Jésus Ressuscité entre dans la gloire de son Père. Il remonte vers le Père, comme il le dit à Marie-Madeleine. Il remonte vers le Père pour nous communiquer cette gloire qu’il avait avant que le monde fût. Et quelle est cette gloire qui va transfigurer notre vie, lui donner une valeur incomparable ? Cette gloire, c’est l’Esprit saint qu’il va répandre dans nos cœurs. Cette gloire, c’est la Présence de Dieu, c’est son habitation au plus intime de nous. (...)
Vigile pascale – Marc 16, 1-7 : “Il est ressuscité, il n’est pas ici”.
Dimanche de Pâques – Jean 20, 1-9 : “L’autre disciple… vit et crut.”
Soirée de Pâques – Luc 24, 13-35 : ” Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse.”
“Voici le jour que le Seigneur a fait : réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse”, dit le psaume du jour de Pâques (Psaume 117). Ce jour, nous l’avons désiré, espéré, préparé, mais nous ne l’avons pas fait ! C’est le Seigneur qui l’a fait ! Il y a des choses, des choses vraiment importantes, que notre main ne peut pas faire. Ce jour est l’œuvre de Dieu, son chef-d’œuvre. Au cours de la première “semaine sainte”, la semaine de la création, Dieu a mis de l’ordre dans le chaos, créant le temps et l’espace, “et voici que c’était très bon” (Genèse 1:31). Dans cette nouvelle semaine, la semaine sainte, Dieu a libéré sa création de la corruption de la mort, faisant entrer l’éternité dans le temps. “Le Seigneur a fait cela : une merveille à nos yeux”, poursuit le psalmiste. Oui, une merveille dont nous n’avions jamais rêvé. Le Christ, “la Porte”, a mis la terre en communication avec le ciel. La mort n’est plus la “porte du non-retour”, mais la porte du Jour sans couchant.
Enfin du nouveau sous les cieux !
“Ce qui a été sera
et ce qui a été fait sera refait ;
il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Y a-t-il quelque chose dont on puisse dire :
Voici ce qui est nouveau” ?
Cela s’est déjà produit
dans les siècles qui nous ont précédés”.
(Qoèlet 1, 9-10)
Voici, Qoèlet, une véritable NOUVEAUTÉ ! Un homme, Jésus de Nazareth, que la mort avait englouti et que le tombeau avait enfermé, est sorti vivant, vainqueur de la mort. C’était le 9 avril de l’an 30. Interroge les temps passés. Rien de tel n’était jamais arrivé ! Et pourtant, l’incroyable s’est produit. Et nous en sommes les témoins ! Nous courons donc, le cœur gonflé, avec des larmes de joie, après des larmes de désespoir, impatients de dire à tous : le Christ est ressuscité !
Et désormais, tout change. Rien ne sera plus comme avant ! Qoèlet, ne proclame pas plus ” heureux les morts qui sont partis que les vivants qui sont encore en vie ” (4,2) ! Car….
“La Mort et la Vie se sont affrontées
dans un duel prodigieux.
Le Seigneur de la Vie était mort ;
mais maintenant, vivant, il triomphe…
Oui, nous en sommes certains :
Le Christ est vraiment ressuscité !”
(Séquence de Pâques)
A partir de ce 9 avril, la course missionnaire commence : “Allez dire à ses disciples et à Pierre : Il vous précède en Galilée. Là, vous le verrez, comme il vous l’a dit ” (Marc 16, 1-7, évangile de la vigile). Et les disciples du “chemin” (Actes des Apôtres 9,2 etc.), infatigables – car on ne se lasse pas quand on a le cœur bien content ! – ont parcouru toutes les chemins et les routes des “Galilées”, des périphéries du monde, désireux de communiquer à tous cette Bonne Nouvelle : Le Christ est ressuscité !
Il faut chercher le Ressuscité là où il y a de la vie !
“Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié. Il est ressuscité, il n’est pas ici”. S’il “n’est pas ici”, où le chercher ? Là où la vie fourmille ! Là où l’on respire un air nouveau ! Pas là où la vie pourrit !
C’est à se demander si l’air nouveau et printanier du Ressuscité est respiré dans nos églises et nos assemblées. Malheureusement, il faut reconnaître que parfois nous respirons mal, il y a un air vicié dans nos milieux ecclésiaux. Nous sommes devenus allergiques à la nouveauté, nous ne voulons pas être interpellés par la nouveauté, par ce qui ne correspond pas à nos vieux schémas de vie et de pensée. On a parfois l’impression que les portes et les fenêtres ouvertes par le Concile Vatican II se sont refermées. Il n’est donc pas étonnant que les personnes inquiètes, insatisfaites de la société actuelle et à la recherche d’un monde différent, aillent ailleurs, là où la vie fermente.
