Vendredi 28 février 2025
« Un jour une carte : qu’est-ce qui pousse les rebelles du M23 à conquérir du territoire en RDC ? La sécurité du Rwanda ou les minerais congolais ? » (Factus). Tout le monde se pose désormais cette question et l’autre aussi : jusqu’où veut aller et ira le Rwanda par l’entremise du M23 ?

Avec la prise de Goma, Bukavu, Uvira par le M23 et l’armée du Rwanda réapparaissent les vieux spectres et aussi les vieux mensonges. Pour parler, expliquer, essayer de mettre en clair l’échec de la MONUSCO au Congo, l’existence du Mouvement 23, analyser les conflits dans l’est du Congo et des Grands Lacs, l’apport inconditionnel de l’occident au régime de Kigali on revient toujours et encore aux massacres du Rwanda en 1994.

Dans cette situation confuse où l’incompétence et la corruption des autorités congolaises et la mise en question de respect des droits humains au Burundi brouillent encore plus les données en donnant à chacun la liberté d’exprimer son opinion. J’ai vécu plusieurs années au Burundi, et encore plus au Congo (RDC), je connais très bien le Rwanda, j’ai passé une dizaine d’année comme membre de la société civile aux Nations Unies et, depuis que j’ai travaillé dans la rédaction d’une revue spécialisée sur l’Afrique, j’essaye de suivre l’évolution politique et militaire du continent africain : je me permets de partager mon opinion, subjective sans doute, qu’il m’a fallu du temps pour la définir, car je m’étonne qu’on ne prenne jamais en considération trois données que je considère clés dans ce conflit.  

La racine du problème

En parlant de la guerre entre Russie et Ukraine, on revient à l’histoire, aux conflits du passé, aux erreurs dans la gestion des processus de paix. Au sujet du conflit entre Israël et les Palestiniens, on remonte même à la conquête de Jérusalem par les Romains, à la domination turque et au protectorat anglais de cette région du monde. Dans le cas des conflits dans les Grands Lacs on s’arrête aux massacres ou au génocide de 1994 au Rwanda sans aller plus loin.

Or tout commence au Rwanda par la révolte hutue contre les siècles de la domination tutsie des années 1959-61 qui a fait quelques milliers des victimes et plusieurs milliers des réfugiés tutsis au Burundi, en Uganda, en Tanzanie. Un jeune rwandais, un tutsi réfugié, que j’ai connu à Bujumbura en 1969, me disait : « Cette révolte n’était pas inévitable mais elle était devenue nécessaire ».

C’est de l’Ouganda, d’ailleurs, que l’armée tutsie envahit le Rwanda. Dans le premier affrontement elle est bloquée, près de la frontière nord, par l’armée régulière rwandaise et les paras congolais de Mobutu. Leur commandant Fred Rwigyema y perd la vie, Kagame s’érige en nouveau chef et l’ONU envoie une force d’interposition, la UNAMIR (Mission de l’ONU au Rwanda). 

De ce positionnement, Kagame, tout en infiltrant des commandos qui provoquent la population rwandaise déjà exaspérée, n’attend qu’un prétexte pour faire fi de la UNAMIR. Le prétexte arrive le 6 avril 1994 : l’avion du Président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, et du nouveau président du Burundi, Cyprien Ntaryamira de retour des pourparlers de paix à Arusha est abattu.

La réaction populaire est sauvage, sans doute alimentée par des personnalités politiques et militaires hutues et les tueries se multiplient partout sur les collines.

Mais qui a abattu, l’avion ? « Kagame, c’est lui-même que me l’a dit en réponse à ma question », m’a assuré Théogène Nsengiyumva dans un entretien qu’on a eu aux Etats Unis. Théogène Nsengiyumva est un des quatre généraux tutsis de Kagame qui l’ont abandonné quand ils se sont aperçu qu’il était un « killer mind » et que Kagame a condamné à 24 ans et demi de prison pour haute trahison.

