et à maîtriser toutes les autres passions et à acquérir toutes les autres vertus.


[2712]
Il suffirait de se rappeler et de suivre ces Règles générales de perfection. Cependant pour être mieux soutenus dans ce chemin de l'esprit, il leur sera utile plus particulièrement de faire attention aux vertus qu'exige plus directement leur ministère Apostolique en Afrique.


[2713]
I. La chasteté. A l'intérieur de l'Institut est établie une clôture pour les femmes. Les visites des parentes et d'autres personnes de sexe féminin, commandées par une véritable convenance et devoir d'office ou de charité, sont reçues dans la salle commune avec toutes les précautions de la modestie et de la dignité sacerdotale.


[2714]
Et ces précautions doivent aussi être observées dans l'exercice du ministère spirituel de manière, non seulement à éloigner tout danger, mais aussi pour ne pas donner lieu à des soupçons et à des bavardages, fallut-il, pour cela omettre quelque œuvre bonne en soi.


[2715]
Les élèves s'entraîneront de la sorte dans la pratique de ce contrôle d'eux-mêmes, si bien que, le moment venu, quand il se trouveront devant des dangers inévitables, ils aient contracté l'habitude de la modestie, d'élever promptement leur cœur à Dieu, et d'une retenue tellement spontanée qu'ils pourront chercher le salut des âmes sans risquer de blesser ou de nuire à la leur.


[2716]
II. La charité. On l'exerce principalement à l'intérieur du Collège, par des attitudes qui attestent une bienveillance toute sacerdotale et chrétienne ;

il faut donc exclure les amitiés particulières, les rivalités, les jalousies, les querelles, les discussions, les manières trop familières, au préjudice de la dignité personnelle et du respect dû à autrui. Chacun se fait un devoir de demander pardon tout de suite et humblement à celui qu'il croirait avoir offensé de quelque manière. Que chacun se choisisse un compagnon qui l'avertisse de ses manquements ; faisant en sorte que triomphe toujours la charité non moins dans le support des défauts que dans la correction fraternelle qui convient.


[2717]
Quant aux personnes de l'extérieur, il faut que les élèves usent d'une prudente réserve pour ne pas manquer au recueillement nécessaire et par conséquent, qu'ils évitent tout à fait d'aller dans les lieux publics sans véritable nécessité et moins encore chez des particuliers ; cependant ils auront soin de prendre de bonnes habitudes de bienséance, de sincère affabilité et de cordialité chrétienne. On visera surtout à avoir un comportement exemplaire quant à l'habit (qui sera celui des ecclésiastiques, égal pour tous et en ordre, soit dans la maison soit au-dehors, à chaque moment de la journée, même en été ), et quant au langage, celui-ci sera sans affectation, toujours assaisonné de la sagesse de l'Evangile et orienté dans la mesure du possible à faire du bien aux personnes.


[2718]
En vue du salut des âmes les candidats raviveront le plus possible leur charité dans l'exercice du ministère spirituel ; ils assumeront toujours avec joie, et exerceront toujours avec patience, soin et amour le ministère de la confession, en particulier à l'égard des pauvres, ainsi que la catéchèse à l'égard des ignorants et des enfants, de l'enseignement de la doctrine chrétienne, et la prédication en quelque église, mais toujours sur l'invitation ou avec l'approbation du Recteur.

En travaillant au bien des âmes dans toutes les occasions qui leur seront offertes, ils feront en sorte que leur action manifeste le zèle apostolique dont ils doivent, dès maintenant, donner quelques prémices.


[2719]
S'ils ne peuvent faire beaucoup par leur action, ils s'efforceront de faire du moins par la prière ce dont les rend capables la bonté de Dieu.

Dans toutes leurs activités, qu'ils aient le cœur et l'esprit orientés vers les pauvres âmes du monde entier et en particulier de l'Afrique Centrale, qui gisent dans les ténèbres de l'infidélité et de l'erreur ; qu'ils appliquent le peu de bien qu'ils pourront réaliser avec la grâce de Dieu à leur obtenir la miséricorde divine ; qu'ils implorent leur conversion pendant la Sainte Messe, par des oraisons jaculatoires et dans toutes leurs pratiques de piété ; qu'ils fassent valoir les mérites et l'intercession de la Bienheureuse Vierge Immaculée et de tous les Saints Protecteurs ; qu'ils fassent des oraisons spéciales et les mortifications et pénitences qui conviennent pour la conversion des infidèles .


[2720]
3. Esprit de Sacrifice. La pensée constamment orientée vers le grand but de leur vocation apostolique doit engendrer chez les élèves de l'Institut l'esprit de sacrifice.


[2721]
Ils acquerront cette disposition plus qu'essentielle en tenant toujours les yeux fixés sur Jésus-Christ, en l'aimant tendrement et en s'efforçant de comprendre toujours mieux ce que signifie un Dieu mort en croix pour le salut des âmes.


[2722]
S'ils contemplent avec une Foi vive, et s'ils goûtent le mystère d'un si grand amour, ils seront heureux de s'offrir à tout perdre et à mourir pour Lui et avec Lui.

Le détachement vis-à-vis de leur famille et du monde - qu'ils ont déjà fait - n'est qu'un premier pas ; ils chercheront à aller toujours plus loin dans leur holocauste en renonçant à toute affection humaine, en s'habituant à ne pas faire cas de leurs commodités, de leurs petits intérêts, de leur opinion, et de tout ce qui les concerne. En effet, même le lien le plus ténu peut empêcher une âme généreuse de s'élever à Dieu.

Par conséquent, la pratique de l'abnégation sera continuelle même dans les petites choses ; et ils renouvelleront souvent l'offrande totale d'eux-mêmes à Dieu, celle de leur santé et même de leur vie.

Pour accroître ces saintes dispositions, en certaines circonstances de plus grande ferveur, ils feront, tous ensemble, une donation formelle et explicite d'eux-mêmes à Dieu, chacun s'offrant, avec humilité et confiance en sa grâce, même au martyre.



Chapitre XI



Règles de discipline pour

les Etudes et les Exercices nécessaires pour cultiver

l'intelligence et les aptitudes requises

par l'action apostolique en Afrique




[2723]
Il existe chez certains une conception exagérée de l'ampleur des connaissances et de la culture intellectuelle requises chez un Missionnaire.

D'autres voudraient trouver dans un Institut comme le nôtre une Académie de sciences et d'arts, une école de toutes les langues.

Pour faire disparaître la surprise de ceux qui s'attendent à un grand appareil d'études et de plus pour inculquer dans l'esprit des élèves le souci du recueillement et de l'humilité et une orientation plus décisive vers le point qui importe plus que toute autre chose, il sera utile de proclamer la grande maxime de l'Apôtre Paul, le plus grand des Missionnaires parmi les infidèles : la science souveraine et même l'unique nécessaire est celle de Jésus Crucifié.


[2724]
"J'ai n'ai rien voulu savoir parmi vous - écrit-il aux Corinthiens - sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié " (1 Corinthiens 2, 2).


[2725]
On retiendra donc bien cette maxime et on la prendra comme règle de l'esprit dans lequel il faut étudier ; en veillant sur soi-même afin que l'application aux études ne soit pas excessive, au point d'absorber tout le temps disponible ou de dessécher le cœur pour les exercices de piété ou bien que la réussite ne le gonfle.

On appliquera surtout au temps de l'étude la recommandation des oraisons jaculatoires ; cependant, les élèves s'adonneront avec sollicitude aux études, et prendrons conscience, devant Dieu, de leur importance.

Ils penseront aux situations dans lesquelles ils devront faire front, aux Missionnaires Protestants, au cortège multiforme des hérétiques orientaux, aux rationalistes et aux incroyants de toutes les nations, aux musulmans et aux idolâtres ; que ce soit pendant les longs voyages ou encore sur le champ de leurs fatigues apostoliques ; ils réfléchiront au crédit et à l'ascendant qu'acquiert la Religion grâce à l'éloquence et à la compétence de celui qui la prêche, ils penseront à la nécessité de prendre rapidement des décisions dans des situations difficiles, sans possibilité de demander des conseils et sans même pouvoir faire de longues réflexions.


[2726]
De plus l'expérience a montré comment la Providence fait servir souvent à la conversion des peuples la compétence des Missionnaires dans les sciences humaines et dans les métiers d'utilité profane ou même de simple passe-temps. C'est pourquoi, les élèves, sous la direction du Recteur, ne négligeront rien de tout ce qui se rapporte à ce domaine ; ils ne considéreront rien comme étant inutile ou indigne de leur attention ; rien qu'ils ne puissent diriger à la gloire de Dieu et au bien futur des âmes.


[2727]
Pour déterminer avec précision le genre d'études indispensables aux candidats des Missions Africaines, il a été établi ce qui suit :

Les élèves séminaristes fréquenteront les cours théologiques du Séminaire diocésain annexe, et ils suivront avec diligence et assiduité toutes les matières qui y sont enseignées ; ils doivent savoir que le jugement porté sur leur vocation Apostolique dépendra beaucoup de l'application qu'ils apporteront à ce devoir très important.

Durant les vacances d'automne, ils se conformeront au Règlement particulier des prêtres sauf en cas de changements que le Recteur jugera opportuns pour leur situation particulière de grands séminaristes.

2. Pour les élèves déjà Prêtres, un Règlement Spécial précise la matière, l'ordre et l'organisation des études qui les préparent au ministère apostolique.


[2728]
En général les élèves concentrent leur attention sur les études les plus nécessaires pour l'exercice pratique de leur ministère Sacerdotal, et ils consacreront la plus grande partie de leur temps et de leurs efforts pour approfondir la Catéchèse pour connaître et combattre toutes les erreurs du fétichisme et de l'Islam, pour apprendre à réfuter les systèmes et les sophismes de toutes les hérésies des orientaux, des sectes protestantes et des rationalistes.

Ces études de "controverses" conjuguées avec celle des Saintes Ecritures et de l'Histoire de l'Eglise, constituent l'occupation la plus importante de l'Institut.


[2729]
Quant aux langues, la pratique de la langue française et l'étude des rudiments de l'arabe suffiront. Celui qui aura plus de temps et de capacités prendra connaissance de quelques-uns des innombrables idiomes des tribus d'Afrique Centrale, comme les langues denka et bari.

L'expérience a cependant démontré qu'il ne faut pas perdre son temps dans des exercices très difficiles et souvent inutiles, parce que les langues africaines, généralement, ont doit les apprendre sur place.