Nous disons aimer la nouveauté, mais à notre manière. En réalité, nous craignons la nouveauté, parce qu’elle nous déstabilise et bouleverse nos rythmes habituels. Nous préférons les verbes de répétition : faire du neuf avec du vieux. C’est pourquoi les deux disciples d’Emmaüs ont été déçus (Luc 24, 13-35, l’évangile du soir de Pâques) : “Nous espérions que c’était lui qui délivrerait Israël !”. Les apôtres espéraient la même chose avant l’ascension : “Seigneur, est-ce le moment où tu vas rétablir le royaume d’Israël ?” (Actes des Apôtres 1,6). Le Seigneur, cependant, n’est pas un “restaurateur”, mais un innovateur : “Ne vous souvenez plus des choses passées, ne pensez plus aux choses anciennes ! Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe à l’instant même, ne la voyez-vous pas ?” (Isaïe 43,18-19).
Regarder la vie du côté du troisième jour
“Que Pâques puisse vaincre notre péché, briser nos peurs et nous faire voir la tristesse, la maladie, les abus et même la mort, du bon côté : celui du ” troisième jour “. De ce côté, le Calvaire nous apparaîtra comme le Thabor. Les croix ressembleront à des antennes, placées là pour que nous entendions la musique du Ciel. Les souffrances du monde ne seront pas pour nous les halètements de l’agonie, mais les douleurs de l’enfantement.
Et les stigmates laissés par les clous de nos mains crucifiées seront les ouvertures par lesquelles nous apercevrons déjà les lumières d’un monde nouveau”. (Don Tonino Bello).
Meilleurs vœux de bonnes fêtes de Pâques à tous !
P. Manuel João Pereira Correia mccj
Vérone, mars 2024
Dimanche de Pâques
Jean 20,1-9
Vivre avec le Christ ressuscité
Jn 20, 1-9 et, le soir, Lc 24, 13-35
Homélie de Maurice Zundel, donnée à Beyrouth le 2 avril 1972
Jésus Ressuscité entre dans la gloire de son Père. Il remonte vers le Père, comme il le dit à Marie-Madeleine. Il remonte vers le Père pour nous communiquer cette gloire qu’il avait avant que le monde fût. Et quelle est cette gloire qui va transfigurer notre vie, lui donner une valeur incomparable ? Cette gloire, c’est l’Esprit saint qu’il va répandre dans nos cœurs. Cette gloire, c’est la Présence de Dieu, c’est son habitation au plus intime de nous.
Le ciel, dit le Pape saint Grégoire, c’est l’âme du juste. Voilà que le ciel vient en nous. Voilà que Dieu nous habite, que notre vie est identifiée avec la sienne ! Chacun de nous s’interroge : quelle est la valeur de ma vie ? Chacun de nous veut être unique. Il veut que sa vie ait un sens. Il veut qu’elle ne soit pas vécue en vain.
QUEL HONNEUR SI, AU SOIR DE CE JOUR, CHACUN DE NOUS PEUT DÉCOUVRIR DANS LE SILENCE DE SON COEUR CETTE PRÉSENCE DU SEIGNEUR RESSUSCITÉ
Comment notre vie peut-elle être unique sans faire tort aux autres ? Sans nous retrancher de la communion humaine ? Mais voilà justement le miracle et le mystère : c’est qu’en Dieu le secret de chacun, l’unicité de chacun et son universalité se confondent, parce que toute grâce est une mission, parce que celui qui reçoit Dieu, son cœur s’ouvre à l’infini et devient capable d’être une présence à tous les hommes.
Et c’est là justement le mystère merveilleux de l’Eglise, qu’elle réalise d’une manière unique, cette possibilité de relier les deux pôles de la vie commune, de la vie sociale ensemble et seul. On ne peut pas former une communauté sans vivre ensemble, mais on ne peut pas former une communauté véritablement humaine, sans que sa propre solitude soit reconnue et respectée. Car finalement la communauté vaut ce que vaut la solitude de chacun.
Si vous assistez à un concert, si les artistes sont dignes de la musique qu’ils présentent, si toute la salle est unanime à écouter, si elle est une seule respiration, une seule aspiration vers la beauté, chacun éprouve cette beauté d’autant plus profondément que le silence est plus total. Mais cette beauté, il l’éprouve comme le secret le plus intime de son cœur.
C’est là l’image d’une société parfaite, d’une société véritablement humaine : ensemble et seul. On communie ensemble à un bien suprême, mais qui est intérieur à chacun et qui est le secret le plus intime de sa personne. Et c’est cette gloire, justement, que Jésus veut nous communiquer, quand Il répand son Esprit dans nos cœurs. Et c’est cette gloire en laquelle nous nous enracinons dans la mesure où nous vivons le mystère de l’Eglise.