Toutefois, après le 6 avril, Kagame attend plusieurs semaines avant de reprendre son invasion, arriver à Kigali et stopper les massacres. Devant ce fait, le Colonel-général canadien Roméo Dallaire, chef de l’UNAMIR au temps de ces événements, vers la fin son livre de plus de 500 pages « Shaking Hand with the Devil », publié après dix ans, confesse : « Je me suis alors demandé si Kagame ne nous avez pas tous dupés ». Lue dans le contexte il laisse planer le doute que Kagame aurait permis ainsi que les tueries par les paysans hutus continuent pour bloquer tout velléité à une possible résistance des Tutsis modérés à son intervention armée et se forger l’image de « sauveur » qui lui a en effet permis de faire longtemps la pluie et le beau temps sur la scène internationale.

L’oubli du Burundi

Les vicissitudes historiques du Burundi et du Rwanda sont depuis toujours entrelacées. Au temps du protectorat Belge les deux pays étaient appelés Rwanda-Urundi. En kirundi et kinyarwanda l’adjectif-pronom « undi » signifie « autre », d’où en jouant sur les mots, le Burundi devient un autre Rwanda. A partir des années 60 les deux pays connaissent des tensions ethniques répétées et parallèles :  car au Burundi le pouvoir était dans les mains des Tutsis, au Rwanda dans celles des Hutus. Un regard aux dates suggère une question.

  • 1er octobre 1990 : les Tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) commencent l’invasion du Rwanda depuis l'Ouganda contre le régime hutu du président Habyarimana ;
  • 1er juin 1993 : au Burundi Melchior Ndadaye, est élu démocratiquement président, il est le premier président hutu qui gagne les élections contre l’Uprona le parti tutsi au pouvoir ;
  • 20 octobre 1993 : un coup d’Etat par l’armée tutsie au Burundi assassine le président Melchior Ndadaye pour redonner le pouvoir aux Tutsis ;
  • 6 avril 1994 : l’avion des Présidents rwandais et burundais est tombé déclenchant les tueries qui justifieront la prise du pouvoir au Rwanda de Kagame et son armée tutsie.

J’ai vécu longtemps au Burundi. Le 23 octobre 1993, je descendais de Cyangugu (Rwanda) décidé à rejoindre Bugarama sur la frontière du Burundi, où s’était formé un camp de réfugiés hutu-Burundais qui après le coup d’Etat et de l’assassinat du Président Ndadaye fuyaient la peur au ventre. Je me suis arrêté à la Paroisse Catholique de Mashaka, je crois me rappeler, où trois prêtres tutsis, me facilitèrent aimablement l’accès aux clés de leur maisonnette et de leur vaste église de Bugarama comme abri aux réfugiés. Au moment de partir, le plus âgé me pria : « Père. Veuillez écouter ma confession, ma dernière peut-être. Ce qui se passe au Burundi c’est le glas pour nous les Tutsi du Rwanda ». Le glas, la cloche des morts, titre d’un roman d’Hemingway « Pour qui sonne le glas », un macabre présage, car au Burundi le coup d’Etat avait provoqué la réaction des Hutus qui sur les collines avait massacré à la machette quelques centaines de Tutsi, voire des milliers.

Comment peut-on oublier les conflits ethniques du Burundi pour comprendre ceux du Rwanda ?

Le rêve tutsi

« Le Rwanda a des ambitions territoriales claires à l’est de la RDC », c’est la balkanisation que dénoncent depuis des années les évêques du Congo et plusieurs instances internationales ou autre chose ? C’est à Nairobi, en décembre 1994 de retour chez moi que pour la première fois, dans le New People Media Center où je rencontrais des européens et un groupe d’intellectuels africains, j’ai entendu parler du « rêve d’un empire tutsi » : l’invasion du Rwanda n’était que la première étape et le coup d’Etat au Burundi qu’un rattrapage. Un esprit complotiste de journalistes exaltés ? Le général Nangaa, le nouveau visage congolais pour couvrir l’invasion rwandaise par l’entremise du M23, a récemment déclaré que le plan était d’arriver jusqu’à Kinshasa. Des dates donnent à penser.

