La parabole d’aujourd’hui raconte un peu nos histoires, nos sagas individuelles ou nos sagas collectives, en Église ou autrement. Dieu avait préparé de belles choses pour nous. Il nous avait même établis jadis dans son jardin de liberté et d’amour. Il nous avait installés dans la confiance comme en un premier effet de son geste créateur. Il nous a confié ce qu’il avait de plus précieux sa Vigne : le lieu parfait de la communion et du partage avec lui. Il a pris cette chance avec nous.
Matthieu 21, 33-43
Qu’avez-vous fait de ma vigne?
La parabole d’aujourd’hui raconte un peu nos histoires, nos sagas individuelles ou nos sagas collectives, en Église ou autrement. Dieu avait préparé de belles choses pour nous. Il nous avait même établis jadis dans son jardin de liberté et d’amour. Il nous avait installés dans la confiance comme en un premier effet de son geste créateur. Il nous a confié ce qu’il avait de plus précieux sa Vigne : le lieu parfait de la communion et du partage avec lui. Il a pris cette chance avec nous.
Malheureusement la beauté et les merveilleuses ressources de la Vigne nous ont tourné la tête. Nous en avons fait chaque jour notre affaire. Nous n’aimions pas rendre des comptes.
Nous sommes devenus d’habiles et d’avides profiteurs, nous comportant en propriétaires d’une réalité qui ne nous appartenait pas vraiment. Notre attitude a compromis pour un temps la récolte. L’orgueil est toujours dévastateur. À force de résister et de contester, nous avons tout chambouler avec le risque de nous détruire nous-mêmes.
Dieu pourtant ne s’est pas résigné à nous abandonner sa Vigne. Il a fait jusqu’à l’impossible pour nous tirer du malheur où nous nous étions mis par notre faute en voulant jouer au grand seigneur.
Voilà qu’en sauvant son ouvrage, il nous tirés de la révolte chronique et de l’égoïsme bête où nous étions enfermés. Il fallait que cesse nos manœuvres mesquines.
Quand tout aura été rasé et brûlé de nos péchés, il restera la base, la fondation sur quoi bâtir du neuf avec nous. Il restera notre pauvreté, notre amour, sur quoi Dieu peut bâtir du neuf pour nous.
Car la vengeance et la punition, ce n’est pas ce qui intéresse Dieu, ce n’est pas son fort. Il est bien plutôt fidèle à son rêve. Il est fidèle à son amour de toujours. Il nous a finalement tout livré de lui-même, jusqu’à son propre fils.
Dieu attend notre réponse enthousiaste et généreuse, et la merveille maintenant sera plus merveilleuse encore qu’il n’en était au début. Notre communion et notre paix seront désormais bâties sur du solide, sur une pierre d’angle, qui est le Fils ressuscité, et la Vigne magnifique, c’est nous avec lui, lui avec nous.
Par Jacques Marcotte, o.p.
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LE VRAI SANCTUAIRE,
C’EST L’HOMME!
D’une conférence de Zundel au Cénacle de Paris en janvier 1968, où il montre de quelle manière Jésus devient la pierre d’angle d’une relation nouvelle avec Dieu et entre les hommes.
Il s’en faut que les Évangiles nous empêchent de considérer la situation comme quelque chose d’impossible et nous pouvons précisément envisager le ministère de Jésus comme un tissu de difficultés insurmontables et supposer, de sa part, un sens de ce qui était possible et de ce qui ne l’était pas, avec un souci de s’exprimer de manière à ménager l’avenir, à le rendre possible sans piétiner le passé et susciter, contre cet avenir qu’il voulait préparer, un blocage définitif.
Nous pouvons nous rendre compte, d’ailleurs, de l’immense itinéraire parcouru dans cette brève carrière de Jésus-Christ par le fait que l’homme le plus génial, celui qui a le plus fait pour accréditer le message de Jésus-Christ et pour porter sa Présence aux nations, je veux dire saint Paul, a été aussi, à l’origine, l’ennemi le plus acharné. Il a senti l’incompatibilité absolue entre ce que le Christ apportait et ce que la tradition des Pères, dans laquelle il avait été nourri, affirmait. Et c’est parce qu’il a senti cet écart qu’il a voulu percer dans l’œuf l’Eglise naissante qui commençait à propager le témoignage de Jésus-Christ.
Le vrai sanctuaire, c’est l’homme! C’est l’homme!
D’autre part, le Grand Prêtre qui porte le destin de la nation, a senti, lui aussi, l’immense danger, sans pouvoir le formuler, l’immense danger qu’était pour la nation, du moins ce qui en subsistait, la présence de ce prophète mal accrédité qui n’avait pas fait d’études régulières, qui venait d’une province méprisée et dont les dires ambigus précisément pouvaient être pleins de dangers. Et il ne se trompait pas : le destin de la nation se jouait, en effet, puisque Jésus allait être la pierre d’angle d’une religion universelle qui refuse de reconnaître un peuple élu, en établissant justement avec Dieu des rapports de personne à personne dans l’intimité de chacun.
Nous envisageons donc toute cette histoire avec un regard entièrement neuf, si nous la prenons, dès le départ, dans cette sorte de nœud tragique où une mission impossible, eu égard aux circonstances, prend son départ.
Si nous nous reportons maintenant à la fin, nous pouvons symboliser, dans un épisode, le dénouement tragique et définitif. Cet épisode, c’est le Lavement des pieds qui se situe aux derniers jours de Jésus, ce Lavement des pieds qui est comme la révélation brusquée de tout le secret. Il signifie, d’une part, que le Royaume de Dieu est au-dedans de nous, que le ciel est ici, maintenant, au-dedans de nous, que Dieu est, comme Jésus l’avait présenté à la Samaritaine, une source en nous qui jaillit en vie éternelle, que le Temple n’est plus le sanctuaire prodigieux et magnifique et qui fait l’admiration des Juifs du monde entier quand ils viennent en pèlerinage. Le vrai sanctuaire, c’est l’homme! C’est l’homme!
Maurice Zundel
https://www.mauricezundel.com