Car l’Eglise a ses assises dans la conscience de chacun. Chacun de nous doit devenir toute l’Eglise. Sans doute, chacun dans l’Eglise n’a pas la même fonction, mais tous les chrétiens ont la même mission d’être les porteurs de Dieu, d’être les porteurs du Christ et, par leur vie même, de témoigner de sa Présence en le communiquant.
C’est cela qui nous remplit de joie en voyant le Christ Ressuscité et remonté vers son Père, et devenir, à la droite du Père, le dispensateur de la gloire divine qui est répandue dans nos cœurs. par l’Esprit qui nous est donné. C’est cela qui nous remplit de joie parce que chacun d’entre nous peut entrer dans une grandeur infinie, parce que chacun de nous est vraiment chargé d’une mission universelle, parce que la vie la plus humble, la plus cachée – une femme qui se livre aux travaux obscurs du ménage – cette vie peut rayonner sur le monde entier et lui apporter la vie éternelle.
Quel honneur si, au soir de ce jour, chacun de nous peut découvrir dans le silence de son coeur cette Présence du Seigneur Ressuscité. Et, si chacun de nous se sent promu, élevé, magnifié par ce don de Dieu, si chacun de nous acquiert par là un plus grand respect de sa vie et prend cette admirable résolution d’être digne de cette mission et d’apporter partout où il va – sans le dire, mais dans l’amour même du Dieu qu’il porte en lui-même – si chacun s’efforce de communiquer aux autres ce merveilleux secret, en traitant l’autre avec un respect tel qu’il puisse découvrir au fond de son âme ce Christ qui est le Christ de tous, ce Christ qui est aussi le Christ de chacun, ce Christ qui nous appelle chacun par notre nom, ce Christ qui nous fait à la fois unis et universels.
Avec quel bonheur nous allons rendre grâce au Seigneur qui nous appelle à une telle dignité et qui nous envoie dans le monde pour être un Evangile vivant, qui nous envoie dans le monde pour porter la paix et la joie, qui nous envoie dans le monde pour que chacun se sente infiniment aimé par ce Christ qui est notre frère et notre Dieu !
Par Maurice Zundel
http://www.mauricezundel.com
Elle nous est redonnée pour produire un impact réel dans nos vies fatiguées, en mal de renouvellement et de relance. Nous avons bien besoin de cette annonce pour qu’elle puisse illuminer notre existence, nous réchauffer, nous alimenter, nous qui sommes si souvent tourmentés, à bout de ressource et de force, occupés par tant et tant de soucis. Et voilà que nous sommes mis au défi de croire et d’entrer pour de bon dans le régime pascal pour y connaître une grande paix, une grande joie.
La parole entendue ce matin nous guide vers cette assimilation progressive de Pâques. Non pas comme du chocolat qui viendrait flatter notre goût en passant et nous émoustillerait seulement quelque peu, en surface, mais le mystère de Pâques, qui est une substantielle nourriture de l’âme, pour une recomposition de tout notre être appelé à vivre désormais de la vie nouvelle offerte et donnée dans le Christ Jésus, mort et ressuscité pour nous.
En première lecture, Pierre en son discours à Césarée chez le Centurion Corneille, nous rappelle l’itinéraire unique de Jésus, dont il fut lui-même le compagnon. De la résurrection du Christ, il est un témoin direct, de première ligne, avec d’autres, bien sûr, un chaînon précieux pour nous faire accéder nous aussi à l’événement décisif de la résurrection.
Et Paul, dans sa lettre aux Colossiens, évoque l’aboutissement du mystère de la résurrection du Seigneur dans nos vies à chacun, à chacune. Par le baptême, vous avez part à ce mystère de résurrection, proclame-t-il. Vous êtes ressuscités avec le Christ. Vivez en conséquence. Tendez vers le haut. Suivez déjà le Christ en ascension vers le Père.
Et l’Évangile de Jean, au matin de Pâques, nous invite à vivre un cheminement personnel vers l’accueil de ce grand mystère de la résurrection du Christ.
Avec Marie Madeleine d’abord nous constatons que le tombeau est vide et nous déplorons l’absence du Seigneur bien-aimé en sa chair, en son corps crucifié. Acceptons pour un temps de ne pas savoir où il est et de le dire et de pleurer avec elle.
Avec Pierre entrons dans le tombeau pour observer et réfléchir et peut-être ne rien comprendre, ne rien voir. Être perplexes et hésitants, au terme d’un examen peut-être trop superficiel?
Mais allons plus loin aussi, plus longuement, plus amoureusement, avec l’autre disciple; creusons en dedans de nous, relisons les Écritures, laissons-nous toucher par l’Esprit, pour voir et pour croire qu’il est vivant et qu’il n’attend que notre acquiescement intérieur de croyant, de croyante pour se révéler pleinement et nous combler de joie, de paix, d’amour, de vie nouvelle. Alléluia!
Par Jacques Marcotte, o.p.
http://www.spiritualite2000.com