Le P. Aladino était né à Vigasio (Vérone). Voilà comment il raconte les débuts de sa vocation : « Déjà quand j’étais petit j’étais acolyte et les sœurs me disaient que j’allais devenir prêtre… mais cela me faisait fâcher ! Je n’y pensais pas du tout ! J’ai fait partie de l’Action Catholique pendant des années, mais puis j’ai laissé cela pour suivre la passion de ma vie : la danse !
Un dimanche j’étais devant la maison paroissiale des jeunes, car il y avait une comédie, mais je n’avais pas l’argent pour le ticket. Le sacristain m’envoya chercher des chaises (après il allait me faire entrer gratuitement) et là j’ai rencontré une personne qui me fit devenir religieux, le nouveau curé qui m’invita à la rencontre de l’Action Catholique. Je ne sais pas comment, le soir je suis allé à la rencontre … les vieux amis m’accueillirent avec beaucoup de joie. J’étais confus. Le dimanche suivant je suis revenu au lieu de la danse, mais je suis resté là regarder. Ce fut la dernière fois que j’y suis allé. Petit à petit ma vocation se faisait sentir … je lisais Nigrizia qui faisait bouger quelque chose en moi … je voulais devenir combonien. »
Après le noviciat en Angleterre, Aladino fit sa profession religieuse comme Frère missionnaire en 1951 et après trois ans en Angleterre, en 1954 il fut affecté à l’Ouganda. Là il vécut son service missionnaire, surtout dans l’enseignement, jusqu’en 2014, avec une interruption de six ans à Rome (1970-1976) pour les études de philosophie et de théologie en vue de l’ordination sacerdotale (1976). Après son ordination il fit retour en Ouganda pour son service dans la région du West Nile.
Depuis quelque temps il avait beaucoup de problèmes de santé. A la fin de novembre, il fut hospitalisé à cause d’une infection rénale. Il est décédé à l’hôpital de Negrar (Vérone) le 9 décembre.
Sa condition de souffrance et d’immobilité progressive, surtout au cours des derniers mois, ont parfois pesé sur son état d’âme, en le faisant devenir un peu silencieux ; selon ses possibilités, il aimait sortir pour offrir sa contribution dans les paroisses environnantes qu’il connaissait bien. Ses familiers et ses amis le visitaient souvent pour parler avec lui et recevoir des conseils.
Voilà les mots que le P. Renzo Piazza, supérieur de la communauté de Castel d’Azzano, a adressés au P. Aladino, comme une salutation finale, au commencement de l’Eucharistie présidée par le P. Giovanni Munari, supérieur provincial. « P. Aladino, cette communauté où tu as vécu les trois dernières années et demie veut te remercier et te saluer pour la dernière fois. Quand tu es arrivé à Castel d’Azzano, dès le premier jour, tu as inauguré une pratique dont nous sommes devenus des experts : tomber. Sous le soleil fort du trois juin tu es allé voir le travail des ouvriers qui terminaient de mettre le goudron. Tu as laissé un peu de sang sur le nouveau goudron et tout est fini là. Mais beaucoup ont suivi ton exemple … Souvent tu nous as témoigné de ta vie entièrement donnée à la mission et de ton amour “monogamique” pour l’Ouganda : tu y as travaillé seize ans comme Frère et 38 comme prêtre, dans la prédication et l’enseignement, en tout 54 ans ! Tu nous en as appris la géographie, en rappelant les noms des missions où tu as vécu : Moyo, Pakwac, Koboko, Ombaci ; la politique, en rappelant que tu avais des amitiés importantes comme celle avec le président Amin.
Tu as réalisé des programmes de promotion humaine et y a fait participer des amis pour te soutenir (y compris l’équipe du Chievo), affirmant que « sans argent on ne réalise pas les œuvres de Dieu », comme le disait aussi Comboni. Tu t’es réjoui en recueillant les fruits de ton travail : tu étais orgueilleux du fait que parmi tes acolytes il y en a un qui, devenu missionnaire combonien, aujourd’hui est engagé au Sud Soudan.
Tu as été capable aussi de bien vieillir dans notre communauté de Castel d’Azzano. Fidèle à la communauté et à la prière, tu gardais les yeux fixés vers le Tabernacle; tu voyais vite que la lampe était éteinte … Tu as été disponible jusqu’à quand tes forces l’ont permis, tu es resté lié à ta famille et au village où tu es né et grandi, là où tu allais danser mais surtout où tu as grandi dans la foi et dans l’amour envers le prochain. Tu montrais avec nostalgie la petite église où tu allais prier le chapelet quand tu étais enfant ».