[2730]
Puisque dans les vastes tribus de la Nigrizia il n'y a personne qui s'occupe de la santé des étrangers et des indigènes, quelques Prêtres et Frères coadjuteurs, parmi les plus capables, sous la direction d'un maître expérimenté s'appliqueront à l'étude de la médecine pratique, de la chirurgie de la phlébotomie et de la pharmaceutique, en suivant le texte de base d'Antoniacci. Les Missionnaires s'appliqueront aussi à l'étude de l'astronomie, de l'agriculture et des sciences similaires ; ces sciences contribuent à rendre efficace l'apostolat des Missionnaires parmi les Africains.


[2731]
Pour rendre ces études moins lourdes et en même temps beaucoup plus appliquées et fructueuses on aidera les élèves, par des conférences, simples, régulières et quotidiennes ; ainsi tous avanceront d'un même pas, avec un même auteur pour guide.

Chacun présentera le résumé écrit du chapitre du manuel qu'il aura étudié et présentera, sans discours superflus ni digressions inutiles, les difficultés qu'il aura rencontrées sur quelques points dont il souhaiterait avoir des éclaircissements. Comme il est d'ailleurs utile que chacun s'efforce de mieux approfondir la matière selon ses propres capacités, surtout en associant à l'étude de l'auteur adopté pour guide commun, la lecture de traités plus vastes et bien équilibrés d'autres auteurs, chacun apportera aux conférences le fruit de ses études personnelles au profit de l'érudition de tous.


[2732]
Le Recteur de l'Institut participe régulièrement à ces conférences, et si quelquefois il s'en trouve empêché, il y délègue un représentant. Il dirige les études et propose les normes selon lesquelles elles doivent se faire, après avoir consulté l'Evêque.


[2733]
Quant à la méthode à suivre dans l'organisation des études, qu'on soit attentif à ne pas trop les fragmenter pour ne pas disperser l'application sur des matières disparates, mais on étudiera à fond, petit à petit, les traités fondamentaux en leur consacrant du temps continu.


[2734]
Pour faire passer dans la pratique ce qu'ils étudient, les élèves rédigeront par écrit des compositions pour l'instruction religieuse du peuple, qu'ils soumettront d'abord à quelque expert, et feront l'exercice de réciter dans la chapelle de l'Institut et même sur l'ordre du Recteur, dans des églises et des oratoires publics.

Les élèves apprendront à enseigner, avec clarté, précision, simplicité et aisance, la doctrine chrétienne, aussi bien aux enfants qu'aux adultes, ce qui est l'activité principale et la plus importante du Missionnaire parmi les infidèles. Ils s'entraîneront aussi à expliquer l'Evangile, à enseigner la morale ; surtout aux enfants et aux illettrés. Ils s'exerceront à donner des instructions simples et des exhortations spirituelles, même en improvisant.



Chapitre XII



Règles concernant

la santé et les forces physiques

des élèves de l'Institut des Missions Africaines.




[2735]
Dans la vie de celui qui se prépare à l'Apostolat en Afrique, l'exercice de la mortification et l'habitude des privations sont nécessaires, et d'autre part, il faut avoir un soin particulier de la santé et des forces physiques des élèves, spécialement de ceux qui sont les moins vigoureux. Aussi la première façon de s'occuper de sa santé sera de faire choix, avec prudence, d'exercices de mortifications qui ne nuisent pas à la santé, et plus encore de ceux qui lui font du bien.


[2736]
Les élèves auront donc le moyen de satisfaire à leur ferveur, sans porter préjudice à leur santé :

Par la promptitude et l'exactitude vis - à - vis des Règles de l'Institut.

Celles-ci en mesurant leurs pas et leurs actions, leur présentent de fréquentes occasions d'abnégation, mais elles ne cessent d'avoir soin de leur santé en variant les occupations et en faisant succéder à celles qui demandent l'effort physique, celles qui ne requièrent que l'application de l'esprit


[2737]
2. Par l'exercice d'une correspondance réciproque dans la charité.

Etant destinés, en effet à vivre dans des pays étrangers, à se conformer aux usages, aux habitudes, aux caractères les plus disparates, et aux tempéraments les plus variés, les élèves s'exerceront utilement à cela en formant chacun la résolution, dès le Collège, de s'adapter à l'opinion, au génie, au caractère des autres ; ils auront ainsi certes, des occasions d'autant plus précieuses et fréquentes de multiplier sans danger les actes de mortification que ceux-ci seront plus petits et inaperçus.


[2738]
3. Par l'attention à la civilité, à l'éducation, et aux bonnes manières qui leur seront si utiles pour ce concilier la bienveillance des personnes de toutes nations et de toute religion avec lesquelles ils entreront en relation. Ce contrôle continuel de leur personne, de leurs manières, de leur langage, de leurs vêtements et de leur chambre leur coûtera sans arrêt une série de petit sacrifices et de petites victoires sur la paresse innée de la nature humaine.


[2739]
On pourra également conjuguer mortification et soin de la santé et forces physiques :

1. par la vigilance et la retenue qui exigent une sobriété raisonnable, non seulement dans l'usage de la nourriture et de la boisson, mais aussi dans l'application aux études et dans l'effort pour accomplir des choses bonnes et louables. Il est nécessaire - et aussi très utile à la santé - que les élèves se contrôlent en permanence, et sachent se modérer vigoureusement dans cette ardeur aveugle et cette fougue excessive, cette espèce d'impétuosité et d'essoufflement avec lesquels ils agissent parfois.

Rien de plus utile, donc, que se former à ces habitudes de calme, d'ordre, d'activité sereine et digne, qui laissent à l'esprit la liberté nécessaire pour faire le bien sans confusion ni précipitation et délivre du danger d'une tension et d'un effort qui sont nuisibles à l'esprit et au corps.


[2740]
2. Il sera d'une grande utilité de s'adonner à quelques travail d'agriculture et d'aider aux travaux de construction et rénovation ; on y trouvera une distraction utile, doublée d'un apprentissage qui répond aux besoins des Missions de l'Afrique où il faut tout créer. Du reste il y a chaque jour un temps libre pour quelque récréation, comme le jeux de boules, ou d'autres divertissements semblables et surtout pour quelque promenade vers le soir. Et aussi, certains jours de vacances extraordinaires et en automne pour exercer les élèves à de longues marches, on fera des excursions spéciales et de petits voyages à pied dans la campagne, ou à quelque sanctuaire des environs.



Dernier Chapitre



Règlement particulier de l'Institut ;

horaire, ou distribution des différentes activités

selon le temps et les occasions.






422
Le Plan (IV edition)
0
Vérone
1871
N° 422 (395) P L A N

POUR LA REGENERATION DE L'AFRIQUE

ACR, A, c. 25/ n.3



PLAN POUR LA REGENERATION DE L'AFRIQUE

PROPOSE

PAR L'ABBE DANIEL COMBONI

MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE L'AFRIQUE CENTRALE

SUPERIEUR DES INSTITUTS DES NOIRS EN EGYPTE



QUATRIEME EDITION



VERONE

Typographie Episcopale de A. Merlo





REGENERATION DE L'AFRIQUE

PAR L'AFRIQUE ELLE-MEME



[2741]
D'épaisses ténèbres couvrent encore de nos jours la vaste étendue de l'Afrique centrale. Plusieurs fois, des tentatives ont été faites, soit par des particuliers, soit par des gouvernements, pour déchirer ce voile mystérieux, en transportant dans la péninsule africaine une étincelle de la civilisation dont se glorifie en Europe la société moderne ; mais, en face des barrières insurmontables par lesquelles la Providence semble avoir voulu séparer ce sol inhospitalier du reste du monde entier, tous les efforts de tant de personnes généreuses ont été vains, et les plus grands sacrifices n'ont amené aucun bon résultat. On avait voulu forcer cette terre, encore vierge, à faire part de ses inappréciables produits et des richesses immenses qu'elle recèle dans son sein au profit de la famille humaine ; pour atteindre le but souhaité, de nombreuses expéditions ont été entreprises, mais des dangers de toute sorte, des écueils innombrables ont frustré les magnanimes auteurs de ces entreprises, lesquels, après avoir épuisé toutes leurs ressources, ont fini par se livrer au découragement. et se sont arrêtés.


[2742]
Le catholique, habitué à juger des choses par les lumières qui viennent d'en haut, considère l'Afrique, non point à travers le prisme des intérêts humains, mais suivant la pure clarté de sa Foi. Il découvre, dans ces contrées, un nombre infini de frères appartenant à sa propre famille, ayant un Père commun dans le Ciel, des hommes courbés et gémissant sous le joug de Satan, placés sur le bord du plus affreux précipice. Transporté alors par un mouvement de cette charité allumée par une divine flamme sur le sommet du Golgotha, sortie du côté du Crucifié pour embrasser toute la famille humaine, il sent redoubler les battements de son cœur, et il lui semble qu'une impulsion céleste le pousse vers ces régions hostiles pour y étreindre entre ses bras ces malheureux frères sur lesquels pèse encore la malédiction de Cham, et pour donner à tous un baiser de paix et d'amour.


[2743]
Sans parler ici des diverses sociétés ecclésiastiques et des Ordres religieux, qui, dans les siècles passés, avec la bénédiction du Vicaire de Jésus-Christ et confortés par les prières des fidèles, ont pris le chemin du désert, et se sont engagés dans les contrées habitées par les Noirs pour y arborer l'étendard de la Croix, nous dirons toutefois que Sa Sainteté Grégoire XVI, de vénérable mémoire, fondait, vers la fin de son Pontificat, le Vicariat Apostolique de l'Afrique Centrale, le plus vaste du monde, puisqu'il est presque deux fois plus grand que toute l'Europe.

Pie IX, glorieusement régnant, n'a pas été moins empressé à favoriser les œuvres sublimes de l'Apostolat ; Sa Sainteté a non seulement confirmé les Décrets de son prédécesseur, mais a envoyé des Missionnaires qui, remontant le cours du Nil, arrivèrent, en 1848, dans cette nouvelle Mission, qui fut confiée à leur zèle et pénétrèrent jusqu'au 2° degré de latitude nord.


[2744]
Au prix d'immenses fatigues, trois fils de Saint Ignace, avec plusieurs dignes Prêtres venus d'Allemagne, d'Autriche, de Bavière, et surtout du Tyrol Allemand, qui avaient été recrutés par l'illustre Comité de la Société de Marie et grâce à la sollicitude du professeur Mitterrutzner, parvinrent à fonder sur les rives du majestueux Nil, entre le tropique du Cancer et l'Equateur, quatre stations très importantes. Ils leur assignèrent, pour centre de leurs communications, la métropole du Soudan Egyptien. La position géographique et les conditions politiques de son gouvernement destinaient cette ville à être le point d'appui le plus avancé des Européens dans ces lointaines contrées.

