Devenir ce que nous sommes – Vivre le charisme combonien en communauté

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Octobre 2024
Le thème, vraiment captivant et même “défiant”, au sens de engageant, ambitieux, ardu et complexe – “Devenir ce que nous sommes – Vivre le charisme combonien en communauté” – nous semble le plus approprié pour clore cette série de réflexions. En effet, l’appel à être un “Cénacle d’Apôtres” – souhaité par Comboni, parce que voulu par le Christ lui-même – doit marquer l’atmosphère, le style, la méthode, le but et même l’âme de notre “vie missionnaire”. [Foto Pixabay]

Devenir ce que nous sommes
Vivre le charisme combonien en communauté

Le Guide de Mise en œuvre du XIX Chapitre Général (2022), conformément au mandat du chapitre concernant la formation permanente, demandait aux coordinateurs du Centre de formation permanente (CFP) de consacrer l’année 2023 [appelée “Année d’initiation”] « à la spiritualité et, en particulier, à la réflexion et à la prière sur la Parole de Dieu ». Pour la période 2024-2025, une phase de “Définition des processus”, elle nous proposait la tâche suivante : « Pour la période 2024-2025, la formation permanente sera centrée sur les thèmes de l’identité missionnaire et de la vie communautaire, et sera coordonnée et accompagnée par le Secrétariat général de la formation. »

Le Secrétariat de la formation s’est activé rapidement, proposant au Centre de Formation Permanente d’élaborer un programme et de préparer et diffuser des supports pour faciliter la réflexion et la discussion dans les communautés sur les thèmes suggérés dans le Guide de Mise en œuvre, en les publiant régulièrement sous forme de “encarts” dans Familia Comboniana.

Le premier encart, en février 2023, invitait les communautés à « se mettre en chemin pour devenir des personnes “marquées par le feu” pour la mission ». En décembre 2023, il y a eu l’encart consacré à la Parole: “De la lecture des signes des temps au don de soi dans la Mission”.

En vue de Pâques, en février 2024, un encart intitulé “La Parole – Une école de formation permanente communautaire pour un renouvellement du chemin missionnaire” présentait la Lecture Populaire de la Bible comme une méthode d’approche du texte biblique, dans laquelle la vie et la Bible sont au centre, dans un cercle vertueux où elles s’interpellent mutuellement, laissant la Bible parler à chacun et à travers chacun.

En préparation à la Solennité de la Pentecôte, en avril 2024, un encart intitulé “La mission vécue dans l’Esprit Saint qui l’anime” a été présenté, suivi, en juin, par un support sur le thème du “Cœur de Jésus, source et but de la Mission”.

Ce dernier encart, qui traite du thème de la communauté, a été préparé par le père David Glenday, à qui nous adressons nos sincères remerciements. Le thème, vraiment captivant et même “défiant”, au sens de engageant, ambitieux, ardu et complexe – “Devenir ce que nous sommes – Vivre le charisme combonien en communauté” – nous semble le plus approprié pour clore cette série de réflexions. En effet, l’appel à être un “Cénacle d’Apôtres” – souhaité par Comboni, parce que voulu par le Christ lui-même – doit marquer l’atmosphère, le style, la méthode, le but et même l’âme de notre “vie missionnaire”.

Les prochains mois nous invitent à recevoir les conclusions du Synode sur la Synodalité (“Pour une Église synodale – Communion, articipation et mission”) et à entrer avec espérance dans l’Année Jubilaire 2025 (dont le thème est “Pèlerins d’espérance”) avec les sentiments exprimés dans ce passage de la Lettre aux Hébreux : « Nous aussi, entourés d’une si grande nuée de témoins, débarrassés de tout ce qui pèse et du péché qui nous entrave si facilement, courons avec persévérance dans la course qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, celui qui donne naissance à la foi et l’amène à la perfection » (He 12,1b-2).

Il est bon que cette réflexion soit précédée d’une "lecture priante" de l’un des quatre récits évangéliques de la dernière soirée de Jésus avec ses disciples au Cénacle, la nuit avant sa passion. Le Cénacle commence là.

Photo Pixabay

Le Cénacle, certainement ! Mais lequel ?

Lorsque nous, missionnaires comboniens, parlons de notre Fondateur et de la vie communautaire, il n’est pas rare que nous disions des phrases telles que : Comboni a dit que notre Institut est un Cénacle d’Apôtres ; ou encore : Comboni a insisté pour que nous puissions être un tel Cénacle.

En réalité, il vaut la peine de prêter une attention plus grande à ce que Comboni a réellement dit.

