Dans l’Évangile d’aujourd’hui, l’évangéliste Luc, avant de présenter le discours programmatique de Jésus à Nazareth, en résume brièvement l’activité évangélisatrice. Il s’agit d’une activité qu’il accomplit avec la puissance de l’Esprit Saint : sa parole est originale, parce qu’elle révèle le sens des Écritures ; c’est une parole faisant autorité, parce qu’elle commande même les esprits impurs et ceux-là obéissent (cf. Mc 1, 27). (...)

Luc 1,1-4; 4,14-21

L’activité évangélisatrice de Jésus
Pape François

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, l’évangéliste Luc, avant de présenter le discours programmatique de Jésus à Nazareth, en résume brièvement l’activité évangélisatrice. Il s’agit d’une activité qu’il accomplit avec la puissance de l’Esprit Saint : sa parole est originale, parce qu’elle révèle le sens des Écritures ; c’est une parole faisant autorité, parce qu’elle commande même les esprits impurs et ceux-là obéissent (cf. Mc 1, 27). Jésus est différent des maîtres de son époque : par exemple, il n’a pas ouvert d’école pour l’étude de la Loi, mais va prêcher et enseigner partout : dans les synagogues, dans les rues, dans les maisons, toujours en chemin! Jésus est différent également de Jean-Baptiste, qui proclame le jugement imminent de Dieu, tandis que Jésus annonce son pardon de Père.

À présent, imaginons que nous entrons nous aussi dans la synagogue de Nazareth, le village où Jésus a grandi jusqu’à l’âge de trente ans environ. Ce qui y a lieu est un événement important, qui définit la mission de Jésus. Il se lève pour lire l’Écriture Sainte. Il déroule le rouleau du prophète Isaïe et choisit le passage où il est écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18). Puis, après un moment de silence chargé d’attente de la part de tous, il dit, à l’étonnement général : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture » (v. 21).

Évangéliser les pauvres : telle est la mission de Jésus, selon ce qu’Il dit ; c’est aussi la mission de l’Église, et de tout baptisé dans l’Église. Être chrétien et être missionnaire est la même chose. Annoncer l’Évangile, par la parole et avant même, par la vie est la principale finalité de la communauté chrétienne et de chacun de ses membres. On remarque ici que Jésus adresse la Bonne Nouvelle à tous, sans exclure personne, et même en privilégiant les plus éloignés, les souffrants et les malades, les exclus de la société.

Demandons-nous : qu’est-ce que signifie évangéliser les pauvres ? Cela signifie avant tout s’approcher d’eux, cela signifie avoir la joie de les servir, de les libérer de leur oppression, et tout cela au nom et avec l’Esprit du Christ, parce qu’Il est l’Évangile de Dieu, il est la miséricorde de Dieu, il est la libération de Dieu, c’est lui qui s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté. Le texte d’Isaïe, renforcé par de petites adaptations introduites par Jésus, indique que l’annonce messianique du Royaume de Dieu venu parmi nous s’adresse de préférence aux exclus, aux prisonniers, aux opprimés.

À l’époque de Jésus, ces personnes n’étaient probablement pas au centre de la communauté de foi. Nous pouvons nous demander : aujourd’hui, dans nos communautés paroissiales, dans les associations, dans les mouvements, sommes-nous fidèles au programme du Christ ? L’évangélisation des pauvres, leur apporter la Bonne Nouvelle, est-elle la priorité ? Attention : il ne s’agit pas seulement d’offrir une assistance sociale, et encore moins d’une activité politique. Il s’agit d’offrir la force de l’Évangile de Dieu, qui convertit les cœurs, guérit les blessures, transforme les relations humaines et sociales selon la logique de l’amour. En effet, les pauvres sont au centre de l’Évangile.

Que la Vierge Marie, Mère des évangélisateurs, nous aide à sentir fortement la faim et la soif de l’Évangile qu’il y a dans le monde, en particulier dans le cœur et dans la chair des pauvres. Et qu’elle obtienne à chacun de nous et à chaque communauté chrétienne de témoigner de façon concrète de la miséricorde, la grande miséricorde que le Christ nous a donnée.
Angelus 24.1.2016

Loin des idoles, près du cœur
par Mario Bard

Dernièrement, j’écoutais un classique de la musique au Québec : Tu trouveras la paix dans ton cœur, un succès de Renée Claude de 1970. Le rapport avec l’Évangile semble ténu. Pourtant, comme elle le chante, sans une paix trouvée à l’intérieur de soi, le projet de Ieshoua pour l’humanité est impossible.

Ce Dieu qui n’est pas colérique et capricieux, Ieshoua y croit. Seulement, l’illusion des idoles est grande. On se retrouve souvent devant des pantins de croyances et de croyants. D’un côté, ils clament leur adhésion et crie à tous, haut et fort, qu’ils sont chrétiens. Sans même se poser de questions, ils croient d’une manière enfantine tout ce qui se trouve dans le grand livre de la Bible. Sans même réaliser que, de livre en livre, il y a une évolution. Et pas une petite.

D’un Dieu qui ressemble en tout point à celui des Grecs et des Romains, les Juifs commencent à expérimenter quelque chose de nouveau… Dieu est peut-être bien davantage un être d’amour. Un être qui n’est que l’amour! Cela est troublant. Surtout pour ceux et celles qui, paresseux, faibles, ou bien simplement culturellement attachés à la religion, ne voudraient qu’adorer des idoles. Une petite prière, un petit rituel, et hop!, l’affaire est ketchup : je possède les faveurs et la vérité de Dieu.

Pourtant, pour accomplir pleinement la parole d’un Dieu qu’il appelle Abba, Ieshoua donne tous les signes qu’il faut, d’abord, prendre le temps de converser avec le Père. Et cela prend du temps. Cette conversation n’est pas seulement fabriquée d’une série de mots faits d’une formule que personne ne comprend. Pour arriver à parler avec le Père, il faut prendre le temps des introspections, le temps de lui dire ce qui va et aussi, ce qui ne va pas. Il faut se débarrasser de nos idoles intérieures.

« L’Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue,
remettre en liberté les opprimés,
annoncer une année favorable
accordée par le Seigneur. »

On le sait, Ieshoua et l’Évangéliste Luc choisissent délibérément de ne pas mentionner l’autre partie. Celle où les méchants sont exterminés. Parce que le Règne de la grâce peut commencer aujourd’hui. Et, qu’avant même de commencer à penser même à la guerre, le Dieu que Ieshoua a rencontrés et veut nous faire rencontrer n’a rien de guerrier. Tu trouveras la paix dans ton cœur, c’est peut-être un peu pour les chrétiens la recherche constante de cette conversation intérieure avec le Dieu révélé par notre frère Ieshoua. Sinon, comment peut-on réellement trouver la force de porter la bonne nouvelle aux pauvres, ou encore, d’annoncer aux captifs leur libération?

Chez les chrétiens, il ne devrait y avoir aucun diplôme. Que des femmes et des hommes qui chaque jour avouent au Père leur malaise, leur problème, leur faute, tout en espérant que cet amour du Père les transforme pour toujours. Loin des idoles, tout près d’une relation toujours plus amoureuse.
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