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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
1041
Virginia Mansur
0
Khartoum
15. 03. 1881

N° 1041; (996) - A VIRGINIE MANSUR

ACR, A, c. 15/56

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Khartoum, le 15 mars 1881


Ma très digne fille Virginie,

[6566]

J'ai longtemps hésité avant de t'envoyer la lettre en arabe que Giorgio m'a écrite du Caire ; et je ne voulais pas te l'envoyer pour ne pas te chagriner par la pensée que Giorgio était devenu si méchant. Mais après mûre réflexion, j'ai décidé de te l'envoyer. Lis-la, et tu verras que tu seras toi-même convaincue que notre Recteur a bien fait de l'amener à Trieste et de le renvoyer au Caire ou à Beyrouth. Comme je te l'ai écrit dans ma dernière lettre, si j'avais été à la place du Recteur, j'aurais agi de la même façon. Tu connais le caractère de Giorgio quand il est en colère, et tu peux t'en rendre compte dans cette lettre. Giorgio traite très mal le Recteur, qui l'aime tellement et qui est l'un de ses plus grands bienfaiteurs.


[6567]

Mais toi, reste calme et prie le Cœur de Jésus pour ton frère, et tu verras qu'il se convertira. J'écrirai et je le recommanderai comme je l'ai fait aujourd'hui, à de pieuses et zélées personnes pour qu'elles prennent soin de Giorgio.

Courage, sois contente, et ne te laisse pas aller; aie confiance en Dieu et en celui qui est comme un Père pour toi.


+ Daniel


1042
Tawfik Pascià
0
Khartoum
19. 03. 1881

N° 1042; (997) - AU KHEDIVE TAWFIK PACHA

ACR, A, c. 15/52

Khartoum, le 19 mars 1881


Monsieur,

[6568]

Je prends la liberté de me présenter devant le trône de Votre Altesse pour vous remercier de la haute protection que vous avez daigné m'accorder avec l'appui de vos dignes ministres afin de faciliter mon voyage au Soudan avec ma suite.

Alors que j'ai l'honneur d'offrir à Votre Altesse les hommages de ma reconnaissance la plus vive et de mon dévouement total, je me permets signaler à votre attention, Monsieur, une vérité réconfortante : ici, j'ai constaté, comme j'ai pu constater avec plaisir en Egypte, après la nomination de Votre Altesse, une amélioration remarquable et un réel progrès dans les affaires du Soudan égyptien.


[6569]

Cela est principalement dû à la sagesse et au zèle admirable de Son Excellence Rauf Pacha Hoccomdar du Soudan qui, inspiré par les principes et les idées inaugurées par Votre Altesse, a fait tous les efforts pour accomplir son noble travail, malgré le peu de moyens et de personnel qualifié dont il peut disposer pour une entreprise si grande et si laborieuse, et malgré les énormes difficultés nécessairement rencontrées par le Gouverneur d'un immense pays qui a souffert depuis de nombreux siècles sous l'oppression de l'esclavage le plus atroce et des barbaries les plus cruelles.


[6570]

Le drapeau égyptien, arboré par le grand fondateur de votre glorieuse dynastie, et que vous, aidé par Dieu, avez fait briller d'une magnifique splendeur, grâce à vos idées plus larges de liberté et de progrès, est le drapeau de la civilisation et de l'humanité, et je suis convaincu que ce drapeau sacré sera la devise de votre digne représentant Rauf Pacha, qui réalisera fidèlement avec toute sa bonne volonté et tout son zèle la mission humanitaire et laborieuse que Votre Altesse lui a confiée au profit de ces populations soudanaises.


[6571]

Je forme des vœux, Monsieur, et je prie Dieu tous les jours pour qu'Il veuille accorder sa protection à votre auguste famille et qu'il inonde Votre Altesse de sa lumière et de ses grâces divines pour la prospérité de l'Egypte, et pour la civilisation des peuples du Soudan.

C'est avec ces sentiments que j'ai l'honneur de vous présenter, Monsieur, les hommages de ma profonde vénération et de mon dévouement sans limites, et que je me déclare pour toujours, avec respect, Monsieur,



votre humble, dévoué et respectueux serviteur

+Daniel Comboni

Evêque de Claudiopoli

Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale

Texte original français, corrigé.


1043
Père Giuseppe Sembianti
0
Khartoum
19. 03. 1881

N° 1043; (998) - AU PERE GIUSEPPE SEMBIANTI

ACR, A, c. 15/114

N° 11

Khartoum, le 19 mars 1881

Fête de Saint Joseph


Mon Révérend et cher Père,

[6572]

Avant-hier j'ai reçu votre lettre (N° 13) dans laquelle vous m'informez du départ de Giorgio pour le Caire, et des raisons pour lesquelles vous avez jugé plus prudent de le renvoyer, de ne pas en parler à Virginie, et de choisir un moment plus opportun pour la mettre au courant.


