Nous sommes encore sous le choc, la nouvelle de la mort de Dom Franco, frère et pasteur, ne nous semble pas encore réelle. En ce moment, la ville et le diocèse de Balsas se sentent orphelins. C'est le sentiment qui nous envahit après avoir célébré les funérailles de Dom Franco Masserdotti, le mardi 19 septembre, dans la cathédrale de Balsas.
Cela est arrivé le dimanche 17 septembre, vers 14h.30, quand Dom Franco aimait passer quelques heures en promenade sur sa bicyclette. La route BR 230 ne lui était pas nouvelle, même il la connaissait bien. La déroulement de l’accident reste encore incertain. Il semble qu'il ait été dépassé par une fourgonnette et que lui, peut-être, ait cherché à passer de l’autre côté de la route carrossable. Le bruit du camion l'a empêché de s'apercevoir de l'arrivé d'une autre voiture, conduite par un pasteur évangélique qui l'a fatalement renversé, le tuant sur le coup. La nouvelle s'est répandue rapidement et les gens se sont pressés d'accourir sur la place de l'hôpital São José, où sa dépouille était prête à être transportée dans la cathédrale.
Du dimanche au mardi les personnes les plus simples sont venues saluer leur pasteur. Des Indiens Apinajé étaient présents pour représenter les groupes indigènes du Brésil et ils ont accompli leur rituel, en offrant de la farine de manioc et du pain. A cette célébration, présidée par l’archevêque métropolite de São Luís, Dom José Belisário, étaient présents quelques évêques du Maranhão et les cinq évêques de l'état de Tocantins. Mgr. Sebastião Bandeira, ordonné évêque par Dom Franco en mars 2005, était venu de Manaus pour être proche du diocèse et de la famille de Dom Franco.
Mardi matin sont arrivés sa soeur Elvira avec son mari et un de leurs enfants, représentant également la mère de notre évêque, Mme Maria, et son frère Roberto. Le président Lula a envoyé son représentant, Rogério Freitas qui a exprimé ses condoléances à la famille, reconnaissant l’engagement constant de Dom Franco en faveur de la justice et des droits des peuples indigènes “pour une terre sans maux”.
Selon les paroles des familiers, la célébration a été la fête d'un peuple de ressuscités, qui aimait son pasteur, d'une société qui le considérait comme un point de référence. Dom Franco avait la grande capacité d'accueillir les personnes, de croire en elles, même quand quelqu'un profitait de sa bonté. Un homme simple, avec une sérénité de fond qui finissait par atteindre celui qui lui était proche. Il ne regardait pas aux apparences et il ne mettait personne dans l'embarras du fait qu'il était évêque, n'importe qui se trouvait à l'aise avec lui.
Après la Messe, il y a eu le cortège funèbre, au cours duquel nous avons visité avec lui les lieux comboniens de la ville: l'école “Dom Daniel Comboni”, l’hôpital São José, l'église principale de Saint Antoine et la résidence épiscopale. Dom Franco a été enseveli à côté de son grand ami, qui avait lutté afin de l'avoir comme successeur: Mgr. Rino Carlesi.
A Dieu va notre gratitude, aux familiers de Dom Franco notre remerciement pour l'avoir laissé dans la terre où il était venu travailler, suer, aimer, courir, terre où il a répandu son sang, même si c'est par une fatalité. Reste un vide, mais déjà les semences de la résurrection ont été jetées. A la demande du peuple, des amis, de la famille et des Comboniens, dans le but de dissiper quelque doute, nous demandons à travers l’Ambassade italienne et la CNBB que la police fédérale certifie les circonstances de l’accident.
Dom Franco Masserdotti a écrit: “La vraie mort arrive quand nous reposons notre espérance et le sens de notre vie dans la possession, dans le pouvoir, dans le plaisir déchaîné, quand nous fermons notre coeur au prochain et nous nous laissons conduire par l'égoïsme". (P. Antonio Guglielmi)
Message du Supérieur Général en mémoire de Mgr. Franco Masserdotti (au nom du Conseil Général et des conseillers provinciaux du Brésil)
Douleur, incrédulité et foi s'alternent dans nos coeurs à cette douloureuse nouvelle de la disparition de Mgr. Franco Masserdotti. “Pourquoi, mon Dieu?” C'est une question d'amour envers “Dom Franco” et de foi envers Dieu. Et le silence de Dieu devient pesant encore une fois. Et encore une fois, nous nous agenouillons devant Sa Sainte Volonté. “Dieu le sait” répond Abraham à la question et au doute de son fils Isaac.
Même si notre coeur est plein de douleur, la foi nous invite à rendre grâce à Dieu pour la personne et la vie de Dom Franco. Nous remercions Dieu pour notre confrère évêque qui a vécu comme un serviteur fidèle de son Seigneur et de son peuple. Mais qui était Dom Franco? Un homme envoyé de Dieu à la terre brésilienne pour lui apprendre que nous sommes tous une seule famille, un homme au coeur de Pasteur, qui n'a jamais abandonné son troupeau.
Qui était Dom Franco? Un évêque qui, plus que la croix pectorale, a aimé la croix pesante de la souffrance et des larmes de son peuple. Qui était Dom Franco? Un missionnaire. Un Missionnaire Combonien qui a marché sur la route indiquée par Saint Daniel Comboni: rester parmi les plus pauvres et les plus abandonnés. Un missionnaire envoyé par Dieu qui a semé de la bonté dans le coeur de beaucoup.
Faire mémoire de Dom Franco n'est pas le tout. Dom Franco a été père, maître, pasteur et prophète: la foi nous porte à célébrer la vie de notre évêque en imitant ses vertus, en suivant son exemple et en aimant le peuple de Dieu. Nous sommes peinés mais non déçus. Dieu seul le sait. Et je voudrais rappeler les paroles de foi de l'évêque Daniel Comboni quand mourut le premier de ses compagnons de mission, Don Francesco Oliboni: “Il est mort notre frère. Sa mort ne nous décourage pas. Au contraire, elle nous aide à persévérer dans notre vocation et notre mission. Sa mort nous appelle à renouveler notre promesse de fidélité à Dieu et à Sa mission”.
Nous tous, Missionnaires Comboniens, nous sommes unis, en communion de prière avec tout le peuple de Balsas et avec l'Eglise brésilienne dans la mémoire de notre très cher Dom Franco. L'évêque de Balsas, nous en sommes sûrs, ne veut pas nous voir tristes. Il veut que tous, nous chantions le Magnificat de notre vie et que tous nous promettions fidélité à Dieu et à Sa mission.
(P. Teresino Serra)