  • 18 octobre 1996 : Rwanda, Ouganda et Burundi (où les Tutsi sont à nouveau au pouvoir) en soutenant la révolte de Laurent-Désiré Kabila, envahissent le Congo. 1ère Guerre du Congo
  • 17 mai 1997 : ils s’emparent de Kinshasa, où ils installent comme président Laurent Kabila et l’obligent à des accords pour l’exploitation du Pays.
  • 2 août 1998 : le Rwanda soutenu par l’Ouganda commence la 2ème invasion du Congo reprochant à Laurent Kabila de n’avoir pas respecté les accords. Laurent-Désiré Kabila s’impose avec l’appui direct de l’Angola, le Zimbabwe et la Namibie, et indirect du Tchad, du Soudan, de la Libye.
  • 16 janvier 2001 : Laurent Kabila est assassiné dans un contexte aux contours nébuleux.
  • 17 janvier : Joseph Kabila succède à son père en tant que président de la RDC et établit des nouveaux accords avec le Rwanda.

A partir de là, la politique en RDC s’embrouille : en avril 2003, est établi un gouvernement de transition qui inclut les factions belligérantes ; le 30 juillet 2006 est célébrée la 1ère élection présidentielle multipartite depuis l'indépendance et Joseph Kabila est élu président ; le 28 novembre 2011 Joseph Kabila lors d'élections contestées entre autre pour son rapprochement avec le Rwanda est réélu ; en Décembre 2016 se termine son mandat mais Joseph Kabila refuse de quitter le pouvoir et n’organise pas d’élections ; le 30 décembre 2018 Félix Tshisekedi est déclaré vainqueur de l'élection présidentielle enfin organisée grâce à un accord avec Kabila et le Rwanda ; en Mai 2020 se forme un gouvernement de coalition entre les partis de Kabila et de Tshisekedi mais en avril 2021 par un espèce de coup d’Etat politique Tshisekedi se libère de la coalition avec Kabila et forme son Union Sacrée. Et tout d’un coup en mars 2022 les rebelles du M23 reprennent les affrontements avec les forces gouvernementales. Et la situation se précipite :

  • Le 20 janvier 2024 Félix Tshisekedi est investi président pour un second mandat présidentiel et s’engage à mettre fin à l’insécurité dans l’est du Pays et à le libérer de la présence rwandaise ;
  • En août 2024 s’intensifient les affrontements entre l’armée gouvernementale et le M23 ;
  • En octobre 2024, les négociations entre les présidents Tshisekedi et Kagame échouent et
  • En janvier 2025 il y a la prise Goma avec désormais une guerre ouverte.

Conclusion

Mon opinion, sans doute subjective, est que dès le commencement, l’enjeu était cet ambitieux rêve d’un empire tutsi conçu par l’élite tutsie exilée en Ouganda. Yoweri Museveni, au temps de la lutte pour la prise du pouvoir en Ouganda contre Milton Obote et puis de Tito Okello des années 80, avait nommé Kagame chef du renseignement militaire et son rôle avait été crucial dans la victoire qui avait porté la National Resistance Army (NRA) au pouvoir en 1986 et avait donné son aval à l’invasion du Rwanda en planifiant la réalisation du rêve tutsi. Le plan a jusqu’à présent avorté en raison des circonstances. Il resurgirait maintenant, pourquoi ?