[6573]

Vous avez vraiment agi avec prudence, comme il convient à un sage Directeur, et prudemment aussi vous avez demandé conseil au Père Vignola, à Son Eminence et à Bacilieri. Du reste, il suffit que vous suiviez les conseils du Père Vignola ; et même quand, seul, vous prenez des décisions, j'ai totalement confiance en vous, parce que vous agissez uniquement pour la gloire de Dieu, et pour le bien de la sainte Œuvre.


[6574]

En même temps que votre lettre N° 13 j'ai reçu une lettre en arabe écrite par Giorgio du Caire, dans laquelle il me donne certaines nouvelles et raconte son départ du Collège de Vérone pour le Caire...

En lisant la lettre de Giorgio, celui qui a un certain bon sens comprend clairement que vous avez agi avec la plus grande prudence, et aussi avec charité.

Cette lettre de Giorgio justifie pleinement votre attitude envers lui. Vous auriez dû l'éloigner de l'Institut, et vous auriez dû le faire tout de suite, parce qu'il ne correspond pas vraiment à la grâce de son abjuration, il a été correct pendant quelques mois, mais il est certain qu'il est devenu intraitable, et il a mérité son éloignement immédiat.


[6575]

Si j'avais été à votre place (toutefois personnellement je ne lui aurais pas interdit de parler en arabe avec sa Sœur, qui, peut-être, en parlant familièrement avec lui et en ayant ainsi vent de ses desseins et de ses projets, l'aurait corrigé. Cependant en interdisant de parler en arabe au frère et à la sœur, sans doute vous avez eu la plus sainte des intentions, et vous en aurez des mérites auprès de Dieu), si j'avais donc été à votre place, disais-je, si j'avais été à Vérone, j'aurais agi de la même façon, et je l'aurais renvoyé chez lui, en confiant tout le reste au Seigneur. J'approuve complètement et de tout cœur votre sage, prudente et charitable conduite vis-à-vis de Giorgio, je vous remercie de tout cœur et je remercie de tout cœur Jésus, Marie et Joseph pour vous avoir si bien aidé dans cette affaire.


[6576]

Ce qui inonde de peine mon cœur, c'est de savoir ce qui se passera quand vous direz à Virginie que Giorgio est déjà au Caire ou à Beyrouth et qu'il est parti sans la voir. Vive Noé ! Vous avez bien fait de le renvoyer de cette façon, parce que vous avez évité des malheurs ; je connais la mentalité orientale, surtout celle des Schismatiques Grecs, et moi, je vous le répète, j'aurais agi de la même façon. Mais que dira la pauvre Virginie, la sœur de Giorgio, elle aussi orientale, et qui a tellement œuvré et souffert pour le sauver et le convertir?

Je suis certain que si elle avait lu la lettre que Giorgio m'a envoyée du Caire, elle approuverait votre décision de l'éloigner de l'Institut. Mais sans connaître les mauvais sentiments que Giorgio a actuellement envers vous, qui êtes son plus grand bienfaiteur, et qui lui avez montré tant d'amour et de gratitude pendant les quelques mois après sa conversion, comment pourra-t-elle approuver l'éloignement de son frère sans même l'avoir vu, et être contente de ce départ ? Toutes sortes de sentiments pourraient s'éveiller, et peut-être, pourrait-elle quitter l'Institut...


[6577]

Virginie est restée presque 20 ans, et avec une conduite exemplaire, dans la Congrégation des Sœurs de Saint Joseph, qui œuvre beaucoup au profit des Missions étrangères (avec 60 maisons dans les 4 parties du monde).

Pendant les trois dernières années passées en Afrique, elle a subi de telles insultes et injustices que si elle n'avait pas eu une solide personnalité et des vertus héroïques, elle aurait sans doute fait des bêtises, mais Dieu l'a aidée.

A sa place, une autre religieuse aurait peut-être apostasié, et j'ai déjà vu des cas similaires. De plus, Virginie vit encore l'humiliation subie à Vérone (mon cher Recteur, vous n'en êtes nullement responsable, ni nos Supérieurs, ni le Cardinal, ni le Père Vignola qui ont eu les intentions les plus saintes; et moi, à leur place, sans connaître ce que moi je connais, j'aurais agi de la même façon), où elle a été éloignée de la communauté, et logée dans une des dépendances de la maison comme une simple séculière ...


[6578]

Tout cela la rend et la rendra hostile envers vous et l'Institut, il s'ensuivra donc qu'elle aura des sentiments qui s'opposeront à l'esprit religieux.

Abattue à cause de nombreuses peines passées et présentes qui sont encore lourdes (et moi, opprimé comme je l'ai été par de nombreuses croix et injustices, je peux en évaluer le poids), elle ne pourra sûrement pas manifester de bons signes de vocation, surtout parce qu'elle est très méfiante (et en cela elle a tout à fait tort) depuis qu'elle a été séparée de la communauté, et n'a plus confiance en personne.

