Cirillo naquit le 5 février 1923 à Vigasio, petit village de la province et du diocèse de Vérone. Des difficultés économiques, mais surtout le désir de donner au garçon (et à son frère Livio) une saine éducation chrétienne, font en sorte que les parents inscrivent les deux à l’Institut véronais fondé par l’abbé Mazza.
En 1942, les deux frères demandèrent d’entrer dans la Congrégation des Fils du Sacré Coeur pour les missions de l’Afrique Centrale. Après le noviciat à Florence, au jeune Cirillo fut réservé le privilège de continuer ses études de théologie à Rome, à l’Université Urbanienne. Après la profession solennelle en 1946, il fut ordonné prêtre au mois de juin 1947.
Déjà pendant les études, LE P. Cirillo avait manifesté ses qualités d’écrivain et sa passion pour livres et revues. C’est ainsi que les supérieurs le chargèrent des deux magazines comboniens, alors chancelants et un peu négligés, La Nigrizia et Il Piccolo Missionario, qui se publiaient à la Maison mère de Vérone (1947-1953). C’est alors que débuta sa carrière d’écrivain, photographe, programmateur radiophonique et journaliste qui va durer 55 ans.
Après ce travail à la rédaction de Nigrizia et une intense activité pastorale, il fut envoyé au Sud Soudan: onze ans de grâce qui enrichirent et mûrirent sa vocation missionnaire. Il travailla dans les missions de Mupoi, Yambio et Tombura, sans aucun congé en Italie, à cause de la situation politique tendue. Mais il ne perdit jamais de vue ses capacités professionnelles, bien au contraire, il les mit en oeuvre dans les manières les plus différentes.
En 1964, toutefois, le gouvernement islamique du Soudan décréta l’immédiate expulsion du pays des 300 Missionnaires Comboniens et Comboniennes qui y travaillaient. Cette épreuve qui paralysa et détruit l’oeuvre de 100 ans de fatigues apostoliques, eut aussi une conséquence heureuse, car permit à l’Institut de remplir de nombreux postes “vacants” ici et là de par le monde: en Italie dans les florissantes maisons de formation, dans d’autres missions d’Afrique avec un personnel abondant, et particulièrement en Amérique Latine, où il devint possible de développer de nombreuses missions ouvertes depuis peu (Brésil, Mexique et Equateur).
Le P. Cirillo, revint pendant quelques années dans la rédaction de Nigrizia, puis il fut appelé à Rome comme secrétaire général pour l’animation missionnaire (1969-1981). Un travail de grande importance car il l’obligeait à suivre les vicissitudes et à intervenir dans la vie de centaines de communautés comboniennes et, en même temps, à garder les contacts avec les institutions missionnaires centrales du Saint Siège à Rome. Nous le rencontrons désormais engagé dans la publication de plusieurs livrets de formation et dans les premières expériences pour doter de matériel publicitaire les activités d’animation des Instituts missionnaires.
Date de cette époque-là sa collaboration avec Radio Vatican, en préparant des programmes missionnaires en plusieurs langues que l’on passait après aux agences et radios. Il produisit aussi de nombreuses séries de "filmine" (films fixes) sonorisées et une quarantaine de véritables documentaires cinématographiques d’un excellent niveau qui illustraient la vie des missions en Afrique et Amérique Latine. Tout ce travail qui demandait des voyages rapides, fatigues et sueurs, fut affronté par le P. Cirillo avec l’aisance et la force de celui qui est poussé par une vocation intérieure et une intelligence brillante et créative.
Avec les collaborateurs qu’il pouvait avoir de temps à autre, il n’a pas eu de chance. Tous finissaient par disparaître et le P. Cirillo restait toujours seul, dans une entreprise qui grandissait autour de lui comme une avalanche. Cette solitude le conduisit à se renfermer en lui-même et à rechercher de faire les choses tout seul.