Au chapitre 1 de ses Règles de l’Institut des Missions pour la Nigrizie, en 1871, nous trouvons ceci : « Cet Institut... devient comme un petit Cénacle d’Apôtres pour l’Afrique » (Écrits, 2648), et nous notons trois petits mots, mais réellement puissants : “devient”, “comme”, “petit”. Ensemble, ces mots indiquent une vision et une expérience profondément dynamiques de la communauté combonienne ; ils indiquent un chemine-ment, une croissance en humilité, discrétion, patience, persévérance, un processus, une communauté en devenir.

Ces trois précieux mots nous suggèrent que la question que Comboni nous encourage à poser sur notre vie communautaire ne concerne pas tant le degré de correspondance avec l’idéal, mais plutôt avec quel cœur nous faisons ce chemin ensemble. Et ce qui est fascinant et encourageant, c’est que, si nous tournons notre attention vers le Cénacle des Évangiles et à la manière dont il est présenté à la veille de la Passion et de la Mort de Jésus, la question qui se présente est la même.

Cénacle – En chemin avec Jésus

Les quatre évangélistes – et en eux, naturellement, l’Esprit Saint lui-même – n’auraient guère pu nous offrir un portrait plus clair d’une communauté aussi radicalement fragile que celle de Jésus au Cénacle. Nous y trouvons une ambition démesurée (« Qui de nous doit être considéré comme le plus grand ? » – cf. Lc 22,24b), une surdité profonde (« Seigneur, avec toi je suis prêt à aller... jusqu’à la mort » – Lc 22,33 ; « Seigneur, ... je donnerai ma vie pour toi ! » – Jn 13,37b), une trahison tragique (« L’un de vous... me trahira » – Mc 14,18b) et une présomption aveugle (« Ils commencèrent... à lui demander, un par un : “Ce n’est sûrement pas moi !?” » – Mc 14,19 ; « Judas, le traître, dit : Maître, est-ce moi ? ” », Mt 26,25a), le tout mis en évidence dans le contexte du don total de Jésus. Et pourtant, cette communauté gravement imparfaite, ce cénacle de personnes faibles, est la communauté de Jésus.

La communauté de Jésus, donc, n’est visiblement pas la communauté qui correspond ici et maintenant à sa vision et à son projet, mais c’est celle où il est présent, l’accompagnant patiemment comme une communauté en devenir.

Alors, une fois encore, la question est : où est présent Jésus parmi nous pour nous former en un Cénacle d’Apôtres ? Et comment puis-je l’aider dans cette œuvre ? C’est une question de discernement et de décision, une vision très dynamique.

Jésus crée le Cénacle

Pour que nous puissions discerner et décider, les Évangiles offrent un portrait très riche de Jésus nous formant pour devenir un Cénacle. Il le fait :

en nous appelant et en nous rassemblant ; nous sommes au Cénacle parce qu’il nous veut, et nos compagnons nous sont donnés par lui ; il ne peut y avoir de Cénacle durable sans cette foi radicale ;

en recommençant toujours, à partir de là où il nous trouve ; il nous attend avec une patience infinie et ne se lasse pas de nous conduire, encore et encore, dans le processus de devenir sa communauté ;

en restant avec nous malgré tout ; sa fidélité et son pardon sont le fondement et l’espérance de notre chemin communautaire ; la gratitude pour cela procure la joie de vivre ensemble ;

en nous motivant par la mission ; il nous dit : « Soyez un pour que le monde croie » (cf. Jn 17,21) ; d’où l’importance vitale de garder les yeux de notre cœur bien ouverts sur ce qui se passe dans notre monde ;

en priant pour nous : il vit pour toujours pour intercéder pour nous (cf. He 7,25) ; la Très Sainte Trinité, “les Trois Aimés”, sont pleinement impliquées et engagées dans notre chemin communautaire ;

►et, surtout, en se donnant lui-même pour nous ; mon confrère est un frère « pour qui Christ est mort » (1Co 8,11), et pour nous aussi, au final, la construction de la communauté est une affaire d’amour radicalement exigeant.

Ainsi, ici et maintenant, dans cette communauté missionnaire, très humaine et donc fragile, dans laquelle il m’a été donné de vivre, où je discerne la présence de Jésus qui appelle, rassemble, attend, reste, prie, pardonne, et quelle réponse, par sa grâce, décide-je de donner ?

C’est de cette manière humble, progressive, patiente, pas à pas, que notre communauté combonienne a la joie d’être – de devenir ! – ce « point lumineux qui envoie... des rayons qui brillent et réchauffent à la fois... manifestant la nature du Centre d’où ils sont issus » (Écrits, 2648).

Rome, 13 octobre 2024
Père David Glenday, mccj