Il faut ajouter que le système de notre Institut, qui est pourtant bon, est complètement différent de celui des Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition, dont elle fait partie depuis 1860, époque du massacre de Syrie, pendant lequel elle a vu son père et son frère aîné égorgés.

En tant que Congrégation de Missionnaires, celle de Saint Joseph vaut dix fois plus que la nôtre (laquelle cependant, j'espère, après avoir fait son apprentissage, se perfectionnera).


[6579]

Cette Congrégation a une activité beaucoup plus importante que la nôtre; et dans la Mission de l'Afrique, Virginie faisait 5 fois plus de travail apostolique que chacune de nos Sœurs n'en accomplit à présent ici.

Je suis impatient de voir la réaction de Virginie quand elle aura des nouvelles de son frère. Certainement elle dira qu'elle veut rentrer chez elle. Cela me ferait presque mourir, parce que je veux absolument sauver l'âme de Virginie, car elle m'a beaucoup aidé pour mon Afrique, et elle m'a même peut-être sauvé la vie. Aujourd'hui, j'ai mis en croix mon économe Saint Joseph, à qui j'ai recommandé la cause de Virginie, pour qu'il l'améliore, et pour qu'il en corrige les défauts et lui donne force et courage pour porter la croix et pour sauver son âme.


[6580]

J'ai beaucoup travaillé et souffert pour sauver des Blancs, des Noirs, des Protestants, des Turcs, des infidèles, des pécheurs et des prostituées. J'ai quêté de Moscou à Madrid, et de Dublin à l'Inde pour sauver les Noirs et les Blancs, pour favoriser les vocations chez les bons et les mauvais, j'ai fait du bien à des personnes qui m'ont ensuite craché au visage.

J'ai quémandé et travaillé pour nourrir les pauvres, les malheureux, les Prêtres, les Frères, les Sœurs, les filles illégitimes (comme l'était la défunte Sœur Marietta Caspi et l'est Augusta, la novice que l'Abbé Falezza nous a présentée); et ne devrais-je pas me fatiguer et quémander pour Virginie, qui a été un des ouvriers les plus valables et fidèles de l'aride et difficile vigne de l'Afrique, et qui m'a toujours bien traité ? Ne devrais-je pas me fatiguer, et quémander pour Virginie qui a tant souffert à cause de moi, car, avec quelques autres personnes, elle a été persécutée parce qu'elle n'avait pas voulu se révolter contre moi ?

En Afrique, je travaille pour les Noirs et pour le bien de nombreux Blancs, je travaillerai aussi pour Virginie pour qu'elle sauve son âme dans l'état de vie que le Seigneur voudra.


[6581]

Il est vrai qu'à force de souffrir, certaines vertus qu'elle possédait se sont un peu affaiblies, comme la patience et l'humilité (et durant l'année écoulée, j'ai remarqué chez elle un certain manque de patience, et un peu d'orgueil dans ses réponses; mais cela est toujours un héritage qui dure longtemps, même dans les âmes les plus élues converties du protestantisme et du schisme, et il doit en être de même pour elle).

Avec la grâce de Dieu, j'ai converti de nombreux pécheurs, des hérétiques et des infidèles, et Saint Joseph ne pourra pas me refuser les grâces que je lui ai demandées pour Virginie pour qu'elle se calme et soit sauve.


[6582]

Je prie de toutes mes forces votre charité d'avoir le plus de bonté possible envers Virginie, mais, bien entendu, sans que cela nuise à l'Institut, et ensuite informez-moi afin que je puisse pourvoir pour le mieux.

Je vous ferai du tort si, dans ce cas, je vous dis de ne pas suivre les conseils de Giacomo, ni de ceux qui, comme lui, ont une âme bonne mais petite, qui ne comprennent pas, et prétendent comprendre; les voies du Seigneur sont miséricordieuses, et Deus caritas est.

Comme je suis un des Missionnaires les plus expérimentés parce que j'ai vu d'innombrables choses dans le monde, je connais mon compte, et je connais la grandeur du Cœur de Jésus, de Marie et de mon cher Joseph.

Depuis le jour où j'ai reçu votre lettre, et surtout celle de Giorgio (pauvre Giorgio ! Il est devenu un véritable voyou. Je sais ce qu'il faut pour les nouveaux convertis, et nous ne pouvons pas avoir cela à Vérone, parce que tout repose sur vos épaules, et il y a tout le nécessaire pour notre Institut, mais pas pour les autres œuvres), depuis le jour où j'ai reçu le courrier de Vérone et du Caire, je n'ai pas fermé l'œil, et aujourd'hui, je me sens fiévreux.


