La vitalité du christianisme ne se trouvera pas à coups de thèses ou d’incantations. La nouveauté vivifiante vient et viendra de Jésus et de ceux qui vivront de Lui ! En saint Jean, le Christ annonce un commandement, et il le déclare «nouveau». S’aimer les uns les autres pourrait n’être qu’un précepte banalisé, comme tant d’autres guides spirituels savent y exhorter leurs adeptes. La nouveauté du propos de Jésus tient en sa personne. Son être est tout Amour.
Jean 13, 31-34
Le commandement nouveau
La vitalité du christianisme ne se trouvera pas à coups de thèses ou d’incantations. La nouveauté vivifiante vient et viendra de Jésus et de ceux qui vivront de Lui ! En saint Jean, le Christ annonce un commandement, et il le déclare «nouveau».
S’aimer les uns les autres pourrait n’être qu’un précepte banalisé, comme tant d’autres guides spirituels savent y exhorter leurs adeptes. La nouveauté du propos de Jésus tient en sa personne. Son être est tout Amour. Il se fait annonciateur de sa glorification dans le Père et de son Père en Lui. Cet accomplissement de l’amour en sa chair est nouveauté inédite. Son appel à aimer «comme» il a aimé procure à ses disciples de ne jamais vieillir. Ce qui est déjà advenu de Lui en son Père est à contempler comme horizon du désir de Jésus de demeurer en nous.
Son commandement est radicalement neuf au lavement des pieds comme en tout dimanche pascal. Nous ne nous lasserons jamais de l’entendre et y répondre. La nouveauté est d’aimer de cette manière. À cette hauteur désirée par le Père. À cette profondeur créatrice de fraternité née de la mort et de la résurrection du Christ. «Il peut s’écouler une vie avant que nous saisissions ce que cela veut dire exprimait Hans Urs bon Balthasar. N’est-ce pas là ton bonheur infini de ne jamais parvenir à autant aimer que tu es aimé ? Demeure sans relâche à la disposition de Dieu !». C’est bien cette disponibilité à la nouveauté aimante de Dieu que j’ai perçue chez ces jeunes responsables scouts.
Amis qui cheminez par de multiples voies, frères humains dont la génération vous nourrit d’expériences diverses, croyez-vous à la nouveauté pascale du commandement vécu en plénitude par Jésus ? Croyez-vous qu’il suffit d’aimer, si cet Amour se nomme Christ ? Chaque matin, dans un consentement à aimer tout simplement. Là où nous attendent nos devoirs d’état. Mais aussi par l’inédit de notre spontanéité. Apprendre à nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Y voir le seul trait véritable du disciple comme a voulu nous le transmettre le disciple bien aimé ! Ressaisissons nos communautés sur l’essentiel de cette nouveauté à aimer d’un si grand Amour. Comme l’écrit frère David d’En-Calcat : «Lâche tes prévisions, tes prédictions, tes assurances. C’est de t’y accrocher qui en fait des idoles. Tu voudrais tenir avant de donner. Donne avant de tenir !»
Le commandement nouveau est bien là dans cette communion à Celui qui ne retint pas son rang et s’offrit en oblation afin que l’homme vive ! Les scouts dont je parlais tout à l’heure, ne sont pas exempts de se convertir sans cesse à la nouveauté d’évangile. Ce serait idéologiser en jeunisme la nouveauté de Jésus. Ils le savent bien. Mais leur venue au Christ, comme celle des catéchumènes, ne doit-elle pas nous réveiller ? «Celui qui tend vers ce qui se trouve devant lui, celui-là rajeunit toujours» dit Eusèbe de Césarée. C’est en aimant que se découvre l’ineffable nouveauté de l’appel à aimer. C’est en désirant aimer qu’on l’expérimente déjà en soi…
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Le commandement nouveau, l’amour de l’homme,
constitue le testament de Jésus
Maurice Zundel
4e conférence de M. Zundel à sainte Marie de la paix le 30/03/61. Jeudi saint. L’Eucharistie. Début.
« Nous avons constamment souligné cette conversion de l’humain à laquelle Jésus nous appelle. Le réalisme incomparable de l’Evangile éclate particulièrement dans le mystère du Jeudi Saint et, pour le saisir dans toute sa plénitude, il ne faut jamais séparer ces trois choses : le commandement nouveau, le lavement des pieds et l’Eucharistie.
Le commandement nouveau, nous en connaissons la formule : « C’est à cela que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres comme je vous ai aimés. Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34)
Mais il ne faut jamais oublier les circonstances dans la séquence, c’est-à-dire dans l’ordre de l’Evangile de Saint Jean. Nous sommes ici aux derniers moments de la Vie de Jésus et Saint Jean nous donne ce commandement nouveau comme le testament de Jésus, très exactement comme le Nouveau Testament. C’est comme le dernier mot de Jésus dans la perspective de l’évangile Johannique, ce n’est pas d’aimer Dieu, ce qui semble aller de soi, c’est d’aimer l’homme.
Nous percevons toute la résonance nouvelle, toute la résolution contenue dans cette perspective. Il ne s’agit pas d’aimer Dieu dans l’abstrait, d’aimer un dieu qu’on s’imagine, que l’on façonne à son image ! Il s’agit d’aimer l’homme, l’homme avec ses limites, l’homme avec son animalité, l’homme avec tout ce qui en lui nous rebute et nous répugne car c’est justement en dépassant tout cela qu’on atteindra au vrai Dieu. Le Nouveau Testament, le testament éternel, c’est d’aimer l’homme pour être sûr de ne pas manquer Dieu.
Et le réalisme incroyable, l’humanisme incomparable de ce Testament nouveau et éternel va être souligné de la manière la plus simple, la plus irrécusable par le lavement des pieds. Il ne s’agit donc plus de se méprendre : nous ne sommes pas là en face d’un conseil qui peut être suivi ou non, nous sommes là au coeur de l’engagement évangélique car, justement, le sanctuaire de la divinité, c’est l’homme. Le sanctuaire de la divinité, ce n’est plus une montagne, ce n’est plus un haut lieu, ce n’est plus un temple de pierre, ce n’est plus un tabernacle de métal précieux, le sanctuaire de la divinité, c’est l’homme! et toute la sainteté divine, nous ne la pouvons rencontrer que dans l’homme. Autrement, que signifierait cette scène qui a provoqué le scandale chez les apôtres ? Que signifierait-elle, cette scène où Jésus s’agenouille devant ceux qu’il connaît si bien ? Il y a le traître qui l’a vendu, il y a ce disciple passionné qui se portera tout à l’heure à sa défense et qui aussitôt après le reniera, il y a Jean le bien-aimé qui va s’endormir comme tous les autres dans le Jardin de l’agonie, il y a tous ces hommes rudes et passionnés, tous ces hommes qui L’ont suivi, qui ne doutent pas de Lui mais qui ne Le connaissent pas, qui n’ont rien compris !
Et c’est devant eux qu’il s’agenouille et, à travers eux, devant toute l’humanité parce que, justement, c’est cela le centre et la fin de la Création : la Création n’a de sens que de communiquer la Présence divine, que de communiquer l’intimité divine. Cela aboutira à cet échange : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » et, tant que l’homme ne se sera pas ouvert, tant qu’il n’aura pas consenti, tant que le Ciel ne sera pas en l’homme, Dieu demeurera inconnu, Sa Présence restera insaisissable car elle ne peut se manifester que dans la transformation de l’homme en Lui. » (…)
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