Sans enlever ni aux personnes ni aux différents gouvernements la responsabilité de leurs actions et de leurs prises de position, la littérature, qui semblait acquise, célébrant Kagame comme le chef d’Etat référentiel pour l’Afrique et le « sauveur du peuple rwandais » est de plus en plus ternie : le procès qui a condamné Auguste-Charles Onana, a quand même permis de contester « l’existence d’un crime » de génocide tutsi ; le livre « Rwanda. Assassins sans frontière. Enquête sur le régime de Kagame », de Michela Wrong, un autre temps favorable à Kagame, sans nier le génocide, avance des sérieuses critiques sur Kagame libérateur du Rwanda ; le nombre des victimes « tutsies » descendu d’un million deux cents mille à 800 000 dont une bonne partie des Hutus, avance même l’hypothèse d’un deuxième génocide ; l’autodéfense du régime tutsi contre les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) supposés être des anciens Interahamwe génocidaires hutus devient toujours plus faible à mesure où on s’éloigne du 1994 et sa pièce de rechange, la défense des Banyamulenges, montre plusieurs failles. L’opinion internationale, motivée par plusieurs déclarations des Nations Unies, est aujourd’hui totalement acquise à l’idée que la présence du Rwanda au Congo sert à s’approprier des richesses minières de la région et la Communauté européenne est tentée de désavouer le traité avec Kigali sur les terres rares.

Pourquoi aujourd’hui encore ? Poutine ne prétend-il pas s’emparer au moins d’une partie de l’Ukraine et Khamenei être le maître du jeu au Moyen Orient ? Trump ne parle-t-il pas d’annexer le Canada et de s’approprier le Groenland ? Israël ne vise-t-il pas de nettoyer Gaza et d’occuper la Cisjordanie ? Pourquoi pas un protectorat du Rwanda sur le Congo, ou au moins sur sa riche partie de l’est, surtout si au nom des droits humains des « pauvres Tutsis » opprimés au Burundi on y renverse la situation politique ?

La pensée complotiste n’a jamais changé l’histoire, mais lui a souvent frayé le chemin par des réels complots : l’assassinat de Jules César aux Ides de mars, celui de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche qui en juin 1914 a déclenché la 1ère guerre mondiale, ceux des Kennedy aux Etats Unis ; les massacres planifiés des Pakistanais en Inde qui ont conditionné la partition de l’Inde en 1947 et la guerre du Bangladesh en 1971. Les frontières des Etats qui, acquises après la 2ème Guerre Mondiale et les indépendances des années 60, sont en train d’être redessinées à nouveau.

Dans les placards des Nations Unies repose toujours la boîte noire de l’avion tombé le 6 avril 1994 recelant la preuve de la véracité des affirmations de Théogène Nsengiyumva. L’opinion internationale et les gouvernements qui lui témoignent de l’amitié et du respect le reconnaitraient alors comme l’instigateur et l’auteur intellectuel des massacres, voire du génocide ou des génocides aux Rwanda et des milliers des morts et des millions des déplacés au Congo. Les amis s’éloigneront de l’hypocrisie du silence et des intérêts financiers. Un autre roi dans l’histoire sera nu : aujourd’hui c’est peut-être pour Kagame la dernière chance de réussir son coup de poker.

Etats Unis 14.02.2025
Manariho Etienne
Traduit par: Jpic-jp.org

SITUATION SECURITAIRE A GOMA BUKAVU, UVIRA ET BUTEMBO
RAPPORT DE LA COSUMA-BUKAVU

Le 19 février 2025 s’est tenu à Goma la réunion du comité de la Conférence des Supérieurs/es Majeurs/es de la Province Ecclésiastique de Bukavu (COSUMA-PROV-BUKAVU). A la fin de la réunion, les religieux et religieuses ont fait circuler un rapport sur la guerre en République Démocratique du Congo, en particulier dans les villes de Goma et Bukavu, et les villes de Butembo (plus au nord) et d’Uvira (plus au sud). Le rapport cherche également à présenter les conséquences des conflits sur les communautés religieuses et la population en général.

Le présent rapport veut revenir sur la guerre qui a eu lieu dans les villes de Goma et de Bukavu ainsi que sur la situation qui se vit Uvira et Butembo. Nous essayons de présenter les conséquences de cette guerre sur nos communautés et la situation qui se vit actuellement, surtout en ville de Goma où la guerre a été plus intense. Ont pris part à la réunion : Révérend père Jean Claude MUSUBAO, Président ; Révérende Sœur Darlène MWASI, Vice- Présidente (jointe en ligne à partir de Kampala) ; Révérende Sœur Anuarite BODHA, Secrétaire. La révérende sœur SIFA BIDAGA, trésorière a été empêchée.