L'Institut, fondé à Vérone, par le très digne Abbé Nicola Mazza, dont la mémoire sera toujours en bénédiction dans l'Eglise de Jésus-Christ, voulut lui aussi apporter l'obole de sa charité à nos frères infortunés ; et les noms de quelques-uns de ses membres, ensevelis, victimes de leur zèle, sous les sables de l'Afrique, doivent attirer à cet Institut la gratitude de tous les cœurs généreux qui aspirent à s'élancer sur leurs traces. Enfin, l'importante famille des Franciscains, toujours disposée, par l'esprit propre de sa sainte vocation, à subir les plus rudes privations de la vie pour contribuer au triomphe de la Foi, a voulu également prendre sa part des labeurs dans cette vigne inculte et désolée.


[2745]
Mais il faut avouer, pourtant, que si les fatigues de tous ces valeureux champions du Christ ont atteint l'extrême limite du sacrifice et du dévouement, ils n'ont point eu le résultat que l'on pouvait en espérer. De même que le vent a effacé la trace de leurs pas dans les sables du désert, ainsi les faibles germes de vertus qu'ils ont semés dans les cœurs, et arrosés de leur sang, ont, sans doute été dévorés par le souffle des passions, plus ardentes que la chaleur des Tropiques qui tourmente la pauvre Nigrizia.


[2746]
Nous avons fait nous-mêmes partie de ces expéditions apostoliques et nous sommes du petit nombre de ceux qui, sur une centaine et plus, ont pu, grâce à Dieu, survivre à un si grand désastre.

Nous avons étudié de près et attentivement le naturel, les mœurs, les coutumes de ces tribus lointaines, et nous avons dû reconnaître que la Mission de l'Afrique Centrale présente au zèle des ouvriers de l'Evangile l'aspect d'une place bien fortifiée, que l'on ne peut emporter d'assaut, mais à laquelle il faut se résigner à mettre le siège. L'assaut plusieurs fois réitéré par d'importantes expéditions catholiques, s'est soldé uniquement par le sacrifice des valeureux assaillants. Il faut donc se préparer à la tactique du siège en commençant par établir de solides positions, qui soient comme des places fortes et des approches pour atteindre le but


[2747]
Une Mission quelconque, pour offrir de sérieuses garanties de stabilité doit avoir un centre sûr d'où l'esprit vital qui se répand dans tout l'organisme tire incessamment sa source ; ce centre soutient l'existence et facilite l'activité de la Mission. Il doit pouvoir fournir sans cesse de nouveaux ouvriers pour remplir les vides créés par les rigueurs du climat, par les fatigues et par le martyre.


[2748]
Pour les Missions d'Asie, d'Amérique et d'Océanie, on trouve ordinairement ce centre vital dans les établissements et les séminaires de l'Europe ; car, entre l'Europe et ces trois autres parties du monde, il existe certains rapports de caractères et d'habitudes qui les rendent susceptibles de participer assez facilement à la vie que l'esprit de l'Evangile répand dans le corps de la société moderne.

Mais ce centre vivifiant, si indispensable à la création et au maintien des Missions étrangères, ne saurait, du sein de l'Europe, exercer son action d'une manière immédiate s'il s'agit de la conversion des Noirs de l'Afrique.

L'expérience a démontré clairement que le Missionnaire européen ne peut pas travailler à l'œuvre de la Rédemption dans ces contrées enflammées et meurtrières et qu'il ne résiste pas longtemps aux fatigues et à toutes les privations qu'il doit endurer sous le climat brûlant de l'Afrique.

D'autre part, l'expérience a montré aussi que l'Africain ne peut compléter en Europe sa formation religieuse, pour être à son tour capable de travailler dans sa patrie pour la propagation de la Foi catholique, car, ou bien il ne peut pas survivre en Europe, ou bien, à son retour en Afrique, il se trouve tout à fait inapte à exercer l'apostolat parmi ses concitoyens, à cause des habitudes qu'il a contractées en Europe. Notre civilisation lui devient nuisible dès qu'il tente de reprendre son premier genre de vie en Afrique.


[2749]
Nous avons été nous-mêmes plusieurs fois atteint et presque réduit à l'agonie par les maladies mortelles qui désolent ces contrées. Nous avons été témoin oculaire des ravages que le séjour en Afrique a causés à la santé de nos plus robustes Missionnaires, ravages dus aux fatigues, aux privations, et au climat meurtrier. A peine ceux d'entre eux qui survécurent au voyage du Fleuve Blanc, avaient-ils eu le temps d'apprendre la langue de la tribu, au milieu de laquelle ils avaient arboré l'étendard de la Foi, que déjà ils succombaient, tout à coup, sans que l'œuvre de la conversion des Africains eût tiré le moindre profit de leur travail et c'est à cause de cet holocauste continuel des apôtres qui leur ont été envoyés, que ces peuples infortunés gémissent encore aujourd'hui sous le joug du plus dégradant fétichisme.


[2750]
Propaganda Fide à Rome, qui connaît toutes les Institutions qui en Europe ont commencé à former des Africains, pourrait confirmer la vérité de nos assertions sur l'inefficacité et l'inopportunité d'un clergé africain, formé dans nos pays et destiné à évangéliser le centre de l'Afrique.


[2751]
Douloureusement affectée par le triste résultat de toutes ces tentatives infructueuses, la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide aurait été réduite, à contrecœur, à la dure nécessité d'abandonner l'importante Mission de l'Afrique Centrale, si elle n'avait pu trouver une méthode convenable pour arriver à la conversion des Africains.


[2752]
Tout pieux et fidèle catholique, enflammé par la charité de Jésus-Christ, s'attriste et se désole en voyant, peut-être pour des nombreux siècles, suspendue l'œuvre de l'Eglise au profit de ces millions d'âmes encore plongées dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort.

C'est pour cela que, pour soutenir l'élan de cette vertu surhumaine, et pour faire disparaître pour toujours de l'esprit du catholique la triste idée d'abandonner dans l'infidélité et dans l'état de nature ces régions vastes et très peuplées qui sont sans aucun doute les plus nécessiteuses et les plus abandonnées du monde, il faut quitter le chemin qui a été suivi jusqu'à présent, en changeant l'ancien système et concevoir un nouveau Plan qui soit plus efficace pour atteindre le but visé.


[2753]
A propos d'un sujet si important, nous nous sommes dit : "Ne pourrait-on pas mieux conquérir à la Foi les tribus de la malheureuse Nigrizia en plaçant le centre d'action des Missionnaires dans des régions où l'Africain peut vivre sans se transformer et l'Européen œuvrer sans succomber ? En un mot, ne pourrions-nous pas arriver à convertir l'Afrique par l'Afrique elle-même ?" Notre pensée s'est fixée sur cette grande idée ; et la régénération de l'Afrique par l'Afrique elle-même, nous a paru être le seul Programme à suivre pour réaliser une conquête si éclatante.

C'est pourquoi, malgré notre petitesse, il nous a semblé juste de suggérer humblement un chemin qui pourrait arriver, plus probablement, jusqu'au but vers lequel toutes les pensées de notre vie se sont toujours dirigées et pour lequel nous serions heureux de verser notre sang jusqu'à la dernière goutte.


[2754]
Avec respect, nous osons à peine nous relever de notre petitesse pour prendre part à la discussion d'un problème si difficile qui a peut-être fatigué l'esprit des penseurs les plus perspicaces. On nous pardonnera si l'impétuosité de notre cœur, où résonne le cri de détresse qu'élèvent vers nous tous ces malheureux fils d'Adam, qui sont nos frères, nous a poussé hors du chemin de la vérité et de la certitude.

Si le Plan, qui a traversé notre esprit dans les moments des plus ardents soupirs pour ces malheureuses régions, est mis en pratique et est réalisé, bien qu'il n'offre pas l'avantage d'atteindre rapidement le but, alors que dans les autres Missions, au contraire, les Missionnaire moissonnent les fruits de leur propre labeur, toutefois il a incontestablement le mérite d'aller droit au but et ce Plan pour sa pleine réalisation ne requiert que d'abréger le temps que Dieu a établi pour atteindre ce but.


[2755]
Tous les Africains, tant ceux qui demeurent dans l'intérieur de l'Afrique, que ceux qui sont répandus sur les côtes, ont entre eux des traits frappants de ressemblance, bien qu'ils soient divisés en une infinité de tribus : ils ont le même tempérament, les mêmes habitudes, les mêmes penchants ; tous ceux qui se sont occupés de leur bien le savent parfaitement.

Il nous paraît, en conséquence, que la charité de l'Evangile peut appliquer à tous les mêmes remèdes, les mêmes secours, pour les faire participer aux précieux avantages de la Foi catholique. II sera de plus très opportun, même absolument nécessaire, que, parmi tous les moyens que l'on peut mettre en œuvre pour la régénération des Africains, on choisisse de préférence celui qui joint, au mérite de l'unité de conception, une grande simplicité dans son application. Tel est, croyons-nous, le Plan que nous proposons, car, bien qu'il soit vaste dans son objet, et difficile dans sa complète réalisation, on peut, cependant, se rendre compte qu'il réunit, en théorie et en pratique, l'unité à la simplicité d'exécution.


[2756]
Ce nouveau Plan n'est pas limité par les anciennes frontières de la Mission de l'Afrique Centrale, qui a si peu réussi jusqu'à présent, pour les raisons que nous avons données plus haut ; mais il embrasse toute la race noire, ainsi son activité toucherait presque toute l'Afrique Noire.


[2757]
Le Saint-Siège n'est pas encore parvenu, il est vrai, à établir d'une manière permanente la Foi catholique dans les nombreuses tribus de la Nigrizia Centrale ;

il a pu, cependant, répandre les bienfaits de ses sollicitudes sur les îles et les côtes qui entourent la grande péninsule africaine, où il a fondé douze Vicariats Apostoliques, neuf Préfectures, et dix diocèses plus ou moins florissants.

En effet il y a :


[2758]
Au Nord le Vicariat Apostolique de l'Egypte confié aux Pères Franciscains, Mineurs de l'Observance, celui de Tunis confié aux Capucins, les deux Préfectures Apostoliques de la Haute-Egypte et de Tripoli confiées aux Franciscains Mineurs Réformés, et celle du Maroc confiée aux Mineurs de l'Observance de la province de San-Diego en Espagne.


[2759]
A l'Ouest, les trois Vicariats Apostoliques de Sénégambie, de la Sierra-Leone et des Guinées confiés aux Pères du Saint-Esprit et du Sacré-Cœur de Marie, et celui du Dahomey, confié aux Prêtres des Missions Africaines de Lyon ; les Préfectures Apostoliques du Sénégal et du Congo confiées aux Pères du Saint-Esprit (Spiritains) et du Sacré-Cœur de Marie, (Scheutistes) et celles de Annobon, Corisco et Fernando-Po confiées aux Jésuites.


