Samedi, 6 août 2016
«Je suis ouverte à ce que Dieu prépare», a déclaré Anna Obyrtacz, laïque missionnaire combonienne polonaise, qui est allé de Cracovie à Kinshasa pour apprendre le français, afin de consacrer deux années de sa vie travaillant avec les Pygmées dans la mission de Mongoumba, en République Centrafricaine. Anna, 30 ans, est née dans une famille de quatre enfants. «Toute ma vie – dit Anna – c’est un moment de discernement de ma vocation. Je veux vivre pleinement et en vérité pour Dieu, même si en tant qu’humain je tombe très souvent. Je sais qu'il y a quelqu'un sur en qui je peux toujours compter. Dieu est toujours avec moi dans toutes les étapes de ma vie. Il a préparé pour moi un chemin.»
Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs et nous parler de votre famille?
Je m’appelle Anna Obyrtacz. Je viens de Cracovie en Pologne. Je suis chrétienne, catholique et je suis Laïque Missionnaire Combonienne. J’ai 30 ans. Je suis arrivée à Kinshasa le 22 janvier 2016. Je suis venue ici pour apprendre le français. Je suis encore à Kinshasa pour une semaine et après, je vais aller en République Centrafricaine pour une mission de deux ans. Je vais travailler avec les Pygmées de Mongoumba. Le village est situé à 120 km environ au sud de Bangui, la capitale de la République Centrafricaine.
Ma famille vit en Pologne et elle attend mon retour, mais j'espère qu’elle viendra me voir un jour en Afrique. Je suis née dans une famille de quatre enfants, dont je suis l’avant dernier.
Ma famille est composée de mon père Jean, ma mère Joséphine, mes frères et mes sœurs. Ma grande sœur s’appelle Kinga, après elle il y a mon grand frère Christopher, après moi mon petit frère Michel. Mon grand frère est marié et il est père de deux enfants, un garçon et une fille.
La Pologne est-il un pays plus catholique que le Congo?
Avec le temps que j‘ai passé ici à Kinshasa, quand je regarde les chiffres, je peux dire qu’au Congo comme en Pologne il y a beaucoup de chrétiens catholiques. Mais nous pouvons dire aussi que le nombre ne reflète pas toujours la vérité. Pour moi la comparaison est difficile parce qu’on n’a pas les mêmes réalités et aussi je n’aime pas comparer la foi des deux pays. Et d'ailleurs, je pense moi-même qu'il ne s'agit pas de nombres, mais il s’agit de « qualité » de notre foi.
Comment est née votre vocation de laïque combonienne?
On dit que c’est le mystère de la vocation. Moi, je pense que ma vocation a commencé beaucoup plus avant que je n’y pense. Quand j'étais jeune, je ne pensais pas à la mission. Je voulais toujours vivre et travailler en Pologne mon pays. Mais aujourd’hui je pense que le travail c’est le même partout dans le monde, également les gens sont les mêmes partout au monde.
J'ai connu les Missionnaire Combonien (MCCJ) en mars 2012 à Cracovie, pendant qu’ils organisaient l’adoration à l’intention des missionnaires martyrs. En Pologne il y a deux communautés des Missionnaires Comboniens à Cracovie et à Varsovie. Et je participais aux réunions pastorales des missionnaires pour les étudiants.
Et puis, je fais partie du mouvement missionnaire TUCUM, associé au Missionnaires Combonien en Pologne qui exercent leur activité missionnaire en paroisse. Ce sont des gens qui veulent vivre consciemment et travailler ensemble. Nos activités: la prière, des actes de charité, la promotion de la mission. Nous avons un signe d'appartenance au mouvement : c’est une bague noire.
Je travaillais aussi avec des enfants. C’était un groupe d'enfants apostoliques de ma paroisse natale. Apres j’ai dirigé aussi un groupe de missionnaires pour les enfants dans ma paroisse à Cracovie. On se réunissait une fois par semaine, et méditait sur la parole de Dieu et on parlait sur des sujets missionnaires. On invitait les missionnaires et regardait des films missionnaires. On priait toujours pour les missions.
J’ai été bénévole à la fondation polonaise, qui aide les patients à l'hématologie et d'oncologie de l’hôpital. Avant de venir ici je travaillais comme spécialiste dans le département de l'investissement dans une institution publique pour la construction et l'entretien des routes publiques.
Toute ma vie c’est un moment de discernement de ma vocation. Je veux vivre pleinement et en vérité pour Dieu, même si en tant qu’humain je tombe très souvent. Je sais qu'il y a quelqu'un sur en qui je peux toujours compter. Dieu est toujours avec moi dans toutes les étapes de ma vie. Il a préparé pour moi un chemin. Il a donné des signes. Il m'a permis de découvrir mon identité laïque, identité missionnaire et identité combonienne. Ensuite, Il m’a aidé à prendre la décision de partir en mission. Dieu a enlevé la peur et a donné la force et la confiance.