[6583]

Beaucoup de personnes ici, à Khartoum, m'ont demandé des nouvelles de Virginie et de Sœur Germana, et Sœur Victoria elle-même m'a fait part de son désir de voir Virginie venir à Khartoum, afin de raviver et de faire croître les œuvres de nos Sœurs de Khartoum, mais je ne suis pas d'accord.

Ne vous effrayez pas de la réaction de Virginie suite à l'annonce du départ de Giorgio ; on ne peut pas émettre un jugement sûr concernant la vie et le véritable caractère d'une personne dans des moments de passion, de douleur et d'affliction.


[6584]

J'hésite à envoyer à Virginie la lettre que Giorgio m'a écrite en arabe, mais elle justifie totalement votre sage décision de l'éloigner de l'Institut. Si je me décide à l'envoyer, et si par hasard vous en connaissez le contenu, n'en tenez pas compte; c'est un fou qui parle, et avant de mourir, vous en verrez encore de vertes et des pas mûres parce que, comme me l'a dit le Saint-Père, tant que nous ferons du bien sur terre, nous souffrirons beaucoup, car le démon se démène et circuit quaerens quem devoret; mais les cornes du Christ sont plus dures que les siennes.

Soyez bon avec Virginie, et le Seigneur l'aidera à se relever, et à se rendre digne du réconfort, et des bénédictions célestes et terrestres qu'elle a reçues.


[6585]

Le 15 mars, j'ai fêté mon anniversaire : mon Dieu! J'ai 50 ans. Nous vieillissons, et j'ai davantage de peines et de croix. Mais comme toutes ces croix sont envoyées par Dieu, j'espère qu'Il m'accordera son aide divine. O Crux, ave Spes Unica.

A Khartoum il y a eu une grande fête, et tous les Pachas, Consuls, etc. etc. sont venus me souhaiter un bon anniversaire et encore 50 ans de vie.

Le grand Pacha a envoyé la fanfare militaire pour me jouer des sérénades, et le soir, il est venu avec toutes les autorités, les consuls et l'aristocratie de Khartoum pour passer la soirée dans mon salon...

Mais remarquez cette bénédiction de Dieu ! L'Abbé Bortolo, qui était parti avec notre caravane depuis deux jours, est revenu avec la fièvre, plus mort que vif, mais il s'est vite rétabli, et il souhaite venir avec moi dans le Cordofan (surtout pour voir l'Abbé Losi).

Le grand Pacha m'avait offert le bateau à vapeur pour aller jusqu'à Tura-el-Khadra, qui est à un tiers du trajet entre Khartoum et El-Obeïd, et j'avais accepté son offre pour partir ce matin.

Mais comme mes Missionnaires m'ont dit que l'Abbé Bortolo désirait partir pour le Cordofan, j'ai dit au Pacha que je ne pourrais pas partir avant le samedi 26 pour pouvoir prendre avec moi l'Abbé Bortolo. Alors, il m'a dit qu'il enverrait le bateau à vapeur devant la Mission, ainsi je partirai quand je voudrai.

Le lendemain, le 16, Slatin Bey (qui a mis à ma disposition les dromadaires pour moi et pour Domenico, ainsi que des gardes et des guides) a envoyé un autre dromadaire à la Mission pour l'Abbé Bortolo, et c'est lui qui s'occupe aussi de la nourriture, des provisions, etc.


[6586]

J'ai d'énormes problèmes d'argent. Il y a quelques jours, l'Abbé Fraccaro (auquel j'ai passé un savon) m'a écrit qu'il y a encore 1.300 thalers de dette au Cordofan ; il m'a demandé de pardonner sa négligence administrative et ses erreurs de comptabilité (il ne m'avait jamais signalé ces dettes), et il m'a assuré que tout était en ordre... Auparavant, il avait écrit qu'il n'y avait que pour 1.800 thalers de dettes. J'en ai payé 1.900, et d'autres par la suite ; et maintenant on découvre qu'il y a encore une dette de 1.300 thalers ! (au Cordofan il y a 130 personnes à nourrir et à vêtir à mes frais). Allez savoir combien d'autres dettes apparaîtront quand j'arriverai au Cordofan ! Ici à Khartoum, nous n'avons même pas 50 thalers, et l'Abbé Giulianelli écrit qu'il est dans la misère.

Aujourd'hui, après avoir tiré la barbe de Saint Joseph pour le solliciter d'intervenir en faveur de Virginie Mansur (dont le bonheur et la sanctification me tiennent à cœur, plus que l'argent), j'ai fait à nouveau appel à lui (il est si bon !) pour qu'il me tire des problèmes financiers et pour que, d'ici cinq mois, il n'y ait plus un seul centime de dette ni au Cordofan, ni en Egypte, ni à Vérone, ni en Europe.


[6587]

Il faut que vous ayez aussi un peu de patience et une confiance totale et inébranlable en Saint Joseph, et ne vous faites pas de soucis, même pas une seule seconde, pour l'argent et les moyens matériels, tout cela fera partie de haec adiicentur vobis.