[2760]
Au Sud, les deux Vicariats Apostoliques des districts Oriental et Occidental du Cap de Bonne-Espérance confiés aux Missionnaires des îles Britanniques, et celui du Natal, confié aux Oblats de Marie.


[2761]
A l'Est, le Vicariat Apostolique de Madagascar confié aux Jésuites, la Préfecture Apostolique de Zanzibar, confiée aux Pères du Saint-Esprit, celle de Nossi Bè, Sainte-Marie et Mayotte confiée aux Jésuites, et celle des îles Seychelles, confiée aux Capucins de Savoie.


[2762]
Au Nord-Est, le Vicariat Apostolique de l'Abyssinie, confié aux Prêtres de la Congrégation de la Mission, et celui des Gallas confié aux Pères Capucins de la province de France.


[2763]
Parmi les dix Diocèses les plus florissants, on peut citer surtout, sur la côte septentrionale, celui d'Alger, sur la côte orientale, celui de Saint-Louis, dans l'île Maurice, et celui de Saint-Denis, dans l'île de la Réunion.

Pour réaliser notre Plan, on devra tout naturellement avoir recours à l'aide et à la coopération de ces Vicariats, ces Préfectures et ces Diocèses déjà établis sur les côtes d'Afrique ; car en voyant de près la situation déplorable et les besoins extrêmes des nombreuses populations de l'intérieur, sur lesquelles n'a pas encore brillé l'astre lumineux de la Foi, ils apporteront assurément le soutien de leur influence, de leur autorité et de leurs bons conseils, à la grande œuvre de la régénération de ces tribus vastes et très peuplées de la Nigrizia interne.


[2764]
Le Plan que nous proposons consiste donc à créer des établissements des deux sexes, qui devraient encercler toute l'Afrique, placés dans les endroits les plus convenables, aussi rapprochés que possible de l'intérieur de la Nigrizia, pourvu qu'on y jouisse d'une sécurité suffisante, et qu'on y trouve quelques germes de civilisation, pour que les Européens et les Africains puissent y vivre et travailler.


[2765]
Ces établissements d'hommes et de femmes, fondés dans le respect des normes canoniques, devraient accueillir des enfants africains des deux sexes, pour les élever dans la Foi et la civilisation chrétienne, et former comme deux armées qui, avançant petit à petit, chacune de son côté, pénétreront jusqu'aux régions les plus reculées de la Nigrizia, pour y implanter la Foi et transmettre le savoir qu'ils ont reçu.


[2766]
On chargera de la direction de ces établissements les Ordres religieux et les Congrégations catholiques d'hommes et de femmes approuvés par la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide, dont on sollicitera le consentement ainsi que l'accord réciproque des Supérieurs Généraux de ces Ordres et Congrégations.


[2767]
Ces établissements seront placés sous la juridiction des Vicariats et des Préfectures Apostoliques déjà existants sur les côtes d'Afrique, ou de ceux que Propaganda Fide jugera bon d'y créer encore, à mesure que le nouveau Plan commencera à donner des fruits.


[2768]
Les membres de la direction de ces établissements formeront leurs élèves africains d'après les Règles et l'esprit de leur Congrégation, adaptés aux besoins de l'Afrique intérieure. Le but spécifique est la direction et le bon fonctionnement des Instituts des Africains des deux sexes, sans oublier cependant de promouvoir et de faire le bien qui pourrait être accompli au profit du pays où se trouvent les Instituts.


[2769]
Pour former des Missionnaires Européens, chargés de diriger les établissements d'Afrique, sur la base des conditions que nous venons d'indiquer, et aussi pour prendre en charge de nouvelles Missions parmi les Africains, on fondera en Europe des petits Collèges pour les Missions africaines, afin d'ouvrir le chemin de l'apostolat en Afrique à tous les Prêtres séculiers des nations catholiques, qui se sentent appelés par Dieu à cette sublime Mission.


[2770]
Tout en respectant, comme nous l'avons dit, la pleine liberté de chaque Ordre et Congrégation d'éduquer les élèves africains selon leurs propres Règles et de former selon leur propre esprit des religieux et des religieuses, nous osons humblement dire, qu'à notre avis, la formation donnée à tous les candidats, hommes et femmes, des Congrégations qui entourent l'Afrique, devrait viser à répandre et établir solidement dans leur cœur, l'esprit de Jésus-Christ, la pureté des mœurs, la constance dans la foi, les principes de la morale chrétienne, la connaissance du catéchisme catholique et les premiers rudiments des sciences humaines les plus importantes.

En outre, tous les jeunes garçons recevront une formation pratique dans le domaine agricole et en quelques-uns des métiers les plus utiles.

De leur côté les jeunes filles seront formées aux travaux les plus convenables et les plus nécessaires pour les femmes, afin que les uns deviennent des hommes honnêtes et vertueux, actifs, utiles, et que les autres deviennent des femmes elles aussi honnêtes, vertueuses et de bonnes mères de famille.

Nous sommes bien persuadés que cette application constante à un travail sérieux, que nous souhaitons pour tous les membres africains de ces Instituts, aura une grande influence morale et spirituelle sur les Africains, qui sont plutôt portés à l'oisiveté.


[2771]
Dès qu'on aura achevé, dans les établissements, la formation religieuse et civile des Africains, les responsables donneront à chaque élève, des deux sexes, qui ne sera plus sous la juridiction de l'Institut, tous les appuis possibles, en fournissant l'aide et les bons conseils nécessaires afin que ces anciens élèves puissent conserver toujours intacts les bons principes de la religion et de la morale gravés dans leurs âmes grâce à la formation reçue.


[2772]
A partir de ces établissements, qui entourent la péninsule africaine, se formeront des groupements d'hommes et de femmes, destinés à s'implanter graduellement dans les régions de la Nigrizia Centrale pour y fonder et y établir de nouvelles stations, d'où rayonnera la lumière de la religion et de la civilisation.


[2773]
Le groupement des garçons africains formé des sujets que l'on aura jugés les plus aptes à la grande œuvre, sera composé de :

1. Catéchistes qui auront reçu une formation plus poussée dans les sciences sacrées.

2. Maîtres instruits, autant que possible, dans les sciences de première nécessité, adaptées aux habitants de l'Afrique de l'intérieur.

3. Ouvriers à qui l'on donnera la connaissance pratique des arts et des métiers les plus utiles dans les régions du Centre de l'Afrique, pour qu'ils soient des agriculteurs, des infirmiers, des menuisiers, des tailleurs, des tanneurs, des serruriers, des maçons, des cordonniers, habiles et vertueux, etc.

Ce groupement formera en outre d'honnêtes marchands qui exerceront le commerce des articles nationaux et étrangers les plus nécessaires aux divers besoins de la vie, pour ouvrir peu à peu dans l'intérieur des ces terres une source de prospérité qui puisse relever les peuples de la Nigrizia de leur état actuel de langueur et d'abjection, jusqu'à la condition de nation civilisée.

Ces éléments de l'industrie indigène pourront, sans doute, fournir plus tard les moyens matériels en mesure de garantir le développement des Missions catholiques dans l'Afrique Centrale.


[2774]
Le groupement des jeunes filles formé également des sujets les plus aptes à atteindre le but que l'on se propose, sera composé :

1. D'institutrices aussi instruites qu'il sera possible dans la religion et la morale chrétiennes, afin qu'elles puissent en répandre les principes et la pratique chez les femmes africaines desquelles dépend en grande partie, comme chez nous, la régénération de la grande famille des Africains.

2. De maîtresses, et de mères de famille qui apprendront aux jeunes filles à lire, à écrire, à tenir les comptes, à filer, à coudre, à tisser, à soigner les malades, à exercer tous les métiers et les activités propres aux femmes, les plus utiles dans les régions de la Nigrizia.


[2775]
Dès qu'on aura emmené vers l'intérieur de l'Afrique ces groupements d'élèves des divers établissements qui entourent l'Afrique, chaque individu pourra embrasser le genre de vie pour lequel il se sent plus enclin, tout en aidant à propager la connaissance de notre Religion et la civilisation dans lesquelles il fut éduqué, et à introduire l'agriculture dans ces contrées encore vierges, qui appartiennent au premier occupant.


[2776]
Du groupe des catéchistes, formé de jeunes noirs, on choisira les sujets les plus distingués par leur piété et leur savoir, qui paraîtront avoir une certaine disposition pour le sacerdoce, et on les destinera à l'exercice du saint ministère. Mais, en instituant cette section privilégiée, on aura soin d'exclure la multiplicité des matières qu'on fait étudier aux séminaristes d'Europe.

On limitera leur instruction aux notions théologiques et scientifiques les plus nécessaires et qui suffiront aux besoins et aux exigences de ces contrées et, comme le développement physique et intellectuel des indigènes de l'Afrique est fort précoce, nous pensons qu'au lieu de douze ans et plus, que l'on consacre pour la formation de nos jeunes séminaristes en Europe, on pourra limiter ce temps à huit ans, et même à six, selon qu'on l'aura cru plus opportun.

Toutefois, l'inconstance et la mollesse étant les défauts habituels des individus de la race noire, on devra procéder avec la plus grande prudence dans le choix des aspirants au sacerdoce, et pour établir quand les promouvoir aux Ordres sacrés ; nous sommes pleinement convaincu qu'on devra établir de ne les ordonner que lorsqu'ils auront fourni, pendant plusieurs années, des preuves suffisantes de leur constance dans les principes de la Foi, et à la condition expresse qu'ils aurons observé jusque là, dans le diverses stations de l'Afrique le plus complet célibat. Nous sommes persuadé, en outre, qu'on devra dans n'importe quelle Congrégation, user de la même circonspection pour former des religieux et des religieuses africains


[2777]
Parmi les jeunes filles africaines qui ne voudraient pas se marier, on choisira également la section des Vierges de la Charité, formée des jeunes filles les plus distinguées par leur piété, et par l'instruction pratique qu'elles ont pu acquérir du catéchisme, des langues et des travaux qui conviennent aux femmes.

Cette section privilégiée constituera l'élite de la phalange féminine, et sera destinée à diriger les écoles de jeunes filles, à remplir les fonctions les plus importantes de la charité chrétienne, en un mot, à exercer l'important ministère de la femme catholique parmi les tribus de la Nigrizia.


[2778]
Ainsi grâce au ministère pastoral très important du clergé local, et des Vierges de la Charité, aidés par l'activité bénéfique des catéchistes, des maîtres, des artisans, des institutrices et des mères de familles, on pourra former peu à peu de nombreuses familles catholiques, et ensuite une société chrétienne pleine d'avenir ; on verra par là notre sainte Religion étendre son influence salutaire sur la race noire, et placer graduellement sous sa douce loi la vaste étendue des contrées encore inexplorées de toute l'Afrique.