Le moment le plus important de ma vocation c’était la formation de la communauté LMC: chaque mois j’avais une réunion de formation pour explorer et découvrir le charisme et la spiritualité de st. Daniel Comboni: La prière individuelle (méditation); La prière communautaire; le discernement avec les autres; La direction spirituelle; Chaque jour je découvre ma vocation, pour moi c’est un processus permanent.
Pourquoi avez-vous choisi l’Afrique, précisément la Centrafrique pour aller en mission et pas ailleurs?
Après avoir reçu ma vocation de LMC je n’ai pas pensé à l'endroit de ma mission. Je savais seulement que j’irai où il sera nécessaire ou bien où je serai utile selon ce qu’a dit notre fondateur St. Daniel Comboni: « Pour les plus pauvres et les plus abandonnés ». Pour moi l’endroit ne comptait pas beaucoup. En termes d'endroit, je suis ouverte à ce que Dieu prépare pour moi, parce que j’ai confiance qu'il choisit mieux que moi, que Dieu sait mieux que moi.
Comme Mouvement International des Laïcs Missionnaires Comboniens nous avons déjà plusieurs communautés internationales en Afrique: en Éthiopie, en Ouganda, au Mozambique, en République Centrafricaine, en Zambie et aussi en Amérique du Sud. Nous nous occupons tout d'abord de ces lieux où nous sommes installés pour travailler, mais nous pouvons aussi aller ailleurs, au besoin.
Le choix d'un endroit tient compte de la profession, la préférence de la personne qui quitte, mais bien sûr aussi la nécessité de l'église locale ; la priorité est les lieux de la première évangélisation dans le milieu des plus pauvres, assurer aussi la continuité des communautés.
Il est également important que la décision soit partagée par la personne et l'équipe de coordination de leur pays. Mais je devais soit l’Afrique soit l’Amérique du Sud. Au cours de ma formation j'étais en Ouganda pour un mois et c’était ma première expérience de l'Afrique. Je pense Afrique est devenue proche de mon cœur. J'ai connu les situations de nos communautés, et je savais qu’en République Centrafricaine les gens n’ont pas de travail.
Mais aussi on a parlé de la situation politique difficile, instable et dangereuse. De plus, je savais aussi que je devais apprendre la langue française. Ce n’était pas une décision facile, je dirai même difficile. Vous pouvez choisir quelque chose de plus sûr et plus facile. Mais, est-ce que mon choix est facile? Est-ce que je vais pour ce que Dieu m’appelle? On sait que faire la volonté de Dieu n’est pas facile humainement. Mais je suis sûre d’avoir choisi le meilleur. Donc, j'ai choisi comme pays de mission, et j’ai décidé d’aller en République Centrafricaine.
Qu’avez-vous appris pendant votre séjour, les 3 mois du Congo et de l’Eglise de Kinshasa en particulier?
En particulier, si je suis au Congo c’est pour apprendre la langue : il m’a fallu de la patience. D'ailleurs, tous les jours j’ai appris à vivre la réalité quittée en Pologne et c’était parfois difficile. Pourquoi, parce que maintenant, avec l'internet nous avons la facilité d’être en communication permanente avec ma famille, avec mes amis en Pologne, étant loin nous pouvons être proches.
Pour moi, la mission est avant tout vivre avec les gens. C’est par les conversations que j’ai appris à connaître la réalité à laquelle j’ai été envoyé ; la mission c’est quitté ta réalité pour vivre une autre réalité. Je pense que l'avenir montrera ce que j’ai appris au Congo. Et est-ce que j'ai été un bon élève?
Une autre chose très importante, pendant mon séjour à Kinshasa j’ai appris aussi l’ouverture à ce qui est nouveau. Bien que cela soit diffèrent en Pologne.
Quel message avez-vous à l’endroit des jeunes et surtout des laïcs africains?
Cherchez le Seigneur dans votre vie chaque jour, dans tout ce que vous faite, découvrez ce qu'il a préparé pour vous. Jeunes, vivez selon le plan de Dieu parce que cela est le meilleur. Nous savons que la vie ne s’arrête pas sur cette terre, mais elle est seulement une étape. Souvenez-vous que vous n’êtes pas seuls. Malgré les souffrances, quand tu vis dans la solitude, Dieu est toujours présent. N’ayez pas peur de vivre avec passion et faites ce que vous aimez.
Une autre chose que mon évêque m’a dit avant d'aller en mission: «ni la foi ni la science, mais seulement l'amour nous aidera à connaître et à avoir l'expérience de Dieu» Et nous devons dire ça à d’autres personnes parce que c’est le plus important et le premier commandement de Dieu. Moi aussi je recommande cela à tout le monde.
Quel plat congolais vous plaît le plus?
J’aime le poisson, en particulier le poisson salé et aussi le pondu, bien sûr préparé par Irene Mbanda. Irene est une laïque combonienne de Kinshasa, qui m’a offert l’hospitalité pendant mon séjour ici.