A. DE LA CELLULE DE GOMA

De la guerre elle-même :

Depuis le 26 janvier 2025, la situation à Goma, capitale du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo, s'est considérablement détériorée. Le groupe rebelle M23, après quelques jours d’intenses combats s’est emparé de la ville de Goma.  Rappelons que ces rebelles qui se sont déjà emparés d’une bonne partie de la province du Nord-Kivu étaient déjà à Kibamba, une localité située à 25 km au nord de Goma, depuis fin mars 2022. C’est donc depuis presque trois ans que la route qui relie Goma à la partie nord de la ville était inaccessible, à part les motos et quelques véhicules de certains organismes et de l’Eglise (autorisés). Il en est de même à l’ouest de la ville de Goma où depuis plusieurs mois, les rebelles ont occupés la route sake-kichanga-mweso (la Route Nationale 4), la route sake-masisi (la Route Nationale 2) et la route sake-minova-bukavu (la Route Nationale 2) avant de s’installer dans la cité de Sake qui se trouve elle aussi à 25 km à l’ouest de Goma. 

Prise en étau, c’est donc depuis des années que la ville de Goma était presque isolée du reste de la province et ce qu’on y a vécu dernièrement était prévisible. Stratégiquement, les cités de Sake et de Kibumba étaient importantes pour les m23 en raison de leurs positions géographiques par rapport à Goma, on ne devrait donc dormir tranquillement alors qu’on était entouré comme ça. Ces deux cités permettaient aux rebelles du m23 de contrôler toutes les routes menant vers Goma. La ville de Goma a donc été asphyxiée pendant des années avant qu’elle ne passe sous l’occupation des rebelles du m23 le dimanche 16 janvier 2025 les durs affrontements contre les FARDC, qui n’avaient pas de voie de sortie de la ville.

Pendant plus de trois jours, les habitants de la ville de Goma ont vécus l’enfer sur terre : sous les bombes et tirs d’armes lourdes et légères, sans eau, sans électricité, sans réseau de communication, des pillages çà et là, des viols, des milliers de blessés dont seulement une petite partie étaient pris en charge dans les hôpitaux du milieu, des milliers de morts abandonnés sur les avenues transformant la ville en un cimetière à ciel ouvert, difficulté de s’approvisionner en produits vivriers et autres produits de première nécessité, les camps de réfugiés dispersés après destruction de leurs abris… Une situation dramatique et traumatisante qui a conduit des milliers des personnes à quitter la ville pour se sauver alors que d’autres sont restés enfermées dans leurs maisons pendant tout ce temps.

Des conséquences de la guerre dans nos communautés religieuses :

- Dégâts humain : pas de perte en vies humaines et pas de blessés. Bien qu’il n’y ait pas de perte en vies humaines, il faut reconnaître que la situation était vraiment frustrante et traumatisante.

- des cas de déplacement de membres des communautés : tous les membres de nos maisons sont restés dans leurs communautés. Il n’y a que les sœurs blanches et les sœurs de Saint Vincent de Paul de Lendelede qui avaient quitté la ville. Tous les autres sont restés.  

- dégâts matériels : les dégâts enregistrés semblent vraiment mineurs par rapport à l’intensité de la guerre qui y a eu lieu dans la ville. Sans être exhaustif, signalons cependant certains dégâts enregistrés : chez les salésiens : des obus sont tombés à  l’ ITG où des salles de classes ont été endommagés) ; chez les filles de Marie un obus est tombé sur la grande salle de l’école Mama Mulezi et des bus scolaires ont été endommagé dans le même enclos ; chez les sœurs ursulines : une bombe est tombées sur une salle de classe du lycée Chemchem ; chez les pères caracciolini : un obus est tombé sur une salle de classe de l’Ecole primaire Pier Luiggi Fabbiani; l’école du cinquantenaire gérée par les sœurs Oblates de l’assomption a été systématiquement pillée ; chez les ABIZIRA MARIA, une bombe est tombée dans la communauté, chez les missionnaires d’Afrique (foyer Godefroid Ngongo, une bombe est tombée dans la cours...