[2779]
Puisque l'expérience a démontré qu'un long séjour dans les pays de l'intérieur, et non une permanence courte est dangereux et fatal à l'Européen, on aura soin de confier aux Missionnaires d'Europe la fondation des Missions et des communautés chrétiennes qu'on établira avec le temps et avec le mandat des Vicaires et Préfets Apostoliques respectifs dans les contrées du Centre de l'Afrique et chaque année, ou du moins tous les deux ans, les Missionnaires, chargés du gouvernement des Missions centrales, devront changer entre eux de poste et de séjour, jusqu'à ce que l'expérience ait démontré clairement qu'on peut, sans crainte aucune, confier aux Prêtres ou aux catéchistes indigènes parfaitement éprouvés la direction des stations et des communautés chrétiennes de l'intérieur, fondées et gouvernées auparavant par les Missionnaires européens.


[2780]
D 'autre part, puisque les statistiques des Missions Africaines ont démontré que la femme venue d'Europe peut résister plus longtemps que le Missionnaire européen, à l'insalubrité du climat d'Afrique, grâce à la nature de sa constitution physique, à ses qualités morales et à ses habitudes domestiques et sociales, on pourra, après l'avis et le mandat des Vicaires et Préfets Apostoliques, appeler de l'Europe différentes Congrégations religieuses de femmes qu'on établirait dans les contrées les moins meurtrières pour la vie des Européens à l'intérieur de l'Afrique, afin de faire servir à la régénération de la grande famille des Africains le merveilleux dévouement de la femme catholique.


[2781]
L'inconstance et la mobilité d'esprit formant le fond du caractère des Africains, la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide devra, croyons-nous, ordonner aux Vicaires et Préfets Apostoliques de l'Afrique de faire exécuter de fréquentes visites apostoliques dans les Missions et les communautés chrétiennes sous leur juridiction, établies dans l'intérieur, afin de corriger, de confirmer ou d'améliorer, l'état du catholicisme dans ces périlleuses contrées où trop souvent un vil égoïsme, ou la fureur du fanatisme aveugle de l'Islam gâtent et corrompent l'œuvre des Missionnaires.

Le climat, les mœurs et plusieurs autres circonstances particulières contribuent aussi à affaiblir le corps et l'esprit et à relâcher la discipline ecclésiastique au grand détriment de la Foi. On députera des Missionnaires européens aptes à accomplir, sans risquer leur vie, ces importantes visites, desquelles résultera assurément le plus grand bien.


[2782]
Si, dans la section des Missionnaires indigènes, on trouvait des sujets plus perspicaces, en mesure de devenir des responsables valables et éclairés des Missions ou des communautés chrétiennes, la Société chargée de l'exécution du nouveau Plan, suite aux progrès de la grande Œuvre, devrait, pour mettre à profit leurs talents, fonder de petites Universités théologiques et scientifiques, qu'on placerait sur les lieux les plus importants des côtes d'Afrique, comme, par exemple, à Alger, au Grand-Caire, à Saint-Denis (île de la Réunion) et dans quelques villes parmi les plus importantes de la côte occidentale de l'Afrique, sur l'Océan Indien.


[2783]
A côté de ces Centres Universitaires, et aussi sur quelques autres points des îles et des côtes qui entourent l'Afrique, on établirait graduellement des écoles professionnelles, où les jeunes africains, tirés de la corporation des artisans et reconnus capables de recevoir une instruction plus poussée, iraient perfectionner leurs connaissances, afin que l'introduction des arts et métiers dans la Nigrizia, tout en améliorant le sort matériel des nombreuses tribus qui l'habitent, puisse ouvrir le chemin aux Missionnaires pour y introduire et enraciner plus solidement la Foi chrétienne.


[2784]
Pour réaliser et faire exécuter le nouveau Plan, on établira une Société formée d'hommes d'action, et remarquables pour leurs qualités d'esprit et de cœur. Cette Société s'appellera : SOCIETE DES SACRES CŒURS DE JESUS ET DE MARIE POUR LA REGENERATION DE LA NIGRIZIA sous le patronage de la VIERGE MARIE, DE SAINT JOSEPH SON EPOUX ET DES PRINCES DES APOTRES.


[2785]
Cette Société aura pour mission particulière de déployer et de faire agir, au profit de l'Afrique, toutes les forces du catholicisme. Ses attributions seront :

1. De correspondre avec la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide pour traiter de chacune des entreprises les plus importantes de l'Œuvre.

2. De correspondre avec les Supérieurs Généraux des Ordres et Congrégations d'hommes et de femmes pour le choix du personnel nécessaire à la fondation des établissements en Afrique, ou à l'érection de nouveaux Vicariats ou Préfectures Apostoliques dans l'Afrique Centrale.

3. De s'entendre avec la pieuse Œuvre de la Propagation de la Foi et les autres Associations, qui ont le même but, pour assurer les ressources matérielles nécessaires aux Missions et aux établissements, qui se fonderaient en Afrique avec l'autorisation de la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide.

4. De procurer les moyens pécuniaires nécessaires à la fondation et au soutien des œuvres préparatoires d'Europe chargées de former le personnel pour les missions d'Afrique.


[2786]
5. De fonder peu à peu des collèges pour les Missions africaines, dans les centres les plus opportuns, chez les diverses nations catholiques, afin d'ouvrir le chemin de l'apostolat d'Afrique à tous les prêtres séculiers qui se sentent appelés à un si grand ministère. La Société devra aussi fonder successivement des petits établissements techniques, pour y former de bons ouvriers, et pour introduire l'enseignement de tous les métiers d'utilité publique dans les Instituts d'Afrique.


[2787]
6. Dès que la Société pourra disposer d'un personnel suffisant pour la fondation d'un Institut en Afrique et, dès qu'elle aura l'assurance de recevoir d'autres pieuses Associations une assistance particulière pour cet Institut, avec l'accord de l'Eminent Cardinal Préfet Général de Propaganda Fide, elle s'adressera au Vicaire ou Préfet Apostolique du territoire sous la juridiction duquel serait fondé le nouvel Institut, afin d'en obtenir toutes les autorisations nécessaires.

7. La Société correspondra directement avec les Vicaires et Préfets Apostoliques de toutes les missions d'Afrique, pour avoir tous les renseignements possibles sur la topographie, sur l'histoire et les mœurs des peuplades de l'Afrique, sur les résultats pratiques du ministère apostolique, etc., afin qu'on puisse être en mesure de mieux préparer le personnel pour promouvoir plus efficacement le développement et l'activité du catholicisme parmi les tribus de l'Afrique Centrale.


[2788]
8. Enfin, la Société en étudiant et en mettant en œuvre les moyens les plus efficaces pour réaliser le nouveau Plan, fera surgir et fonctionner tous les éléments du catholicisme qui manquent encore pour la régénération des Africains et donnera une impulsion nouvelle à ceux qui existent déjà.

Ce développement des forces du catholicisme fera naître, au profit de l'Afrique, de nouvelles idées, de nouvelles lumières, des institutions toujours mieux adaptées à ses besoins, des plans mieux conçus, et rendra plus efficace l'exercice du ministère évangélique dans ces vastes régions si peu connues de la Nigrizia.


[2789]
Tel est notre plan qui présente, comme nous lavons fait entrevoir, l'aspect d'un champ de bataille, entreprenant le siège de la formidable forteresse jusqu'à présent inexpugnable de la Nigrizia.

Puisque les expéditions apostoliques plusieurs fois renouvelées n'ont pu la prendre d'assaut, et n'ont eu pour résultat que le sacrifice de vaillants soldats de la Croix, nous avons opté pour la tactique du siège et nos établissements fondés tout autour de la grande péninsule africaine donnent l'idée des fortins et des approches nécessaires pour atteindre ce but.


[2790]
Nous espérons fermement que le nouveau Plan pour la Régénération de la Nigrizia, qui a été accueilli si favorablement et avec enthousiasme par notre Père l'Immortel Pontife Pie IX et par une infinité de Prélats, d'Evêques de l'Eglise Catholique et par des personnalités ecclésiastiques et civiles parmi les plus illustres et perspicaces des deux mondes, obtiendra la coopération de toutes les saintes institutions qui se sont occupées ou ont essayé jusqu'à présent de promouvoir le bien spirituel des Africains.

Nous espérons qu'il sera soutenu et aidé par ces pieuses sociétés qui fournissent les moyens matériels aux saintes œuvres instituées par la Propagation de la Foi et qu'il trouvera un écho d'approbation et un appui dans les cœurs des catholiques du monde entier, qui sont investis et pénétrés par l'esprit de cette charité surhumaine qui embrasse l'immensité de l'univers et que le Divin Sauveur est venu porter sur la terre.


[2791]
Nous espérons, oui nous l'espérons vivement, que la sainte Eglise, l'écho de la Parole éternelle du Fils de Dieu à travers les siècles, qui est destinée à régner sur toutes les nations du monde, étendra son manteau glorieux sur une grande partie de son héritage et que ses généreux fils accourront avec sollicitude, de tous les coins du monde pour christianiser et civiliser les tribus qui vivent sous l'ardente canicule de l'Afrique Centrale, mais qui n'ont pas été éclairées pendant plus de quarante siècles, par un seul rayon de la vraie lumière.

Les apôtres qui marcheront vers cette grande conquête n'apporteront pas en Europe les dépouilles des vaincus, mais ils donneront à ceux-ci, le trésor inestimable de la Foi et de la civilisation européenne. Ils ne les assujettiront pas comme les conquérants de ce monde, mais, en suivant l'exemple du divin Pasteur, ils arracheront les épines qui couvraient ces pauvres brebis, ils les délivreront de la dure oppression qui les étouffait et ils les mèneront en triomphe vers les libres et riches pâturages de l'Eglise. Les conquis, non pas vaincus par la force, mais vainqueurs d'eux-mêmes, de leur nature auront acquis avec le Baptême la véritable religion et les grands bienfaits de la vie civilisée.



Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique



[Nous avons reporté la première édition du PLAN de 1864 aux paragraphes 800-846 et l'édition française de 1868 à la suite : paragraphes 800*- 851* ; et cette quatrième comme documentation sur les changements faits jusqu'à l'année 1871].






423
Prop. de la Foi, Lyon
1
1871
N° 423 (396) - A LA PROPAGATION DE LA FOI DE LYON

"Annales de la Propagation de la Foi"

v. XLIV (1872), p. 21-25, Lyon



Extrait.





424
Extrait
1
1871
N° 424 (397) - EXTRAIT D'UN MEMOIRE

DE MONSEIGNEUR COMBONI

"Mensajero del Sagrado Corazón" 1871, v. II, p. 33-39





425
Mgr. Luigi di Canossa
0
Inizio 1872
N° 425 (398) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A ; c. 14/91



début 1871

........................