Occupez-vous seulement, comme vous le faites déjà admirablement (et c'est un grande consolation pour moi) du regnum Dei et iustitiam eius.

Présentez mes hommages à l'Eminent Cardinal, au Révérend Père Vignola, au Père Benciolini, (je me recommande à ses prières), aux Pères Stigmatins, à l'Abbé Luciano, et à mon cher Monseigneur Bacilieri ; priez pour



votre très affligé

+ Daniel Evêque

P.-S. Aujourd'hui, nous avons imposé à Saint Joseph une taxe de 60.000 francs pour le mois d'août prochain.


1044
Père Giuseppe Sembianti
0
Khartoum
22. 03. 1881

N° 1044; (999) - AU PERE GIUSEPPE SEMBIANTI

ACR, A, c. 15/115

N° 13

Khartoum, le 22 mars 1881

Mon cher Père Recteur,

[6588]

Hier, j'ai reçu votre lettre (N° 14) dans laquelle vous me faites savoir qu'à cette heure-ci vous avez annoncé à Virginie le départ de Giorgio sans même qu'elle ait pu le saluer.

Hier matin, j'ai reçu aussi une lettre de Virginie, dans laquelle elle me faisait part de ses impressions et de son chagrin pour ce qui s'était passé.

Les conséquences sont telles que je les prévoyais. C'est un fait qu'un frère s'est éloigné de Virginie, un frère qu'elle a pleuré pendant 6 ans parce qu'il n'était pas catholique, et maintenant on l'a fait partir sans même qu'elle ait pu lui dire un mot pour le conseiller ou le corriger.

Comme je vous l'ai dit dans ma dernière lettre, vous avez bien fait de l'éloigner afin d'éviter de mauvaises conséquences, et parce que c'était aussi l'avis de notre très sage et saint Supérieur le Père Vignola, qui est l'ange de l'Œuvre africaine de Vérone, et à qui Jésus prépare la récompense de ses véritables apôtres.

Je désapprouve totalement les réponses que Virginie vous a données, je désapprouve aussi son orgueil, son imprudence et ses défauts.

Toutefois prenez en compte les raisons de sa méfiance, la douleur naturelle du départ inattendu d'un frère cher, et le moment de passion qui est toujours dangereux, même pour les plus grands saints.

J'ai de la compassion pour Virginie, et j'en aurais eu pour n'importe quelle autre personne qui se serait trouvée à sa place.


[6589]

Cependant après avoir pris connaissance de votre opinion sur Virginie suite à cette rencontre, et après avoir lu ce que m'a écrit Virginie concernant sa position au sein de l'Institut de Vérone, je suis persuadé qu'il vaut mieux qu'elle quitte Vérone, et je suis convaincu que son départ sera utile à l'Institut et à Virginie elle-même.

Si Virginie était à Khartoum sous la direction de Sœur Victoria sur un terrain d'action, ou au Cordofan sous la direction de Sœur Amalia (je ne peux rien dire de Sœur Teresa Grigolini, parce que je ne l'ai pas encore vue, ni entendue), je suis sûr qu'elle ferait la joie de Sœur Victoria qui voudrait l'avoir à Khartoum, et qui me l'a souvent demandée, et aussi des Orientaux qui habitent à Khartoum qui me l'ont demandée plusieurs fois, et de Sœur Amalia qui m'a dit mille fois qu'elle serait heureuse de l'avoir à ses côtés comme professeur d'arabe.

Mais je ne suis pas encore prêt à prendre une décision. Où ira donc Virginie ?

Il est certain qu'elle doit, et qu'elle voudra aller à Beyrouth, mais pour le moment, je ne veux pas. Je désire qu'elle fasse d'abord une cure en Europe, parce qu'elle doit être très déprimée. Elle passe des nuits entières en larmes, elle est très méfiante, et se trouve dans une situation complètement différente de celle qu'elle a vécue pendant les 18 années passées dans la Congrégation de Saint Joseph.


[6590]

Cette croix unie aux autres pèse beaucoup sur mon esprit, je n'ai pas fermé l'œil depuis 6 nuits, et je suis épuisé (et de surcroît hier le médecin a fait partir l'Abbé Bortolo, je crains qu'il ne puisse reprendre facilement des forces pour retourner au Caire), je suis découragé et désolé car au Caire aussi ça va mal.

L'Abbé Giullianelli m'a écrit qu'il n'a pas pu obtenir d'aides financières de Vérone (et la postulante de Mantoue ne pourrait pas aller à Sestri, elle semble être un sujet de valeur, je souhaite que vous lui disiez de m'écrire) ; malgré tout, j'ai totalement confiance en Saint Joseph, qui me suggérera certainement la meilleure façon pour assurer à Virginie la situation qui correspond à la volonté de Dieu.