Malgré l’insistance de Radio Vatican pour le conquérir, le P. Cirillo se remit à la volonté des supérieurs et en 1981 partit en Equateur, où il avait appris qu’il y avait la possibilité de travailler selon son style. Mgr Enrico Bartolucci, évêque d’Esmeraldas, en effet, avait besoin d’un directeur spécialiste pour sa nouvelle radio. Malheureusement l’évêque tomba malade et le projet s’éteignit. Le P. Cirillo s’établit à Quito, la capitale, et y resta presque 20 ans, c’est à dire le reste de sa vie.
Les deux premières années le P. Cirillo se consacra à la publication du magazine combonien “Sin Fronteras” et à la Maison d’édition du même nom. Il commença a publier des dizaines de bouquins en espagnol sur les plus différents sujets missionnaires: personnages, histoires des missions, thèmes de formation religieuse, de culture, événements bibliques, biographies de saints, et même, jeux et amusantes plaisanteries. Malgré les difficultés financières et logistiques, cette “bibliothèque” parvint à publier plus que deux cents titres, tirés à de dizaines de milliers d’exemplaires, et se répandit dans toute l’Amérique Latine. Un matériel précieux dans les mains des missionnaires, animateurs de vocations, de nombreux formateurs, curés et professeurs.
Ensuite, le cardinal de Quito, Mgr Pablo Muñoz Vega, demanda au P. Cirillo de prendre la direction de la “Radio Catholique Nationale” qui était prête pour démarrer ses activités. Le P. Cirillo refusa la direction, mais accepta de collaborer, une collaboration très grande et significative, toute fondée sur l’évangélisation. C’est ainsi que pendant 19 ans il offrit sa contribution à l’évangélisation de l’Equateur et de l’Amérique Latine. Dernièrement il diffusait chaque jour cinq programmes radio (sans compter d’autres interventions occasionnelles d’actualité religieuse et missionnaire) qu’il préparait dans son grand studio sis à la maison provinciale de Quito.
Parmi ses programmes journaliers: le saint du jour, psaumes du soir, messages de foi, la Bible dans la terre de Jésus, témoins de notre temps, informations catholiques hebdomadaires, panorama catholique mondial, les Evangiles du dimanche, interviews aux missionnaires, et d’autres encore. Le 25% des programmes était l’oeuvre du P. Cirillo. Il commença ensuite à collaborer aussi avec Radio Maria, une nouvelle radio qui couvrait tout le pays et une partie du Pérou et de la Colombie. Cela étendit sa renommée à millions de personnes et lui donna d’atteindre peuples et lieux complètement dépourvus de connaissances religieuses et missionnaires.
Ces deux ou trois dernières années de vie, désormais octogénaire, il éprouvait le poids du peu de santé et de la solitude. La mort de son frère prêtre Livio - le dernier membre de sa famille - le plongea dans une très grande affliction. Je me rappelle que c’est à moi qu’il remit son appareil photo qui l’avait accompagné dans ses nombreux voyages et aventures. Il semblait désormais éteint et proche à la mort, disponible à se détacher de tout. Mais ce qui lui donnait le plus de soucis était la continuation de son spécifique travail d’évangélisateur.
Le P. Cirillo a écrit: “Alors que je me place devant le micro pour transmettre mes programmes, très souvent je remercie le Seigneur de m’avoir donné ce moyen merveilleux, la radio, pour atteindre le coeur de milliers de personnes. Je les rencontre souvent dans des endroits différents du pays et j’entends combien il me remercient pour les messages que nous leur offrons”.
Dimanche 30 septembre, achevée sa dernière semaine de travail, sans déranger personne, il était descendu pour le petit déjeuner et puis il s’était retiré dans sa chambre. Plus tard, à 10h00 du matin il a été trouvé mort, étendu sur son lit. Dans le silence, la solitude et la paix il était reparti vers le Père.
(P. Alberto Doneda)