[il manque le début jusqu'à :]



[2792]
... His positis.. je pense que Votre Excellence devrait développer les idées suivantes en réponse au bon Père Callisto, en le renvoyant à Propaganda Fide s'il veut réaliser tout de suite ses projets africains.


[2793]
"Je suis très heureux que vous pensiez fermement à lancer les Trinitaires Français dans l'Apostolat des pauvres Noirs, et je voudrais vous seconder efficacement de toutes mes forces dans cette sainte proposition. Mais je me trouve actuellement dans l'impossibilité de le faire pour les raisons suivantes :

1. Etant donné les conséquences de la guerre, ni la Propagation de la Foi de Lyon et de Paris, ni la Petite Société de Cologne, ne donnent plus à mes Instituts du Caire les secours d'auparavant. J'ai dû, donc, envoyer l'Abbé Comboni dans plusieurs villes pour recueillir des aumônes pour suppléer à ce manque, et ce n'est que très difficilement que les Instituts peuvent vivre.

2. Après avoir fait l'expérience avec deux Camilliens, munis d'un Rescrit Pontifical, je n'ai plus envie d'accepter des Réguliers dans mon Institut d'Egypte, sans l'accord total de leurs Pères Généraux respectifs, parce que je risquerais d'avoir de gros désagréments avec ces derniers et même avec Propaganda Fide qui veut que tout soit en règle.

3. En outre si mes Instituts d'Egypte ont pu être fondés, je le dois à l'autorisation particulière du Délégué Apostolique d'Egypte. Il ne serait pas bon de lui demander maintenant la permission d'accepter les Trinitaires parmi les miens, sans avoir auparavant bien renforcé mes Instituts. Pour cela il est nécessaire que cesse la tempête de si nombreux bouleversements, que le calme revienne et que les pieuses donations des Sociétés bienfaitrices soient régulières.


[2794]
Ceci vaut pour le présent. Quand nous serons un peu plus tranquilles et que j'aurai obtenu du Saint-Siège une vaste Mission pour mes Instituts sous leur directe juridiction, ce qui ne tardera pas à se vérifier, nous nous concerterons alors sur la façon la plus légale et la plus appropriée de satisfaire vos souhaits saints. Vous aurez ainsi le temps de préparer de bons Religieux en France, qui est si féconde de vocations pour les œuvres de zèle ; et si vous réussissez bien dans cette tâche, vous verrez que vos Supérieurs de Rome se décideront à seconder vos projets magnanimes.


[2795]
Vous trouvez ci-joint une copie de la réponse aux cinq questions que l'Abbé Comboni m'a envoyée, et qui vous transmet ses salutations les plus cordiales".

1. Si Monseigneur l'Evêque de Vérone, Chef de l'Œuvre veut bien recevoir les Trinitaires parmi les nôtres en Egypte, moi aussi je suis d'accord ; mais si Son Excellence ne le veut pas, je ne le veux pas non plus.

2. A mon avis il vaut mieux que les Trinitaires en Egypte s'habillent comme nous ; leur habit, étant donné leur but pour la Rédemption des esclaves, est trop voyant, pourrait heurter la sensibilité de nos ennemis, et avoir des conséquences néfastes à l'Œuvre.

3. Il vaut mieux que les Français partent de Marseille. Ceux qui ne sont pas munis de documents émanant de Propaganda Fide et de l'ambassade autrichienne n'obtiennent qu'une maigre réduction du ticket à Trieste, qui ne permet pas de compenser les frais de voyage de la France à Trieste ou à Brindisi.

4. Pour l'Afrique, le Concile n'a rien fait parce qu'il a été suspendu ante tempus : mais le Pape a accepté le Postulatum pro Nigris Africae Centralis, en consentant que ce texte soit discuté dans la section De Missionibus Apostolicis.

5. Il est nécessaire que les Trinitaires soient en possession des documents signés par leurs Supérieurs de Rome qui se seront déjà accordés avec la Sacrée- Congrégation de la Foi.

En demandant votre bénédiction, je baise votre anneau sacré et je me déclare dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie,



Votre humble et indigne fils

Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique






426
Soeurs Girelli
0
Vérone
1.1872
N° 426 (399) - AUX SOEURS GIRELLI

AAB



Vive Jésus, Marie et Joseph !

Séminaire de Vérone, janvier 1872

Chères Mesdemoiselles,



[2796]
L'économe, (qui a un bon cœur et une rectitude d'esprit) dans sa bonté et dans sa sagesse a inspiré à cette bonne Sœur de Padoue, dont je vous ai parlé, de se consacrer à la Sainte Œuvre de la Nigrizia.

Je suis donc allé la chercher et je l'ai installée avec une autre postulante dans la maison de Montorio Veronese, près de Vérone. Donc il serait opportun que la bonne postulante que j'ai vue à Brescia puisse venir tout de suite.


[2797]
Je viendrai bientôt à Brescia et nous pourrons parler longuement de nos affaires. En attendant, rappelez-vous ce que je vous ai dit de vive voix.

En un mot, il est opportun dans ce cas qu'après avoir levé les yeux au ciel avec un élan plein d'ardeur pour l'œuvre dans laquelle l'âme exulte et s'humilie, vous partagiez entre vous l'Europe et l'Afrique comme terrain de travail, l'une de vous deux se consacrera à l'Œuvre de Sainte Angela Merici et l'autre à la malheureuse Nigrizia.

Bien que fort occupé, comme vous l'êtes vous-même, je vous adresse mes meilleurs vœux pour cette année, et je vous prie de m'envoyer tout de suite la postulante que j'ai vue chez vous.

Que le Seigneur comble vos cœurs de ses bénédictions. Tels sont les vœux de



votre dévoué et respectueux

Abbé Daniel Comboni




427
Abbé Negroni Lorenzo
1
Vérone
13. 1.1872
N° 427 (1205) - A L'ABBE NEGRONI LORENZO

ACR



Vérone, le 13 janvier 1872

Dédicace sur un antiphonaire romain.





428
Règles et organisation
0
Vérone
2.1872
N° 428 (400) - REGLES ET ORGANISATION

de l'INSTITUT pour les MISSIONS de la NIGRIZIA

AP SOCG, v. 999, ff. 513-521



début février 1872

REGLES ET ORGANISATION

DE L'INSTITUT POUR LES MISSIONS DE LA NIGRIZIA

A VERONE



CONSEIL CENTRAL DE L'ŒUVRE

POUR LA REGENERATION DE LA NIGRIZIA



[2798]
1. Président Général : Son excellence Monseigneur Luigi Marquis di Canossa, Evêque de Vérone.

2. Vice-président : Révérend : Monseigneur Luigi Perbellini, Chanoine Archiprêtre de la cathédrale de Vérone.

3. Directeur général : Abbé Daniel Comboni, Supérieur des Instituts des Noirs en Egypte.

4. Vice-directeur général : Abbé Antonio Squaranti, Recteur de l'Institut des Missions pour la Nigrizia à Vérone.

5. Secrétaire général : Abbé Tommaso Toffaloni, Directeur de la Propagation de la Foi à Vérone.



CONSEILLERS

6. Révérend Monseigneur Stefano Crosatti, Camérier de Sa Sainteté et Vicaire général de Vérone.

7. Révérend Monseigneur Giuseppe Dr Codognola, Chanoine Pénitencier de la Cathédrale.

8. Révérend Abbé Pietro Dorigotti, Recteur du Séminaire de Vérone.

9. Son Excellence le Marquis Ottavio di Canossa.

10. Son Excellence le Marquis Francesco Fumanelli.

11. Le Marquis Giuseppe Fumanelli.

12. Abbé Agostino Mosconi, Directeur de l'Eglise de Sainte Claire à Vérone.



----------------



L'INSTITUT DES MISSIONS POUR LA NIGRIZIA

A VERONE



CHAPITRE I

But et nature de l'Institut




[2799]
Le but final de l'Institut des Missions pour la Nigrizia est spécialement la conversion à la Foi Catholique des pauvres Noirs d'Afrique Centrale qui sont les peuples les plus malheureux et les plus délaissés de l'univers, qui gémissent encore dans les plus profondes ténèbres du paganisme.


[2800]
Le but immédiat consiste à former et à envoyer dans ces régions des Missionnaires qui, avec la charité, l'instruction et les autres moyens du ministère apostolique, se consacreront à la régénération des Noirs d'Afrique Centrale, sans exclure les autres personnes que, par hasard, ils pourraient rencontrer dans ces régions.


[2801]
Cet Institut, qui se déclare être toujours soumis avant tout au Vicaire de Jésus-Christ, le Pontife Romain, et à la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide, est un séminaire destiné à accueillir et à perfectionner dans le ministère apostolique, les candidats appelés par Dieu à cette mission ardue.

Il est présidé et gouverné par l'illustre Evêque de Vérone avec le titre de Président Général, et par un Conseil d'ecclésiastiques et de laïcs choisis parmi les plus distingués de son diocèse (il s'agit du Conseil Central de l'Œuvre pour la Régénération de la Nigrizia). Tous se réunissent sous la présidence de l'Evêque pour traiter des intérêts spirituels et temporels de l'Institut.


[2802]
L'Institut est dirigé par un Supérieur ayant le titre de Recteur nommé ordinairement parmi les Missionnaires les plus expérimentés, par le Maître des novices et le Directeur Spirituel, par un Econome pour l'administration des biens temporels, par un Professeur de langues étrangères tous nommés par l'Evêque. Ces derniers forment le Conseil du Recteur, qui est tenu de les consulter pour les cas les plus importants.

L'Institut est annexé au Séminaire du Diocèse, et il bénéficie de l'enseignement des professeurs de ce Séminaire pour les matières théologiques et scientifiques.



CHAPITRE II



Moyens pour atteindre le but de l'Institut




[2803]
Les moyens pour atteindre le but de l'Institut sont de deux sortes : formels et matériels. Parlons tout d'abord des moyens formels qui sont les personnes à envoyer en Mission.

Ceux qui aspirent à devenir membres de l'Institut peuvent être des Ecclésiastiques, Grands Séminaristes, ou Prêtres, ou de simples laïcs ; les uns et les autres provenant de l'état séculier.



Article 1

Qualités des aspirants pour l'admission dans l'Institut




[2804]
Les qualités qui sont exigées chez les aspirants qui veulent entrer dans l'Institut des missions pour la Nigrizia sont les suivantes :

1. Chaque aspirant doit avoir une constitution physique saine, un bon esprit critique et au moins quelques aptitudes.

2. Il doit avoir 16 ans au moins, et ne doit pas avoir plus de 35 ans.

3. S'il est grand séminariste ou Prêtre, il ne peut pas être admis sans l'accord de son Ordinaire, et s'il est mineur, sans l'accord des parents ou de ceux qui en tiennent lieu.