[6591]

J'ai pensé demander à la Comtesse da Robiano et à la Mère Fondatrice de l'Adoration Perpétuelle d'accueillir Virginie pour quelques mois à Rome, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'elle puisse faire une cure durant l'été, et ensuite, décider de son futur. Sous les yeux de ces saintes religieuses, Virginie pourra travailler pour l'œuvre des églises pauvres dans ce couvent exemplaire, elle pourra demander des conseils à une haute et valable personnalité que je consulte moi-même souvent, et que j'ai parfois consultée aussi pour vous.

Virginie pourra embrasser les pieds du Saint-Père et voir la tombe de Saint Pierre. J'écrirai à cette bonne Supérieure Générale par le prochain courrier, avant de partir pour le Cordofan ; et si cette Supérieure ne peut pas satisfaire mes souhaits, j'écrirai à la Fondatrice génoise à Plaisance.


[6592]

Sœur Vittoria insiste avec force pour que j'envoie Virginie au Caire pour aider ces pauvres malheureuses; mais j'ai bien peur que cela ne vous fasse pas plaisir, à vous qui craignez que la présence de Virginie ne soit nuisible à ces Sœurs. Quant à moi, je ne crains rien, parce que Virginie, quand elle exerce la charité, est une véritable Religieuse.

Je voudrais que Virginie rende visite au Curé de Saint Luc et à ses nièces, les sœurs de l'Abbé Bonomi ; et aussi à Teresina et à son frère l'Abbé Giovanni Bertanza à Rovereto qui, dans une longue lettre que j'ai reçue hier, m'a demandé des nouvelles de Virginie, ainsi que ma cousine Marietta, épouse de mon cousin Pietro. Si on refusait cela, on la traiterait vraiment comme une femme malveillante. Mais je m'en remets à vous pour prendre toutes ces décisions, je ne m'opposerai en rien à votre volonté car, si pour la conversion de la Nigrizia moi je vaux dix, vous mon cher Recteur, vous valez cent !


[6593]

Quand Virginie partira de Vérone, je ne veux pas, et je vous prie in visceribus Christi, que Giacomo et Stefano ne sachent quoi que ce soit sur ce qu'il en est de Virginie, jamais ! ...jamais ! Parce qu'ils sont des paysans, ils ont une tête de paysans, et ils n'y comprennent rien, même s'ils sont de bons chrétiens.

Hier,l'Abbé Giulianelli m'a écrit qu'il avait reçu 2.000 francs de Vienne, mais qu'il ne peut pas m'envoyer un seul centime parce qu'il doit payer le vin; il m'a écrit qu'il m'enverrait tout de suite 3.000 litres de vin! Ni moi, ni l'Abbé Rolleri, ne lui avons dit d'acheter autant de vin. Mon ordre était d'en acheter 1.000 litres pour le Caire et pour tout le Vicariat.


Priez pour votre

+ Daniel


[6594]

P.-S. : Aujourd'hui, j'ai décidé de laisser partir pour le Caire et pour l'Europe Domenico Polinari de Montorio, le jardinier de Khartoum et vétéran de l'Afrique Centrale depuis que le Vicariat est sous ma juridiction. Il est infatigable, il a travaillé comme dix personnes, et comme Missionnaire laïque, il est à toute épreuve pour ce qui concerne les bonnes mœurs et la piété.

Je le laisse partir parce qu'il fait tellement d'efforts que j'ai peur qu'il meure.

Il reviendra à Khartoum en automne. Comme il est de Montorio, et qu'il m'a été envoyé par le Curé Grego, faites attention que ce Prêtre ne le convainque de rester à la maison. Je crois qu'il n'y arrivera pas, parce que Domenico est solide, et c'est un homme, bien qu'un peu extravagant dans le travail, qui a de la poigne...

Grego a écrit deux fois à l'Abbé Luigi, en l'invitant à abandonner l'Afrique, et à reprendre les fonctions de Vicaire à Montorio. Mais quand on a vraiment confiance en Dieu, la justice triomphe.


[6595]

J'ai promis à Virginie une dot si elle entre dans un autre Institut, j'ai fait cela en toute conscience, et avec les conseils d'un homme fort compétent.

Je continue de demander des aides financières pour elle. Au printemps dernier, j'avais déjà recueilli de l'argent pour elle. Si Virginie n'avait pas pensé que je suis le fondateur et le propriétaire d'un Institut de Sœurs pour l'Afrique, dont, compte tenu aussi des cinq premières, même les Sœurs de son Institut avaient parlé positivement, et si elle n'avait pas été sûre que je l'accepterait, peut-être n'aurait-elle pas quitté sa Congrégation.

