Célébrer Noël: Entre accueil et contemplation

Célébrer Noël
Entre accueil et contemplation

«Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur…
vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire»
(Luc 2, 11-12)

Chers confrères
Nous approchons de la grande célébration du grand mystère de l’Incarnation, surpris et éblouis par la lumière qui jaillit de la crèche. Un mystère que nous devons toujours garder présent dans notre vie missionnaire, comme source d’inspiration dans le processus d’insertion dans des contextes nouveaux et dans les nouveaux défis missionnaires. A commencer par Jésus, le Missionnaire du Père, les missionnaires ont dû toujours passer par un processus d’incarnation qui implique la nécessité de devenir petits et de se dépouiller de tout ce qui peut empêcher d’accueillir les nouvelles réalités (Philippiens 2,6).

Nous lisons dans un ancien journal de la mission de Omdurman: «Je suis arrivé hier à Omdurman. Ce matin, dimanche, très tôt je me réveille avec le chant du muezzin qui invite à la prière. Plus tard, ce sont les cloches de l’église copte qui sonnent pour inviter les fidèles à la célébration du dimanche. Je me lève parce que je dois accompagner un missionnaire vétéran du Soudan à la célébration de la Messe dans une chapelle loin de ce centre. C’est ainsi que commence une nouvelle étape de ma vie, au Soudan, où le Seigneur m’a envoyé. Lui-même guidera mes pas au milieu de ce peuple, que Dieu aime et qui deviendra aussi mon peuple».

Ce nouveau commencement de la “mission africaine” d’un jeune missionnaire nous renvoie à tous nos confrères qui, éparpillés dans toutes les parties du monde, témoignent de l’amour de Dieu pour l’humanité. La rencontre des membres du CG avec chacun de vous, dans les visites aux provinces et dans les dialogues personnels, nous fait toucher de nos mains que Dieu continue son incarnation aujourd’hui au milieu des peuples. L’incarnation du Verbe en effet, n’est pas un événement isolé, limité dans un espace et un temps précis de l’histoire. C’est un processus en développement continu. Du moment où le Verbe est devenu chair, du jour où les anges ont annoncé cette joyeuse nouvelle, Dieu continue de s’incarner “aujourd’hui” comme au commencement, dans une manière surprenante et unique. A nous qui participons de cet événement est demandé la même capacité qu’aux pasteurs: la capacité de nous laisser surprendre, de nous émerveiller, en laissant que le Mystère nous enveloppe de Lumière et que la Parole bâtisse sa maison en nous et dans le monde.

“Aujourd’hui” est chaque moment où Dieu devient présent, le kairòs qui nous est offert et que nous devons accueillir avec joie, le jour où «est apparue en effet la grâce de Dieu» (Tite 2,11). “Aujourd’hui” est le temps du recensement à l’époque de César Auguste et aussi le temps où le peuple d’Israël attendait la réalisation des promesses de Dieu. C’est le jour où on construit des murs qui séparent, mais aussi le jour où on ouvre tant de portes à la vie et à l’espérance.

Au temps s’ajoute l’espace, le lieu où Dieu nous surprend et qui sera toujours un lieu significatif pour nous. Omdurman est comme une icône des lieux de la mission, des lieux géographiques, anthropologiques et culturels que Dieu a choisis pour nous. Des lieux qui seront toujours une nouvelle Bethléem, “maison du pain”, où Dieu nous déconcerte et nous invite à la stupeur. Bethléem est le lieu de la grâce, celui où nous nous trouvons et où nous sommes invités à accueillir le Pain qui nous est offert, pour le partager avec tous. Ce n’est pas un hasard que le lieu de l’incarnation s’appelle Bethléem.

Parler de temps et d’espace signifie parler de peuples, de cultures, de situations concrètes, là où chacun de nous se trouve à vivre des moments de joie et de tristesse, d’espérance et de délusion, de paix ou de guerre. Ce sont le don de Dieu que nous sommes appelés à accueillir avec joie et espérance, parce que c’est là que la Parole devient chair, que Dieu devient enfant, que le premier devient le dernier. Là notre être tout entier est bouleversé et il est appelé au silence, au respect et à la contemplation:«J’y rentrais et, malgré le fait que la naissance soit un événement plus joyeux que la mort, j’ai été davantage ému que sur le Calvaire, en pensant à la grandeur d’un Dieu qui s’est anéanti jusqu’à naître dans cette étable» (E 111).

Avec saint Daniel Comboni nous sommes invités à contempler l’Enfant, à nous émouvoir pour ce mystère et à nous émerveiller pour l’action de Dieu au cœur de l’humanité.

A la fin de cette année 2018, le CG remercie avec vous le Seigneur pour les événements vécus ensemble tout au long de cette année, comme le chemin de revisitation et de révision de notre Règle de Vie et l’Assemblée Intercapitulaire. En même temps, nous souhaitons à vous tous un Noël de sainteté et une nouvelle Année 2019 pleine de la présence de cet Enfant de Bethléem, qui continuera de nous surprendre sur les chemins de la mission.

Le Conseil Général
Noël 2018