4. Il doit jouir d'une excellente réputation autant pour sa piété que pour l'intégrité de ses mœurs, pour le sérieux de son caractère et de sa façon d'agir.

5. Il doit avoir la ferme volonté de se consacrer à Dieu pour la Régénération de la Nigrizia dans les tâches qui lui seront confiées par ses Supérieurs, et cela jusqu'à la mort.


[2805]
Le Recteur de l'Institut a l'obligation de vérifier scrupuleusement les qualités de l'aspirant, et si l'évaluation est positive, il doit présenter chaque candidat à Monseigneur l'Evêque, car à lui seul revient l'admission des aspirants.

N.B : en ce qui concerne l'âge, et la possibilité d'être aspirant même pour un sujet dont l'état est régulier (dégagé juridiquement de son Ordre ou de sa Congrégation), s'il y a des circonstances extraordinaires, l'Evêque, en tant que Président Général, pourra accorder des dispenses.



Article 2

Normes à suivre par le Recteur pour l'admission des Aspirants




[2806]
Quand il s'agira d'admettre un aspirant dans l'Institut, le Recteur tiendra toujours compte de la gloire de Dieu et du bien des âmes, et ne prêtera aucune attention aux recommandations, ni à la classe sociale, ni aux relations personnelles des aspirants ; et puisque la prospérité de la Mission dépend du bon choix des ouvriers, le Recteur usera de la plus grande prudence en examinant chaque aspirant pour voir s'il a les qualités exigées par l'article précédent.


[2807]
Donc, après s'être recommandé avec ferveur à Dieu, et après avoir fait prier pour avoir les lumières nécessaires pour le choix, il parlera à l'aspirant de la mission ardue et sublime, des fatigues et des difficultés qu'il rencontrera, du risque de mourir auquel il sera souvent exposé, de l'isolement total dans lequel il se trouvera très souvent, et des dangers auxquels son âme sera exposée, à cause des mœurs de ces populations, s'il n'a pas une vertu solide et une pratique constante et sans tache de la chasteté.


[2808]
Le Recteur doit aussi avertir l'aspirant qu'il doit bien se garder de se laisser guider dans ses aspirations par un but secondaire, comme la gloire mondaine, la curiosité de voir de nouvelles terres, etc. en lui faisant comprendre qu'il ne fera jamais rien dans la Mission s'il n'est pas prêt à occuper la dernière place et que souvent il travaillera durement sans que personne ne le sache, excepté Dieu, sans qu'il ne reste même pas une trace de son travail et que de surcroît, à cause du terrain aride sur lequel il travaillera, il rencontrera, et pour cause, la méfiance et le soupçon des indigènes vis à vis des étrangers, et il sera tellement déprimé et isolé qu'il sera tenté d'abandonner l'entreprise.

Si, au contraire, il se consacre à la Mission uniquement pour Dieu, il sera intérieurement réconforté par Lui avec des consolations intérieures qui rendront légères toutes ses fatigues, ses peines plus douces et tous les dangers plus faciles à affronter.


[2809]
Le Recteur devra ensuite se renseigner le plus scrupuleusement possible au sujet de l'aspirant et s'assurer qu'il possède toutes les qualités exigées par l'Institut.

Il devra aussi consulter les membres de son Conseil et d'autres personnes perspicaces afin de savoir, après avoir tout bien pondéré, s'ils estiment, en toute conscience que le postulant peut être admis dans l'Institut.

Si l'aspirant est jeune et a encore une bonne partie de ses études à faire, il devra démontrer qu'il ne souhaite pas se consacrer à l'Institut pour avoir les moyens de continuer ses études vers une carrière séculière ou régulière ou même ecclésiastique, sans vouloir ensuite se consacrer à la Mission.

Dans un tel cas il doit savoir qu'il sera obligé de rembourser les frais engagés pour lui au profit d'un but qui n'est pas celui de l'Institut.

Si tout correspond aux critères d'admission, le Recteur transmettra le dossier au Président général pour que ce dernier, s'il est d'accord, donne la permission d'admettre le candidat.



Article 3

Formation des candidats de l'Institut




[2810]
Au cours du premier mois de leur arrivée, les élèves de l'Institut doivent faire dix jours d'Exercices Spirituels et une Confession générale auprès du Confesseur désigné par le Supérieur. Ils entrent ensuite au Noviciat, qui dure deux ans ; ce temps sera consacré à former l'esprit des candidats, en les habituant à l'oraison, à la mortification, au recueillement et à l'abnégation de leur volonté, pour qu'ils soient prêts à tout sacrifice, ce qui est essentiel pour le Missionnaire de la Nigrizia.


[2811]
Quant à la méthode suivie pour éduquer et perfectionner les Novices, surtout au niveau spirituel, le Père Maître se conformera généralement aux Règles observées dans le Noviciat de la Compagnie de Jésus.

Après avoir bien terminé le Noviciat, s'il persévère dans sa vocation, chaque candidat fait une profession de Foi et vœu d'obéissance à l'Evêque, à ses successeurs et représentants à Vérone et en Afrique. Ce vœu doit être renouvelé tous les deux ans, devant le Supérieur de la maison.


[2812]
Après avoir prononcé le vœu d'obéissance, les grands séminaristes poursuivent leurs études en fréquentant les cours du Séminaire, et les Prêtres, s'ils n'ont pas besoin d'approfondir leurs études, sont envoyés dans la filiale de la maison en Egypte, où le seront aussi les séminaristes quand ils auront terminé leurs études théologiques.

N.B. : Si un aspirant présente des qualités extraordinaires dans sa vertu et dans l'exercice de son ministère sacerdotal, l'Evêque, après avoir entendu l'avis du Conseil Central de l'Œuvre pour la Régénération de la Nigrizia, pourra réduire la période du Noviciat et envoyer cet aspirant dans la filiale de la maison en Egypte.




[2813]
Article 4

Horaire quotidien des séminaristes

et des élèves qui ont fini le Noviciat



Matin :

5.00 : Elévation de l'esprit à Dieu, signe de la croix, et lever. Rangement de la chambre, toilette, toujours en silence.

5.15 : Courtes prières matinales à la chapelle ; l'Angelus Domini, le Psaume Laudate Deum omnes gentes. Méditation dans sa propre chambre sur le sujet proposé la veille. Puis réflexion sur la méditation.

6.45 : Messe, puis retour dans la chambre jusqu'au petit déjeuner. Celui qui communie à la Messe, devra ensuite rester dans la chapelle pendant un quart d'heure.

Les Prêtres, après avoir terminé la réflexion sur la méditation, à l'endroit et au moment désignés par le Recteur, célébreront la Messe avec recueillement et dévotion, avec un quart-d'heure de préparation et en faisant un quart-d'heure de remerciement après la Messe. Ensuite ils prendront le petit déjeuner.

7.00 : Petit déjeuner pour les étudiants, les élèves, les laïcs et les novices ; ensuite, récréation et temps libre.

8.00 : Les étudiants s'appliquent à l'étude puis suivent à partir de 9.00 les cours au Séminaire jusqu'à 11.00. Les novices accompliront ensuite les tâches confiées par le Recteur ou par le Maître des novices, qui, dans l'organisation de la journée, se conformera aux méthodes de la Compagnie de Jésus.

Les Prêtres s'emploieront à l'étude, surtout celle des langues jusqu'à 11.00, après avoir célébré la Messe, pris le petit déjeuner, s'être un peu détendu, et avoir récité les heures canoniques.

11.00 : Les étudiants, les novices et les prêtres ont un quart-d'heure de pause.

11.45 : Examen de conscience général et particulier dans sa propre chambre.

12.00 : Dans la chapelle, Angelus Domini, puis déjeuner avec lecture du Nouveau Testament, des vies des Martyrs, des Saints et des plus célèbres Missionnaires ou des Annales de la Propagation de la Foi. Textes choisis par le Recteur. Ensuite visite au Saint-Sacrement, et recréation.



Après-midi

13.45 : en hiver, étude (en été, une heure de sieste ou repos) jusqu'à l'heure de reprise des cours pour les étudiants. Tout de suite après les cours, promenade. Après la promenade, visite au Très Saint-Sacrement à la chapelle et lecture spirituelle, puis chapelet ; pour finir, étude jusqu'au dîner.

En été la Visite et la lecture Spirituelle se font dans la chapelle après la sieste ou la pause après le repas de midi, auxquelles succède l'étude jusqu'à l'heure des cours.

Pour les prêtres, après le temps des cours : une heure d'étude, puis une heure de Conférence pendant laquelle ils feront un compte-rendu au Recteur de ce qu'ils ont étudié.

20.00 : Dîner, Visite au Très Saint Sacrement à la chapelle, puis récréation jusqu'à 21.00.

21.00 : Examen de conscience général et particulier dans la chapelle. Présentation des sujets de méditation pour la journée suivante ; retrait dans les chambres respectives.

21.45 : Coucher.




[2814]
En ce qui concerne l'Horaire pour les dimanches, les jours de fêtes et de repos, en suivant l'esprit et le système précédant, le Recteur, en accord avec l'Evêque, apportera quelques changements adaptés aux circonstances.

En plus d'une très grande vigilance pour que les Œuvres spirituelles prescrites soient rigoureusement exécutées, le Recteur fera en sorte que tous les dimanches le Père Maître fasse un sermon aux novices et aux membres de l'Institut, dans lequel il parlera des devoirs du nouvel état choisi, de la perfection vers laquelle ils doivent orienter leurs efforts, et il les exhortera à faire mourir leurs propres désirs et à acquérir une profonde humilité, base de toutes les vertus, à acquérir aussi une ardente charité prête à tous les sacrifices pour le salut des âmes, et une obéissance immédiate et aveugle.

Il leur dira qu'ils devront se laisser guider par le son de la cloche ou par le moindre signe de n'importe quel Supérieur, comme si c'était la voix de Dieu, et qu'ils obéiront avec joie à tous les ordres, et seront toujours joyeux, même s'ils doivent occuper la dernière place, toujours convaincus de faire la volonté de Dieu. Il expliquera aussi la nature particulière et la situation des difficiles Missions de la Nigrizia ; il leur parlera de la nécessité d'être prêts à vivre et à mourir sans voir les fruits de leurs efforts apostoliques, en étant heureux de travailler aux fondations d'un édifice, que seuls les successeurs verront s'élever de terre. Il faudra surtout qu'il les habitue à faire mourir l'ego et à ne travailler que pour Dieu et avec le seul réconfort de Dieu.