J'ai donc le devoir absolu de conscience de m'occuper d'elle, et de ne pas l'abandonner tant qu'elle ne sera pas dans la situation dans laquelle elle était quand elle est venue en Afrique sous ma juridiction. Il est certain que Dieu ne veut pas qu'elle reste à Vérone; nous lui trouverons un autre endroit avec l'aide de Saint Joseph qui a déjà, je l'espère, exaucé mes vœux.

Les voies de la Providence de Dieu sont ineffables et pleines d'amour. Notre Institut de Vérone aura ainsi moins à faire, et je me charge de lui trouver un professeur d'arabe. Domenico Polinari vous dira certainement qu'une Sœur de Saint Joseph vaut davantage que trois des nôtres, bien que ces dernières soient plus obéissantes. Gabriel, qui nous a été envoyé par Monseigneur Marinoni, est une perle, un saint : Oh ! Si j'en avais 30 comme lui !

Courage, et ayez confiance en Dieu.

+ Daniel Evêque


1045
Abbé Francesco Giulianelli
0
Khartoum
26. 03. 1881

N° 1045; (1000) - A L'ABBE FRANCESCO GIULIANELLI

ACR, A, c. 15/24

Le Caire (Khartoum), le 26 mars 1881


Mon cher Abbé Francesco,

[6596]

Je vous prie de payer immédiatement la somme de 24 thalers megid à l'Illustre Comte Gloria, Consul d'Italie au Caire ; préparez et apportez-lui cette somme tout de suite, le plus rapidement possible. Je vous demande d'envoyer immédiatement la machine à coudre que Mère Amalia a commandée.

Comme je ne sais plus comment faire pour l'argent (parce que vous avez reçu 19.000 francs, et que vous ne m'avez pas envoyé un centime, alors qu'ici, j'ai remboursé jusqu'à 15.000 francs de dettes, et nous n'en avions que 6.000 ou 7.000), allez donc tout de suite chez Monsieur Holz avec ma lettre ci-jointe, et priez-le de m'envoyer immédiatement 6.000 francs par l'intermédiaire de Manueliadis et Léontidis, et signez en mon nom les obligations de paiement.

Vous avez mal fait d'envoyer tant de vin, vous savez que nous n'avons pas d'argent.


[6597]

Dorénavant, je vous demande de ne plus commander de vin à Santorino jusqu'à nouvel ordre de ma part. Avec l'argent qui viendra, payez Holz, et envoyez le reste au Soudan. Débrouillez-vous le mieux possible pour le Caire. C'est le Soudan qui actuellement a le plus besoin d'aides. Je demanderai moi-même des aides financières à Vérone pour le Caire.

Si l'Abbé Bortolo guérit, il partira pour le Caire. Courage ! ayez confiance dans le Cœur de Jésus ; je vous bénis.



(+ Daniel Evêque)


1046
Son Père
0
Khartoum
28. 03. 1881

N° 1046; (1001) - A SON PERE

ACR, A, c. 14/130

Khartoum, le 28 mars 1881

bref billet.

1047
Card. Giovanni Simeoni
0
Khartoum
03.1881

N° 1047; (1002) - AU CARDINAL GIOVANNI SIMEONI

AP SC Afr. C., 9, f.121


mars 1881

Quelques mots écrits au dos d'une photographie de l'église d'El-Obeïd.

1048
Père Giuseppe Sembianti
0
Khartoum
03.1881

N° 1048; (1004) - AU PERE GIUSEPPE SEMBIANTI

ACR, A, c. 15/116


Khartoum, mars 1881


Mon cher Recteur,

[6598]

Notre Abbé Losi croit que l'Europe, qui chasse les Prêtres et les Religieux de leurs propres couvents, veut s'occuper des négriers et des esclavagistes du Djebel Nouba.

Cependant, j'ai beaucoup d'influence sur le Khédive d'Egypte et sur le Gouverneur Général du Soudan, et j'ai conclu de tels pactes avec le Gouverneur Général Rauf Pacha, que lors de ma prochaine visite au Djebel Nouba, je pourrai mettre de l'ordre parmi ces voleurs et ces assassins, et je les remettrai aux autorités pour qu'ils soient jugés.

Ayons seulement confiance en Dieu qui est mort pour les Noirs; prions et faisons prier, pour que la Nigrizia s'incline devant le Christ... Pondérez bien les conseils que l'Abbé Losi me donne et selon lesquels je devrais dépendre un peu plus de l'Abbé Bortolo et de l'Abbé Batta, et rien sur le jugement du Chef...

Cela m'est indifférent...


[6599]

J'aimerais bien avoir une centaine de types comme l'Abbé Losi, parce qu'il a aussi de bonnes qualités de Missionnaire.

