Dans les évangiles sont rassemblés quelques textes apocalyptiques dans lesquels il n’est pas facile de faire la différence entre le message que l’on peut attribuer à Jésus et les préoccupations des premières communautés chrétiennes, impliquées dans des situations tragiques alors qu’elles attendent la fin des temps dans l’angoisse et les persécutions. (...)
Luc 21,5-19
TEMPS DE CRISE
Dans les évangiles sont rassemblés quelques textes apocalyptiques dans lesquels il n’est pas facile de faire la différence entre le message que l’on peut attribuer à Jésus et les préoccupations des premières communautés chrétiennes, impliquées dans des situations tragiques alors qu’elles attendent la fin des temps dans l’angoisse et les persécutions.
Selon le récit de Luc, les temps difficiles ne doivent pas être des moments de lamentations et de découragement. Ce n’est pas non plus l’heure de la résignation ou de la fuite. L’idée de Jésus en est tout autre. Précisément en temps de crise, dit-il, «vous aurez l’occasion de témoigner». C’est alors que l’on nous offre la meilleure occasion de témoigner de notre engagement envers Jésus et son projet.
Cela fait déjà longtemps que nous souffrons d’une crise qui frappe durement de nombreuses personnes. Ce qui s’est passé pendant ce temps nous permet de connaître déjà de manière réaliste les dommages sociaux et la souffrance que cette crise génère. Le temps n’est-il pas venu de réfléchir à la façon dont nous réagissons?
La première chose à faire est peut-être de revoir notre attitude de base: est-ce que nous nous sommes positionnés de manière responsable, en suscitant en nous-mêmes un sentiment fondamental de solidarité, ou vivons-nous en tournant le dos à tout ce qui peut perturber notre tranquillité? Que faisons-nous à partir de nos groupes et de nos communautés chrétiennes? Nous sommes-nous donnés une ligne d’action généreuse ou vivons-nous en célébrant notre foi indépendamment de ce qui se passe?
La crise a provoqué une fracture sociale injuste entre ceux d’entre nous qui peuvent affronter sans crainte l’avenir et ceux qui sont restés exclus de la société et privés d’une issue décente. Ne sentons-nous pas l’appel à introduire quelques «restrictions» dans notre propre vie pour pouvoir vivre les prochaines années d’une manière plus sobre et solidaire?
Peu à peu, nous connaissons mieux ceux qui deviennent de plus en plus vulnérables et démunis (familles sans aucun revenu, chômeurs de longue durée, immigrés malades…). Sommes-nous soucieux d’ouvrir nos yeux pour voir si nous pouvons nous engager à soulager la situation de quelques-uns? Pouvons-nous penser à quelque initiative réaliste à lancer à partir de nos communautés chrétiennes?
Nous ne devons pas oublier que la crise ne crée pas seulement un appauvrissement matériel. Elle génère aussi l’insécurité, la peur, l’impuissance et l’expérience de l’échec. Elle brise des projets, fait couler des familles et détruit l’espérance. Ne faut-il pas retrouver l’importance de l’aide entre familles, du soutien entre voisins, de l’accueil et de l’accompagnement de la communauté chrétienne…? Peu de choses peuvent être plus nobles dans ces moments-là que de nous appliquer à prendre soin les unes des autres
Par José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna
https://www.feadulta.com
Résilience et persévérance !
Des annonces de catastrophes qui reviennent chaque année. Avouons qu’elles nous troublent un peu. Comme certains disciples de Jésus nous allumons vite sur les scénarios de fin du monde. Et nous avons peur. Et nous voulons savoir quand et comment tout cela va arriver. Or ce n’est pas de ces détails que Jésus veut nous parler. Il s’en défend même à plusieurs reprises. Il nous parle de la fin d’un monde, une fin commencée depuis longtemps, qui dure encore et qui n’est peut-être pas près de finir. Le monde présent va faire place à quelque chose d’autre, de nouveau, qui émerge lentement et sûrement.
Toutes les images utilisées par Jésus ont comme but premier de nous provoquer à renouveler notre regard et notre approche sur ce que nous vivons présentement. Jésus nous exhorte à la patience et à la persévérance au milieu des épreuves : « Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense… Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».
Les événements dont Jésus nous parle ressemblent beaucoup à ce que nous voyons aujourd’hui. Rien de nouveau sous le soleil, dirions-nous. Nous sommes sollicités constamment par des faits qui nous rappellent nos fragilités. Que ce soit au plan de nos vies personnelles, de nos vies familiales. Des drames surviennent. C’est le deuil, une rupture, une maladie, l’impasse dans nos relations, dans nos projets. Au plan personnel donc, mais aussi au plan collectif. Dans la société. Et même dans notre expérience de vie en Église. Nous étions fiers de notre monde, fiers de nos réalisations, fiers de notre générosité, fiers de ce que nous avions bâti ensemble. Et voici que tellement de choses craquent, s’écroulent et nous échappent. Serions-nous en train de tout perdre, de disparaître? Qui peut espérer s’en sortir? Qui est assez solide et capable pour résister à tous les assauts, à toutes ces épreuves ?
C’est pourtant ce à quoi Jésus nous engage : résister, persévérer. Il nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. Menacés, nous pouvons tenir. Lui-même n’a-t-il pas connu la souffrance, l’épreuve du rejet, de la persécution et de la mort ? Il n’est pas resté enfermé dans la mort. L’épreuve, il l’a vécue dans l’obéissance et la fidélité de l’amour. Et ce fut pour lui un passage vers la vie. Notre foi nous donne d’en être les témoins après bien d’autres : à la suite du Ressuscité, à son appel, nous vivons de lui. Notre condition de disciple du Christ ne nous dispense pas de l’épreuve, bien au contraire, mais c’est dans la foi, l’espérance et l’amour que nous tenons le coup. S’il y a des temps et des moments où les événements nous bousculent davantage, c’est qu’il nous faut déployer encore plus de foi, d’espérance et d’amour.
La parole de ce jour nous appelle donc à vivre le présent avec un regard et un cœur et des ressources renouvelés dans la grâce du Christ. Vivons donc engagés plus que jamais, mais déjà ancrés dans l’avenir que Dieu nous a préparé en son Fils. Dans nos vieillissements et nos brisures nous sommes amenés à revenir sans cesse à notre vraie jeunesse, la jeunesse éternelle du Christ. N’allons pas considérer notre vie présente comme quelque chose que l’on doit subir en attendant la fin, mais comme une réalité orientée vers le Royaume. L’enjeu n’est pas tant de guetter les signes de la fin que de passer déjà, animé par la foi, l’espérance et la charité, dans le monde nouveau à travers les douleurs de son enfantement. Voilà le sens de notre vie présente et de toutes nos persévérances ! « Ne vous effrayez pas; par votre persévérance vous obtiendrez la vie. »
Par Jacques Marcotte, o.p.
http://www.spiritualite2000.com