A part les obis, les traces des balles sont nombreuses sur les murs de la plus part des communautés. On en a ramassé presque dans toutes les communautés.

- des réfugiés dans certaines des communautés : ayant été chassés de leurs camps, certains réfugiés ont trouvés asiles dans certaines de nos paroisses. C’est le cas de la paroisse Notre d’âme d’Afrique, des missionnaires d’Afrique ; la paroisse notre Dame du mont Carmel, des pères carmes ainsi que de la paroisse St. François Xavier des pères Xavériens. Parmi ces réfugiés on pouvait compter des hommes, des femmes, des enfants sans aucune assistance et dépourvu de force. Nous regrettons le fait que ces réfugiés ont été obligés de quitter ces endroits par les nouveaux occupants. 

De la situation actuelle dans la ville de Goma :

Au moment de la rédaction de ce rapport, la situation actuelle est telle que :

  • La vie reprend timidement. Seules certaines activités ont repris. D’autres préfèrent encore attendre.
  • Il se vit un climat de peur qui pousse encore certaines personnes à quitter la ville.
  • La paralysie de la situation économique suite à la fermeture des banques, microfinances…
  • Les écoles qui ont été fermées sont entrain de reprendre timidement et cela avec beaucoup des difficultés et d’interrogations. Dans la plus part, on a des écoliers qui ne répondent pas présents, probablement p.c.q. ils ne sont pas dans la ville ou p.c.q certains parents craignent pour la sécurité de leur parent…
  • Les hôpitaux sont encore débordés par des blessés de guerres,
  • L’aéroport est encore fermé après avoir été pillé systématiquement,
  • Après la prise de Bukavu, le port Goma a été ré-ouvert permettant ainsi le trafic fluvial entre Goma et Bukavu. Cela a été un ouf de soulagement pour les populations de Goma et Bukavu,    
  • la grande barrière de Goma qui a été fermée seulement pendant 2 ou trois jours est fonctionne normalement,
  • il y a rareté et flambée des prix des produits de premières nécessités sur le marché,
  • des assassinats et des vols à mains armés dans certains quartiers par des personnes non autrement identifiées (pour certains cas cela ressemblerait à des règlements de comptes),
  • de jour ou de nuit, on continue à assister impuissamment à la réquisition forcée ou vol des véhicules (surtout les jeeps) par hommes en uniformes qui les amènes vers des destinations inconnues),
  • même s’il faut reconnaitre que dans certains quartiers de la ville on la « paix » dans d’autres c’est l’insécurité persistante causée par les bandits qui détiennent les armes qui ont été abandonnées par les militaires fugitifs.
  • la présence dans certains quartiers des plusieurs bandit redoutés qui se sont échappées de la prison centrale Munzenze de Goma et d’autres structures carcérales du milieu qui sèment la terreur : assassinat, viol, vol…
  • des milliers des personnes qui ont perdus leur boulots et qui sont au chômage,
  • face au banditisme accru, il s’observe l’esprit de la justice populaire (les personnes qui sont brulées au moindre soupçon, avec le risque de faire subir même les innocents). Les bandits sont exécutés sans aucun respect et dignité pour la vie humaine (on voit les cadavres des personnes brulées qui passent même 3 jours sur les avenues. Ce qui est déplorable c’est que même les enfants assistent à ces spectacles désolants).
  • L’incertitude de certains jeunes qui craignent d’être amenés par force dans l’armée, 
  • Par peur, les gens ont beaucoup de réserve en s’exprimant. 
  • N’ayant pas de prison, on tire sur toutes personnes suspectes sans même se rassurer des faits qu’on lui reproche… La gâchette facile de certains hommes en uniforme fait beaucoup de pertes en vies humaines dans la ville. Il suffit qu’on te trouve dans une situation suspecte et c’est une balle dans la tête comme sanction.  