Il est absolument nécessaire qu'à Vérone les Sœurs et les missionnaires étudient la langue arabe. La connaissance de la langue est indispensable, et c'est aussi un indice de vocation des aspirants. Celui qui a la vocation, essaye de se procurer ce moyen le plus nécessaire, qu'après la piété et les bonnes mœurs, est le plus important. Je recommande vivement cela, et je le recommanderai toujours


+ Daniel Evêque


1049
Père Giuseppe Sembianti
0
El-Obeid
06. 04. 1881

N° 1049; (1005) - AU PERE GIUSEPPE SEMBIANTI

ACVV, XVII, 5, B

Vive Jésus, Marie et Joseph !

N° 14

El-Obeïd, le 6 avril 1881


Mon cher Père,

[6600]

Je vous écris peu car je suis encore fatigué du voyage. Pendant le voyage il faisait plus de 50 degrés. A notre caravane conduite par l'Abbé Bonomi, avec les Sœurs, il a fallu 17 jours de voyage de Khartoum au Cordofan. Tandis que pour moi il n'a fallu que 4 jours à dos de dromadaire, mais en courant continuellement. Je suis arrivé ici avec les pleins pouvoirs du gouvernement Egyptien qui me donne autorité pour remettre au pas les tribus nomades esclavagistes qui sillonnent les territoires des Nouba, et pour créer une Mission comme il faut.

Puisque vous devez être renseigné sur tout pour que vous puissiez vous faire, au moins, une petite idée de cette importante Mission, je vous ferai recopier la traduction de la lettre de recommandation du Grand Pacha du Soudan adressée au Pacha du Cordofan pour que je sois secondé en tout.

Ainsi, au fur et à mesure je vous informerai sur tout.


[6601]

Aujourd'hui je n'ai pas le temps d'écrire à la Supérieure, ni à Virginie. J'ai rencontré, ici, les Sœurs qui se portent très bien, tout comme l'Abbé Léon de la région des Nouba, et l'Abbé Antonio de Malbès.

L'église qui est ici, entièrement recouverte de zinc, est la plus vaste et la plus belle de toute l'Afrique Centrale.

Nous devons souffrir, mais nous avons des consolations. Oh les croix ! et moi, j'en ai davantage que les autres parce que tout pèse sur mes épaules.

La charité est si rare dans le monde !

Tous mes hommages à l'Eminent Cardinal


+ Daniel Evêque

P.S. (.....) une chaleur accablante ! Mais Joseph est là.


1050
Son Père
0
El-Obeid
06. 04. 1881

N° 1050; (1006) - A SON PERE

BQB, sez. Autografi (Manoscritti), c. 380, fascicolo. II, n.1

Vive Jésus, Marie et Joseph !

El-Obeïd, capitale du Cordofan,

le 6 avril 1881

Mon cher Père,

[6602]

La caravane des Sœurs et des Missionnaires conduite par l'Abbé Bonomi est arrivée ici 17 jours après son départ de Khartoum ; moi je suis arrivé avec le bateau à vapeur, puis à dos de dromadaire, et il ne m'a fallu que 5 jours. Je me sens fort comme un lion.

Ici, j'ai trouvé une l'église couverte de zinc (que j'ai fait venir de France alors que j'étais à Limone), elle est la plus grande et la plus belle de toute l'Afrique Centrale.

J'ai trouvé aussi une dette de 3.400 thalers, et aujourd'hui j'ai fini de les payer, parce que Saint Joseph est un bon administrateur.

Ici, nous dépensons 3 ou 4 thalers par jour uniquement pour acheter de l'eau.


[6603]

Je suis pourvu des pleins pouvoirs du gouvernement turc pour rappeler à l'ordre les responsables trafiquants de chair humaine, et gare à celui qui s'opposera à moi ! Les cornes du Christ sont plus dures que celles du démon.

La chaleur est accablante. Le mois de juillet à Vérone est comme le printemps ici. Je viens de voyager sur un dromadaire qui a couru pendant trois heures sans interruption (il court plus vite qu'un cheval), je me porte bien, et je ne perds pas de temps.

L'église catholique d'El-Obeïd est la merveille de ces régions, et spécialement les colonnes. De nombreux millionnaires de cette capitale qui possèdent des centaines de milliers de francs en espèces sont venus faire le dessin de l'église pour ensuite faire construire leur résidence d'après ce modèle.


[6604]

Saluez Teresa et tous les parents de ma part. Les Missionnaires et Teresina Grigolini la Supérieure Provinciale d'Afrique Centrale, laquelle est un vrai soldat du Christ, vous saluent. Priez toujours, et écrivez souvent à



votre fils aimé

+ Daniel Evêque


P.-S. Le très fidèle Domenico est venu avec moi ; ses vêtement sont tout déchirés, son gros derrière est couvert de plaies à force de courir à dos de chameau, et le reste de son corps est plein de sang. Il lui faudra plus de 15 jours pour se soigner. Je préfère voyager de cette façon pour ne pas perdre de temps. Je me suis convaincu que je ne suis pas encore tout à fait poitrinaire. Ecrivez-moi.


+ Daniel Evêque