[2815]
En plus des activités exposées ci-dessus les élèves auront chaque année dix jours d'Exercices Spirituels selon la méthode de Saint Ignace, une journée de récollection tous les mois, et ils fréquenteront au moins une fois par semaine le tribunal de la Pénitence auprès du Confesseur ordinaire de l'Institut ; excepté pendant le temps des Saints Exercices et le triduum pour le renouvellement du vœu d'obéissance puisqu'un Confesseur extraordinaire sera mis à leur disposition.

Les élèves feront les neuvaines de Noël, de l'Epiphanie, du Sacré-Cœur de Jésus, du Sacré-Cœur de Marie, de l'Immaculée Conception, des Saints Apôtres Pierre et Paul, de Saint François-Xavier ; ils feront aussi des triduum en l'honneur des Saints Protecteurs, de la Vierge Marie au mois de mai, de Saint Joseph au mois de mars, du Chemin de Croix chaque vendredi, et d'autres dévotions au choix du Recteur.


[2816]
Quant à la formation des Frères laïques destinés à être catéchistes, enseignants des arts et métiers et à aider de multiples façons les Missionnaires, on suivra toutes les normes prescrites pour l'éducation des Frères laïques de la Compagnie de Jésus.



Article 5

Maison filiale en Egypte

(voir le Rapport du 15 avril 1870 à la Sacrée Congrégation)




[2817]
Le but de l'Institut du Caire est le suivant :

1. Les missionnaires provenant de l'Institut de Vérone font les premières expériences apostoliques spécialement au profit des Noirs vivant en Egypte, et apprennent avec l'aide de Dieu à être aussi, dans la pratique, de véritables missionnaires.

2. Dans l'Institut on forme le clergé indigène, ainsi que des catéchistes et des enseignants des arts et métiers qui ensuite seront les apôtres de la Foi et de la civilisation de leurs compatriotes.

3. Les Missionnaires et les Frères coadjuteurs provenant de Vérone s'acclimatent et apprennent les langues des tribus de l'intérieur, commencent à connaître les mœurs des Orientaux, etc.

4. Dans l'Institut, les Missionnaires se préparent au ministère et aux services de charité nécessaires pour la Mission de la Nigrizia que la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide confiera à l'Institut de Vérone.

5. La Maison, en outre, sert de lieu de repos pour les Missionnaires épuisés par les fatigues apostoliques dans l'Afrique Centrale.


[2818]
Dans l'Institut les Missionnaires provenant de Vérone sont soumis à une seconde mise à l'épreuve ou noviciat pour évaluer leur vocation aux Missions de l'intérieur, et pour faire mûrir davantage les vertus apostoliques qui sont si nécessaires pour cette entreprise difficile et laborieuse.


[2819]
Cette Maison est gouvernée par un Supérieur, duquel dépendent directement tous les Missionnaires et les maisons féminines qui coopèrent avec la Mission ; elle est présidée aussi par un Recteur qui remplace le Supérieur en son absence et s'occupe de l'administration de la Maison et des aumônes envoyées pour soutenir la mission, toujours sous la dépendance du Supérieur.


[2820]
Quand la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide aura assigné à notre Institut une Mission particulière en Afrique Centrale, le Supérieur de la Maison d'Egypte sera proposé par Monseigneur l'Evêque de Vérone à la Sacrée- Congrégation, comme responsable de toute la Mission et dès qu'il sera élu, il aura la direction de toute l'Œuvre ; de lui dépendra le choix du personnel à envoyer dans une région ou dans une autre, ainsi que le choix du lieu, de la méthode et la mise en place de chaque chose.


[2821]
Il est tenu aussi à être en rapport permanent avec l'Institut de Vérone, et de l'informer sur la marche de toute la Mission. Le Responsable de la mission doit aussi renseigner, avec la plus grande discrétion, l'Evêque Président sur le comportement de tous les Missionnaires, qui sont au Caire ou dispersés au centre de l'Afrique ; en donnant des renseignement les plus exacts possibles.

Cela permettra aussi à Monseigneur l'Evêque de faire un rapport, tous les cinq ans, à la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide sur l'état de la Mission, et de compléter ainsi le rapport quinquennal qu'il doit transmettre à la Sacrée- Congrégation sur la marche de l'Institut et de toute l'Œuvre.


[2822]
Le Chef de la Mission, dans les informations sur ses sujets, qu'il doit transmettre à l'Evêque, devra proposer le nom d'un ou deux d'entre eux, qu'à son avis et en toute conscience, il estime les plus aptes et digne à lui succéder en cas de mort.



Article 6

Comment les élèves deviennent membres effectifs de l'Institut,

et comment ils cessent d'y appartenir.




[2823]
Après le noviciat, les élèves de l'Institut peuvent aller soit dans l'Institut de Vérone pour continuer leur formation apostolique, ou s'occuper du ministère pastoral annexe à l'Institut, soit ils peuvent aller dans les Missions d'Afrique.


[2824]
Les élèves qui restent dans l'Institut après le noviciat, toujours à condition de répondre à leur vocation, seront déclarés membres effectifs de l'Institut trois ans après la profession du vœu d'obéissance.

Les élèves qui sont partis pour les Missions d'Afrique, si, au bout de deux ans, ont fourni de bonnes preuves de la solidité de leur vocation, seront eux aussi déclarés membres effectifs de l'Institut.

Le Recteur de l'Institut de Vérone ainsi que le Supérieur de la Mission en Afrique doivent, avec la documentation nécessaire, présenter les élèves à l'Evêque de Vérone pour que ce dernier puisse les déclarer, par un décret ad hoc, membres effectifs de l'Institut s'ils le méritent. L'Institut est dans l'obligation de prendre en charge ces nouveaux membres, même dans le cas d'une impossibilité de travailler, jusqu'à la mort ; bien entendu s'ils persévèrent dans l'Institut


[2825]
Les membres effectifs de l'Institut peuvent cesser d'y appartenir de leur propre volonté ou pour cause d'indignité.

Dans le premier cas, le membre effectif qui veut quitter l'Institut, doit, s'il est dans l'Institut de Vérone, en faire la demande au Recteur, ou au Supérieur s'il se trouve en Afrique, en exposant les raisons pour lesquelles il n'a plus envie de continuer la carrière entreprise. Si les raisons sont considérées comme valables par le Recteur, qui aura aussi consulté son Conseil, il en fera un rapport à l'Evêque, qui donnera au requérant l'autorisation de partir, en lui accordant la dispense du vœu d'obéissance si la période de deux ans n'est pas encore écoulée, et lui donnera les moyens de retourner dans sa patrie.

Pareillement, si le Supérieur de la Mission en Afrique reconnaît le bien-fondé des raisons données par le postulant, il en fait un rapport à l'Evêque, qui ordonnera qu'il soit congédié, et que la maison prenne en charge tous les frais de voyage.

Si les raisons données ne sont pas jugées suffisantes par le Supérieur, ce dernier essayera de dissuader le requérant de sa décision. Mais s'il n'arrive pas l'en dissuader et si l'autre persiste à vouloir partir, après avoir fait un rapport à l'Evêque et obtenu son autorisation, il sera alors congédié.


[2826]
Si un membre effectif s'est mal conduit malgré les avertissements réitérés du Supérieur, et s'il a porté atteinte à l'honneur de notre œuvre pieuse, il mérite d'en être éloigné, qu'il soit à Vérone ou en Afrique.


[2827]
S'il est à Vérone, le Recteur mettra l'Evêque au courant de tout et, suite à la décision de ce dernier, il le renverra.

S'il est en Afrique, le Supérieur, après avoir tout bien pondéré devant Dieu et après avoir entendu son Conseil composé de ses meilleurs Missionnaires, sera autorisé à le renvoyer, même immédiatement si la situation l'exige, et à le faire repartir en Europe, en en informant l'Evêque de Vérone. S'il est possible de consulter l'Evêque avant le renvoi, le Supérieur devra attendre sa décision.



CHAPITRE III



Moyens matériels pour atteindre

le but de l'Institut.




[2828]
En plus de la propriété de l'habitation et de l'établissement, l'Institut jouit des ressources indiquées dans la lettre de l'Evêque de Vérone à l'Eminent Cardinal Préfet de la Sacrée-Congrégation datée du 1er février 1872.






429
Mgr. Giuseppe Marinoni
0
Vérone
3. 2.1872
N° 429 (401) - A MONSEIGNEUR GIUSEPPE MARINONI

APIME, v. 28, p. 15



Vérone, le 3 février 1872

Très Révérend Monseigneur,



[2829]
De nombreuses affaires m'ont empêché d'aller à Rome, mais je viens de terminer et mercredi je partirai. J'espère que jeudi ou vendredi je pourrai vous saluer et ainsi je vous porterai les Règles, qui m'ont beaucoup servi et que je connais presque par cœur.

En rentrant de Rome soit je passerai par Milan, soit je vous avertirai par courrier, parce que quinze jours après, je partirai pour l'Egypte. Je suis très heureux de pouvoir combler vos désirs concernant ce dont nous avons parlé.

Vous pouvez disposer de moi comme si j'étais un objet vous appartenant. In omnibus et quoad omnia.

Si Monseigneur l'Evêque était ici, je l'aurais salué de tout mon cœur, mais il est parti deux heures avant mon arrivée. Saluez tout le monde de ma part.

Je vous renouvelle mes plus chaleureux remerciements pour votre charité sans limite, et je vous salue respectueusement,



Votre humble

Abbé Daniel Comboni






430
Abbesse Serafina Oberbizer
0
Vérone
5. 2.1872
N° 430 (402-A L'ABBESSE SERAFINA OBERBIZER

ACR, A, c. 15/156



Vive Jésus, Marie et Joseph !

Vérone, le 5 février 1872

Très Révérende Mère Abbesse,



[2830]
Je vous enverrai de Rome la lettre pour le Révérend Abbé Nicola Negrelli, parce qu'il est actuellement en Bavière, et puisque je suis submergé de travail jusqu'à mon départ, je n'ai pas pu lui écrire.

Mais comme l'affaire de l'adoration me tient à cœur jour et nuit, et comme il est nécessaire que Dieu vous aide ainsi que vos saintes Sœurs dans cette Œuvre si sublime et utile à l'Eglise, ainsi je suis sûr de ne pas oublier. J'ai prié pour cela mon secrétaire pour qu'il me le rappelle. En écrivant à l'Abbé Negrelli, c'est comme si on écrivait à l'Impératrice. Cependant préparez une pétition pour l'Impératrice à joindre à la mienne que je vous enverrai ouverte de Rome.

Priez, faites prier et vous obtiendrez tout parce que le Christ est un homme de parole, et il a dit : "demandez, et il vous sera donné". Et au monastère de Sainte Claire, vos saintes filles prient vraiment.

Je vous présente mes hommages. Priez pour



votre dévoué et humble serviteur

Abbé Daniel Comboni