B. DE LA CELLULE DE BUKAVU

De la guerre elle-même :

Après la prise de Goma au Nord-Kivu, les rebelles du M23, ont poursuivi leur conquête vers le Sud-kivu où ils se sont emparés de la ville de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, le 16 février 2025, alors que les autorités politico-administratives et les forces armées congolaises s'étaient repliées vers le sud-est de la ville, avant que les rebelles n’arrivent. Disons que Bukavu est tombé après que les rebelles aient pris d’autres villages stratégique comme Nyabibwe (le/2/2025), Kalehe-centre et Ihusi (le 13 /2/2025), l’aeroport de Kavumu le 14 /2/2025, Kabamba et Katana le 14 /2/ 2025. C’est cette progression rapide qui a conduit à la prise de Bukavu dans la nuit du 15 au 16 février 2025. Certains religieux se trouvant dans certains de ces villages avaient trouvés mieux de descendre vers Bukavu pour se mettre à l’abri.

Une fois dans la ville, les rebelles ont pris le contrôle de plusieurs quartiers et lieux stratégiques, notamment la résidence du gouverneur et le poste frontière de Ruzizi 1. Cette avancée a permis au m23 de contrôler les deux rives du lac Kivu. Cela vient de permettre aux autorités du m23 d’autoriser le trafic sur le lac, ce qui est quand-même un motif de soulagement pour les populations du nord et du Sud-Kivu.

Des conséquences de la guerre dans nos communautés religieuses :

Dégâts humains : nous rendons grâce à Dieu car on a pas enregistré de blessés et de mort.

Déplacés : on signale seulement certaines religieuses qui ont quitté les communautés dans certains des villages périphériques de la ville pour se réfugier dans leurs communautés au niveau de la ville.

Dégât matériels : malgré les scènes de pillages, des viols, d’assassinat qu’il y a eu dans la ville de Bukavu et ses environs, nous rendons grâce à Dieu car, en grande partie, nos communautés ont été épargnées. Signalons cependant qu’à Ihusi-Kalehe, chez les sœurs angéliques, des bombes ont endommagés les toitures, les plafonds et les portes des bâtiments de la communauté.

Au noviciat : certaines congrégations ont retirés leurs novices le 30 janviers même si les activités du noviciat se sont poursuivies jusqu’au 6 février et puis après on a du arrêter.

A l’ISPF : rien à signaler, à part l’arrêt des activités.

C. DE LA CELLULE D’UVIRA

Alors que les rebelles ne sont pas encore arrivés à Uvira et qu’il y a pas encore de guerre il se vit un chaos traumatisant avec le crépitement des balles, les pillages systématique avec violence voire tuerie, dans des maisons familiales, les couvents des prêtres, des religieux et religieuses… Tous les services banques, pharmacies, centres de santé, marchés … sont fermés. La vie est presque paralysée dans tous les secteurs.

Presque toutes les autorités politico-administratives et celles de l’armée, de la police et une bonne partie de la population ont quittés la ville pour se réfugier, certains à Kalemie d’autres au Burundi ou même En Tanzanie. Ceux qui sont restés sont abandonnés à leur triste sort.

D. DE LA CELLULE DE BUTEMBO

La partie sud du Diocèse étant déjà occupée par les m23, nous craignons que ceux-ci puissent continuer leur progression vers le nord, voilà pourquoi on vit dans le peut et la psychose gagnes les gens au niveau de Butembo et de Beni.

Certaines communautés du sud ont été momentanément abandonnées par ses membres. C’est seulement après que certains courageux sont revenus pour continuer à témoigner de leur proximité et solidarité auprès des fidèles. C’est le cas des communautés de Kanyabayonga, Luofu, Bingi, Kaseghe, Masereka…

Conclusion : C’est tout cela avec beaucoup d’autres situations qu’on vit à Goma. Nous remercions de tout cœur le président national pour la compassion et la solidarité qu’il exprimé à notre conférence à ce moment difficile. Nous remercions toutes les autres conférences pour leur soutien spirituel et matériel. Et nous demandons à tous de continuer à prier pour que la situation s’améliore.